dimanche 27 mai 2012

Grèce : vers la victoire de la gauche radicale ?


Après avoir élu le 6 mai un parlement d’où aucune majorité n’a pu émerger, les Grecs s’apprêtent à voter de nouveau le 17 juin. Les derniers sondages indiquent une véritable envolée de SYRIZA, l’équivalent du Front de Gauche, qui serait largement en tête, en passant de 16 à 28% des suffrages !

SYRIZA en route vers le pouvoir ?

Alors que le PASOK et Nouvelle Démocratie avaient obtenu plus de 75% des suffrages en 2009, ils n’en ont plus réuni qu’un tiers le 6 mai, Nouvelle Démocratie (qui était au pouvoir avant 2009) parvenant en tête avec 19% des voix, devant SYRIZA, 16%, le Pasok, 13% et l’ANEL, droite opposée au mémorandum, 11%. Suivaient ensuite le KKE (communiste), le DIMAR, scission plus modérée du SYRIZA, et l’Aube Dorée, parti néo-nazi qui a remplacé le LAOS au Parlement.

Avec la prime de 50 sièges obtenus par Nouvelle Démocratie, les partisans du mémorandum (avec le PASOK), n’étaient qu’à deux sièges d’une majorité absolue. Aucun accord n’ayant pu être trouvé, que ce soit avec SYRIZA ou même le plus modéré DIMAR, le président de la République a été contraint de déclencher une deuxième élection. Les quinze jours de négociation semblent avoir été largement profitables à SYRIZA qui serait maintenant systématiquement en tête.

Le dernier sondage attribue pas moins de 28% à SYRIZA, contre 20% à Nouvelle Démocratie, 12% au PASOK et 10% à l’ANEL. Selon les premières simulations, SYRIZA obtiendrait 128 sièges sur 300, n’ayant alors besoin que du soutien d’un ou deux partis (KKE, DIMAR, éventuellement PASOK ou ANEL) pour avoir une majorité au Parlement. Tout sera fonction du nombre de partis qui passeront le cap des 3% nécessaire pour avoir des députés au Parlement.

Vers une grave crise en Europe

Si SYRIZA gagne les législatives et parvient à former une majorité, il est bien évident qu’une immense crise se déclenchera puisque Alexis Tsirpras promet d’augmenter salaires et retraites, et propose d’embaucher 100 000 fonctionnaires. Bref, on ne voit pas par quel miracle il pourrait s’entendre avec une troïka qui a imposé aux précédents gouvernements de faire l’exact inverse. Certes, il veut rester dans l’euro, mais la situation devrait rapidement se bloquer.

Bien sûr, il pourrait toujours réquisitionner la Banque de Grèce et d’émettre des euros, comme le propose Sapir, ce qui est techniquement possible, mais créerait une très grave crise européenne car on voit mal l’Allemagne accepter qu’un pays puisse émettre à volonté des euros (ce qui avait été fait par l’Ukraine au début des années 1990, provoquant l’explosion de l’union monétaire issue de l’URSS), d’autant plus qu’une majorité des allemands sont pour la sortie de la Grèce.

En outre, 14% des Allemands sont favorables aux euros obligations, et 79% contre. Autant dire qu’il serait impossible de vendre à Berlin de nouvelles conditions pour la Grèce. Nous devrions rapidement être dans une impasse, le plus simple étant finalement le défaut, la sortie et la dévaluation. Deux solutions alors : soit la zone euro explose par un effet classique de domino, soit la sortie de la Grèce calme temporairement les marchés avec des mesures d’accompagnement.

Comme l’écrit Sapir, parce que les Grecs en ont assez d’être torturés par des gens sans cœur comme Christine Lagarde, même s’ils tiennent à l’euro, ils devraient confier leur destin à SYRIZA. Dès lors, nous entrerons dans une zone de turbulence d’où l’euro ne devrait pas survivre, à plus ou moins long terme.

9 commentaires:

  1. Non. Le dernier sondage indique que « Les pro-austérité prennent un léger avantage en Grèce ». Voir :

    http://fr.news.yahoo.com/les-sondages-grecs-traduisent-lind%C3%A9cision-l%C3%A9lectorat-123541313.html

    « ATHENES (Reuters) - Le parti de droite Nouvelle Démocratie, favorable aux plans européens de soutien, a pris un léger avantage dans les intentions de vote sur la coalition de la gauche radicale Syriza, qui rejette l'austérité liée à cette aide financière, à trois semaines des nouvelles élections législatives en Grèce.
    Alors que les deux camps étaient jusqu'à présent donnés au coude à coude, cinq études publiées samedi donnent Nouvelle Démocratie en tête avec une avance comprise entre 0,5 et 5,7 points sur Syriza.
    Avec les socialistes du Pasok, eux aussi favorables au respect des exigences européennes, les conservateurs pourraient former une coalition disposant d'une majorité comprise entre 11 et 16 députés sur les 300 élus de la Vouli, le parlement monocaméral, si ces intentions de vote se confirmaient dans les urnes, selon les instituts Eleftheros Typos/Pulse et Ethnos/MARC.
    Selon les différents instituts, Nouvelle Démocratie est créditée de 25,6 à 27,7% des intentions de vote; Syriza est donnée entre 20,1 et 26%. »

    Cela dit la victoire des partis pro-austérité ne devrait que retarder la sortie de la Grèce de la zone euro car celle-ci ne pourra probablement pas rembourser l'argent qui lui est prêté en contre partie du plan d'austérité. Les allemands l'ont bien compris et sont pratiquement à souhaiter que la Grèce sorte de la zone euro pour ne plus à avoir à lui verser de l'argent, considérant sans doute qu'il serait perdu pour eux.

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  2. Dimanche 27 avril 2012 :

    Sur son blog, Olivier Berruyer met en ligne un dessin hilarant :

    "ils vont sauver le monde"

    http://www.les-crises.fr/images/images-diverses/2012/miscellanees/05-23/2012-05-25-comics-troupiers.jpg

    Les surendettés vont sauver le monde :

    Dette totale (dette publique + dette privée) :
    Irlande : 663 % du PIB.
    Japon : 512 % du PIB.
    Royaume-Uni : 507 % du PIB.
    Espagne : 363 % du PIB.
    Portugal : 356 % du PIB.
    France : 346 % du PIB.
    Etats-Unis : 340 % du PIB.
    Italie : 314 % du PIB.
    Allemagne : 278 % du PIB.

    http://leblogalupus.com/2012/05/25/le-graphique-du-jour-ou-en-sommes-nous-en-termes-devolution-dans-le-cycle-du-desendettement-mondial-en-cours/

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    1. C'est encore une fois comparer des stocks à des flux; ca ne veut donc pas dire grand chose ... quelle est la maturité moyenne de ces dettes ?
      De toute façon s'il n'y avait pas d'endettement, il n'y aurait pas de monnaie (dans le système actuel que je suggère de changer)

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  3. Je pense que les propos irresponsables de Christine Lagarde comme de tous ceux qui font la leçon aux Grecs sont les alliés électoraux inconscients du SYRIZA et de tous ceux qui refusent l'austérité barbare. Il faut qu'ils expriment leur mépris des peuples pour qu'ils se révoltent au moins électoralement.Ils sont les fourriers d'un système qu'ils prétendent défendre mais leur intransigeance fait d'eux les les fossoyeurs. Ces gens-là sont incultes parce qu'ils devraient méditer cette phrase du Prince Salina dans "le guépard" de Lucchino Visconti "il faut que tout change pour que rien ne change"!

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    1. Là j'avoue que je ne comprends pas après 10 minutes de méditation ;)

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  4. Quelqu'un a-t-il trouvé des documents détaillant les positions et le programme de l'ANEL ? Existe-t-il certaines convergences avec celles de DLR ou pas ?

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  5. Suisse: préparation d'un plan en cas d'éventuel éclatement de la zone euro

    http://fr.news.yahoo.com/suisse-pr%C3%A9paration-dun-plan-cas-d%C3%A9ventuel-%C3%A9clatement-zone-134833067--finance.html

    La Suisse, tout en envisageant pas d'éclatement de la zone euro, prépare un plan pour le cas où cela se produirait, a indiqué dimanche le président de la Banque centrale.
    Thomas Jordan, nommé le mois dernier à la tête de la Banque nationale suisse (BNS) a précisé au journal germanophone SonntagsZeitung qu'un groupe de travail discute des mesures à prendre pour combattre tout éventuel renchérissement du franc suisse, considéré comme une monnaie refuge.
    "Nous devons nous préparer à un scénario d'écroulement de la zone euro, bien que je ne pense pas que cela va se produire", a ajouté le président de la BNS.
    M. Jordan a estimé que la crise de la zone euro s'est aggravée au cours des dernières semaines et prédit des temps difficiles à venir.
    "Le groupe de travail se focalise sur des instruments destinés à combattre un renchérissement du franc", a-t-il dit au journal.
    "L'une des mesures envisageables serait un contrôle des capitaux, c'est à dire un contrôle direct sur le flux des capitaux en Suisse", a-t-il ajouté sans donner plus de détails.
    M. Jordan a encore précisé que la Banque continuera à défendre son cours plancher fixé à 1,20 franc suisse face à l'euro.
    La BNS était intervenue en septembre dernier afin de stopper la hausse de sa monnaie, appréciée des investisseurs qui cherchent un endroit sûr pour leurs avoirs, mais qui entraîne un renchérissement des exportations du pays et pénalise l'indutrie du tourisme.

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  6. @ Marco

    Non, car tout est en grec... Je les ai contacté, mais ils ont autre chose à faire en ce moment...

    @ Anonyme

    Merci pour l'information, qui indique que cela semble beaucoup plus serré que ce que j'écris. Pourtant, j'avais cherché mais je n'avais pas trouvé trace de ce sondage.

    Nous verrons le 17 juin. D'accord sur la fin de votre commentaire.

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  7. En dehors de la Grèce, l’Espagne semble aussi évoluer vers une situation de plus en plus problématique. Problèmes bancaires et de régions régions ultra-endettées.

    http://www.ladepeche.fr/article/2012/05/27/1363254-crise-le-sos-record-de-la-banque-espagnole.html

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