vendredi 20 janvier 2012

OGM : le problème, c’est l’UE


Il y a quelques jours, l’émission Dimanche Plus de Canal Plus a fait un nouveau reportage sur le mauvais feuilleton de l’interdiction des OGM puisqu’il semblerait que Monsanto pourrait bien lancer la culture de son maïs transgénique MON 810 malgré l’opposition du gouvernement.

Un mauvais feuilleton interminable

Cela fait maintenant près de quatre ans que je parle de cette interminable affaire de la commercialisation du maïs Monsanto. Le gouvernement s’y est opposé. Puis, la Commission a cherché à interdire l’interdiction de quelques semences en ayant recours aux procédures ubuesques de Bruxelles, qui lui permettent de faire passer des décisions à moins qu’une majorité qualifiée ne s’y oppose (ce qui signifie qu’elle l’emporte sur une simple majorité, une monstruosité démocratique).

Heureusement, une large majorité d’Etats s’est opposée à la décision, renvoyant les commissaires à leurs chers lobbys, comme le montrait bien le reportage de Canal Plus. Mais, devant son incapacité à faire plier les gouvernements, Monsanto a demandé l’avis de la Cour de Justice Européenne, qui a bien évidemment décidé de lui donner raison. C’est en s’appuyant sur cet avis que le Conseil d’Etat a décidé en début de semaine dernière d’autoriser la culture du fameux MON 810.

Naturellement, la réaction du gouvernement ne s’est pas faite attendre. Devant l’opposition des Français, il a assuré que l’interdiction se poursuivrait en 2012. José Bové, sur Canal Plus s’est étonné de cette décision étant donné que tous les partis sont d’accord pour s’y opposer. Aujourd’hui, un grand flou persiste et il est difficile de savoir ce qui va en sortir. La perspective des élections présidentielles devrait permettre d’éviter la mise en culture, mais tout reste très confus.

La vraie cause des problèmes réside à Bruxelles et Luxembourg

Il est pour le moins paradoxal de voir les hommes politiques s’agiter de la sorte pour dénoncer les conséquences des traités qu’ils ont pourtant ratifiés. Car c’est tout de même Nicolas Sarkozy qui a permis l’adoption du traité de Lisbonne, violant l’avis démocratique exprimé par les Français le 29 mai 2005. Rien ne l’empêchait alors de négocier un nouveau traité qui aurait permis à un gouvernement de protéger son principe de précaution pour éviter la culture d’OGM sur son sol.

Mais non, il a capitulé à Lisbonne en acceptant un TCE bis qui permet justement à Monsanto d’utiliser les rouages indéfinis offerts par les traités européens pour essayer de passer outre l’avis des peuples et des gouvernements en même temps ! Car cette histoire d’autorisation de culture et commercialisation du MON 810 démontre bien la monstruosité de cette construction européenne qui permet aux multinationales de passer outre l’avis des gouvernements élus.

Bien sûr, Nicolas Sarkozy s’agite pour retarder une échéance qu’il a pourtant largement contribué à construire… Dans la réalité, le problème vient de cette construction européenne ubuesque. Si les Français ne veulent pas des OGM, de même que leurs représentants, leur culture devrait être interdite. Point barre, c’est comme cela que fonctionne la démocratie. Et cela est d’autant plus légitime que des scientifiques comme Gilles-Eric Séralini remettent en cause leur non toxicité.

A ce titre, la conversion européiste de José Bové, illustrée par son livre avec Jean Quatremer, démontre ici toutes ses limites. C’est bien le machin européen qui cherche à nous imposer des OGM dont presque personne ne veut en France.

10 commentaires:

  1. 100% d'accord d'autant qu'on sait que les plantes transgéniques de chez Monsanto et consorts ne servent qu'à fourger leurs insecticides, désherbants et autres engins de mort avec le succès que l'on connait : certaines plantes désormais résistent et envahissent les champs...

    Il est en outre évident que dans son fonctionnement même l'ue facilite les choses : il est beaucoup plus facile de convaincre un seul commissaire non élu (et de toute façon déjà convaincu d'avance) que de convaincre 27 ministres de l'agriculture beaucoup plus dépendants de leurs électeurs.

    Au delà, il me semble qu'il faut aussi lutter "pour". Pour les fruits et légumes traditionnels qui ne sont pas inscrit au registre d'état car cela coûte trop cher. Pour la commercialisation du fumier d'orties par exemple dont l'interdiction par le gouvernement français est assez "louche" dans ses justifications (le round up peut-il être moins nocif ?); etc...

    Vu qu'il y a un large consensus sur Monsanto et consort, c'est cette lutte "pour" qui aura un impact sur les électeurs écolo.

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  2. C 'est une belle illustration du déni de démocratie de l'ue , ce genre d'action est a monter en épingle pour bien faire comprendre aux Français le non fonctionnement démocratique de l'ue et beaucoup plus percutant que des batailles d’économistes qui finissent par lasser ou par tourner au café du commerce

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  3. @ Ovide

    Merci pour ces précisions, très justes.

    @ Patrice

    C'est un exemple qu'il nous faudra utiliser pendant la campagne.

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    1. Vous enlevez le début du titre de votre article et cela en fait une vérité générale.

      La tournure "austéritaire", pour reprendre le néologisme de mon candidat, de l'Union Européenne n'est plus à démontrer, la CJUE s'arroge personnellement de plus en plus de compétences, les cours nationales suivent béatement le droit européen (du moins pour la France et la Belgique, en Allemagne la cour constitutionnelle est plus démocratique) qui a primauté sur le droit national, et cette même cour se mue en organe anti-humaniste notamment depuis qu'elle déclare vouloir "mettre en balance" la dignité humaine avec d'autres intérêts.

      Comment oublier les arrêts Laval et Viking ? On lira avec attention l'article d'Alain Supiot sur le sujet : http://www.journaldumauss.net/spip.php?article283, où l'on voit de manière troublante les juriste européens tenter de concilier la dignité humaine avec les libertés économiques.

      Si la Chine a inventé le "communisme de marché", l'Union Européenne semble en bonne voie d'inventer une sorte de bonapartisme de marché...

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  4. @ Galaad

    Très juste. Ce n'est pas uniquement sur les OGM...

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  5. Je regrette votre prise de position contre le maïs Bt MON 810. Ce n'est pas parce qu'il a été créé par Monsanto qu'il doit être considéré comme nuisible.Si les producteurs de maïs français en ont réclamé l'autorisation sur notre territoire, c'est parce que ce maïs leur apporte plus de compétitivité tout en supprimant les traitements chimiques ( A ne pas confondre avec d'autres OGM tolérants aux herbicides). Cette revendication des producteurs est légitime alors que la demande sociale est de remettre la production industrielle et agricole au coeur d'une politique de relance de l'emploi.

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    1. Au-delà de la question de la nocivité des OGMs, il y a celle de l'indépendance des agriculteurs et de l'agriculture en général. Accepter les OGMs de Monsanto (et des autres multinationales du même acabit), c'est accepter d'asservir les paysans aux diktats de cette entreprise surpuissante. Les paysans troquant ainsi leur dépendance à la nature pour une dépendance bien pire aux semences modifiées de Monsanto.

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  6. @ Kressmann

    Tous les producteurs ne demandent pas son autorisation, loin de là. En outre, quand la population et le gouvernement souhaite interdire sa culture, il est anormal que cela soit remis en cause par des technocrates très perméables aux conflits d'intérêt...

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  7. Certes tous les producteurs ne demandent pas la culture de ce maïs. C'est en particulier les producteurs bio qui n'en veulent pas alors que le syndicat des producteurs de maïs le demande ( Revendication faite Vendredi devant le Ministre de l'Agriculture lors de leur congrès). Je vous informe que le Gouvernement pourrait parfaitement interdire la production d'OGM s'il acceptait la proposition de la Commission de changer la procédure pour donner toute liberté aux pays dans ce domaine; mais il n'a pas le courage de prendre ses responsabilités et préfère se cacher derrière une décision de la Commission.

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  8. un petit peu hors sujet mais pour une fois la CJE sert a quelque chose lire ci dessous les conclusions de l’Avocat général sur l'affaire Association Kokopelli contre Graines Baumaux SAS c'est a dire les tentatives des grainetiers de s'approprier du vivant
    http://curia.europa.eu/juris/document/document.jsf?text=&docid=118143&pageIndex=0&doclang=FR&mode=req&dir=&occ=first&part=1&cid=66802

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