vendredi 16 décembre 2011

L’Argentine est bel et bien un exemple pour la Grèce


Il y a un an, j’écrivais que la Grèce prenait le chemin de l’Argentine. Malheureusement, Athènes reste bloquée dans la phase d’austérité qui avait précédé la libération du lien avec le dollar. Un article du Monde a récemment étudié « les ressemblances et les dissemblances » entre les deux cas.

Des points de convergence

Tout d’abord, il faut reconnaître que Clément Lacombe présente le cas argentin avec précision et honnêteté, ce qui n’est pas courant dans l’évocation de cet exemple dans le cadre du débat sur la monnaie unique. Il explique que le pays est entré en récession dès 1998, bien avant la fin du peg du peso avec le dollar. En somme, il accrédite le fait qu’une monnaie trop chère pour une économie peut plonger cette dernière dans une grave dépression économique, comme la Grèce aujourd’hui.

L’auteur souligne également que la dévaluation du peso a fait du bien au pays, insistant sur le fait que depuis 2003, la croissance n’a jamais été inférieure à 6.8%, à part en 2009 bien sûr. Il ose même attribuer la croissance du pays en partie à son protectionnisme. Mais plus globalement, il démontre de manière limpide qu’un défaut et une dévaluation ne conduiraient pas forcément au chaos, mais qu’ils peuvent au contraire conduire à une renaissance économique.

Néanmoins, l’auteur introduit deux bémols, deux « dissemblances » entre la Grèce et l’Argentine. Il souligne à juste titre que la moitié des exportations du pays sont des produits agricoles, dont les prix ont largement progressé et affirme que la Grèce « n’a guère de produits à vendre à l’étranger ». Il souligne que la dette du pays est beaucoup plus lourde que celle de l’Argentine et que le risque systémique d’un défaut grec serait plus grand du fait de l’exposition des banques européennes.

Pourquoi la Grèce doit suivre l’exemple argentin

Bien sûr, il est vrai que le risque financier est important et qu’une dévaluation imposerait clairement une restructuration massive de la dette. Néanmoins, on a pu constater cette année que cette solution s’imposait déjà pour essayer de conserver le pays dans l’euro. Et après deux restructurations en moins de six mois, qui peut aujourd’hui affirmer que la Grèce n’en aura pas de toutes les façons besoin d’une autre, supérieure au 50% déjà conclu lors du sommet européen d’octobre ?

Le deuxième argument avancé est que la Grèce ne pourrait pas suivre le même exemple car elle ne dispose pas des mêmes ressources agricoles. Voire. Tout d’abord, il faut tordre le cou à l’idée que l’Argentine s’en est tirée grâce au soja. L’agriculture pèse moins de 10% du PIB et ne peut donc expliquer qu’une petite partie de la croissance de 8% par an depuis 2003. Comme l’a bien montré Yann, et comme l’auteur l’admet, le protectionnisme industriel a joué un rôle beaucoup plus grand.

Ensuite, en Grèce, l’agriculture et l’industrie représentent 25% de l’économie, soit bien plus qu’en France. Mieux, le tourisme représente 15% de l’économie grecque. Or, il est bien évident qu’une dévaluation serait extrêmement profitable à ce secteur de l’économie. D’une part, cela attirerait davantage de touristes. De l’autre, ils pourraient dépenser davantage. Si la Grèce dévalue de 50% et que les dépenses en devises étrangères restent les même, cela fait déjà 15% de croissance du PIB !

Bref, la Grèce a tout intérêt à suivre l’exemple argentin, à sortir de la monnaie unique, dévaluer et à nouveau restructurer sa dette. Ainsi, elle retrouvera dignité et croissance. En revanche, il est bien évident qu’elle devra équilibrer son commerce, là encore en suivant l’exemple protectionniste argentin.

16 commentaires:

  1. un peu hors sujet mais j'aimerai votre avis sur ce livre :

    Une monnaie nationale complémentaire

    Philippe Derudder, André-Jacques Holbecq
    Et Le Cercle des Economistes Citoyens

    Préface de Pierre Rabhi

    RépondreSupprimer
  2. La Grece est aux mains de puissances étrangères
    ce sont les fonctionnaires de bruxelles qui sont aux commandes dans les ministères touchant à l'économie.Elle est trahie par ses élites politiques qui préferent manger dans la main des euro-atlantistes;c'est le fameux (despotisme éclairé)dont eux memes parlent!
    Dans ces conditions, malgré vos analyses dont je présume quelles sont partagées par beaucoup de grecs rien ne saura dénouer la situation à cout ou moyen merte.Attendons nous malheureusement à une dégradation beaucoup plus forte ..

    RépondreSupprimer
  3. "Mieux, le tourisme représente 15% de l’économie grecque."

    Le seul problème, c'est qu'en période de récession mondiale et surtout européenne, le tourisme risque d'en pâtir le premier.

    Si de plus l'Espagne et le Portugal suivent le même chemin, ça sera une concurrence sérieuse au tourisme en Grèce.

    L’Argentine s'est redressée dans une période de croissance mondiale qui n'est plus d'actualité.

    Olaf

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Mais quand même 8% croissance l'année dernière qui n'est pas connue pour être une année de boom économique mondial...

      Supprimer
  4. Vu autrement face a l'islamisation du maghreb dont nous n'avons que les prémisses les Grecs pourraient tirer leur épingle du jeu en jouant le tourisme a condition de sortir de l'Euro ; après tout ce pays représente nos valeurs ou il est bon de se ressourcer

    RépondreSupprimer
  5. Il y a dix ans, l'abîme s'ouvrait sous les pieds des Argentins.

    "Beaucoup ont survécu à la dépression en allant à la rencontre d'initiatives novatrices comme le troc ou les assemblées de quartier", relève Monica Arredondo.

    Seule une centaine de centres de troc est encore en fonctionnement, mais des épargnants se battent encore pour récupérer leurs avoirs gelés en 2001.

    "En 2008, j'ai obtenu un jugement favorable, mais la banque a fait appel !", raconte à l'AFP Luis Tellechea, 63 ans, lors d'une réunion hebdomadaire d'épargnants.

    "J'ai perdu ma maison, j'ai perdu mes obligations, la confiance dans les banques, mais je n'ai pas perdu la mémoire", dit Ana Maiorana, 60 ans.

    http://www.boursorama.com/actualites/il-y-a-dix-ans-l-abime-s-ouvrait-sous-les-pieds-des-argentins-c154c32cccb020a2e90f273c3525a9c2

    RépondreSupprimer
  6. Vendredi 16 décembre 2011 :

    Le Fonds de secours de la zone euro (FESF) a nié aujourd'hui vouloir mettre en garde des investisseurs contre un éclatement de l'Union monétaire.

    Le Fonds européen de stabilité financière va ainsi supprimer du document de présentation de sa prochaine émission obligataire une clause informant les investisseurs de la possibilité d'un éclatement de la zone euro, un sujet devenu sensible, a-t-on appris aujourd'hui de source proche du FESF.

    Le Financial Times avait rapporté hier que le projet de prospectus mentionnait explicitement le risque de voir l'euro disparaître ou cesser d'être une "monnaie légale" à part entière.

    Une source du FESF a dit à Reuters que cette clause avait été ajoutée au document par des juristes, mais qu'elle n'avait pas été approuvée par la direction de l'institution et qu'elle ne figurerait pas dans la version définitive du texte.

    "La phrase avertissant du risque d'éclatement de la zone euro figurait entre crochets dans le projet et elle va être retirée", a déclaré la source.

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2011/12/16/97002-20111216FILWWW00295-le-fesf-nie-s-inquieter-de-la-fin-de-l-euro.php

    RépondreSupprimer
  7. patrice Lamy

    Et vu comme ça ?

    "A l'OFCE, nous sommes passés de 0,8% à -0,2%."

    http://www.liberation.fr/economie/01012378084-on-est-en-train-de-reamorcer-la-pompe-a-recession

    il semble de plus en plus vraisemblable que les touristes n'iront ni en Grèce, ni Espagne, ni au Maghreb...mais resteront chez eux.

    Olaf

    RépondreSupprimer
  8. je suis sceptique certainement moins pourront partir sauf s'il est toujours moins cher d'aller en Grèce qu'a Palavas

    RépondreSupprimer
  9. @Patrice Lamy
    http://gaulliste-villepiniste.hautetfort.com/archive/2011/05/01/vers-une-economie-plus-citoyenne-et-sociale.html

    ;)
    AJH

    RépondreSupprimer
  10. d'accord je ne l'avais pas vu a l’époque !

    RépondreSupprimer
  11. Pas à dire, perso, j'regrette vraiment d'pas avoir fait l'ESSEC !

    RépondreSupprimer
  12. @ Patrice,

    André-Jacques m'a devancé.

    @ Jean-Paul

    Un jour, les Grecs finiront par se révolter, comme les Argentins avant.

    @ Olaf

    Oui, mais si le prix des séjours en Grèce diminuait de 50%, cela attirerait les touristes du monde entier. On peut tout de même supposer que même en cas de crise, la Grèce y gagnerait largement.

    RépondreSupprimer
  13. Le tourisme ne s'est jamais aussi bien porté que cette année. La saison sera très bonne en France et exceptionnelle en Espagne, par exemple. C'est en grande partie dû au fait que les touristes ne sont plus seulement des Européens, des Japonais et des Américains, mais aussi des Brésiliens, Argentins..., des Moyen-Orientaux, des Chinois, des Russes... qui eux ont moins subi la crise ou de façon différente. Bien sûr, attirer cette nouvelle clientèle ne passe pas seulement par une réduction des prix : il faut aussi une stratégie de séduction derrière que plusieurs pays d'Europe occidentale ont mis en place ces dernières années et que la Grèce pourrait suivre.

    RépondreSupprimer
  14. Nous ne sommes pas seuls dans notre combat, même les animaux rallie notre cause (sourire) :

    http://actu.orange.fr/insolite/loukanikos-chien-errant-dans-les-manifs-d-athenes-promu-star-mondiale-afp_376960.html

    RépondreSupprimer
  15. Nous ne sommes pas seuls dans notre combat, même les animaux rallient notre cause(sourire) : http://actu.orange.fr/insolite/loukanikos-chien-errant-dans-les-manifs-d-athenes-promu-star-mondiale-afp_376960.html

    RépondreSupprimer