mercredi 8 août 2012

Un ministre de l’économie brésilien pour un démontage de l’euro


Plus un ! De plus en plus d’économistes prennent position pour un démontage de la monnaie unique européenne. C’est au tour de l’ancien ministre des finances du Brésil, Luiz Carlos Bresser-Pereira, plusieurs fois en poste dans les années 1980 et 1990 dans un entretien au Monde.

L’euro vu d’Amérique du Sud

Comme Jacques Sapir, l’ancien ministre attribue aux déséquilibres des balances des paiements la cause de la crise de la zone euro. Il dénonce « la doctrine libérale voulant que le secteur privé soit toujours équilibré par le marché ». Pour lui, « cela a abouti à une crise de taux de change interne à la zone euro, avec un euro surévalué pour les pays aujourd’hui en difficulté ». Il souligne la responsabilité de la baisse du coût du travail en Allemagne et de la bulle financière ailleurs.

Pour lui, « l’euro est devenu une monnaie étrangère pour un grand nombre de nations de l’Union monétaire. Il n’y a rien de pire que d’être endetté dans une monnaie étrangère. Dans le cas inverse, votre souveraineté peut être préservée, principalement en dévaluant votre monnaie ». Selon l’ancien ministre, « la croissance ne résoudrait pas les problèmes de taux de change affectant certains pays » et « l’austérité est une façon très injuste de résoudre la crise ».

Il conclut que « la voie la plus sage est de mettre fin à l’euro de façon bien planifiée », comme dans la tribune cosignée fin décembre. Pour lui, « l’euro était trop ambitieux », « une monnaie commune ne peut exister que dans un Etat fédéral (…) si vous persistez à maintenir en vie l’euro, la probabilité de le voir s’effondrer de façon incontrôlée grossit de jour en jour (…) Croire que l’extinction de l’euro marquerait la fin de l’Union Européenne est absurde. Elle marchait très bien avant ».

Les euro-sceptiques monétaires

Ce qui est intéressant dans cette opinion, c’est qu’il s’agit d’une personne qui admire la construction européenne. Malgré tout, il reste même favorable à une monnaie unique européenne, mais pour lui, le temps n’est pas venu. Il est trop tôt. Pour lui, « une devise commune doit rester le but de la construction européenne ». Même si je ne suis pas d’accord avec lui sur ce point, il est intéressant de noter que cette opinion n’émane pas d’un anti-européen farouche…

Cette opinion rejoint celle de Paul Krugman, qui consacre tout un chapitre sur la question européenne dans son nouveau livre, qui devrait sortir en septembre en version française. Le « prix Nobel d’économie » 2008 émet un jugement  extrêmement sévère sur l’unification monétaire européenne, soulignant que c’est bien cette unification qui a directement provoqué la crise que nous traversons depuis 2010, et non pas les dettes souveraines, comme le répètent les perroquets austéritaires.

Malgré tout, il faut être honnête, Paul Krugman n’en est pas à appeler à un démontage de la monnaie unique européenne. Mais ce livre constitue une charge extrêmement solide et structurée contre l’UEM qui peut être une étape vers une position plus forte. En ce sens, ses positions rappellent celles de Joseph Stiglitz ou Patrick Artus, qui fournissent énormément d’arguments aux opposants de la monnaie unique européenne, sans pour autant oser franchir le Rubicon.

Merci donc à Luiz Carlos Bresser-Pereira qui s’ajoute à la longue liste des économistes sérieux qui disent qu’il faut démonter cette monnaie unique européenne qui ne fonctionne pas. Et merci au Monde d’avoir ouvert ses pages à un avis qui va pourtant contre sa ligne éditoriale.

19 commentaires:

  1. L'important n'est-il pas que cela paraisse dans "Le Monde"?

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  2. Il serait souhaitable que l'euro restât une monnaie commune de tout le continent européen de l'Atlantique à l'Oural selon des modalités autrement définies que le modèle allemand pour que toute idée d'Europe confédérale, celle des Etats et des nations, ne disparaisse pas avec l'euro actuel. Cela pourrait être un "plan B"!

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  3. Mercredi 8 aout 2012 :

    Selon un article du « Wall Street Journal », le FMI - un des principaux bailleurs de fonds de la Grèce - fait pression pour que les Etats de la zone euro acceptent de subir des pertes sur les obligations grecques qu'ils détiennent et que, de son côté, Athènes ramène sa dette publique autour de 100% du PIB.

    Jusqu'ici, seul le secteur privé (banques, assurances, etc.) a accepté de subir d'importantes pertes sur la dette grecque.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/monde/actu/0202208717094-grece-s-p-abaisse-la-perspective-de-la-note-a-negative-351406.php

    "On n'a plus de marge de manoeuvre s'il faut faire un nouvel effort pour les Grecs, car on a déjà imposé une décote terrible aux banques. Il faudra aller vers les bailleurs de fonds publics donc les contribuables nationaux", a estimé un diplomate européen.

    En clair : il va y avoir une deuxième restructuration de la dette grecque. Cette fois, ce seront les prêteurs publics qui vont subir des dizaines de milliards d'euros de pertes.

    Concrètement : lors de la deuxième restructuration de la dette grecque, la BCE et les Etats de la zone euro vont subir des dizaines de milliards d'euros de pertes.

    Conséquence : il va falloir recapitaliser la BCE. Et il va falloir que les Etats de la zone euro subissent des pertes.

    France : le Parlement s'inquiète de l'accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d'euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière ; « il ne s'agit pas de prêts, mais bien de pertes que les Etats de la zone euro acceptent de consentir vis-à-vis de la Grèce ».

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202205724179-le-parlement-s-inquiete-de-l-accumulation-des-engagements-pris-pour-soutenir-la-grece-351001.php

    Contribuables français, préparez-vous à payer.

    Contribuables français, préparez-vous à payer pour la deuxième restructuration de la dette grecque.

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  4. Dire que l'ue fonctionnait très bien avant l'euro est tout aussi absurde . Cela a été un révélateur que nous ne voulons pas vivre ensemble il suffit de se rappeler du terme PIGS d'un incroyable mépris pour certains .
    L'UE c'est avec l'euro et c'est une fédération ou cela n'existe pas ; L'Europe des Nations voulue dans les années 60 a juste titre par le General de Gaulle est caduque a cause des progrès de la technologie la proximité territoriale est identique avec Turin ou Montevideo alors l'Europe c'est désormais du fétichisme

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    1. Ce qu'on peut entendre comme bêtise... L'Europe des Nations souveraines serait caduque à cause de la technologie, n'importe quoi. Je suppose que l'Amérique du Sud et l'Asie aussi doivent s'unifier à cause des nouvelles technologies ?

      C'est simple, pour avoir une monnaie unique il faut un Etat unique, or l'Europe Fédérale n'est pas légitime, nous ne sommes pas des régions, jamais nous n'accepterons de niveller socialement sur le modèle anglosaxon, jamais nous n'accepterons qu'un Président UE allemand ou hollandais dicte notre politique intérieur en France et même notre politique étrangère etc etc, qui serait légitime ? la majorité d'un vote universel européen ? ou les grosses puissances auraient plus de votes en fonction de leur poids éco ? militaire ? quelle langue commune ? etc etc.

      La seule est unique Europe légitime et qui marche c'est L'Europe des Nations, qui est tout simplement une coopération d'Etats qui pour des gros projets se mettent autour d'une table et s'entendent (Airbus, universités, santé, autoroutes etc). Tout le supra-national et le fédérale doit être supprimé, c'est une absurdité sans nom, c'est un piège qui est tendu aux pays européens et aux peuples.

      Il nous faut une Europe des Nations, à la carte (c'est à dire que si des pays ne veulent pas adhérer à certains projets il n'y sont pas forcé, totale souveraineté et indépendance), la base doit être un marché commun etre pays européens mais avec des monnaies différentes (en gardant l'écu commun avant) et un protectionnisme national sur les pays à concurrence déloyale afin que chacun gère au mieux et pour le meilleur intérêts de son industrie ses intérêts.

      Bref, la seule Europe qui vaillent c'est tout simplement des Etats-Nations qui de temps à autre coopèrent entre eux sur des projets ciblés, rien d'autres. Là le continent européen pourra prospérer.

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    2. Vous entendez par les yeux c'est formidable . Pour être plus clair je dis qu'il n'y a plus de nécessite d'europe si nous supprimons le supra national et le fédéral mais bien sur des Nation oui ; nous pouvons coopérer aussi bien avec le Japon la Russie que l'Italie . ( Le progrès technique fait que la notion de distance s'est considérablement réduite )
      Je rappelle encore une fois que la France est la seconde puissance maritime avec la Russie et qu'une bonne partie de son territoire est hors continent européen
      Bref je suis Français pas européen
      capito

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    3. Le General de Gaulle l'avait bien compris avec par exemple la coopération spatiale avec la Russie lancée en 1966 et qui fonctionne encore

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  5. La France rentre en recession. Mais ne vous inquiétez pas, eln est legere , fragile (-0,1% ). Quoi qu´on en dise, les previsions budgetaire ont elles éte etabli suivant ce scenario ?

    Avec l´Italie , la contagion touche la France....lorsque l´Allemagne sera touché , il sera interressant de voir le resultat sur les elections allemandes de 2013

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  6. Robert Lohengrien8 août 2012 à 14:26

    Je pense que plus on attendra de passer enfin à la métamorphose de l'euro, plus ce sera coûteux pour le contribuable, et plus on s'approchera d'un reveil de vieux ressentiments. Les italiens sont assez remontés contre la politique allemande.

    Je partage l'avis de LP, selon lequel le débâcle final se concrétisera probablement d'abord en Grèce. J'ai lu ce matin un rapport sur l'immigration clandestine en Grèce - c'est affolant. Ce n'est que maintenant que la politique commence à réagir! Une thème bienvenu pour nourrir les arguments de l'extrême drote. A mon avis, cela pourrait augmenter la pression pour que le bouchon saute.
    Le problème: il faut que le peuple ait le sentiment d'être dos sur mur, d'être conscient que le gouvernement, quel qu'il soit, ne pourra stopper la dégrangolade sociale des gens. J'ai l'impression que ce stade n'est pas encore atteint, il y a invariablement des salariés, des gens contentés par le système. Et il a y de plus en plus de gens qui cultivent des légumes sur leur terrasse; l'entreaide et la débrouillardise fontionnent assez bien dans ces pays. L'espoir fait vivre - mais jusqu'à quel degré?
    Je vois la même chose se développer en Espagne.

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  7. @ Robert

    Complètement d'accord sur le fait que plus on attendra, plus ce sera coûteux. Il est malheureux de se dire qu'il faut attendre que tout espoir quitte la Grèce et l'Espagne pour que l'on mette fin à cette construction artificielle et baroque.

    @ Abdel

    La zone euro s'enfonce dans l'euro récession. A noter que la Suède est en croissance...

    @ Patrice

    C'est juste. Mais les dysfonctionnements étaient moins importants avant Maastricht.

    @ BA

    L'abandon de créances des citoyens allemands ne sera pas qqch de facilement négociable et mettra définitivement fin à toute volonté fédéraliste outre-Rhin.

    @ Cording

    Bien d'accord.

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    1. @LP :

      n'y avait-il pas l'application des "critères de convergence" en vue de la création de la monnaie unique AVANT Maastricht ? il semblerait que Mitterrand ait été dans cette optique déjà en 1981 ...

      Si déjà cette politique était appliquée à cette époque, cela pourrait-il expliquer certains dysfonctionnements d'alors, qui auraient augmenté petit a petit ?

      Age

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    2. Les critères du "Système Monétaire Européen" préfiguraient ceux de Maastricht, même s'il permettait encore les dévaluations. D'ailleurs c'est dès les années 80 que s'est amorcé le déclin de la France, à coups de restrictions budgétaires, de "lutte contre l'inflation" et de défense du Franc. Le problème était dèjà l'ancrage du SME sur le Mark et la libéralisation financière qui a déchaîné la spéculation contre les devises "faibles" (Lire, franc, Livre Sterling). Les Anglais ont compris ; ils sont sortis du SME et ont évité l'Euro...
      Il va de soi que sortir de l'Euro pour retomber dans la politique des années 80 n'est pas une solution !

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    3. @ Age

      Complètement d'accord. Le problème a commencé avec la politique de franc cher qui a envoyé plus d'un million de nos compatriotes au chômage au début des années 1990.

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  8. Olivier Delamarche en pleine forme

    http://www.prechi-precha.fr/2012/08/08/olivier-delamarche-nous-sommes-dans-une-situation-jamais-vue/

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  9. Bien sûr et un ministre brésilien parle dans l'intérêt du Brésil certainement pas celui de la France. Je ne vois pas l'intérêt de ces genre de billets si non que vous êtes bien d'accord avec les américains et le reste du monde pour enfoncer l'Europe. Si vous croyez que la France va s'en rélèver, vous pouvez toujours rêver.

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    1. @ Fiorino

      Encore un raisonnement à courte vue. Ne pourrait-il pas y avoir des gens qui sont capables de raisonner au-delà de leur propre intérêt personnel et réfléchir à l'intérêt général ?

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    2. Le problème c'est que vous le choisissez en fonction de votre idéologie europhobe. Franchement aller chercher un ministre brésilien pour parler de l'intérêt de l'Europe il faut-il le faire. Quand vous parlez d'intérêt général de quoi vous parlez? De l'intérêt du monde? Vous avez chosi une posture facile, tout les problèmes des français proviennent de l'Europe, une attitude populiste qui ne sert pas l'intérêt générale. Vous avez le droit d'attendre la fin de l'euro mais entre-temps vous pourriez vous occuper aussi de ce qui se passe en France, il y a plein de dossier, plein des gaspillages, pleins de blocages à résoudre.

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    3. @ Fiorino

      Il n'est pas inintéressant de considérer l'opinion de personnes différents. Cela donne une meilleure perspective. Cela ne vous ferait pas de mal.

      Je parle de l'intérêt général des Français en premier lieu. Attitude populiste ? Que signifie populiste au fait ?

      Je n'ai jamais dit que l'Europe était responsable de tout. Et puis, j'écris sur ce que je veux.

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  10. Salut,
    Pour ceux qui veulent participer à la prochaine coupe du monde de football au Brésil pour supporter l’équipe de France, je vous invite à consulter le site http://www.supportersansfrontieres.com

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