samedi 10 août 2013

Le pic pétrolier, c’est quand ?


En faisant baisser la consommation de pétrole, la crise de 2008 a donné des ailes à ceux qui prédisaient que nous avions atteint le pic pétrolier, ce moment où l’humanité devrait faire avec une production en baisse continue. Mais les dernières années ont montré qu’ils avaient tort, pour le moment.



L’oubli des mécanismes de marché

L’idée que nous ne pourrons plus produire autant de pétrole qu’avant n’est pas nouvelle. Dès les Trente Glorieuses, elle était populaire. Il y a quarante ans, on nous annonçait que nous épuiserions nos ressources en quarante ans et aujourd’hui, on annonce toujours autant de réserves (en oubliant souvent de préciser qu’en réalité, l’ensemble des ressources exploitables est encore supérieur à plus d’un siècle d’exploitation). En 2008, certains ont cru que le pic pétrolier avait été atteint et prévoyait un effondrement de la production dans les années à venir. La réalité a démenti leurs prédictions.



La raison est simple : quand on manque de pétrole, les prix montent, ce qui rend rentable l’exploitation de gisements qui ne l’étaient pas et stimulent la recherche de nouvelles ressources. C’est ce qui explique l’envolée récente de la production de pétrole aux Etats-Unis du fait de l’exploitation des schistes bitumeux, le pendant des gaz de schistes pour le pétrole. Il est donc probable que si l’humanité était confrontée à une pénurie de pétrole, l’augmentation des prix consécutive, non seulement stimulera l’exploration et l’exploitation mais rendra également compétitives d’autres énergies.



Une transition qu’il faut préparer

En fait, il faut bien le reconnaître, les mécanismes de marché, par l’offre et la demande, qui permettent la formation d’un prix d’équilibre, sont de puissants facteurs de régulation de notre consommation et production d’énergie. L’envolée de la consommation (du fait de l’émergence de la Chine) a provoqué une envolée des prix, qui a permis non seulement le développement de champs qui n’étaient pas rentables auparavant (les sables bitumeux au Canada entre autres)  mais a également stimulé l’innovation pour la production d’énergies renouvelables, de plus en plus compétitives.



Bref, la transition énergétique ne se passera pas forcément mal. La hausse des prix accélère la production et freine la consommation, évitant un choc brutal, d’autant plus que la production est répartie sur toute la planète. Malgré tout, il convient de préparer cette transition le plus rapidement possible, non seulement pour des raisons environnementales et climatiques, mais aussi parce que cette énergie n’est pas renouvelable et qu’en plus, notre pays en produit très peu. Il est essentiel de préparer un véritable plan de transition à long terme, qui inclut également la nécessité d’indépendance de notre pays, y compris pour la production des éléments qui permettent de produire cette énergie (panneaux solaires).

Le pic pétrolier devrait finir par arriver mais il est possible que les mécanismes de marché contribuent à en lisser l’impact. Mais pour éviter que cela se passe de manière douloureuse pour les citoyens, avec des crises à répétition, il importe que nos dirigeants l’anticipent vraiment, ce qui n’est pas le cas.

Prochainement, la conclusion de cette série de papiers sur l'énergie

35 commentaires:

  1. ...


    Are We Running Out of Resources ?

    http://www.youtube.com/watch?feature=player_detailpage&v=AcWkN4ngR2Y

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  2. "Il est essentiel de préparer un véritable plan de transition à long terme, qui inclut également la nécessité d’indépendance de notre pays, y compris pour la production des éléments qui permettent de produire cette énergie (panneaux solaires)."

    Panneaux solaires et éoliennes servent à produire du courant électrique. Comme ils le font de manière intermittente, ils nécessitent l'utilisation de centrales à gaz en secours.

    Dans un pays comme la France, qui produit déjà la majorité de son électricité à partir de sources décarbonnées, remplacer la production électrique nucléaire par la production électrique via éoliennes et panneaux solaires ne conduit donc pas à augmenter l'indépendance du pays mais à la diminuer, car le gaz est plus cher que l'uranium et se stocke nettement moins bien.

    La priorité devrait être, non pas de remplacer du nucléaire par des panneaux solaires ou des éoliennes mais de réduire la dépendance aux hydrocarbures du secteur des transports ou du chauffage individuel hors électrique.
    Or, le fonctionnement de l'UE (mais aussi du système médiatique) nous conduit à ne pas suivre ces priorités.

    Le seul endroit où les énergies renouvelables pourraient utilement être déployées, ce sont les DOM TOM qui ne permettent pas de construire de centrales nucléaires et bénéficient de conditions naturelles favorables en ensoleillement et vent.
    Mais cela ne représente pas les 13% d'ENR que l'on s'est laissé imposer par l'Europe.

    Il faut faire attention à ne pas entrer dans le jeu des européistes, qui se sont laissé imposer dans ce secteur des contraintes par les juristes, économistes et lobbyistes européens et ne s'occupent plus que de les justifier (au lieu de les remettre en cause).

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  3. Des prêts de la BCE à la BEI pour des projets d'investissements de transition à l'échelle européenne ne me semble pas interdite par les traités puisque ce sont pas stricto sensu des prêts directs aux états, mais seraient des prêts à des consortiums industriels transnationaux, comme Airbus. Je ne saisi pas pourquoi le gouvernement français ne propose pas cette option de relance économique si ça ne va pas à l'encontre des traités.

    olaf

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  4. Vision assez réaliste Laurent même si on peut aussi parler de ce scénario en termes de probabilité. Et ce scénario me paraît largement probable. Il n'empêche que 20 % de hausse des cours du pétrole (ça s'est déjà vu) et 20 % de dévaluation monétaire (pourquoi pas) la même année, ça ferait quand même un choc, pic ou pas.

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  5. "les mécanismes de marché, par l’offre et la demande, qui permettent la formation d’un prix d’équilibre, sont de puissants facteurs de régulation de notre consommation et production d’énergie". C'est exacte, mais c'est aussi un facteur de déséquilibre de l'économie. La hausse du prix de l'énergie casse la croissance et fait baisser le pouvoir d'achat des ménages. certains parlent ainsi de reprise "en tôle ondulée". La reprise augmente les couts des énergies fossiles, cette augmentation des couts entraîne une crise économique etc… il n'y a qu'une solution intelligente, c'est l'augmentation de l'efficacité énergétique (nouveaux moteurs, processeurs informatiques plus sobres etc.), la sobriété (moins de déplacements inutiles de personnes et d'objets grâce au télétravail et à la relocalisation de la production ) et les économies (isolation des bâtiments). La fête est finie, le gaspillage n'est plus possible, l'autarcie énergétique doit être un objectif économique et stratégique, notamment du point de vue de la sécurité nationale.

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    1. Les mécanismes de marché ne fonctionnent que chez les théoriciens de la finance ou les bisounours dans la vie réelle c'est plus proche du sucre des années 70 pour ceux qui ont connu cette époque et ces méthodes perdurent et se multiplient ; mais vous avez raison la fête est finie et c'est bobo tétète , nous devons passer a la sobriété en commençant par arrêter de nous reproduire comme des lapins il ne peut y avoir de croissance infini et pas d’atterrissage en douceur cela n'a jamais fonctionné de cette façon .

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    2. Pas faux ! Le marché immobilier parisien donne des prix inaccessibles à presque tout le monde (bulle?) et en matière agricole, ça n'a jamais vraiment fonctionné (voir la crise des œufs en ce moment).

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  6. GB ? Toujours la faute des autres, jamais la faute des charges publiques pour casser la croissance !!!!
    La marée motrice ????

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    1. Aucun rapport entre les charges publiques et les dépenses à l'étranger en acquisition d'énergie fossile et d'uranium. Il faut savoir que les importations d'énergies fossiles sont équivalentes au déficit commercial. Le marasme économique (les 30 piteuses) dure depuis le choc pétrolier en raison de ce transfert massif d'argent vers certains pays (qui viennent nous racheter nos entreprises et palaces avec…).
      Marée motrice : la solution ne consiste pas à pourvoir au grand gaspillage avec des énergies renouvelables mais à viser l'efficience maximale. D'autre part, sortons de la vision d'une solution unique et universelle du type nucléaire centralisé. Il faut raisonner en terme de multiplicité des ENR. Par exemple, le bio-gaz fabriqué avec les déchets perdus des industries agro-alimentaires et autres permettrait de faire rouler tous les autobus et poids-lourds de France. Un peu d'audace et d'imagination !

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  7. L'amélioration récente de la balance commerciale tant vantée correspond à une baisse des exportations compensée par une baisse d'importation de carburant due aux comportements plus économes des français, moins de déplacements...

    Je signale l'apparition de panneaux thermos-voltaiques ayant un bien meilleur rendement que les simples voltaïques :

    http://www.quelleenergiepro.fr/actualites/energie-solaire/aerovoltaique-econome-performant-photovoltaique-5032/

    olaf

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  8. @ GB, les charges publiques n'ont rien à voir avec RIEN !!!!
    Elles n'ont pas à voir avec la croissance disent certains ????
    Anonyme (lequel, un fantome) a une autre notion de l'amélioration de la balance commerciale dont se glausse le gouvernement, n'est pas là ou vous la placer !!! je pense sincèrement qu'elle est ailleurs, dans des magouilles qui participent à l'augmentation de la dette, l'accroissement du chomage, les fabrications à l'étranger (délocalisations, sous traitance) en SACRIFIANT la FRANCE .. et, nous, pauvres français ?
    CROIT QUI VEUT ?

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    1. Ce que je veux dire, c'est que même si on était un pays ultra-libéral avec un taux de prélèvement publique de 20% (au lieu de 56% actuellement je crois), on aurait autant d'argent qui part vers les monarchies pétrolières alors qu'on peut s'en dispenser dans une large mesure. C'est un appauvrissement certain du pays et la cause fondamentale de la crise . Nous ne sommes pas dans une crise économique ou financière mais dans une crise énergétique et écologique qui a poussé à l'endettement des États et des ménages pour conserver le même niveau de vie malgré le prélèvement de plus en plus élevé opéré par les vendeurs d'énergie. Et ça va s'aggraver ! Seuls quelques pays s'en sortent comme l'Allemagne, au détriment des autres, et ça ne va peut-être pas durer.
      Pour ne pas faire trop long, car le sujet est complexe, je vous recommande cet article d'un économiste assez iconoclaste et qui ne se bouche pas les yeux :
      http://www.jolpress.com/blog/charles-sannat-retour-croissance-dette-gaz-schiste-820781.html

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  9. Bonjour,

    Il y avait une emission interessante sur Fr.Cult. (Grain a moudre) sur les gaz de schistes recemment.
    J'en ai retire que les gaz de schistes aux USA font baisser le prix de l'energie la-bas, ce qui favorise leurs re-industrialisation dans certains domaines (chimie, plastiques..) au detriment de l'Europe. Du coup, le charbon US devient bon marche et est exporte vers l'Europe (All...) ! Cela a aussi mis fin aux projets de relance du nucleaire... (mauvais pour Areva...).
    Il semble que de nombreux pays veulent suivre les USA et meme si les estimations de reserves de petrole/gaz non conventionnels (pas que les gaz de schistes) sont tres incertaines, on dirait que la fin du petrole/gaz n'est pas pour demain... Et il y a toujours le charbon.. Donc ce n'est pas evident que les renouvelables vont etre boostees...

    Comme d'habitude, j'ai eu l'impression que l'Europe (pas forcement l'UE en tant que telle) se contente d'etre spectatrice et de subir les evolutions externes...

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  10. Ce qui va siffler la fin de la partie, c'est l’arrivée de la confirmation du bouleversement climatique. Là, plus personne ne pourra tortiller du cul devant l'évidence des coûts gigantesques induits des changements qui ne seront plus une hypothèse, mais une réalité clairement mesurable et anticipable. L’atterrissage sera dur...

    olaf

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    1. Je ne vois pas trop pourquoi le changement climatique va induire un baisse de consommation des energies fossiles...
      Ce serait la "bonne" chose a faire bien sur, mais ce n'est pas une raison suffisante pour orienter les decisions economiques ou politiques, qui a chaque instant sont determinees par les interets de court terme. Meme quand on aura 3 ou 5 deg de plus, chaque compagnie/etat continuera a avoir interet a ne pas jouer collectif...

      Je ne crois pas que la "main invisible" du marche reglera la question (pas plus que dans les autres domaines), sauf si les energies fossiles deviennent trop cher. Mais ce ne sera pas a cause du climat, mais a cause de l'epuisement des reserves faciles d'acces..
      Je suis ausi un peu sceptique sur un accord type conference ONU...

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  11. GB ????
    Si vous remplacez les charges publiques actuellement de 56% par 20% de charges.
    SELON VOUS les 36% partiraient ou ? si vous me dites qu'autant d'argent partirait vers les monarchies pétrolières ????
    SINON, dans les caisses de l'état !!
    AVEC CA, vous faites quoi ?
    j'attends votre réponse, car il faut être cohérent .....

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  12. "Si vous remplacez les charges publiques actuellement de 56% par 20% de charges."... eh bien, à vue de nez, vous réduirez la demande de 36% ce qui après effets indirects, réduira le PIB de la france d'environ 50%. on peut s'attendre à un taux de chômage du même ordre... Les entreprises auront moins de charge, mais elles n'auront plus de clients...
    Et si nous sortions de la dépression que vous auriez ainsi provoquée, le secteur privé ne pourra pas produire dans de bonnes conditions quantité de services mal adaptés au marché : protection sociale, éducation, sécurité... notre économie sera devenue beaucoup plus inefficace.
    Bref : pour ruiner la France définitivement, appliquons votre politique !

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    1. Je ne suis pas pour cette solution, c'était une simple supposition ! Si vous baissez les charges publiques, vous donnez plus de pouvoir d'achat aux individus, donc d'un point de vue comptable ça ne change absolument rien. Vous aurez plus de fric et vous le dépenserez et ferez tourner l'économie. Tout le problème est de trouver un juste milieu entre pouvoir d'achat individuel et dépenses publiques. On peut penser qu'en France les dépenses publiques sont un peu trop élevées et le pouvoir d'achat des citoyens un peu trop faible. Moins de ronds-points, de réalisations de prestiges, de sur-administration et d'assistanat et plus de revenus pour les ménages serait peut-être une solution à envisager !

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    2. @ GB

      "Je ne suis pas pour cette solution, c'était une simple supposition !" Ma réponse sur ce point visait Glico,pas vous.
      " Moins de ronds-points, de réalisations de prestiges, de sur-administration et d'assistanat " Pourquoi pas ? Mais cela ne va pas chercher très loin, et à côté de cela il y a tous les domaines où l'Etat ne remplit pas ces tâches : défense nationale, sécurité, investissement public, recherche (à commencer par les solutions de substitution énergétiques qui vous semblent chères), droit du travail... la France n'est pas suradministrée, mais mal-administrée. Les dépenses du public ne sont généralement pas substituables dans de bonnes conditions par des activités privées : rendement privé insuffisant (recherche...), inégalités des citoyens (sécurité, justice, santé...), monopoles (énergies, télécomms...). Or à mesure que la société se densifie et se complexifie, ces domaines s'étendent : l'avenir est bien à l'accroissement de l'intervention publique, à moins que vous préfériez laisser péricliter les services publics non rentables et proliférer les monopoles privés.
      Et à plus court terme, la relance macroéconomique passe par des plans de dépenses publiques, les politiques d'austérité budgétaires produisent ce que je signalais :l'effondrement du PIB et de l'emploi.

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  13. Désolé, mais j'ai beaucoup de mal à partager le catastrophisme énergétique ambiant. Comme le dit Laurent, les mécanismes de marchés, aidés par une politique volontariste de recherche et de taxation, transmettront la contrainte énergétique aux prix. les entreprises et les ménages adapteront leurs comportements. Cette contrainte sera compensée par le progrès technique d'ensemble, et par la réduction du coût des économies d'énergie et des énergies alternatives grâce aux économies d'échelle. C'est un vrai problème de politique économique, mais pas l'apocalypse.

    La crise actuelle n'est pas une crise énergétique - d'ailleurs la croissance mondiale s'est maintenue autour de 3% par an jusqu'à maintenant. c'est une crise de régulation : mondialisation, financiarisation, démission de Etats. La question écolo-énergétique sert de rideau de fumée pour oublier les vrais problèmes : cela dérange beaucoup moins d'intérêts établis de mettre l'appauvrissement sur le compte du prix du pétrole ou du réchauffement que de mettre en cause le néo-libéralisme.

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    1. La catastrophe énergétique est déjà là même si les conservateurs ne la voit pas. L'électricité va augmenter en France de 40% dans les prochaines années et le prix des énergies fossiles fossiles peuvent très bien exploser si l'économie repart (n'oublions pas les besoins gigantesques des nouvelles économies chinoises et indiennes qui tirent tous les prix mondiaux à la hausse : énergie, matières premières, alimentation).
      Les classes moyennes occidentales sont déjà en précarité énergétique sauf s'ils vivent dans une maison BBC (ce qui est très rare). Ça ne veut pas dire que le néo-libéralisme n'est pas en cause. Les deux phénomènes se cumulent. La totalité de l'impôt sur le revenu (IRPP) sert à payer l'intérêt des dettes de l'État et cette dette est due au choc pétrolier. il y a donc appauvrissement endogène de la France en dehors de la mondialisation, qui bien entendu, avec ses délocalisations, aggrave considérablement le problème.

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    2. « La catastrophe énergétique est déjà là même si les conservateurs ne la voit pas. »
      Où est la catastrophe ? La croissance mondiale continue jusqu’à présent à un rythme élevé. Peut-être trop, mais cela annonce des problèmes futurs, pas actuels. Et c’est un mécanisme économique d’une grande banalité depuis 300 ans : la croissance rencontre des goulots d’étranglement qui produisent la hausse des pris et la ralentissent temporairement avant d’être surmontés. Rien de nouveau, sauf si ces goulots-là n’étaient pas surmontables. Mais vous n’avancez aucun argument solide en ce sens, à part des prédictions cataclysmiques (« L'électricité va augmenter en France de 40% dans les prochaines années et le prix des énergies fossiles peuvent très bien exploser si l'économie repart »).

      « Cette dette [de l’état] est due au choc pétrolier » : c’est du grand n’importe quoi ! La dette publique est le produit du ralentissement économique, lui-même dû à la mondialisation et au blocage des salaires. Le pétrole n’y est pour rien. Peut-être explique-t-il une part de la dette EXTERIEURE de la France (ce qui n’est pas du tout la même chose) mais cette dernière renvoie surtout à la surévaluation de la monnaie et à la facilité de l’endettement international.

      Je maintiens donc ce que j’ai dit : le catastrophisme énergético-environnemental est une vaste fumisterie qui, au final, dédouane le néocapitalisme de la responsabilité de la crise.

      (Qu’il soit clair que je suis favorable à des investissements massifs de recherche et d’économie d’énergie, et à la protection douanière des secteurs dont la compétitivité serait menacée par les contraintes environnementales. Tout ceci suppose d’ailleurs un État beaucoup plus actif qu’actuellement.)

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    3. Vous avez une vision de l'économie totalement abstraite, comme on l'enseigne à l'université. Les fondamentaux de l'économie ne sont pas la monnaie, les prix etc. mais la natalité et l'espérance de vie, l'énergie (disponibilité, coûts), la technique et les connaissances, les ressources naturelles et le climat, les territoires disponibles et leurs surfaces…
      Les "trente glorieuses" n'auraient pu avoir lieu sans une énergie abondante et très bon marché et les "trente piteuses" sont arrivées avec l'augmentation spectaculaire du prix du pétrole, bien avant la mondialisation néo-libérale (qui n'a fait qu'aggraver le problème). Les déficits publics sont ininterrompus depuis 1974 (Georges Pompidou/Giscard d'Estaing, bien avant la mondialisation destructrice).
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Déficit_public_de_la_France
      Il y a un rapport étroit entre dette extérieur et déficit des comptes publics, c'est une évidence pour les économistes.
      L'augmentation de 40% du prix de l'électricité dans les années à venir est mentionnée très régulièrement sur les Échos et La Tribune. On peut déjà compter sur 15% dans les trois prochaines années.
      Le prix du baril de Brent est actuellement de plus de 100 dollars (en hausse) en pleine crise économique occidentale, ce qui est anormal. Il est monté à 150 dollars il y a quelques années et pourrait rebondir à ce niveau, voire à 200 ou 250 dollars en cas de reprise économique Europe-USA, ce qui casserai la croissance (tôle ondulée).
      http://fr.wikipedia.org/wiki/Troisième_choc_pétrolier
      il est très difficile de prévoir le prix du pétrole pour l'avenir car de nombreux facteurs complexes s'entremêlent (ressources disponibles en baisse- coût de plus en plus élevé de l'extraction- croissance mondiale- nouvelles consommations (Chine en particulier)- pétrole et gaz non conventionnels- économies d'énergie).
      Pour cette raison, l'article de Laurent Pinsolle est intéressant, mais on peut vraiment se demander s'il y aura, comme il le pense, un auto-ajustement par les prix. Vu l'ampleur du problème (les quantités folles d'énergie consommées sur la planète), on peut avoir des doutes et se demander si ce n'est pas du déni et de la pensée magique. En tout cas, nous devrions nous comporter, individuellement et collectivement, comme si le pire allait arriver, en espérant que ce ne soit pas le cas.
      Une politique vigoureuse de transition énergétique devrait être une priorité économique et stratégique absolue. En commençant par la sobriété énergétique qui est la plus facile et la plus rentable (ça ne sert presque à rien de mettre un capteur photovoltaïque sur une passoire thermique, il faut prioritairement isoler le parc immobilier ancien, les bâtiments résidentiels ou tertiaire consommant 44% de toute l'énergie primaire en France).

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    4. " les "trente piteuses" sont arrivées avec l'augmentation spectaculaire du prix du pétrole"

      Après le "choc"de 1979 et jusqu'au début des années 2000, les prix du pétrole sont restés faibles.

      "Les déficits publics sont ininterrompus depuis 1974 (Georges Pompidou/Giscard d'Estaing, bien avant la mondialisation destructrice)."

      Oui, mais rien à voir avec le pétrole. C'est à cette époque que commence la "mondialisation destructrice" dont vous parlez. On refuse les mesures protectionnistes nécessaires et très rapidement on freine les hausse de salaires, et la demande avec. Dès les années 70, on commence à déréglementer la finance.
      En fait il faut attendre les années 80 pour que cette politique aboutisse : croissance faible mal soutenue par les déficits publics.

      "Il y a un rapport étroit entre dette extérieur et déficit des comptes publics, c'est une évidence pour les économistes."

      Si c'est une "évidence", vous pourrez sans doute facilement justifier cette affirmation...

      "nous devrions nous comporter, individuellement et collectivement, comme si le pire allait arriver,"

      En effet. Mais cela suppose de restaurer les moyens d'une politique économique efficace, donc ne pas se tromper de priorité. La mise en cause du néolibéralisme permet d'aborder plus efficacement le problème énergétique. Mais il faut commencer par le commencement.

      "... la sobriété énergétique qui est la plus facile et la plus rentable..."

      Tout à fait d'accord.

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    5. j'oubliais :"l'augmentation de 40% du prix de l'électricité" en France résulterait de l'unification du marché européen,le niveau des prix étant déterminé par les producteur les moins performants. c'est un mécanisme classique de rente - préoccupant, mais pas nouveau.

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    6. Sur le photovoltaïque dit par GB c'est tellement vrai et j'ajoute que c'est pire si possible car c'est un produit financier , il y a 3/4 ans je m'y intéressai mais je n ' intéressai personne car n'ayant pas besoin de prêt

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  14. @J.HALPHEN ! de mieux en mieux ??? Monsieur le fonctionnaire

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  15. Très déçu par ce billet cornucopiste !

    Faut-il rappeler que le pic de pétrole conventionnel a bien eu lieu, en 2006 ?
    http://petrole.blog.lemonde.fr/2010/11/18/tout-va-bien-le-peak-oil-est-atteint-dit-lagence-internationale-de-lenergie/

    Qu'il n'existe aucune solution de rechange et que le pétrole de schiste ne résoudra rien ?
    http://www.avenir-sans-petrole.org/article-la-bulle-des-gaz-et-petrole-de-schiste-va-bientot-eclater-115274530.html

    Que la crise économique que nous vivons est due à la fin du pétrole peu cher, qui empêche tout retour à la croissance ?
    http://www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=iana7

    Pourtant, les faits sont là : "quand on manque de pétrole, les prix montent", or les prix ont doublé (de 50 à 100$) en 4 ans, et rien n'indique que cette hausse va ralentir !

    C'est vrai, il aurait fallu anticiper cette crise du pétrole ; au vu du temps requis pour développer des énergies renouvelables EFFICACES (le solaire et l'éolien en sont encore loin, malheureusement), c'est trop tard, et la crise ne fait donc que commencer.

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    1. "Faut-il rappeler que le pic de pétrole conventionnel a bien eu lieu, en 2006 ?"


      On en reparle dans 50 ans, je dirai 100 mais aucun de nous ne serons là. Le pic a été annoncé tous les 30 ans depuis la fin du 19ème siècle.

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  16. Quelques precisions et chiffres, la encore peu consideres dans la presse ou par les organismes en general :

    - Cout d un forage d un puits + cote-part exploration et mise en valeur (type mer du Nord) ~ 1/2 Milliard
    - Cout de construction d une raffinerie 1-2 Milliards

    Ce sont des investissements qui necessitent une visibilite meme si le cout de production in fine est inferieur (si le projet fonctionne bien) au non-conventionnel, qui lui supporte des conditions d investissement peut etre plus aleatoires (sable bitumineux canadiens : grattage de surface uniquement par exemple).

    C est bien simple, le pic petrolier est estime dans les perspectives de ce que l on a bien voulu se donner la peine de connaitre suffisamment pour une exploitation effective ou eventuelle. Or, cela fait maintenant plusieurs decennies que l on ne fait plus rien d envergure dans le domaine, compare aux annees 70 (Daa-llas, tonnn univers impitoya-a-bleuh...).

    A chaque fois q un ouragan fauche ou menace les raffineries du Sud des Etats, le marche est tres tendu parce que l on herite d un lourd historique de sous-investissement.

    La recherche de gisements a souffert de meme.

    Ca ne change pas le fait que plus on a brule moins il en reste, mais il faut garder a l esprit la realite de l industrie lorsque l on veut comprendre ce que signifie vraiment la calendrier du pic petrolier.

    -jb

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  17. Vous reprendrez bien un peu d'arsenic :

    The EPA also found arsenic in groundwater near fracking sites in Pavillion, Wyomin, four years ago — a study the agency later abandoned.

    http://www.mining.com/high-levels-of-arsenic-in-water-near-fracking-sites-in-texas-97615/

    olaf

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  18. @ Tous

    Point de vue intéressant de The Economist, qui évoque la possibilité d’un pic de demande et non d’offre pour le pétrole dans les années à venir :

    @ Anonyme

    Je suis bien d’accord sur le solaire et l’éolien, qui tant qu’on ne saura pas stocker l’énergie, posent de vrais problème.

    @ Olaf

    Des prêts de la BCE me semblent complètement contraires à la lettre et à l’esprit des traités européens. Merci pour le lien. Sur le changement climatique, il me semble qu’il est dur d’avoir des certitudes aussi ancrées.

    @ Rieux

    Très juste. Il y aura sans doute des chocs. Mais pas forcément un nouveau triplement des prix.

    @ GB

    Totalement d’accord avec votre premier point. Moins avec celui qui est de dire que nous sommes premièrement dans une crise énergétique même si je reconnais l’ampleur des problèmes actuels. Nous sommes d’abord à mon sens dans une crise de la mondialisation et du laisser-fairisme économique qui frappe notamment les pays dits développés et les plus pauvres.

    Pas sûr que les prix explosent, cf papier de The Economist.

    @ Anonyme

    Comme toujours.

    @ J Halpern

    Merci pour les réponses que je partage.

    @ Gérard Bodin

    Pas d’accord : couper en deux le pétrole conventionnel et le pétrole non conventionnel est un artifice de présentation. La production de pétrole a continué à augmenter, contrairement aux prévisions de certains. Mais cela n’exclut en aucun cas qu’il faut réduire notre dépendance aux hydrocarbures.

    @ JP

    Merci.

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  19. Voir que vous prenez le problème en considération est très encourageant. Cependant, comme vous restez un indécrottable optimiste, sympathique par ailleurs, je vais ajouter une nouvelle fois ma petite couche à ce qui a été écrit ci-dessus.

    Il y a aura choc. D'ailleurs, il a déjà eu lieu. N'avez vous pas remarquer la disparition de la croissance ?

    Personne, n'a jamais dit que le pic pétrolier serait l'arrêt brusque de la production de pétrole. Comme en montagne, quand on a atteint le pic on voit bien l'autre versant : celui qui redescend. Les Américains ont dépassé leur pic pétrolier depuis longtemps et pourtant, ils en produisent toujours. Il y aura encore du pétrole dans 50 ans; à un coût financier et environnemental hyper-élevé. Les gaz de schiste, les pétroles de schiste, les sables bitumineux sont là pour le prouver. Ce sont de mauvaises solutions, hyper polluantes. Pis, leur rentabilité montre que nous touchons la fin d'un cycle.

    Mais surtout, comme le note The Economiste, la première partie de la courbe de pétrole nous l'avons goulûment avaler à peu de convives autour de la table (les Occidentaux, quelques Japonais...). Aujourd'hui, les trois milliards d'Indiens et de Chinois vont largement changer la donne. Les courbes sont en ciseaux. Celle du pétrole va diminuer, celle de la consommation va augmenter. Et le pétrole est de plus en plus difficile à extraire...

    Enfin, nous ne produisons pas de pétrole. Donc nous sommes dépendants de ressources externes. Donc il nous faut une monnaie forte pour acheter du pétrole. Si, comme vous le souhaitez, nous sortons de l'euro, les 10, 15 ou 25% de dévaluation vont renchérir d'autant son prix.

    Pour terminer, le plus important, c'est que la majorité de consommateurs et les politiques qui les représentent ne sont pas vraiment prêt à l'urgence. Il y a toujours des solutions miracles en lesquelles espérer. Et puis, il y a le charbon...

    Je vous remets cette vidéo instructive : http://www.youtube.com/watch?feature=endscreen&v=xxbjx6K4xNw&NR=1

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  20. Monsieur Pinsolle, j'aime beaucoup ce que vous dites, mais là, vous vous plantez complétement. Mes tablettes personnelles indiquent, au contraire, un rendement ridicule du pétrole de schiste US.
    En 2005, 500 000 puits produisaient 5 millions de barils jour, le pétrole, on en a creusé plus de 700 000 pour rajouter 2.3 barils (et encore, une bonne partie de l'augmentation provient de l'offshore profond).
    Mais, ce qui est indubitable, c'est l'effondrement de la demande pétrolière interne, passé de 21 millions de barils jour depuis 2005 à une fourchette de 14-15 aujourd'hui, ceci, attesté par le gouvernement américain :
    http://www.eia.gov/dnav/pet/hist/LeafHandler.ashx?n=PET&s=A103600001&f=M
    http://www.eia.gov/dnav/pet/PET_MOVE_WKLY_DC_NUS-Z00_MBBLPD_W.htm
    En outre, le prix n'est qu'un miroir, celui de la débauche d'énergie dépensée pour extraire le produit. Il est de plus en plus défavorable, et quand augmente le prix de l'énergie, augmente aussi le prix qu'il faut payer pour extraire le jus.
    Le dernier gisement géant non encore exploité, Kashagan, voit ses prix d'exploitations augmenter sans cesse au fur et à mesure qu'augmente le prix du pétrole. C'est une course sur un tapis roulant qui va de plus en plus vite.
    Quand aux USA, ce qui est centrale pour l'exploitation du pétrole de schiste, c'est le système fiscal US, qui maintient en vie des puits depuis très longtemps sans grand intérêt énergétique.
    Si les USA on toujours eu les 2/3 des puits en activités, en 1945, ils produisaient les 2/3 du pétrole extrait, et aujourd'hui, entre 5 et 10 %.
    Il n'y a aucun miracle, en la matière, et plus important que le prix, le taux de retour énergétique s'effondre.
    http://fr.wikipedia.org/wiki/Taux_de_retour_%C3%A9nerg%C3%A9tique
    D'une manière générale, le TRE s'effondre, toutes énergies confondues, et c'est bien cela le problème principal de nos sociétés...

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  21. Il est vrai que les mécanismes du marché on été oubliés dans l'analyse du pic pétrolier.
    Pourtant, nous y sommes bel et bien !
    Le pic global tout liquide sera probablement atteint avant 2020.

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