mercredi 25 janvier 2012

Le Brésil démontre à nouveau les bienfaits du protectionnisme



The Economist avocat du protectionnisme

C’est un des immenses paradoxes de l’hebdomadaire libéral britannique. Bien qu’il ait été fondé par opposition à des lois protectionnistes et qu’il soit un avocat infatigable et dogmatique du libre-échange, il donne sans cesse des exemples des bienfaits du protectionnisme. Dans un récent papier sur les pratiques protectionnistes du Brésil à l’égard de la Chine, il est à nouveau revenu sur les mesures prises par Dilma Rousseff vis-à-vis du marché automobile.

Dans un papier récent, j’avais évoqué, déjà grâce à The Economist, que, suite à une augmentation de la part des véhicules importés de 16 à 23% du marché, le Brésil avait décidé d’imposer des droits de douane de 30% pour tous les véhicules extérieurs au Mercosur. Dans ce nouveau papier, l’hebdomadaire libéral détaille davantage les mesures prises. Tout d’abord, ces taxes s’ajoutent, portant jusqu’à 55% les droits de douane sur les véhicules importés !

Ensuite, le Brésil a l’intelligence d’imposer ce taux en fonction de la part de composants issus du pays (65%) pour éviter que les constructeurs se contentent d’assembler des pièces venant de Chine. Mieux, depuis l’annonce de ces mesures, pas moins de trois constructeurs étrangers (BMW, Jaguar Land-Rover et JAC, un constructeur chinois) ont annoncé la construction d’une usine au Brésil pour contourner ces droits de douane, ce qui va apporter de la croissance au pays.

Leçons pour la France et l’Europe

Bref, loin de parvenir à démontrer que le libre-échange est la seule solution, l’ensemble du papier de The Economist est un plaidoyer involontaire pour le protectionnisme. Encore mieux, Brasilia parvient à restreindre les importations chinoises tout en ayant un excédent commercial avec ce pays, du fait des exportations de matières premières. En fait, comme un écho à notre campagne présidentielle, le gouvernement brésilien veut protéger son industrie.

C’est le déficit commercial sur les produits industriels et le fait que la croissance de la production industrielle soit plus basse que celle du PIB qui pousse les dirigeants brésiliens à vouloir rééquilibrer leurs échanges. Dilma Rousseff et son équipe ne considèrent pas normal que le pays dépende tant d’importations, facteur de déséquilibres économiques. C’est ainsi qu’elle a aussi pris des mesures pour pousser Foxconn à produire des Ipad localement en taxant ceux venant de Chine.

Sachant que le PIB de la France est encore supérieur au PIB du Brésil et bien plus que celui de l’Argentine, qui pratique largement le protectionnisme, il serait parfaitement possible pour Paris de prendre des mesures similaires, non seulement pour protéger nos industries encore présentes, mais aussi pour permettre une réindustrialisation dans des domaines où nous ne sommes plus présents. C’est aussi ce que continuent à faire les pays asiatiques, notamment dans l’automobile.

Naturellement, les tenants du libre-échange vont peindre ce débat en noir et blanc entre les méchants protectionnistes et les gentils libre-échangistes. Pourtant la réalité démontre chaque jour davantage qu’un protectionnisme intelligent est un préalable indispensable à la croissance.

25 commentaires:

  1. Si cela se fait aux portes de l'Europe, ça doit être combiné avec une monnaie commune aux parités réajustables selon la BTC intra-zone.
    Tu as du remarquer que les constructeurs français et italiens (Renault, PSA, Fiat) ont subi des baisses de part de marché en Europe, tandis que les allemands ont progressé d'autant.
    Je veux bien qu'ils travaillent mieux, mais ils sont considérablement aidés par les distorsions monétaires intra-zone.
    Car on pourrait avoir une relocalisation dans l'UE qui bénéficierait uniquement à l'Allemagne et aux PECO.

    Géry

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  2. Une simple question qui n'est pratiquement jamais évoqué et pourtant bien plus primordiale, qu'en est il de la libre circulation des capitaux ?
    Je considère qu'avant toute chose c'est l'élément clef, si les capitaux sont confiné ils peuvent s'investir dans du productif ou partir en laissant une bonne part sur leurs sols natifs.

    Sans cela ils vont juste là ou ils peuvent gagner le plus d'argent, payer le moins d'impôt, exploiter le mieux les esclaves-travailleurs, mettre en chantage les politiques publiques (déménager une ligne de montage est bien plus couteux que faire un virement compte à compte), si le capital est freiné dans sa zone de production il devra soit s'investir soit perdre de sa valeur

    Une usine robotisée est plus compétitive qu'une usine à forte main d'oeuvre en Chine.

    Pour ma part entre la libre circulation des capitaux et des marchandise mon premier aura ma préférence et après le second.

    Mais l'inverse ne servira pas à grand chose si (comme depuis 20 ans) chaque profit généré ressort aussi sec pour s'investir dans des pays moins disant,...

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  3. La robotique est un domaine ou la France devrait investir au maximum l'automobile est un combat d’arrière garde y compris l’électrique qui ne fait que déplacer le problème de l’énergie . La robotique permet de supprimer les taches répétitives en laissant a l'homme les taches nobles si nous sommes optimistes jusqu’à la machine pensante nous avons encore de la marge (un peu) ?

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    1. à LAUSANNE existe une fondation de recherche avec uniquement de jeune ingénieurs japonais (pas de chinois) concurrence donc. Tout le cac 40 y est présent y compris PSA La recherche dans tous domaines en fonction de ce que leurs demandent les industriels

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  4. pour ceux qui sont intéressé : http://www.automatesintelligents.com/collection/cardon1.html

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  5. C'est en cours en Chine, ce qui montre que la main d’œuvre industrielle ne sera plus un avantage comparatif et que c'est bien la capacité à innover qui sera décisive :
    http://www.lepoint.fr/high-tech-internet/un-million-de-robots-pour-foxconn-02-08-2011-1358766_47.php

    Mais bon, comme la plupart en France, et les politiques surtout, n'y
    connaissent rien...

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  6. sur le protectionnisme est ce que cela ne devient pas un nouveau mode de pensée unique

    http://www.prechi-precha.fr/2012/01/25/protectionnisme-un-gros-mot-devenu-a-la-mode/

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  7. @ Géry,

    Cela va mieux en le disant. Bien évidemment, je suis d'accord.

    @ Sylvain

    Ni l'un, ni l'autre, il faut restreindre les mouvements de biens comme de capitaux. La liberté de circulation des capitaux est une des causes majeures des problèmes actuels. En outre, la France a énormément à y gagner. Nous avons un fort taux d'épargne, mais cet argent part à Londres, Genève, Bruxelles et Luxembourg. La restriction aux mouvements de capitaux est un moyen crucial pour limiter la contagion des crises financières. Cela revient à installer des cloisons étanches dans les cales du bateau financier mondial...

    @ Patrice

    Pas d'accord sur l'automobile. Il y aura une génération d'automobile propre et il faut souhaiter que la France y soit à la pointe. D'accord sur le reste.

    @ Olaf

    C'est juste.

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  8. Le protectionnisme c'est ce qu'on faisait avant le libre échange consécutif à l'euro. Cela ne nous a pas si mal réussi à l'époque. J'en dirais pas autant du libre échange.
    Il existe aussi une escroquerie que pratique entre autres les multinationales françaises dans les pays du tiers monde riches en matières premières et dont le point commun et la pauvreté des peuples.
    Pour éviter d'exporter des matières premières au prix du marché les filiales revendent à leur maison mère les stocks en dessous du prix. C'est la législation de l'OMC qui permet cela. Les pays exportateurs se font donc escroquer la différence. C'est Mme Éva Joly qui l'avait expliqué dans un interview.
    Se protéger c'est bien, mais il ne faut pas dans le même temps se comporter en rapace ailleurs.

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  9. Il me semble que NDA devrait expliquer plus dans les détails sur les mesures protectionnistes ou de réciprocité envisagées, ca montrerait qu'il est plus technique que les autres candidats,

    Le seul slogan d'un protectionnisme intelligent est vague, tout comme celui du PS, l'échange juste.

    Dans le domaine de l'innovation, les candidats sont vagues, ne montrant aucune expertise du domaine, se contentant d'incantations creuses, là aussi il pourrait se démarquer en montrant qu'il a étudié le problème en lisant ça par exemple :

    http://www.questionchine.net/l-innovation-avec-caracteristiques-chinoises

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  10. Sur Itélé ils ont osé appelé "debat" une discussion entre deux mondialistes (Lellouche et Peyrelevade) qui ont pu tranquillement taper sur les protectionnistes avec des raccourcis et des falsifications honteuses.
    Ils ont aussi tapé sur le discours de Hollande pour defendre les pauvres banquiers innocents. Je ne sais pas qui a ecrit son discours mais en tous cas il a franchi une ligne interdite en parlant de "guerre contre la finance". Il à derangé beaucoup de monde ce qui est assez surprenant venant de Hollande.

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  11. @LP : La France est déjà à la bourre sur l'automobile propre. En cause l’obsession du gasoil. Ça fait plus de 10 ans que les japonnais font de l'hybride, maintenant arrivent les électriques. Ricains sont en avance sur l’électrique et les électriques a prolongation d'autonomie, etc etc...

    @Olaf et PL : Oui, la robotique... ca prendra la relevé de la main d’œuvre quand cette dernière sera trop chère. Ce qui pose exactement les mêmes problème qu'au début de l'industrialisation : moins d'emplois. le progrès technique, c'est bien, le but du jeu étant d'aider l'Homme dans les travaux pénibles/peu intéressants, mais en même temps lui prend ses emplois. Alors oui, cela crée des emplois plus intéressants, a plus forte valeur ajouté, mais la balance est négative. L'équation n'est pas simple : on est de plus en plus nombreux, la production demande de moins en moins de mains d'oeuvre et on "doit" consommer de plus en plus. Il n'y a plus de territoires vierges a coloniser où les gens pourraient émigrer (comme les USA au moment de l'industrialisation de l'Europe par exemple) etc etc
    Y a comme qui dirait un problème....

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    1. C'est l'équivalent de la transition agricole, mais en plus fort. Les productions de biens matériels nécessiteront de moins en moins de main d'oeuvre répétitive. Donc se pose la question du mode de répartition des ressources matérielles qu'il faudra savoir économiser, car ce n'est pas demain qu'on saura substituer de nouveaux matériaux à ceux en quantités limitées.

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    2. encore une fois l'automobile dite propre ne l'est pas c'est un mythe nous déplaçons juste le problème pour polluer encore plus mais avec le label vert ; je crois que Pierre Rabi nous montre la voie ,notre développement doit se faire de plus en plus sur le plan intellectuel et pas matériel . Oui il y a un problème c'est la société de consommation

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  12. Mais là encore c'est le mepris de ce qui est industriel et technique qui fait qu'il y' a plus d'employés du marketing chez nos constructeurs que de techniciens pouvant véritablement créer des produits innovants !
    Si il y'a une chose à faire converger vers l'Allemagne c'est bien ça. Mais on prefere reprendre que ce qui arrange les néolibéraux c'est a dire la seule competitivité censée resoudre tous les problemes. C'est pratique pour augmenter la pression sur leur ennemi: les salaires.

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    1. Ce qu'il y a de valable à reprendre, innovation, apprentissage, dialogue syndical... en Allemagne date d'avant l'ère Schröder-Merkel qui, elle, a accru les écarts croissants de revenus, ce qui n'est d'ailleurs pas du tout une bonne piste sur le plan économique, ni social.

      Le SPD me parait plus à même de corriger les dérives de cette ère.

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  13. A olaf
    (Viens de perdre long message, ça déconne à l'envoi depuis portable andriidsamsun(.

    Absolument d'accord. NDA doit décliner et développer des thématiques, entre autres, sur le protectionnisme mais, à mon avis, seulement quand la campagne officielle démarrera.
    Il doit la jouer fine pour ne pas se faire piquer son projet de protectionnisme intelligent dont il détient l'antériorité pour l'avoir défendu de longue date.

    Il doit présenter son mécanisme avec des applications concrètes appuyées sur kes travaux de Raoul.

    Le protectionnisme est devenu une idée à la mode chez les candidats présidentiels alors qu'ils le rejetaient comme la lèpre. S'il avait été appliqué comme nius ne cessions de le défendre à DLR, nous aurions pu empêcher des délocalisations et sauver des emplois mais nous avons été méprisés alors que nous avions et avons toujours raison de l'appliquer.


    Le protectionnisme vu par l'ump et le ps n'est qu'une opération comptable à somme nulle destiné à faire chébran mais il n'est pas pensé dans un paquet
    fiscal.

    NDA doit faire des propositions économiques concrètes et rentrer dans le vif du sujet pour leur montrer que c'est lui le maître d'oeuvre.

    C'est son cheval de bataille.

    De là, découle l'emploi, la croissance, le PIB, augmentation des salaires, protection sociale, pouvoir d'achat.

    GAIA

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  14. @ Olaf

    Je ne suis pas sûr (sur le détail des mesures protectionnistes). Faut-il expliquer que sur tel secteur, il faudrait X% de droits de douanes ou Y quotas. J'ai l'impression que l'on rentrerait un peu trop dans le détail, que c'est plutôt du niveau du ministre concerné, pas d'un candidat à la présidence. En rentrant trop dans le détail, on risque de perdre le débat de fond.

    Sur l'innovation. Je suis en train de creuser le sujet. Je rencontre bientôt le président d'une association sur le sujet.

    D'accord sur le point sur le modèle allemand.

    @ TeoNeo

    C'est juste, trop de débats sont des faux débats. Même le Monde a souligné que ce qu'avait dit Hollande n'était pas révolutionnaire sur la finance.

    @ Alain34

    Pas d'accord, Renault va défricher les véhicules électriques (qui sont un saut plus intéressant que les hybrides).

    Sur le problème d'emplois, un déficit de 75 Mds d'euros l'explique en partie non négligeable...

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    1. mais bon sang de bonsoir l'electricité c'est fait avec du petrole du gaz et du nucleaire pour l'automobile surement pas avec des ventilateurs il faut arrêter de délirer sur les voitures électriques et in fine nous aurons les défauts du pétrole plus les problèmes de recyclages des batteries c'est un produit d’écolo fou !

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    2. En France, c'est essentiellement du nucléaire... Au moins, c'est quand même une piste intéressante, surtout si on parvient à produire davantage d'électricité de manière propre (solaire, éolien, géothermie...)

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    3. @LP : Mouai... l'hybride est une technologie de transition, et surtout une façon de beaucoup moins gaspiller l'essence en récupérant de l’énergie normalement perdu (freinage, descentes, décélérations) pour l'utiliser ensuite quand le moteur thermique n'est pas très bon en terme de consommation et de pollution.
      Les Francais ont fait l'impasse sur l'hybride. Peugeot en fait un qui est une vaste plaisanterie a diffusion restreinte et très mauvaise solution technique : ils ont cru que c’était simple : ajouter une batterie et une moteur électrique sur le train arrière => résultat, des années de retard, un cout prohibitif, et encore et toujours du mazout qui est une véritable aberration sur un hybride.

      Quand a Renault, je suis désolé, mais ils sont déjà en retard dans l’électrique. C'est une techno pour le futur (>20ans). Si les moteurs et la gestion électronique sont au point depuis très longtemps, le stockage et la fabrication d’électricité reste un énorme problème (en production et distribution de masse).

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    4. je crois de toute façon que l'automobile individuelle est devenue une impasse quel que soit le mode fonctionnement il suffit d’être bloque dans un embouteillage pour voir des milliers de gens dans des voitures capable de transporter 4/5 personnes ; l'effort doit être fait plutôt sur les transports en commun et sur l’économie locale pour éviter les transhumances 2 fois par jour

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  15. C'est quoi le protectionnisme intelligent ?

    Qu'est ce qui différencie votre protectionnisme intelligent du programme des autres candidats présidentiels ?

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    1. Le protectionnisme intelligent, c'est un protectionnisme qui est ciblé, adapté en fonction des différentiels salariaux, sociaux et environnementaux avec nos partenaires commerciaux. Ce n'est pas un protectionnisme uniforme et non différencié. Quand les conditions sont comparables à celles de la France, là, le protectionnisme doit être limité.

      Il n'y a que très peu de candidats qui osent véritablement parler de protectionnisme.

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  16. Protectionnisme oui, mais encore faut-il avoir une offre locale à proposer à ses citoyens. Prenons l'exemple des voitures au Brésil, très chères, comme le Brésil ne fabrique pas de voitures et que toutes les voitures sont importées, au final la moindre voiture est à prix d'or. Il existe des fabriques locales de marques étrangères mais qui sont autant taxées que celles fabriquées à l’extérieur. Le Brésil n'ayant pas beaucoup de savoir faire technologique et par conséquent ne proposant aucune offre locale, il en résulte que tout est importé et coûte très cher. A noter que seules les voitures neuves peuvent rentrer au Brésil aucune occasion. Je ne crois pas que le Brésil apprécierait que nous instaurions un tel protectionnisme à nos frontières Européennes, mais il va falloir y venir. Protectionnisme intelligent oui, mais quand il n'est plus intelligent on s'approche d'une dictature commerciale et fiscale, subit par le peuple.

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