mardi 22 novembre 2011

Les contradictions fédérales d'une partie de la gauche

Dans les débats actuels sur la zone euro, une grande partie de la gauche (NPA, PG, PC, PS) voit dans une évolution fédérale la solution à la crise. Mais outre l’incompréhension totale du débat allemand, la victoire du PP espagnol démontre l’incohérence d’une telle position.

L’Allemagne paiera !

Bien sûr, ce n’est pas la manière dont Jean-Luc Mélenchon ou François Hollande présentent les choses, mais c’est exactement cela à quoi reviendrait la politique qu’ils recommandent. Quand ils parlent d’euro obligations, cela revient à demander à l’Allemagne une immense caution sur l’ensemble des dettes européennes. Soit dit en passant la France se retrouverait également caution solidaire des dettes italiennes et grecques, ce qui ne semble guère les émouvoir...


Car la réalité des mécanismes devraient pourtant les faire réfléchir à deux fois. Les euro obligations qu’a imaginées l’institut Bruegel reviennent à demander aux pays européens d’être caution solidaire sur 5600 milliards de dettes (60% du PIB européen). En clair, l’Allemagne et la France devraient donner leur caution sur environ 4000 milliards de dettes supplémentaires. Pire, on peut constater que le mécanisme a des failles qui permettent de douter de son bon fonctionnement.

Mais ce n’est pas tout, ces partis de gauche, très généreux avec l’argent public, sont souvent favorables à un budget européen fédéral. Etant donné que la France reste un pays riche à l’échelle de l’Union Européenne, cela reviendrait à augmenter fortement notre contribution budgétaire annuelle, soit par de nouveaux impôts ou des coupes dans les dépenses. Pour l’Allemagne, Patrick Artus a chiffré à 100 milliards par an la facture ! Une proposition totalement illusoire.

Voter à gauche… pour avoir la droite

Mais outre le fait de divaguer sur la possibilité politique de vendre une telle idée à Berlin, cette gauche semble complètement coupée des réalités électorales du moment. Le PC, le PG, le NPA et le PS n’ont-ils pas remarqué que c’est une majorité de droite qui gouverne en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Italie ou en Espagne ? La droite est très largement majoritaire actuellement. Du coup, une Europe fédérale mènerait forcément une politique de droite aujourd’hui.

C’est tout le paradoxe et la contradiction de ces propositions. Si on suivait les propositions fédéralistes de la plupart des partis de gauche, cela reviendrait à remettre les clés du pouvoir à une majorité très nette de droite ! En clair, une grande partie de la gauche française propose d’abandonner le pouvoir à la droite à l’échelle européenne. Il est proprement hallucinant que personne ne relève cette immense contradiction dans le discours de ces partis.

Jacques Sapir a dit que « la haine de la nation, c’est l’internationalisme des imbéciles ». Il est difficile de ne pas lui donner raison quand on fait un tel constat. A l’exception notable du M’PEP et du MRC, les propositions de la gauche française sont totalement contradictoires. Leur rejet viscéral de la nation semble leur faire préférer une politique de droite dans un cadre européen à une politique de gauche dans un cadre national. C’est bien là l’internationalisme des imbéciles.

Vivement la campagne électorale de 2012. Les contradictions de la gauche sont tellement criantes qu’il ne sera pas compliqué de montrer les incohérences de leur discours et les illusions colossales de leurs propositions sur l’Europe.

6 commentaires:

  1. Mardi 22 novembre 2011 :

    Le taux d'emprunt à court terme de l'Espagne s'envole.

    Preuve de la défiance persistante des investisseurs, l'Espagne a émis ce mardi 22 novembre pour 2,98 milliards d'euros de dette à court terme à des taux records depuis 10 ans. Une progression qui était attendue alors que Madrid vit depuis une dizaine de jours un fort regain de tension sur les marchés.

    Par rapport à la dernière émission comparable, fin octobre 2011, le taux des bons espagnols à 3 mois a doublé, à 5,1 %, contre 2,3 % la fois précédente.

    Le taux des bons à 6 mois a également fortement augmenté, à 5,2 %, contre 3,3 % lors de la précédente émission. La demande est restée forte, a précisé la Banque d'Espagne.

    Cette adjudication faisait figure de premier test de la confiance des marchés à l'égard du futur gouvernement du conservateur Mariano Rajoy. Après les changements de gouvernement en Grèce et en Italie, la victoire de la droite en Espagne aux élections législatives de dimanche n'a pas apaisé les marchés, qui s'inquiètent de la mise en place du plan de rigueur prévu par la nouvelle majorité.

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0201756544612-le-taux-d-emprunt-a-court-terme-de-l-espagne-s-envole-252509.php

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  2. La gauche n'est plus la gauche depuis bien longtemps. Terra Nova n'est que la partie émergée de l'iceberg idéologique mondialiste du PS. Les trotskistes n'ont eu aucun mal à passer d'une idéologie dangereuse à une autre ; rien n'est plus aisé que le saut de l'internationalisme au mondialisme. Le bonheur obligatoire, par voie d'âmes éclairées, est une vieilles histoires dans laquelle le peuple, qui n'est jamais convoqué aux réunions du pouvoir, est l'éternel cocu au nom duquel on prend des poses de commandeurs. Il suffit de voir le poids politique que prennent les verts face au PS pour savoir que ce parti n'est plus rien politiquement. Et pourtant, la nation fut aussi à gauche. Cette gauche qui, longtemps, s'est revendiqué de l'esprit critique et de la défense de ceux qui n'étaient pas les possédants, est en passe de devenir ce parti de l'indigence intellectuelle au service de cet ordre marchand qui capitalise en banque. La gauche ? Hollande, Aubry, Duflot ! Jusqu'où va-t-on descendre ? Il arrive un momement où nous ne pourrons plus même creuser, et ce moment approche.

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  3. L'Allemagne paiera car c'est sans doute dans son intérêt puisque 40% de ses exportations se font dans la zone euro, elle a donc intérêt à ce qu'elle n'explose pas.De plus l'Allemagne qui elle est un pays INDUSTRIALISEE a prospéré en équipant ces pays de l'Europe du sud qui EUX sont DESINDUSTRIALISES.La prospérité de lAllemagne s'est aussi faite avec le déficit des 26 autres.

    Sur le cas Espagnol , je pense que la droite à gagné grâce à un rejet de la gauche de Zapatéro.Je ne crois pas en Espagne à un vote d'Adhésion à la politique de droite.Cela traduit plus "un ras le bol".
    Concernant maintenant le fédéralisme , on exploite juste la crise en la dramatisant pour mettre en place un CHANGEMENT .Voici un article intéressant qui défend cette thèse d'HV:http://www.estrepublicain.fr/actualite/2011/11/22/hubert-vedrine

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  4. Mon dieu mon dieu mon dieu...
    Y a pas de crise de l'€uro, y a pas de crise de l'Europe, tout va bien, y a qu'a faire en sorte que la BCE puisse monétiser tout ça...
    Et aux US, UK et Japon, tout va bien...
    Certainement qu'en Allemagne tout va bien aussi...
    Vaut mieux lire ca qu’etre sourd !

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  5. @Laurent Pinsolle

    Où avez-vous vu que le PG prône les euro-obligations ? Monsieur Jean-Luc Mélenchon n'a pas la haine de son pays, bien au contraire. Et si le PG voudrait conserver l'euro, pour des raisons que l'on peut discuter, en réformant l'europe et notamment le statut de la BCE, il propose également le recours à une monnaie commune en cas d'échec de ces réformes et d'éclatement de la zone euro (http://www.lepartidegauche.fr/notre-identite/3823-resolution-sur-leuro).

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  6. @ Laurent Pinsolle et Anonyme de 23h56

    Effectivement, la position du PG est beaucoup plus complexe. Il me semble que derrière le programme officiel du parti qui défend une réforme complète de l'euro (sortie ou transformation radicale de ses objectifs), Jean Luc Mélenchon ne veut pas faire de la monnaie unique son cheval de bataille afin de ne pas être assimilable au FN.
    Politiquement, il fait le choix d'insister sur la retraite à 60 ans et la hausse du SMIC à 1700 euros, ce qui à mon avis est une erreur, sachant que cette dernière implique tout autant la sortie de l'Euro et la dévaluation.
    Quant au fédéralisme, Mélenchon est patriote ; la Nation ne lui fait pas peur ; simplement il ne se résout pas à abandonner l'idée d'Europe construite sur les avancées sociales et protectrices de la France. Je pense qu'il devra éclaircir sa position prochainement, en particulier sur le protectionnisme et ses conditions. Le NPA, le PS et les Verts veulent une UE plus approfondie. Le PG lui, est économiquement très proche de DLR. L'objectif : récupérer les grands leviers macros sans lesquels le politique ne peut plus rien.
    Cordialement

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