lundi 5 décembre 2011

L’Europe reste dans une impasse


La semaine dernière, les marchés ont signé la plus forte hausse hebdomadaire depuis trois ans, avec une progression de 10,8%. Est-ce à dire que la crise de l’euro touche à sa fin ? Non naturellement, l’intervention prévisible des banques centrales ne fait que retarder l’issue de la crise.

L’intervention prévisible des banques centrales

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’intervention concertée des banques centrales de la planète a fortement calmé les marchés. L’injection concertée de liquidités a permis de faire baisser les taux longs espagnols de 100 points de base, à 5,68% et a réussi à faire repasser les taux longs italiens sous le cap fatidique des 7%, à 6,68%. L’incendie n’est pas éteint, loin de là, mais il est largement circonscrit du fait de l’intervention des banquiers centraux.

Il faut dire que seules les banques centrales ont des moyens suffisants aujourd’hui pour calmer la spéculation. Leur intervention était parfaitement prévisible, même si cela a tardé, comme je l’écrivais en août : « on pourrait imaginer que (…) les gouverneurs des banques centrales fassent une annonce pour calmer les marchés (poursuite de l’acceptation des Bons du Trésor comme collatéral du fait de la baisse de la note par une seule agence, injection de liquidités, monétisation…) ».

Un double problème d’aléa économique et politique

Mais cette intervention n’est pas sans poser de graves problèmes. Certes, elle permet d’éviter une grave crise financière, qui ne manquerait pas d’arriver si les taux continuaient à monter, mais elle représente aussi une forme d’aide gratuite aux banques privées. En effet, quand les banques centrales les refinancent, cela se fait sans contrepartie de leur part. Bref, les banques centrales prolongent l’incroyable aléa moral dont bénéficie le système financier, malgré le précédent de 2008 !

Pire, cela est fait par de simples technocrates, sans le moindre contrôle démocratique. En effet, l’épisode de la semaine dernière montre que le pouvoir est bien dans la main des banquiers centraux, qui ne répondent pourtant jamais devant le peuple. Un nouvel exemple du scandale démocratique que représente l’indépendance des banques centrales. D’ailleurs, Jacques Sapir a justement récemment proposé dans le Monde de les réquisitionner pour monétiser.

L’impasse reste allemande

Mais tous ces expédients nous font perdre de vue que l’euro est bien un zombie et que la question n’est pas de savoir si la monnaie unique va disparaître, mais quand. Certes, la tragi-comédie actuelle peut encore durer quelques années, mais les évènements des vingt derniers mois ont totalement condamné toute issue. Jamais les Allemands ne seront prêts aux transferts nécessaires pour prolonger davantage la vie de cette construction monétaire baroque et artificielle, et à raison.

60% des Allemands déclarent maintenant être opposés à l’euro. Et si Angela Merkel parle d’union budgétaire européenne, il ne s’agit en aucun cas d’un budget européen ou d’une « Transfer union », mais, d’une mise sous tutelle des budgets nationaux sous la coupe des technocrates européens. Certes, une telle évolution est totalement révoltante et il faut la combattre mais, elle pourra plus facilement être abandonnée le moment venu, comme l’ancien pacte de stabilité.

Malheureusement, la monnaie unique n’est pas encore totalement morte. Des expédients peuvent encore prolonger sa vie de quelques mois, voir quelques années. Mais pendant ce temps sera toujours mieux démontré qu’elle est une impasse économique.

12 commentaires:

  1. j'aime bien discuter de ces sujet avec nos concitoyens et pour moi l'Euro est mort dans la tête des Français ( et même l'Europe sous la forme de l'ue) quel que soit leur opinion politique même si certain en sont désolé cela va disparaitre et nous pouvons considérer comme criminels ceux qui maintiennent ce merdier sous perfusion car plus le temps passe plus il sera difficile de remettre la France sur les rails

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  2. une bonne nouvelle pour les modernes nostalgiques souvent appelés vieux cons , la fabrication de gamme Solex va être rapatrié en France près du Mans fin 2012
    D'accord c'est hors sujet mais cela fait plaisir

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  3. Hors sujet, désolé, mais à mon avis très urgent :

    Greenpeace et le nucléaire

    Les jeunes “militants”, téméraires comme d’habitude et manipulés comme d’habitude, ont manifestement mis en évidence des procédures de sécurité insuffisantes. De ce côté-là, c’est certainement très utile. Cela dit:

    1/ Les dirigeants de Greenpeace qui les ont envoyés sur le dôme de la centrale tout en s’abstenant soigneusement d’y aller eux-mêmes, devraient être mis en examen pour mise en danger de la vie d’autrui, au moins si le nucléaire est aussi dangereux qu’ils le prétendent.
    2/ QUI a guidé les jeunes “militants” et n’aurait pas hésité à guider n’importe qui d’autre ? Pour moi cette histoire est l’équivalent d’une très grave affaire d’espionnage, mettant en jeu la sécurité nationale. Il est plus que temps de montrer aux Belles Ames qu’il y a des limites à tout.

    Modérez cela, Laurent, mais je crois qu'il faudra aborder le sujet.

    Sancelrien

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  4. D'accord avec Sancelrien cette organisation Greenpeace est extrêmement trouble et bénéficie dans les médias de soutiens curieux ; il faut se poser des questions sur qui tire les ficelles

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  5. Lundi 5 décembre 2011 :

    Standard & Poor's devrait annoncer lundi une mise sous surveillance avec implication négative des six pays "AAA" de la zone euro, dont la France et l'Allemagne, rapporte le Financial Times.

    D'après le quotidien, l'agence de notation a prévenu ces six pays - qui comprennent également l'Autriche, la Finlande, le Luxembourg et les Pays-Bas - qu'ils risquaient une dégradation dans les 90 jours.

    Un porte-parole de S&P n'a pu être joint dans l'immédiat pour faire un commentaire.

    Cette mise sous surveillance des six pays AAA de la zone euro interviendrait, si elle est avérée, le jour où Nicolas Sarkozy et Angela Merkel ont annoncé un accord franco-allemand "complet" sur le renforcement de la gouvernance de zone euro, passant par la rédaction d'un nouveau traité dès le mois de mars.

    http://fr.reuters.com/article/businessNews/idFRPAE7B40DX20111205

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  6. Hommage à un personnage que j’ai souvent trouvé détestable par le côté gourou qui constitue sa mauvaise pente (sans parler de certaines de ses options théoriques pour le moins baroques), et qui montre en revanche ici ce qu’il y a d’indéniablement valeureux chez lui.
    Jorion m’a toujours impressionné par sa culture et ses capacités d’analyse, et toujours déçu sur les stratégies pauvres qui remontaient à la surface de son puits de science.
    Le côté séduisant du bonhomme, il y a déjà pas mal d’années de cela, venait d’ailleurs précisément de sa position affichée d’homme du sérail financier mondial, mais aussi lucide qu’habité par le doute sur sa condition.
    Sa lucidité avait semblé par la suite se perdre corps et bien dans la flagornerie médiatique, laquelle soulignait souvent une fâcheuse inclinaison au dogmatisme opportuniste.
    Il apparaît ici sous son meilleur jour, celui d’un journaliste qui sait de quoi il parle quand il analyse l’évolution d’un système (le problème pour ses interlocuteurs est qu’il n’est pas journaliste !) et qui avoue humblement son incapacité à apporter un quelconque remède prospectif face à une telle situation.
    Sa manière d’envoyer dans les cordes ce t… d. c.. de Couturier est impressionnante. J’imagine mal un Jacques Sapir (par exemple) en faire autant. Coup de chapeau à l’affreux Jojo donc !

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_embedded&v=zP6RkcglNvs

    La Gaule
    (posté également chez Yann)

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  7. @Sancelrien
    Je ne vois pas en quoi cette nouvelle action de Greenpeace doit être condamnée ? L'association ne respecterait pas la loi française ?
    S'il existe une très grave affaire mettant en jeu la sécurité nationale, ce sont d'abord les centrales nucléaires elles mêmes :-))). Pour assurer la sécurité à 100% des 58 réacteurs, il faudrait engager des frais énormes, hors EDF est une entreprise cotée en bourse qui cherche à optimiser ses couts de production. Il me semble d'ailleurs que DLR prends position pour nationaliser cette filière afin de supprimer les risques liés à la sous-traitance.
    Puisque c'est hors sujet ici "L’Europe reste dans une impasse ", je n'aborde même pas le débat sur le nucléaire. Fin du HS pour moi.

    Au sujet du AAA français, je reste persuadé que cette dégradation n'interviendra pas avant le 2ème tour des législatives de 2012. De toutes manières, le mal est fait : Sarkozy ne sera pas réélu et pire il porte un risque important d'élimination au 1er tour par MLP.

    Quant aux derniers projets de traités annoncés par Sarkozy, comme LP je ne vois pas leur légitimité déja vis à vis du corps électoral français mais pas non plus vis à vis des autres pays membres de l'UE. Que deviendrait la Grande-Bretagne après un tel traité ? C'est une exclusion de fait.

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  8. Le projet de traité est bien sur d'entrainer ceux qui l'auront signé vers le fédéralisme et d'exclure les autres . Il a bien été compris par les tenants de cette option que l'ue a 27 et plus était illusoire donc une Europe fédérale de 10 a 15 membres et des pays plus ou moins associés autour ce qui est beaucoup plus acceptable pour l'opinion publique

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  9. Paul Jorion est un bon analyste de la situation réelle de la finance sous une approche anthropologique mais guère sur le plan politique. Sa proposition d'un gouvernement d'union nationale est illusoire: on ne peut réconcilier l'eau et le feu, ceux qui acceptent le déni démocratique et la dictature des marchés financiers et ceux qui les refusent. Le problème est que la vraie alternance et alternative est transversale à la gauche et la droite d'où sa bien difficile création, depuis au moins 10 ans.

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  10. Mardi 6 décembre 2011 :

    Standard and Poor's place sous surveillance négative le fonds de secours européen.

    L'agence de notation Standard & Poor's a annoncé mardi avoir placé sous surveillance négative la note du Fonds européen de stabilité financière (FESF), conséquence de sa décision de placer sous surveillance les principaux pays de l'Union monétaire.

    Autrement dit :

    Pour sauver les Etats européens surendettés, l'Union Européenne avait construit un machin vide, le FESF.

    Comme ce machin vide n'avait pas d'argent, il était obligé d'emprunter sur les marchés internationaux. Ensuite, avec cet argent, il prêtait des milliards d'euros aux Etats européens surendettés.

    Problème : la situation en zone euro est de plus en plus catastrophique, donc les agences de notation vont dégrader le machin vide.

    Donc, le machin vide va être obligé d'emprunter sur les marchés internationaux à des taux d'intérêt de plus en plus élevés.

    Donc, le machin vide va prêter aux Etats européens surendettés à des taux d'intérêt de plus en plus élevés.

    Conclusion : l'Union Européenne va créer un nouveau machin vide, le MES.

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  11. Mercredi 7 décembre 2011 :

    Zone euro : Sarkozy n'exclut pas un risque d'explosion.

    17h25.

    Sarkozy : «Le risque d'explosion est prégnant tant que l'accord avec Merkel n'est pas effectif».

    Devant les députés UMP, Nicolas Sarkozy a déclaré que «l'Europe n'est pas sortie de la crise. Le risque d'explosion est prégnant tant que les décisions prises avec Angela Merkel ne sont pas effectives», rapporte un des participants.

    «L'Europe a besoin de refinancer sa dette et les prêteurs n'ont plus confiance», a-t-il ajouté. «Pour la retrouver, il n'y a qu'une seule stratégie : l'alliance entre la France et l'Allemagne. Il n'y a pas d'autres alternatives». Le chef de l'Etat a aussi estimé que la souveraineté «ne s'exerce pas seul, mais avec les alliés, les amis, les voisins». Il a également déclaré : «On ne peut pas continuer à être le marché le plus ouvert au monde et accepter les produits des pays qui ne respectent aucune règle. Pour cela, il faut refonder les traités».

    http://www.leparisien.fr/crise-europe/en-direct-zone-euro-sarkozy-n-exclut-pas-un-risque-d-explosion-07-12-2011-1756811.php?google_editors_picks=true

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  12. Non, il y a une seconde stratégie que de faire appel aux prêteurs: c'est de s'en passer !

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