dimanche 4 novembre 2012

BCE : le processus de nomination ubuesque de l’Europe


Depuis dix jours, les institutions européennes sont le théâtre d’un bras de fer entre le Parlement d’une part et le reste des institutions. Ces derniers soutiennent la candidature du luxembourgeois Yves Mersch à la BCE alors que le premier souhaite la présence d’une femme.

Guerre des sexes européenne

Depuis le départ d’une Autrichienne en 2011, le directoire de la Banque Centrale Européenne est composé exclusivement d’hommes. Un nouvel exemple du « faites ce que je dis, pas ce que je fais », au moment où l’UE envisage d’imposer un quota de femmes dans les conseils d’administration. Ce double standard se retrouve aussi dans la demande de la Commission d’augmenter le budget européen alors qu’elle demande des coupes drastiques dans tous les pays où elle intervient.

Ici, l’eurogroupe a proposé la candidature d’Yves Mersch au directoire de la BCE. Mais cette proposition a provoqué une rébellion du Parlement Européen, qui a voté à une courte majorité contre cette proposition, en demandant à ce qu’une candidature féminine soit présentée. Il faut noter que certains soutiennent que cela s’explique aussi par des raisons plus politiques, la nationalité du prétendant, mais aussi ses positions contre la Taxe sur les Transactions Financières.

Cependant, le vote du Parlement Européen n’est que consultatif et le reste des institutions européennes ne semble guère s’émouveoir de passer totalement outre le vote des parlementaires. Il semblerait en effet qu’une procédure ait déjà été lancée pour confirmer cette nomination, ne laissant que jusqu’à lundi aux gouvernements pour réagir. Bref, les institutions européennes et les Etats sont prêts à passer en force malgré l’opposition de l’institution de Strasbourg.

De la démocratie et des traités européens

Ce nouvel épisode démontre une nouvelle fois le fonctionnement ubuesque de l’Union Européenne. En effet, à quoi sert-il que le Parlement Européen s’exprime sur le choix des membres du directoire de la BCE si c’est pour que ce vote ne soit que consultatif et puisse être ignoré ? Soit on lui donne un vrai rôle et dans ce cas-là, son refus lie les Etats et les contraint à trouver un nouveau candidat, soit son avis ne compte pas vraiment et dans ce cas-là, à quoi bon le faire voter ?

En fait, cela démontre encore que cette construction européenne n’est pas à l’aise avec la démocratie et les votes. Dans cette Europe, on peut toujours revenir ou passer outre le vote d’un Parlement, quand ce n’est pas celui exprimé lors d’un référendum. Il n’y a pas le respect élémentaire qu’il devrait y avoir pour le choix de la majorité. Les technocrates ou les arrangements opaques du derrière de la scène peuvent toujours primer sur l’avis du peuple ou de ses représentants directs.

Il y a quelque chose de comique à voir Jean Quatremer se plaindre d’une telle décision sachant qu’il a soutenu toutes les étapes de cette contruction européenne. Ce faisant, il critique le mode de fonctionnement instauré par les traités qu’il a soutenus. Il faudrait assumer les conséquences de ses gestes ! Et sa solution, cinglante, tombe : ne pas accorder de siège au Luxembourg. On décèle souvent cette tendance autocratique dans les cénacles européens fédéralistes.

On peut bien sûr penser que le Parlement Européen, parce qu’il ne représente pas un peuple, n’a aucune part à prendre dans le processus décisionnel. Mais l’entre-deux actuels, où on élit un Parlement fantoche, est ridicule, outre le fait d’éclairer une fois de plus le rapport compliqué de l’Europe à la démocratie.

13 commentaires:

  1. PÈRE UBU

    Eh vraiment ! et puis après ? N'ai-je pas un cul comme les autres ?

    MÈRE UBU

    À ta place, ce cul, je voudrais l'installer sur un trône. Tu pourrais augmenter indéfiniment tes richesses, manger fort souvent de l'andouille et rouler carrosse par les rues.

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  2. L'UE est une curieuse histoire de démocratie fantoche.

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  3. Laurent,
    Sachez que Yves Mersch est quelqu'un de très compétent et d'indépendant. Il ne représentera pas le Luxembourg à la BCE mais donnera son avis pertinent et indépendant de toute pression.

    Je le connais, et je peux témoigner que depuis des années il est le poil à gratter du gouvernement luxembourgeois, notamment sur son action et sa gestion à la petite semaine du Luxembourg.

    Je trouve scandaleux, qu'en pleine crise de l'EU et de l'euro, que des parlementaires idéologues puissent vouloir imposer une femme par idéologie, et quitte à ce qu'elle n'ait aucune compétence. Et les femmes compétentes, dans une fonction de gouverneur d'une banque centrale, sont très rares.

    De plus, procéder ainsi est une insulte à ceux qui ont travaillé dur pendant des dizaines d'années pour développer leurs compétences et parvenir à ce niveau, lequel pourrait désormais leur être interdit sous prétexte qu'ils n'aient pas le bon sexe ...

    A méditer.

    JPL

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  4. Laurent,
    j'espère que vous ne prenez pas cette affaire trop au sérieux :-)!
    Pour moi, on se couche comme on fait son lit: le siège de directeur de la BCE est attribué de façon totalement opaque et arbitraire, dès lors pourquoi ne pas y mettre une femme?
    Et puis, d'ailleurs, pour moi, j'ai toujours dit que l'utilisation d'une macro Excel ferait l'affaire pour gérer la BCE, vu que son mandat se limite à s'assurer que l'inflation globale de zone euro ne dépasse pas les 2% par an. Dès lors, pourquoi un directoire?
    Ca me passe tellement au-dessus de la tête que je proposerais de faire comme l'empereur Caligula, qui avait nommé son cheval pro-consul :-).
    Pardonnez-moi, mais j'ai vraiment du mal à rester sérieux avec cette affaire :-)!!
    CVT

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    1. Jusqu'en 2008, tu avais raison. Un club de vieux qui se réunissait une fois par mois à Francfort pour une bonne bouffe.

      Aujourd'hui, c'est tout de même eux qui décident si on doit sauver un pays et de la punition qui va avec. Demain, ce sera les banques. dans laquelle on met un coup de hache.

      Idéalement, on devrait exiger que la société civile soit partie prenante dans le board. On peut réver, non.

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  5. Oui, je pense que les grandes banques anglo-américaines sont en train d'imposer un système de domination mondiale. Oui, je pense que la BCE est construite sur le modèle des autres banques centrales dont le capital est majoritairement détenu, dans des conditions d'opacité totale, par de l'argent privé.
    La BCE se conduit aujourd'hui comme la FED et enfume tout le monde en disant qu'elle rachète de la la dette sur le marché secondaire. A qui rachète-elle ces dettes si ce n'est aux banques qui la détiennent? Alors, faire rentrer dans son conseil tel ou telle n'est qu'un faux débat. Souvenez vous que M Draghi vient de la Goldman-Sachs, et que le patron de la FED Bernanke est un condisciple de Harvard de Loyd Blankfein (PDG Goldman)

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  6. La Cour des comptes grecque juge anticonstitutionnelles des coupes dans les retraites.

    Or le niveau de la dette grecque n'est pas viable et l'hypothèse d'arriver à un taux d'endettement de 120 % du PIB en 2020 ne semble pas atteignable. Dans son projet de budget, le gouvernement estime le niveau de la dette à 189 % pour 2013 et à 220,4 % pour 2016.

    http://www.lemonde.fr/economie/article/2012/11/02/la-cour-des-comptes-grecque-juge-anticonstitutionnelles-des-coupes-dans-les-retraites_1784785_3234.html

    Dette publique de la Grèce :

    2007 : dette publique de 107,4 % du PIB.
    2008 : dette publique de 112,6 % du PIB.
    2009 : dette publique de 129 % du PIB.
    2010 : dette publique de 144,5 % du PIB.
    2011 : dette publique de 170,6 % du PIB.
    2012 : dette publique de 175,6 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec. La dette augmente, augmente encore, augmente toujours, alors que le premier défaut de paiement de la Grèce a effacé 107 milliards d'euros de dettes.

    2013 : dette publique de 189,1 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2015 : dette publique de 207,7 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    2016 : dette publique de 220,4 % du PIB, selon la prévision du gouvernement grec.

    La question n'est plus de savoir si le deuxième défaut de paiement de la Grèce va avoir lieu.

    La question est de savoir quand le deuxième défaut de paiement de la Grèce aura lieu.

    En zone euro, il va y avoir des défauts de paiement en cascade.

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    1. allons nous continuer longtemps avec ce ratio stupide dette/pib remplaçons le par le choux/carotte et qu'on en parle plus

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    2. Déjà si on parlait de dette nette au lieu de dette brute: 795 Md€ au lieu de 1717 Md€ fin 2011

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  7. @ JPL

    Yves Mersch qqun de compétent ? Je ne peux pas bien juger. J’ai lu qu’il est sur la ligne de JC Trichet, ce qui ne me pousse pas à l’indulgence…

    Sur le fond, je suis d’accord, je pense que les nominations doivent être au mérite et non pas fonction de quotas, ce que je ne trouve pas républicain. Et au global, les procédures européennes sont totalement ubuesques.

    @ CVT

    C’est un nouvel exemple du fonctionnement ubuesque de l’UE.

    @ Anonyme

    Oui, mais une diversité de profil (financier, industriel…)

    @ Cliquet

    Je ne crois pas (sur les banques anglo-américaines). Elles défendent juste leurs intérêts et les politiques laissent faire par manque de connaissance et d’intérêt.

    Bien d’accord sur le rachat des dettes, que je dénonce puis plus de 4 ans.

    @ BA

    Merci pour l’info

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  8. Je vous rappelle que les Irlandais se sont retrouvés trois fois aux urnes pour accepter la constitution européenne. Les deux premières fois, ils avaient dit non. Respecter un référendum n'est pas non plus à l'ordre du jour de l'UE.

    Si l'idée que le traité refusé par les Français en 2005 a été juste retoqué pour le faire passer dans les parlements des pays qui l'ont refusé, les référendums ne sont pas respectés par l'UE.

    Après, on peut dire de ce truc qu'il souffre d'un "déficit démocratique".

    C'est renforcé par l'information que vous donnez. Le parlement européen n'a que le droit de voter selon la volonté des institutions.

    Tout cela rend vraiment plus crédible l'idée que l'UE n'est qu'un grand marché favorisant les financiers aux dépends des peuples. C'est juste le truc qui permet de gérer les populations pendant que les maîtres font ce qu'ils veulent.

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  9. @ Laurent
    Il suffit de lire l'histoire des rapports entre l'éxécutif américain et les banquiers européens pour voir de quoi ces gens-là sont capables.
    Voila un lien interessant qui traite ce sujet d'une manière purement factuelle.
    http://www.youtube.com/watch?v=grq0A1GuadI&feature=related

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  10. Mercredi 7 novembre 2012 :

    Espagne : lourd dérapage du déficit public et récession en 2013.

    L'Espagne ne va pas atteindre ses objectifs de réduction budgétaire en 2013, comme en 2014, et restera en récession l'année prochaine avec un Produit intérieur brut en baisse de 1,4%, a estimé mercredi la Commission européenne en publiant ses prévisions économiques d'automne.

    Dans ce contexte, le chômage va atteindre 26,6% en 2013 en Espagne, et encore 26,1% l'année suivante, un niveau record en Europe.

    http://www.romandie.com/news/n/_Espagne_lourd_derapage_du_deficit_public_et_recession_en_2013_99071120121359.asp

    Jeudi 8 novembre 2012 :

    Grèce : chômage pour un quart de la population active en août.

    Le chômage a continué de frapper en août plus d'un quart de la population active, avec un taux à 25,4%, contre 18,4% un an plus tôt, a annoncé jeudi l'Autorité des statistiques grecques (Ase).

    Le chômage frappe en priorité les jeunes, à 58% pour les non scolarisés de 15 à 24 ans, et à 33% pour les 25-34 ans, ainsi que les femmes, à 29%, contre 22,7% pour le taux de chômage masculin.

    L'Institut du travail, centre de recherches des deux grandes centrales syndicales grecques, a récemment prévu un taux de chômage autour de 26-29% en 2013.

    http://www.romandie.com/news/n/Zone_euroGrece_chomage_pour_un_quart_de_la_population_active_en_aout16081120121231.asp

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