mercredi 9 novembre 2011

A quand le 6ème plan de sauvetage de l’euro ?

« Lamentable » : c’est par ce jugement sans nuance que The Economist a qualifié le « plan de sauvetage de la zone euro » dans son édition de début novembre. Il faut dire qu’il n’a fallu que quelques jours pour voir apparaître les failles de ce plan qui nous avait été vendu comme définitif.

Au-delà de la Grèce, le Portugal

Bien sûr, la sinistre tragi-comédie grecque a encore démontré que la gestion de la zone euro est impossible. Il est tout de même absolument incroyable que le vote d’un pays qui représente 2% du PIB de la zone euro menace l’équilibre entier de l’ensemble. Plus globalement, ces crises à répétition indiquent bien que des pays différents ne peuvent pas partager une même monnaie. Dès que l’économie est en crise, il est impossible de gérer les problèmes posés par l’euro.


Pire, on constate encore aujourd’hui que même si la Grèce ne se prononce pas sur les plans ou sur sa participation à l’euro, rien n’est réglé. Le Portugal pourrait bien entrer dans le même cercle vicieux qui a mené au défaut de moins en moins partiel d’Athènes. Et malgré deux restructurations en trois mois, il est probable que la Grèce ne soit pas sortie d’affaire car améliorer la trésorerie du pays sans redresser sa capacité à créer de la richesse est vain.

La bombe à retardement italienne

Mais la plus grosse faille dans l’édifice est sans nul doute l’Italie, malgré un déficit de seulement 4% car les taux longs italiens se sont envolés au-delà des niveaux atteints cet été, approchant du cap des 7% où le pays devra trouver d’autres moyens de se financer. Bien sûr, la BCE peut acheter les bons du trésor Italien pour soulager la pression des marchés, mais une telle solution n’est pas durable et risque de finir par énerver des Allemands qui n’y sont pas favorables.

En outre, l’annonce du passage du FESF à 1000 milliards ressemble aujourd’hui à un immense bluff. Angela Merkel a annoncé au G20 que presque aucun membre du G20 ne souhaite financer son extension. Et les différents mécanismes de garantie permettant de créer de l’effet de levier poseraient d’immenses problèmes de risque pour les garanties étatiques données par les pays (211 milliards pour l’Allemagne et 159 pour la France). Bref, rien n’est prévu pour régler la crise italienne.

La fausse solution fédéraliste

Bien sûr, les fédéralistes de tout poil sautent comme des cabris sur leur chaise en disant « intégration, intégration, intégration ». Mais outre le fait qu’ils semblent vouloir utiliser la crise pour faire passer leur agenda, cette intégration est bien plus une fin en soi qu’un moyen de résoudre la crise. Tout d’abord, il est totalement illusoire de croire que l’Allemagne acceptera les euro obligations ou même la création d’un budget fédéral européen. Berlin refuse de donner un euro de plus.

Or, les euro obligations proposées par l’institut Bruegel supposeraient que l’Allemagne fournisse une caution de 4 000 milliards d’euros et un budget fédéral européen imposerait un transfert de 4% du PIB Allemand tous les ans, la bagatelle de 100 milliards ! En outre, même un tel système ne fonctionnerait pas à moyen terme car la seule issue possible à long terme suppose de faire redémarrer les économies du Sud de l’Europe, ce qui suppose une dévaluation, y compris au sein de la zone euro.

En fait, les dirigeants européens continuent à proposer des plans profondément dysfonctionnels. La Grèce a failli tout faire exploser avec un référendum, ce qui montre bien que pas grand chose peut faire s’effondrer ce château de carte qu’est la monnaie unique européenne.

11 commentaires:

  1. Si je me souviens bien, une des raisons utilisées pour forcer M. Papandréou à retirer son référendum était que la Grèce ne pouvait attendre plus de quelques jours les déblocage des fonds de son dernier "plan de sauvetage".
    Aujourd'hui il paraît qu'elle peut parfaitement attendre jusqu'à mi-décembre...
    A quel point se moque-t-on de nous !

    Sancelrien

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  2. La triste vérité est que le système euro semble de plus en plus voué à l'échec. Et une vérité encore plus triste est que vu comme le système se comporte, l'Europe se porterait sans doute mieux s'il s'écroulait plutôt aujourd'hui que demain.

    http://www.rtbf.be/info/chroniques/chronique_le-trou-dans-le-seau-de-l-europe-paul-krugman?id=6974133&chroniqueurId=5032403

    Olaf

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  3. Quoi, les européistes sont des cons! Merde alors, vous en faites des découvertes. Ils en sont aujourd'hui à menacer la démocratie et les Républicains en sont restés à la division.
    La situation n'est que gravissime, ne serait-il pas possible de conclure un accord entre toutes les composantes souverainistes pour les élections de 2012 sur un seul objectif clair et essentiel? Nous gagnons les élections, Marine Le Pen organise un référendum sur la sortie de l'Euro ou de l'Union européenne, puis, une fois qu'il a eu lieu, elle dissout l'assemblée nationale et nous participons aux élections chacun sous notre bannière. L'enjeu est ridicule, je sais, la sauvegarde de la démocratie ne mérite pas que l'on sorte de ses habitudes.

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  4. Il est vrai que l'Italie, puis l'Espagne vraisemblablement, vont poser de trop graves problèmes à la zoner euro pour qu'elle demeure en l'état. Il y aura sans doute des sorties, mais un risque grave va à mon avis se présenter: que Sarkozy nous maintienne ds l'euro seuls avec l'Allemagne, la finlande et les pays-bas, quel que soit le prix social à en payer.
    Il ne faut pas sous-estimer sa volonté de rester dans l'euro,ainsi que celle de Hollande, étant donné qu'il a basé sa campagne là-dessus. Ceci pourrait certes être vaincu par un énorme mobilisation sociale, mais avec quels affrontements pour faire céder l'idéologie? Et avec quel retard économique? La mobilisation sociale, par ailleurs, pourrait elle vraiment assumer ce combat contre l'euro ou resterait elle ds le flou comme en Grèce?
    On parle bien peu de ce risque-là.

    LL

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  5. Mercredi 9 novembre 2011 :

    La Bourse de Paris creusait ses pertes mercredi en fin de matinée et perdait plus de 2 %, peu après l'envolée du taux italien à 10 ans au-delà de la barre des 7 %, atteignant 7,464 %, signe d'une défiance accrue envers le pays, malgré le départ prochain de Silvio Berlusconi.

    A 11H28 (10H28 HEC), le CAC 40 perdait 2,27% à 3072,08 points, dans un volume d'échanges de 1,111 milliard d'euros, après avoir débuté la séance dans le vert.

    Le marché parisien a basculé dans le rouge en cours de matinée et ne cessait de s'enfoncer, au rythme de la hausse du taux d'emprunt italien qui dépassait désormais 7 %, atteignant 7,464 %.

    Ce niveau "augmente certainement la perspective d'un plan d'aide" au pays, souligne Manoj Ladwa, analyste chez ETX Capital, qui ajoute toutefois que l'Italie ne joue pas encore dans la même cour que la Grèce.

    Le départ annoncé de Silvio Berlusconi n'a pas suffi à soulager les marchés, qui doutaient toujours de la capacité de l'Italie à faire face à ses engagements budgétaires et à sa dette, d'autant que le pays a promis des mesures à l'Union européenne (UE).

    "Le départ de Berlusconi était attendu, mais le problème c'est que des élections anticipées sont réclamées ce qui pourrait retarder les nouvelles mesures", explique Dov Adjedj, vendeur d'actions chez Aurel BGC.

    Les valeurs financières, en première ligne de l'aggravation de la situation italienne, souffraient à l'image de BNP Paribas (-2,97% à 30,39 euros), Crédit Agricole (-1,88% à 5,05 euros) et Société Générale (-3,25% à 18,16 euros). Axa lâchait 4,26% à 10,12 euros.

    http://www.bloomberg.com/apps/quote?ticker=GBTPGR10:IND

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  6. http://www.liberation.fr/economie/01012370528-les-exportateurs-allemands-assurent-qu-il-peuvent-vivre-sans-l-euro

    Olaf

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  7. Il est une question que l'on pourrait tourner autrement : au fond, les économies "du Sud" ont-elles vraiment envie d'être dépendantes d'un transfert économique permanent ? J'en doute fort !

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  8. @ Anonyme (le dernier)

    Complètement d'accord. Approche-t-on du moment de vérité ?

    @ Olaf

    Merci pour les liens.

    @ LL

    Ils risquent d'utiliser tous les moyens pour essayer de sauver l'euro.

    @ Jardidi

    Un peu fatiguant votre propagande permanente. Cela n'apporte rien au débat. J'ai traité la question des dizaines de fois dans des papiers ou des commentaires donc merci d'arrêter ce genre de saillies.

    @ Sancelrien

    Très juste

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  9. Mercredi 9 novembre 2011 :

    Wall Street finit en chute, paniquée face à la crise italienne.

    La Bourse de New York a fini en forte baisse mercredi, saisie par l'angoisse de voir l'Italie à son tour emportée par la crise de la dette : le Dow Jones a perdu 3,20 %, et le Nasdaq a perdu 3,88 %.

    "Cette dégringolade des indices de Wall Street est logique au regard des craintes grandissantes de contagion. On avait vu la même chose en octobre avec la Grèce, et maintenant c'est l'Italie", a expliqué Lindsey Piegza, de FTN Financial.

    "Cette inquiétude est justifiée : c'est la troisième économie de la zone euro, alors que la Grèce était en bas de la liste", a-t-elle poursuivi.

    Le soulagement qui avait accueilli mardi l'annonce de la prochaine démission du chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi a rapidement cédé la place à la crainte. Les taux d'intérêt de la dette italienne à dix ans ont atteint un nouveau record historique en dépassant les 7 %.

    De tels taux, s'ils se confirment lorsque Rome émettra de la dette, risquent de représenter un poids bien trop lourd pour le gouvernement italien au moment où il cherche à réduire ses déficits.

    "La pression du marché et l'incertitude politique ont fait passer l'Italie d'un risque de crise de liquidité à une crise de solvabilité", ont estimé les analystes de Natixis.

    De nombreux analystes ont relevé que des taux à plus de 7 % avaient poussé la Grèce, mais aussi l'Irlande et le Portugal, à avoir recours à l'aide financière de leurs partenaires européens et du FMI.

    "Mais les investisseurs ont en tête l'idée que le pays est trop gros pour faire faillite et trop gros pour être secouru", s'est inquiété Mace Blicksilver, de Marbleahead Asset Management.

    http://www.romandie.com/news/n/_Wall_Street_finit_en_chute_paniquee_face_a_la_crise_italienne091120112211.asp

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  10. et Jeudi le canard était toujours vivant papa a dit ...

    il est bon d'installer un peu de légèreté chez les économistes .

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  11. Jeudi 10 novembre 2011 :

    Italie : bond des taux à un niveau record lors d’une émission à un an.

    Les taux d’intérêt à un an payés par le Trésor italien ont atteint jeudi le niveau record de 6,087 % lors d’une émission obligataire test, alors que l’Italie est menacée à son tour d’être emportée par la crise de la dette, a annoncé la Banque d’Italie.

    Ils ont donc presque doublé par rapport à la dernière opération similaire datant du 11 octobre, où ils s’étaient inscrits à 3,57 %.

    Ce niveau de taux est insoutenable sur la durée, étant donné la taille colossale de la dette italienne (1.900 milliards d’euros, environ 120 % du PIB).

    Le Trésor a en revanche atteint son objectif en réussissant à lever 5 milliards d’euros lors de cette émission, qui était le premier test sur les marchés pour le pays après l’annonce mardi soir du départ prochain du chef du gouvernement Silvio Berlusconi.

    La demande a été très soutenue, atteignant 9,95 milliards d’euros.

    Les craintes de voir l’Italie emportée à son tour par la crise de la dette avaient propulsé mercredi les taux à dix ans, qui servent de référence, largement au-dessus de la barre des 7 %.

    http://www.romandie.com/news/n/_Italie_bond_des_taux_a_un_niveau_record_lors_d_une_emission_test101120111111.asp

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