vendredi 23 novembre 2012

UMP : l’incroyable guerre des tranchés se poursuit


Aucun scénariste, pas même le plus imaginatif, n’aurait pu concevoir un scénario aussi alambiqué et avec tant de rebondissements. Même si Jean-François Copé s’accroche à son poste, le fait que les résultats de trois fédérations manquaient bien au verdict de lundi soir a bouleversé la situation.

UMP : Union Minable Pour une république bananière

La séquence qui s’est ouverte depuis mercredi est absolument abracadabrantesque. La COCOE a donc confirmé hier en début d’après-midi ce qu’avançait le camp Fillon la veille, à savoir que les résultats officialisés lundi à 22h par elle-même et les deux camps ne prenaient pas en compte les suffrages de trois fédérations d’outre-mer, où l’avance de François Fillon était d’un peu plus de 120 voix. Leur prise en compte serait donc susceptible d’inverser le résultat final !

La première conclusion à tirer de cette révélation est le manque incroyable de professionnalisme et d’organisation de l’UMP. Il est totalement stupéfiant que 24 heures après un scrutin ayant mobilisé un peu plus de la moitié des militants, la Commission d’organisation des élections omettent les résultats de trois fédérations lors de la publication des résultats. Ce n’est pas comme s’ils avaient publié les résultats au bout de quelques heures. Ils ont eu 24 heures pour le faire !

Soit dit en passant, il est hallucinant que le camp Fillon n’ait pas noté cette erreur plus tôt, dans la journée de lundi, ce qui aurait permis d’éviter l’imbroglio extraordinaire de ces deux dernières journées. Quelque part, cela donne l’impression qu’il a raté la victoire pour une simple négligence dans le suivi des résultats validés par la COCOE. Enfin, il restera toujours un soupçon extrêmement malsain sur cet oubli : s’agit-il d’un oubli volontaire destiné à trafiquer les résultats ou pas ?

Copé contre-attaque, Juppé en embuscade

Mercredi soir sur France 2 et jeudi matin sur Europe 1, Jean-François Copé ne s’est pas embarassé de beaucoup de précautions pour traiter son adversaire de « mauvais perdant ». Au sujet des trois fédérations oubliées, il a dit que de toutes les façons, il avait validé les scores de certains bureaux de vote où il y aurait eu manifestement un bourrage des urnes parce qu’il était en tête et que la seule correction d’un écart entre le nombre de bulletins et les émargements à Nice le remettait en tête.

François Fillon, que l’on a connu moins offensif, a renoncé mercredi soir à la présidence de l’UMP mais pour demander à ce que Alain Juppé la récupère avec une équipe comprenant les deux camps, ce à quoi son adversaire lui a répondu que ce n’était pas au perdant de décider des règles du jeu. Ambiance. Mais devant l’impact de la révélation de l’oubli des trois fédérations, Alain Juppé a réussi à se replacer en proposant une médiation, que Copé a acceptée, mais à ses conditions.

L’impression globale est épouvantage pour l’UMP, au point que même l’éditorial du Figaro affirme que « le congrès de Reims semble une partie de bridge entre gentlemen et le duel Gbagbo-Ouattara une votation de canton suisse » à côté. Reste qu’il sera extrêmement difficile de faire abdiquer Jean-François Copé qui fera tout pour conserver le pouvoir et il est peu probable que François Fillon ouvre la boîte de Pandore en lançant une procédure judiciaire, comme il l’a annoncé.

François Hollande a de la chance d’avoir une telle opposition. Cela lui a permis de masquer ses deux 180° en 24 heures sur « la liberté de conscience des maires » sur le mariage des couples homosexuels. Le point positif est que c’est une sacrée publicité pour la recomposition du paysage politique !

15 commentaires:

  1. Vendredi 23 novembre 2012 :

    Présidence de l'UMP : François Fillon lance : «Un parti, ce n'est pas une mafia»

    8h00 : François Fillon estime qu'«un parti, ce n'est pas une mafia»

    François Fillon, candidat défait dimanche, s'est montré très offensif ce vendredi matin, estimant qu'«un parti, ce n'est pas une mafia». «Un parti politique, ce n’est pas une mafia, un endroit où on peut étouffer les affaires, refuser de dire la vérité. (…) J’entends souvent dire qu’on est dans une famille et que dans une famille, on n’étale pas ses différends. Ca ressemble étrangement à la notion d’une mafia», a-t-il dit sur RTL.

    http://www.20minutes.fr/politique/1048568-live-presidence-ump-francois-fillon-lance-un-parti-mafia

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  2. La situation à l'UMP confirme en partie mon commentaire lors de ton précédent blog sur ce sujet. Cependant l'implosion n'est pas sûre du tout mais la division interne donc un discrédit durable va lui coller "aux basques" et donc va favoriser l'UDI, DLR et le FN. Cela peut ouvrir un boulevard politique aux opposants à la variante de droite de l'oligarchie néolibérale et européiste.

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  3. Mouais...
    Avec des années de retard, l'UMP adopte le vote militant intégral: on voit vraiment que ce n'est pas dans leur culture car l'UMP et ses ancêtres ( à savoir le RPR et l'UDR) avaient une solide tradition bonapartiste, celle du culte du chef. Du coup, sorti du plébiscite, les militants se sentent perdus...Le leitmotiv qui revient à chaque fois chez les militants, celui d'un chef charismatique!! La démocratie et l'UMP, ça fait deux!

    C'est d'autant plus vrai qu'en principe, lorsque les résultats sont publiés, il faut se soumettre au verdict!!! C'est ce qu'avait fait, par exemple, Albert Gore contre GW Bush aux Présidentielles américaines en 2000: Gore avait techniquement gagné l'état de Miami et donc l'élection, mais afin d'apaiser les esprits, il n'a pas contesté le verdict inverse de la Cour Suprême de Justice.
    Plus loin encore, Nixon avait reconnu la victoire de Kennedy en 1960, alors que la situation était également litigieuse.
    Bref, si Fillon avait un tant soit peu de sens de l'intérêt général, il arrêterait les frais.

    Mais on parle bien de F.Fillon, la médiocrité incarnée...

    CVT

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  4. Vendredi 23 novembre 2012 :

    "Fillon fait de nouveau marche arrière", accuse Copé.

    "François Fillon avait accepté hier la proposition d'Alain Juppé. C'était une voie de sagesse et de soulagement pour nous tous (...) J'apprends ce matin qu'il fait de nouveau marche arrière, qu'il refuse nos statuts en expliquant que désormais il ne leur fait plus confiance", a déploré Jean-François Copé lors d'une déclaration au siège de l'UMP.

    "Pire, il a des mots extrêmement blessants et injurieux pour l'ensemble de notre famille politique, des mots qui provoquent l'indignation de tous", a-t-il déploré.

    "J'ai accepté qu'Alain Juppé intervienne avec une commission ad hoc dont l'objet ne peut pas être de se substituer - ce n'est pas statutaire - à la commission des recours mais de veiller à la transparence absolue des travaux de la commission nationale des recours", a rappelé Jean-François Copé. "J'ai eu Alain Juppé au téléphone sur ce point ce matin qui me l'a confirmé".

    Cette instance est "la seule qui puisse juridiquement vérifier, valider les réclamations ou les recours des candidats", a-t-il insisté. "Si on s'affranchit de cette commission on s'affranchit de nos statuts et donc on se place de fait dans l'illégalité. N'importe lequel d'entre vous serait en mesure de faire annuler une décision prise en dehors de cette commission".

    "Je le sais, vous êtes déboussolés, indignés, choqués par ce qui se passe. Moi aussi, je le suis profondément", a-t-il assuré, s'adressant aux militants, dont beaucoup expriment leur colère sur les réseaux sociaux. "Comme vous, je ne me suis pas engagé en politique pour des batailles de chiffonniers".

    "Personne, personne n'est au-dessus des règles. Personne n'a le droit de choisir ce qui l'arrange selon son bon plaisir", a-t-il lancé, visant François Fillon. "Personne n'a le droit de choisir selon son bon plaisir".

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  5. L’Union des Mauvais Perdants a décidé de prolonger son spectacle.

    Trois remarques.

    De ce parti dont sont issus certains garants de notre démocratie, membres du Conseil Constitutionnel, les avis ont été unanimes sur un point : il y a eu des fraudes conséquentes.

    De ce parti dont sont issus des groupes parlementaires censés élaborer les lois de notre pays, les avis ont été unanimes sur un autre point : le règlement interne de l’UMP a été très mal ficelé.

    De ce parti qui ambitionne d’organiser le redressement de la France, les avis ont été unanimes sur un troisième point : l’organisation a été désastreuse (files d’attente de plusieurs heures, oubli de départements dans le décompte).

    L’Ubuesque Machine à Perdre se saborde. C’est un bon scenario pour notre pays.

    L’autre grand parti, le Parti des Soumis, a d’ores et déjà écœuré ses électeurs par les promesses non tenues de François Hollande et par une allégeance totale et empressée à notre puissance coloniale (adoption du traité budgétaire).

    Aux prochaines élections, nous verrons si une fois de plus, le poids des habitudes l’emporte sur la logique la plus élémentaire…

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  6. Les noix de la cocoe désignent le roi de la république bananière, il manque plus que le Ti punch et la fête est complète, attention à la gueule de bois le lendemain.

    En fait, la majorité des français s'en moque, devenue fataliste et résignée, ne cherchant même plus à s'informer pour réfléchir et comprendre dans quoi ils sont.

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  7. Guerre des tranchés ? Amusante "faute" d'orthographe. On ne leur a pas encore tranché la tête à ces deux-là même si ce n'est pas faute de le souhaiter (symboliquement).
    Guerre des tranchées ? Même pas. On est plutôt dans la cour de récré où les insultes volent bas et où il faut que le maître intervienne...

    C'est assez pathétique tous ces politiques qui s'écharpent par médias interposés. Ne se rendent-ils pas compte de l'image déplorable qu'ils proposent aux Français ? et au monde ? Et ils veulent gouverner la France ? Pire, ils ont gouverné la France ? Et tous ces journaleux, aux aguets d'une petite phrase assassine, prétendent faire de l'information ?

    N'empêche. Que fera Juppé ?
    Soit il valide Copé: Copé sera donc confirmé comme président de l'UMP et c'était bien la peine de faire tout ce cirque...
    Soit il valide Fillon : mais comme Fillon a dit qu'il renonçait à la présidence de l'UMP (il veut simplement la vérité ! ah! ah!) et qu'il n'y avait que 2 candidats, Copé le remplacera comme président de l'UMP et c'était bien la peine aussi de faire tout ce cirque...

    Dans les deux cas, Copé sera un président affaibli (ce qu'il était déjà par le score 50-50), l'UMP risque d'imploser et beaucoup de ses leaders seront déconsidérés. Moralité: mieux vaut laver son linge sale en famille et éviter les médias quand on n'est pas fichu d'organiser convenablement des élections (ou de frauder intelligemment).


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  8. Argh ! ils osent tout ! (du coup mon commentaire précédent est à refaire)

    Fillon ose dire que quand il a dit qu'il renonçait à la présidence de l'UMP, ce n'était que pour laisser Juppé provisoirement à la tête de l'UMP et trouver un arrangement.
    http://www.lefigaro.fr/flash-actu/2012/11/23/97001-20121123FILWWW00413-ump-fillon-s-explique-sur-le-je-renonce.php
    Pourtant, quand on réécoute l'interview, ce n'est pas ce qu'on comprend: http://videos.tf1.fr/jt-20h/fillon-sur-tf1-je-renonce-a-la-presidence-de-l-ump-7679212.html

    Union des Mauvais Perdants ou Union des Menteurs Patentés ?

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  9. Ce qui se passe dans un parti ne regarde que les militants ce sont les fachos de la transparence qui sont cause de ce désastre car s'en est un ,tous les politiciens honnêtes et c'est une grande majorité vont être éclaboussés les journaleux qui sont des chiens comme le disait si bien F Mitterand s'en donnent a cœur joie un flot de pourriture et de propos nauséabonds tous les matins sur France Inter ; MLP est en train d'engranger des voix qui formeront une majorité bientôt

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    1. et le plafond de verre zobie la mouche

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    2. D'accord avec vous comme souvent.
      Sancelrien

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  10. Une élection à pile ou face aurait été plus simple :

    "Supposons un instant que chaque électeur, ne sachant pas se déterminer, ait tiré à pile ou face 50/50 entre les deux candidats. Le résultat d'une pareille élection est donc 50/50% plus une déviation gaussienne d'écart type racine carrée de n divisé par deux, soit de l'ordre de 200. Autant dire que des écarts de 26 ou 95 voix sont indistinguables de pareille situation.)

    Il ne serait donc pas choquant de décider le résultat de cette élection en tirant à pile ou face, plutôt que de se recompter."

    http://david.monniaux.free.fr/dotclear/index.php/post/2012/11/23/Le-sens-statistique-de-l-%C3%A9lection-%C3%A0-l-UMP

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  11. @ Cording

    La décomposition de l’UMP ouvre la voie à la recomposition du paysage politique.

    @ CVT

    C’est juste pour Fillon. C’est d’autant plus incroyable qu’il ne cesse de faire un pas en avant puis un pas en arrière. Il se déclare vainqueur pour imiter Copé dimanche soir. Puis il admet la défaite lundi soir. Mercredi, il remet en question la victoire de Copé avant de dire qu’il renonce à la présidence. Puis, finalement, il ne renonce plus tout à fait. Il ajoute le ridicule à la médiocrité.

    @ JYB

    Très juste : entre les fraudes, un règlement mal ficelé et une mauvaise organisation, comment s’étonner qu’ils aient si mal géré la France. Bon scénario en effet.

    @ Olaf

    Cela favorise la prise de conscience des citoyens qu’il faut changer.

    @ Claribelle

    Merci de me l’avoir signalé. Je crois que Copé va s’accrocher. Il est prêt à tout pour conserver son poste, quitte à déclencher une guerre civile. Fillon est trop hésitant pour aller jusqu’au bout.

    @ Patrice

    Malgré tout, pas sûr que le plafond de verre saute.

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  12. Copé aurait raison de dire que la seule façon de contester les résultats officiels c'est de déposer un recours MAIS ça, ça ne marche que si les résultats sont complets !

    Comment accepter des résultats, même proclamés officiellement, quand il est admis de tous que 3 fédérations ont été zappé ?! Là est la vrai mauvaise foi. Il suffit de réintégrer les 3 fédés, là Fillon gagne, si Copé veut contester, là il peut poser un recours. Voilà le bon sens démocratique.

    J'ajoute qu'une des vrais questions, trop souvent zappée, c'est quand même que Copé aurait dû abandonner son poste à la tête de l'UMP durant la campagne. On a tous vu qu'il a utilisé à fond, rien que pour lui, l'appareil UMP (les réseaux sociaux du parti, les moyens financiers, de transport etc). Si Juppé avait repris la tête du parti pendant la campagne, on en serait pas là. (et rien à voir avec les élections municipales ou autres où le maire reste en place, on sait qu'une élection interne au sein d'un parti c'est totalement différent, on ne peut rester en poste pendant sa campagne !)

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  13. Quelles sont les références de philosophie politique (la sociologie politique ne mène nulle part à mon avis) de l'UMP, du PS, de l'UMPS ?

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