mardi 29 novembre 2011

Eva Joly, la meilleure candidate des Verts, pour le meilleur et pour le pire


La candidate des Verts a beaucoup fait parler d’elle. Après une pause bruyante dans sa campagne en protestation de l’accord avec le PS, elle est revenue plus offensive que jamais, au point de déclencher la polémique et la démission de son porte-parole. Est-elle la bonne candidate ?

Une candidate de principes…

Même si beaucoup de commentateurs ont présenté les polémiques récentes autour d’Eva Joly de manière assez négative, parlant souvent d’amateurisme, je ne suis pas sûr que ce soit l’image que cela ait vraiment donnée. Après tout, on peut penser qu’il y a un certain panache de sa part à protester contre l’accord que le parti qui l’a choisi comme candidate a passé avec le PS, en renonçant à certaines exigences, même s’il était plus que maladroit de les avoir formulées de la sorte.

Ensuite, l’ouragan déclenché par son refus de dire si elle voterait Hollande au second tour est franchement ridicule. La campagne commence à peine qu’on ne cesse de demander aux candidats pour qui ils voteraient dans telle ou telle configuration du second tour alors que les programmes n’ont pas été révélés ! Elle a eu raison de ne pas répondre à une telle question cinq mois avant le premier tour des élections présidentielles. Dommage qu’elle ait fini par se prononcer, sous la pression.

…mais des principes irréalistes

Mais si on peut apprécier le caractère et les convictions d’Eva Joly dans un monde politique qui manque tellement des deux, notamment à l’Elysée, je ne partage pas l’immense majorité de ses principes. Il est pour le moins paradoxal de la part des Verts de vouloir stopper l’EPR de Flamanville sachant que les nouvelles générations de réacteurs nucléaires devraient être beaucoup plus propres (consommant même une partie des déchets des anciens) et beaucoup moins dangereux.

En outre, même s’il faut se donner le choix de la poursuite du nucléaire ou pas, en investissant dans de nouvelles énergies, par quoi remplacer ces centrales ? En Allemagne, ce sera par le gaz et le charbon. Enfin, les écologistes n’ont aucune réponse à la crise et leur internationalisme, qui leur fait questionner le droit de veto de la France à l’ONU, les rendrait tout aussi impuissants que ne l’est Nicolas Sarkozy aujourd’hui. Enfin, leur fédéralisme fait sourire dans une Europe à droite.

Bref, Eva Joly, y compris dans ses rébellions, est sans doute la meilleure candidate des écologistes. D’un côté, elle a démontré son caractère et ses convictions mais de l’autre, comme ses amis, elle se montre trop dogmatique sur la question du nucléaire mais aussi sur les moyens de sortir de la crise.

11 commentaires:

  1. @LP
    Si je peux me permettre, des investigations très intéressantes, mais passées sous silence par le PS et EELV afin de ne pas en rajouter une couche, on été publiées par LePoint.fr "Yannick Jadot : les dessous d'une démission" au sujet du conflit ouvert entre la candidate Eva Joly et la direction EELV, direction que Yannick Jadot s'est d'ailleurs empressé de rejoindre :
    http://www.lepoint.fr/politique/election-presidentielle-2012/yannick-jadot-les-dessous-d-une-demission-23-11-2011-1399414_324.php

    Extrait :
    "Il y a effectivement un hiatus entre notre candidate issue de la société civile et un parti qui s'est professionnalisé", reconnaît Patrick Farbiaz, membre du staff d'Eva Joly et membre historique de l'écologie politique. C'est un euphémisme : selon un chiffre qui circule dans les rangs militants, plus de 50 % des adhérents d'EELV (peu nombreux, il est vrai) tireraient leur principale source de revenus du parti ou de leurs mandats d'élus. Car EELV est devenu un parti d'élus. Dans ce milieu, Eva Joly détonne.

    Un 2ème article sur Marianne2 "EELV : pourquoi le clash Joly était prévisible ?" aborde le même sujet ... avec la même explication :
    http://www.marianne2.fr/EELV-pourquoi-le-clash-Joly-etait-previsible_a212809.html

    Extrait :
    EELV doit avant tout penser à sa survie financière. Comme Marianne l’évoquait, le parti est au bord de la faillite. Parce que la vie politique coûte cher en matériel, meetings, conventions diverses et variés, salaires des permanents, frais de fonctionnement.

    CQFD, afin d'éviter ce méli-mélo les dirigeants EELV auraient du imposer un candidat de la direction EELV (Voynet, Mamère, Duflot) au lieu de faire une primaire entre 2 candidats Joly, Hulot issus de la société civile et ... sincères dans leurs convictions sur l'écologie politique.

    Quant au fédéralisme des écologistes qui fait sourire (et provoque même chez moi une totale incompréhension !) je suis d'accord. Les écologistes devraient être souverainistes par nature afin de mieux relocaliser l'économie en faveur des circuits courts.

    Sur le nucléaire civil, je n'aborde pas la question ici car c'est un sujet sérieux pour lequel les commentaires du blog ne sont pas appropriés.

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  2. Pour le problème du nucléaire, connais-tu le blog de Patrick Raymond qui en parle assez souvent?
    Les Verts sont fédéralistes parce qu'ils sont girondins. La destruction de la France de 1789 est le moteur de leur vision politique.

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  3. Négocier avec le PS avant le premier tour en ayant un candidat était idiot. Pour faire ca, ils auraient du participer à la primaire socialiste et basta. Là, ça ne ressemble a rien.

    Europe Écologie était une belle idée qui aurait pu fonctionner... sans Les Verts. EELV n'est plus rien d'autre que Les Verts d'avant, autant dire rien.

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  4. Parfaitement d'accord avec vous et Santufayan : les écologistes devraient être souverainistes par nature car on ne fait de l'écologie efficace qu'à l'échelle locale. En outre, comme le souverainisme correspond souvent à une tentation de démocratie et qu'on ne fait de l'écologie efficace que dans un cadre démocratique, ils devraient l'être d'autant plus. L'union européenne ou les grandes structures de décision (OMC, FMI, ALENA, ...) sont avant tout des organes de promotion des idées des grandes entreprises supra-nationales qui se fichent comme d'une guigne de l'environnement ou qui en ont une vision très particulière et marchande : à titre d'exemple, la privatisation de l'eau selon Nestlé ou Vinci n'a rien d'écologiste, mais elle est très populaire au sein des instances européennes. Pascal Lamy adore !

    Seulement, si cette critique des Verts est cohérente, il n'y a pas d'offre politique claire sur ce sujet. Il n'y a pas de parti politique écologiste souverainiste et démocrate ou de parti qui reprenne clairement ces idées. Soyons franc ! Le discours de DLR sur ces question est peu clair, hésitant, peu convaincant. C'est dommage car la conscience des problèmes environnementaux au sein de la population française dépasse largement le cadre restreint d'EELV. Nicolas Hulot en est l'exemple type mais il a été pris au piège.

    En plus, pour faire écho à mon commentaire d'hier, un discours volontariste sur l'indépendance énergétique de la France, cela créerait des emplois. Car la solution n'est pas dans d'illusoire énergies renouvelables mais dans le très vaste chantier des économies d'énergies. Or, le bâtiment et les transports ne sont pas délocalisable (à moins d'importer des Chinois comme vient de le faire la Pologne, mais bon ...)

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  5. @Ovide
    Il existe pourtant un parti politique qui fait la synthèse de l'écologie politique et du souverainisme, il s'agit de la CEI-MSR (Confédération des Ecologistes Indépendants - Mouvement Souverainiste Régional) dont le président François Degans faisait partie des pionniers chez les Verts en 1989. Cependant, ce parti montpeliérain groupusculaire est assez peu connu.
    http://www.cei-ser.com/index.html

    La CEI est classée dans cette liste de partis souverainistes à laquelle appartient aussi DLR :
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Souverainisme

    Au sujet des économies d'energie je suis d'accord sur l'idée d'en faire une priorité, plus importante encore que la migration du nucléaire civil vers d'autres énergies renouvelables. En effet, il faut produire 3 kilowatt heure d'énergie pour obtenir 1 seul kilowatt heure sur le lieu de consommation (déperdition). L'isolation thermique de nos habitations est un chantier géant qui produirait des emplois relocalisés (à condition de contrôler la main d'oeuvre).

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  6. @ Santufayan

    Merci pour ces éclairages très intéressants.

    @ Jardidi

    Non, je ne connais pas.

    @ Ovide

    Nous pourrions aller plus loin en effet.

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  7. @Santufayan

    Merci pour l'info. Je ne connaissais pas effectivement ce mouvement.

    @Laurent

    Articuler une pensée politique autour de la relocalisation des productions (limitation des transports à l'échelle mondiale et harmonisation sociale des travailleurs et des consommateurs), de l'indépendance énergétique de la France (par les économies d'énergie avant tout), de la création d'emploi (conséquence des deux premières mesures) serait une assez bonne idée à mon avis qui viendrait soutenir et renforcer le discours sur la sortie de l'euro et de l'union européenne en générale. En outre, comme je l'ai déjà dit, le retour aux francs serait l'équivalent d'une taxe carbone au fur et à mesure de sa dévaluation : de quoi convaincre pas mal de décroissants...

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  8. Au sujet d'Eva Joly, il faut comprendre que si elle est en effet une bonne candidate pour les écologistes (les vrais ceux de l'écologie politique, pas les Voynet/Mamère/Duflot/Placé), la dame aux petites lunettes rouges n'appartient pas à l'histoire de l'écologie en France, ni même à l'étranger. Il suffit pour s'en convaincre de lire son CV. Si le Modem lui avait offert un poste à sa hauteur, elle serait aujourd'hui dans l'équipe de François Bayrou.

    Ceci explique peut être cela, le bureau des dirigeants EELV a sous-estimé les convictions écologistes d'Eva Joly, récentes mais solides. Après avoir ingurgité moult dossiers (elle en avait l'habitude), l'élève a dépassé le maître.

    Maintenant, faisant le parallèle avec DLR, peut on imaginer un petit nouveau venu de nulle part remplacer au pied levé M. Dupont-Aignan lors de la présidentielle de 2017 ? EELV se défend d'avoir le culte du chef, vision passéiste, mais on s'aperçoit qu'ils ne sont pas exempts de tout reproche du point de vue de l'éthique :-)

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  9. Si je puis me permettre de réagir sur votre remarque sur l'EPR.

    "Il est pour le moins paradoxal de la part des Verts de vouloir stopper l’EPR de Flamanville sachant que les nouvelles générations de réacteurs nucléaires devraient être beaucoup plus propres"

    L'EPR n'y est pour rien dans la perspective de nouvelles solutions nucléaires. Il ne fait qu'améliorer le rendement de la génération précédente, amélioration toute relative puisque absorbée par des coûts sécuritaires plus importants. Il arrive en fait au bout du cycle technique uranium/plutonium. Les solutions prometteuses tels que Superphenix sont d'hors et déjà condamnées de part leur dangerosité structurelles (sodium liquide). En réalité cette filière civile n'a pas de légitimité technique. Elle n'existe que pour avoir accompagné le développement de l'arme atomique. Le filière la plus crédible sur le plan technico-sécuritaire est le thorium, et celui-ci a été laissé dans les cartons car justement inintéressant pour les militaires. EPR ou pas, l'avenir n'est plus au nucléaire car le temps nécessaire à l'émergence d'une nouvelle génération est bien plus qu'il n'en faut pour conclure la transition énergétique globale.

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  10. M. Pinsolle,
    comme beaucoup trop de républicains authentiques dont je partage pourtant l'essentiel des idées, vous versez dans la croyance en ce que l'EPR serait un réacteur "plus propres et moins dangereux".
    Je vous conseille vivement de lire l'article pages 42 à 44 des derniers "Dossiers du Canard Enchaîné" (consacré justement à l'industrie nucléaire) au sujet de ce fameux réacteur dit de troisième génération tant vanté par les nucléocrates et leur relai élyséen. On y apprend que ce dernier n'est pas du tout d'une génération supérieure : c'est un simple réacteur à eau pressurisée (R.E.P.) comme tous ceux dont dispose la France depuis la décision de Pompidou en 1969, sous licence américaine Westinghouse. La différence tient à ce que le réacteur EPR dispose d'une cuve de protection en métal et en béton renforcée, de façon à récupérer plus longtemps les produits de fusion en cas d'accident. Mais on se doute que cette cuve ne résistera pas très longtemps en cas de fusion totale du réacteur. Par ailleurs le réacteur serait endommagé en cas d'attaque terroriste par avion de ligne. Et enfin pour la propreté, il faudra repasser car l'EPR est prévu pour fonctionner surtout avec du MOX fabriqué à Marcoule ; cette ignoble saleté est elle-même un détritus réutilisable certes, mais qui une fois réutilisée laisse d'autres détritus à base de plutonium qui eux ne le sont pas et dont il faut se débarrasser. Il est plus radioactif que l'oxyde d'uranium enrichi à 3% que l'on utilise dans les réacteurs classiques, mais il est moins contrôlable, donc plus dangereux à utiliser et élève le risque d'accident. Même les Anglais en ont arrêté la fabrication tout récemment. La France demeure le seul pays nucléaire au monde à le fabriquer.
    Bref Monsieur Pinsolle, j'admire votre puissance de travail sur ce blog que vous alimentez constamment, mais vérifiez la prochaine fois les slogans des pro comme des antinucléaires.
    Francis Commarrieu.

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  11. A propos du nucléaire, pas mal de bonnes informations ici, qui changent des propos assez vagues habituels.

    http://energeia.voila.net/nucle/nucleaire.htm

    Des choses intéressantes aussi sur le solaire, l'électricité ... avec des infos récentes et mises à jour semble-t-il lorsqu'il le faut.

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