jeudi 22 décembre 2011

Industrie : quand les pyromanes jouent au pompier


François Hollande et Nicolas Sarkozy s’affrontent de plus en plus sur le terrain industriel. Ils font le tour des usines pour parler de leur ambition industrielle. Il est pour le moins surprenant que ne soit pas davantage souligné ce que notre grande régression industrielle doit aux deux partis qu’ils représentent.

Le grand bluff industriel du président

Nicolas Sarkozy a un sacré culot de faire ainsi le tour des usines étant donné le bilan désastreux de son quinquennat sur la question industrielle. Le déficit commercial de notre pays a pulvérisé tous les records sous son mandat. Il a laissé faire une délocalisation massive de notre industrie automobile sans réagir le moins du monde. L’épisode de Gandrange a permis également de constater à quel point les promesses de ce président n’engagent que ceux qui les écoutent.

Bref, il est vraiment surprenant que l’Elysée tente de faire de l’industrie un de ces chevaux de bataille avec un bilan aussi mauvais. L’industrie est la synthèse de ce quinquennat : peu d’actes, beaucoup de mots, souvent prononcés en dépit de la réalité et des évidences, voir même totalement contradictoires avec ce qui se passe. Nicolas Sarkozy dit aimer l’industrie. Mais il n’a rien fait depuis cinq ans pour la défendre. Cette posture est une immense imposture.

Il y a cinq ans, le candidat de l’UMP pourfendait l’euro cher qui pénalisait notre industrie. Il utilisait le cas Alstom pour montrer son intérêt pour le secteur. On voit cinq ans après qu’il n’en est rien resté. L’euro n’a jamais été aussi cher que sous son mandat, accélérant encore le mouvement de délocalisations et coûtant à notre pays un nouveau demi-million d’emplois industriels et des dizaines de milliards de déficit commercial supplémentaire, qui pèse sur la croissance et le chômage.

L’imposture socialiste

C’est sans doute pour cette raison que François Hollande enfourche également la question industrielle. Le désastre de ces dix dernières années plaide pour le parti socialiste qui peut pointer la désindustrialisation massive des mandats de Jacques Chirac et Nicolas Sarkozy, sachant que la France avait un excédent commercial il y a dix ans. Il n’est pas très compliqué pour le PS, éloigné du pouvoir depuis longtemps de se présenter comme le nouveau champion de l’industrie.

Pourtant, le PS est au moins aussi responsable de notre effondrement industriel, dont les racines remontent aux années 1970, mais qui s’est largement accéléré dans les années 1980 et 1990 quand ils étaient au pouvoir, embrassant la politique de franc cher, qui nous avait déjà fait du mal il y a vingt ans, ou offrant notre marché sans contrepartie. Les « socialistes » ont autant accepté l’anarchie commerciale qui détruit notre industrie que la droite, malgré quelques timides dénégations.

Par exemple, c’est il y a vingt ans que nous avons accepté d’ouvrir le marché automobile européen aux constructeurs japonais, sans contrepartie de réciproque sur le marché japonais. Ainsi, Toyota, Nissan et Honda conservent une base arrière protégée des concurrents étrangers quand nos constructeurs se voient soumis à une concurrence implacable qui provoque délocalisations et destruction d’emplois. Et cela, ce sont les socialistes qui l’avaient accepté, comme tant d’autres choses.

Bref, la posture industrielle de François Hollande et Nicolas Sarkozy est surtout une imposture. Les deux candidats veulent récupérer le vote ouvrier, après l’avoir laissé en friche. Mais un minimum de recul permet de comprendre qu’ils ne sont que des pyromanes qui jouent aux pompiers.

12 commentaires:

  1. Mais que sont vraiment ces gens, des imbéciles ou des ordures?

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  2. Je pense que ce ne sont pas des imbéciles car ils trouvent que la soupe est bonne ; ils sont capables de changer instantanément d'avis pour continuer a se gaver

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  3. Autre idiotie et hypocrisie, les leçons de morale historique à la Turquie alors que la France n'a pas reconnu les massacres que ses troupes ont perpétré à Sétif 1945, Madagascar 1947, Cameroun 1960...

    http://www.afrik53.com/Ce-genocide-que-la-France-refuse-de-reconnaitre-au-Cameroun_a7703.html

    Olaf

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  4. Nous devons supprimer ces lois mémorielles écrire l'histoire appartient aux historiens pas aux députés sinon nous n'en sortirons jamais ; le FLN POL POT les VENDEENS MAO STALINE HITLER NAPOLEON LOUIS XIV nous remontons jusqu'ou ?

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  5. @ Jardidi & Patrice,

    Je crois qu'ils sont surtout dogmatiques et qu'ils ne creusent pas ces sujets. Je crois qu'ils sont sincèrement favorables au libre-échange et qu'ils mésestiment les conséquences de l'anarchie néolibérale

    @ Olaf et Patrice

    Très clairement, les lois mémorielles ne me semblent pas une bonne chose.

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  6. @Jardidi

    Les deux, mon général.

    @Olaf

    Comme à Laurent, les lois mémorielles ne semblent pas une bonne chose, sans compter qu'il faudrait définir ce qu'est un génocide, sans quoi nous allons voir les génocidés pulluler chez nous. Et puis, en ces temps de crise, de rigueur et d'austérité, nos "chers" députés n'ont vraiment rien d'autre à examiner ? Bien sûr que non, puisqu'ils ne peuvent plus prendre aucune décision réelle...

    Sancelrien

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  7. Eduard Limonov : "Il n'y a plus ni droite ni gauche. Il y a le système et les ennemis du système. Le système est la démocratie libérale qui a triomphé partout, que de la mauvaise herbe nocive, de couleur de la merde. Les ennemis du système - c'est ce que nous sommes - les Communistes extrêmes, les nationalistes extrêmes"...

    C'est plus soft... Mais, coïncidence, je viens juste de lire votre article après la bibliographie de Limonov !
    Sans préjuger de e que cela vous inspire.

    PeutMieuxFaire

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  8. Je corrige :
    C'est plus soft ici... Mais, coïncidence, je viens juste de lire votre article après la bibliographie sur wiki de Limonov !
    Sans préjuger de ce que cela vous inspire.

    PMF

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  9. @ Sancelrien

    Très juste.

    @ PMF

    Pas très fan de cette citation. Dire que la démocratie libérale est de la mauvaise herbe nocive et que la seule alternative serait les communistes extrêmes et les nationalistes extrêmes ne me convient pas du tout.

    Tout d'abord, c'est la perversion néolibérale du système économique et la globalisation qui rend les Etats impuissants qu'il faut combattre mais pas la démocratie libérale. Ensuite, je crois que l'UMP et le PS auraient encore des décennies devant eux si les alternatives étaient forcément les extrêmes.

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  10. 10000 suicides par an en France, le plus fort taux en Europe après la Finlande, sans compter la consommation de psychotropes record, donc en 10 ans, 100 000 morts.

    Ça pourrait passer pour un génocide, non ?

    Olaf

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  11. "Les ennemis du système - c'est ce que nous sommes - les Communistes extrêmes, les nationalistes extrêmes"
    Parfois les extrêmes d'un jour sont les modérés du lendemain... mais en attendant raisonner en "extrêmes" c'est raisonner dans le système tel qu'il est, se complaire dans un petit rôle d'imprécateur sur les marges. Le néocapitalisme (laissons de côté la Russie) a besoin de caricatures, dans le carnaval politique les Le Pen, les Poutou et autres Arlettes sont d'excellents repoussoirs pour garantir la rente de situation des oligarques.

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  12. Concernant cette citation et pour tout vous dire, je suis très loin d'être fan, moi aussi.
    Mais si le pompier parce qu'il a été [partiellement] le pyromane est discrédité (c'est ainsi que j'avais lu le billet) ne restaient les ennemis du système.
    Par contre je crois, contrairement à vous (j'imagine), que le changement viendra nécessairement des forces conventionnelles (UMP/PS - droite/gauche) qui évolueront ; ceux qui ont raison avant ne serviront que d'aiguillon (interne ou externe) - [Montebourg ou NDA, etc...].

    PMF

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