mardi 15 novembre 2011

La zone euro est-elle au bord de l’explosion ?


Quelques semaines ? Quelques années ? Difficile de dire combien de temps il faudra à la zone euro pour exploser. Mais depuis deux ans, mois après mois, la situation se tend davantage et tous les éléments du scénario se réunissent pour précipiter la chute de notre tour de Babel monétaire.

L’Italie et la Grèce en première ligne

Certains évoquent le fait que la France pourrait être le prochain maillon faible de la zone euro. Mais ce pronostic semble vain car l’Italie tombera avant, et avec elle, l’ensemble de cette construction baroque et artificielle qu’est la monnaie unique. En effet, la hausse des taux italiens menace dangereusement cet édifice fragile. Le cap des 7%, qui avait provoqué les plans grecs, irlandais et portugais a été franchi brièvement la semaine dernière.

Pire, les capitaux commencent à fuir l’Italie, comme ils le font en Grèce. Reuters a annoncé que pas moins de cinq milliards d’euros avaient quitté le pays le mois dernier, les agents économiques voulant se protéger d’une éventuelle dévaluation. Pas moins de 25% des capitaux auraient fui en seulement deux ans, affaiblissant dramatiquement le pays, qui ne peut pas se protéger du fait des traités européens. Encore un élément qui rapproche le cas de la Grèce de celui de l’Argentine

Les forces de rappel existent encore

Malgré tout, l’installation à la tête de ces deux pays de deux eurocrates, comme l’a souligné Coralie Delaume, indique que les dirigeants de l’Europe ne veulent pas mettre fin à cette expérimentation monétaire ratée. A priori, l’ancien vice-président de la BCE en Grèce et l’ancien commissaire européen ne sont pas là pour détruire ce qu’ils ont construit mais plutôt là pour s’assurer que les politiques suivies à Athènes et Rome seront conformes aux directives européennes.

En outre, l’Italie a trois mois devant elle sans refinancement majeur de sa dette. Mais ce sera autre chose de février à avril avec plus de 100 milliards à lever. En outre, certains analystes soulignent que l’Italie peut supporter des taux plus élevés que la Grèce, le Portugal et l’Irlande du fait de la plus longue maturité de sa dette et de ses déficits, assez bas. Enfin, la BCE peut acheter la dette italienne et calmer la spéculation. C’est elle qui a fait repassé les taux sous les 7%.

L’Europe dans l’impasse

Malgré tout, ce ne sont que des pis-aller. En effet, l’Allemagne est extrêmement réticente au rachat des dettes publiques des pays européens. Non seulement elle y voit un risque d’hyperinflation comparable à celle qu’elle a connu au sortir de la première guerre mondiale. Mais en outre, elle y voit une forme d’aléa moral puisque ce sont les pays les moins vertueux qui en profiteraient, une sorte de prime au vice qu’un pays qui a fait beaucoup d’efforts ne peut accepter.

Mais la potion amère demandée par les instances européennes pour remettre de l’ordre dans les finances publiques est absurde. La cure d’austérité détruit la croissance des pays européens, compliquant le retour à l’équilibre des budgets nationaux, provoquant de nouveaux plans d’austérité, comme on l’a vu en Grèce ou au Portugal de manière violente, ou plus récemment en France, de manière plus modérée. Bref, pour essayer de sauver l’euro, les dirigeants européens saignent les peuples.

Il semble qu’il faudra aller jusqu’au bout de l’absurde et de la régression sociale pour provoquer un sursaut des peuples. A défaut d’un référendum, la Grèce pourrait bien être le terrain d’une révolte démocratique lors des élections législatives qui devraient se dérouler en février 2012.

9 commentaires:

  1. Je ne suis guère convaincu que l'Allemagne craint l'hyperinflation des années 22-23. Soyons réalistes, personne ne l'a vécu aujourd'hui ds la population allemande et certes le souvenir collectif doit demeurer à titre de mythe, mais au fond de lui-même, il y a fort à parier que l'allemand moyen s'en fout.
    Se souvient-on du franc Poincaré et de sa stabilisation, pourtant décisif dans l'Histoire de France? A l'évidence non, tout le monde s'en cogne, et l'enseignement régressif de l'Histoire ne pourvoie certes pas à cette lacune.

    Tout cela pour dire qu'à mon avis la politique monétaire européenne n'est pas le résultat du sentiment des peuples.

    LL

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  2. Angela Merkel veut un président européen élu au suffrage universel, elle l'a dit hier lors du congrès de son parti politique, la CDU. Ses idées sont donc bien aussi démentes et nocives que celles de n'importe quel dirigeant européen et c'est à elle qu'on confie les clefs...

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  3. Mardi 15 novembre 2011 :

    Le Trésor espagnol a émis mardi pour 3,158 milliards d’euros de bons à 12 et 18 mois, à des taux d’intérêt en très forte hausse par rapport à la dernière opération similaire, souffrant d’un effet de contagion dans un climat de tension élevée en zone euro.

    L’Espagne a dû concéder un taux de 5,022 % pour les bons à 12 mois, et 5,159 % pour ceux à 18 mois, contre moins de 4 % dans les deux cas pour la dernière émission, le 18 octobre 2011, a annoncé la Banque d’Espagne.

    Le niveau atteint mardi est un record depuis 2000, selon les médias espagnols.

    Conclusion :

    Les investisseurs internationaux n’ont plus aucune confiance dans la capacité de l’Espagne à rembourser ses dettes.

    L’Espagne emprunte à des taux d’intérêt de plus en plus exorbitants.

    L’Espagne va bientôt demander l’aide du FMI et de l’Union Européenne.

    http://www.romandie.com/news/n/_ALERTE___L_Espagne_emet_3158_mds_EUR_de_bons_a_12_18_mois_taux_au_dessus_de_5151120111111.asp

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  4. Il semble que la BCE n'intervienne que pour maintenir les débiteurs la tête légèrement au dessus de l'eau, mais sans les ramener sur la rive. C'est probablement calculé.En prolongeant le supplice, elle permet que s'imposent plan de purge sur plans de purges suivant le dogme néolibéral que la production doit s'adapter aux marchés, et non l'inverse. A ce compte toute l'Europe s'enfoncera dans une austérité permanente et, malheureusement, cela peut durer assez longtemps. A moins qu'une révolte populaire déplace le centre de gravité politique.

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  5. A lire : Une interview de Marc de Scitivaux
    http://www.easybourse.com/bourse/international/interview/2481/marc-de-scitivaux-cahiers-verts-de-leconomie.html

    Que du vrai. Et en bonus un nouvel argument contre tous les économistes du système qui prétendent qu'il serait impossible pour un état de se financer en cas de sortie de l'euro :
    Le cas de la Corée du Sud
    "En 1997, l’attaque des spéculateurs a conduit à une cassure du lien entre le won coréen et le dollar américain. Le won a dévalué de manière extrêmement forte. Les taux d’intérêt coréens ont significativement baissé. Pour les spéculateurs, la dette coréenne devenait une manière inouïe de jouer la remontée de la monnaie. Une dévaluation est toujours trop forte au départ. Les investisseurs se sont rués sur les titres de dette coréenne pour à la fois jouer le rendement obligataire et l’appréciation du won et ont gagné gros."

    Je trouve cet exemple encore mieux que le cas de l'Argentine.

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  6. DAELIII

    L'argument d'une psychose allemande vis à vis d'une monnaie "faible", auquel ne croit pas LL (ci-dessus) me semble tout à fait digne du "bourrage de crâne" journalistique. L'Allemagne a su depuis 60 ans utiliser "l'Europe" pour arriver à ses fins, dont certaines sont des buts de guerre depuis deux siècles et d'autres correspondent à l'effacement des conséquences que ces mêmes guerres avaient entrainées à son détriment. Que l'on songe, sur le long terme, à l'écrasement de la Serbie, la réintroduction de l'Ukraine dans l'orbite germanique, à la vassalisation de la France et à l'amuissement de ses capacités industrielles, ....... La liste est longue pour qui sait ressortir les livres d'histoires, et fait l'effort de les lire.
    Alors la psychologie .....

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  7. Maintenant, il faut dissoudre l’Assemblée Nationale.
    Compte rendu de l’intervention de Régis ROQUETANIERE le 9 novembre 2011 au Plan B.
    1. Pourquoi dissoudre l’Assemblée Nationale, avant l’élection présidentielle ?
    2. Comment s’y prendre ?
    3. Dans quel but ?
    4. Incidence sur l’élection présidentielle de 2012.
    1 : Pourquoi dissoudre :
     La classe politique ne représente plus qu’elle-même, gauche, droite, droite de la droite.
     Dénoncer la malhonnêteté de la procédure employée pour ratifier le traité de MAASTRICHT.
     Mettre fin à cette malhonnêteté après sa réitération pour valider les traités AMSTERDAM et de LISBONNE.
     Ré impliquer le citoyen dans la gestion de la Cité.
     Oter aux partis politiques l’exclusivité de désigner les candidats aux élections.
     Briser la soumission du pouvoir législatif au pouvoir exécutif.
    2 : Comment s’y prendre :
     Une date et un seul objectif pour créer les conditions d’une sidération positive.
     Le public concerné : les citoyens, tous les citoyens, aucun parti politique.
     Partout en France, constituer des assemblées primaires d’arrondissement.
     Poser comme postulat que ce n’est pas une affaire d’argent ou une entreprise de longue haleine mais une urgente nécessité morale.
     Placer les citoyens devant une alternative simple : élire un candidat mandaté par les citoyens ou un candidat pistonné par les partis politiques.
    3 : Dans quel but ?
     Redonner le pouvoir au citoyen au-delà des rapports de forces politiques.
     Rédiger et adopter des cahiers d’exigences (vote) qui serviront de contrat de législature.
     Ensuite et ensuite seulement, tirer au sort, de façon paritaire, au niveau de chaque circonscription, parmi des signataires des cahiers d’exigences, les candidats qui seront désignés pour représenter les citoyens à l’élection législative.
     Mettre fin instantanément au cumul des mandats et aux carrières électorales.
     Briser les liens qui entravent la démocratie : lobbies, cultes, organisations économiques et financières.
    4 : Incidence sur l’élection présidentielle.
     Mettre en place une procédure neuve et transparente de désignation du candidat à la présidence de la république.
     Tirer au sort, sur proposition de chaque assemblée primaire d’arrondissement , un mandataire chargé de proposer des personnalités qui présentent les aptitudes morales, l’expérience et le tempérament nécessaire à l’exercice de la fonction présidentielle.
     L’ensemble des personnalités pressenties pourrait alors dire si elles acceptent la responsabilité et entre- elles, désigner celle qui sera mandatée par les citoyens

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  8. La volonté n'est-il pas de remplacer l'euro par une monnaie supra nationale...

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  9. @ LL

    Très juste. Je crois surtout que les Allemands ne veulent pas payer pour les autres, ou en avoir le sentiment.

    @ J Halpern

    Ils interviennent suffisamment pour que la cocotte n'explose pas. Pas plus. C'est pitoyable cette gestion à la petite semaine, sans principe ni conscience des conséquences désastreuses pour la population.

    @ Anonymes

    Intéressante cette vision du cas coréen.

    Pas d'accord sur la dissolution. Nous votons dans 6 mois.

    Je crois surtout qu'ils veulent essayer de faire marcher l'euro mais n'y arrivent pas.

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