vendredi 14 mars 2014

Les fariboles du pacte de responsabilité


Billet invité de Thomas Schott

Le 14 janvier dernier, François Hollande annonçait “officiellement“ sa nouvelle politique économique : “le socialisme de l’offre“. Derrière cet aphorisme issu du théorème de Schmidt se cache un suicide économique pour la France. De fait, cette politique de l’offre n’améliorera pas la situation des entreprises ni de l’emploi.

La preuve par les “subprimes“.

Jusqu’à la fin des années 1970, la part des salaires est à peu près stable : c’est la période dite “fordiste“. Or, les crises des années 1970 vont laminer les profits des entreprises. Sachant qu’à cette période ceux-ci vont principalement dans l’investissement (faute de pouvoir actionnarial assez fort), l’effet est la chute du taux d’investissement et in fine la récession.

Dans un premier temps, pour relancer l’activité économique, une politique de relance keynésienne est mise en place au début des années 80. Cependant, cette méthode a une faille. Comme l’explique le cabinet d’analyse financière Ferri, dans un régime de libre-échange, le pouvoir d’achat distribué file directement dans des pays à coût de production plus faible. Ainsi, selon l’étude réalisée par le cabinet, une politique keynésienne est efficace à condition qu’elle soit couplée à des mesures protectionnistes.
Dès lors, après l’échec de la relance keynésienne, est installée une politique néolibérale entraînant un recul de la part des salaires.


Cette baisse s’est faite au nom du “théorème de Schmidt“ selon lequel “les profits d’aujourd’hui sont les investissements de demain et les emplois d’après-demain“. Contrairement à ce que prétend cette légendaire ânerie, ce scénario n’a jamais fonctionné. La rentabilité des entreprises s’est rétablie mais cela n’a emmené ni investissement (taux d’investissement selon l’INSEE: 22% en 1970 contre 15% en 1986) ni emplois. En d’autres termes, les profits ont permis d’augmenter les rémunérations des actionnaires. On assiste donc à une financiarisation de l’économie au détriment du pouvoir d’achat et du chômage :


Dans une telle configuration, une question se pose : celle des débouchés. De fait, le moteur du capitalisme est double : il a besoin à la fois de rentabilité et de débouchés. Dès lors, vu que le pouvoir d’achat baisse, il faut trouver des débouchés. De sorte à soutenir la consommation, les autorités ont donc ouvert la vanne du crédit. Ce procédé a permis de maintenir la demande jusqu’à ce que la bulle éclate en 2008 :




François Hollande ? Bis repetita.

Le pacte de responsabilité proposé par François Hollande aux entreprises a comme objectif que celles-ci rétablissent leur taux de marge pour qu’elles produisent et embauchent plus. Certes, il y a bien un problème de taux de marge mais pour le comprendre il faut revenir à la crise de 2008. La récession issue de l’effondrement du système financier international, a fortement contracté la demande. Résultat : sous-exploitation des capacités productives, baisse de la production et hausse du chômage. C’est donc d’abord cette rétraction de la consommation qui explique la baisse du taux de marge des entreprises. Dans un tel schéma, les recettes des entreprises fondent comme neige au soleil car celles-ci payent un appareil productif sous exploité, du fait du manque de débouchés. Elles attendent donc une reprise des commandes qui ne pointent pas le bout de son nez. Et pour cause : sur injonction de la troïka – FMI, BCE et commission européenne – la France s’est engagée, les deux pieds dedans, dans une politique d’austérité (hausse des impôts et baisse des dépenses publiques*).
Pour contrebalancer cet effondrement de la demande intérieure, le gouvernement et l’ensemble de l’Europe se sont tournés vers les marchés extérieurs. Or, un difficulté apparaît : un pays seul peut compenser sa faible demande intérieur en se tournant vers l’étranger mais à l’échelle de l’Europe cela ne peut fonctionner car les déficits de balance commerciale des uns font les excédent des autres. Résultat : chaque pays s’acharne pour augmenter ses débouchés, qui sont eux-mêmes réduit par l’austérité et in fine les taux de marges s’amenuisent encore.

Ainsi en proposant une bouffée d’air frais aux entreprises (baisse des charges compensée par une baisse de la dépense publique*), François Hollande ne fera qu’aggraver la récession. Car le président, économiste de formation, oublie une chose : tout est fonction du carnet de commande. Les entreprises produisent, investissent et embauchent en fonction. En absence de débouchés, le baisse des charges sera épargnée par les entreprises car celles-ci, et à raison, ne peuvent investir et/ou embaucher sans demande.
Face à une telle menace, soit le gouvernement se met à la mode anglaise et amène à un futur effondrement du système financier ou alors il remet tout à plat pour trouver la cause des causes.

Thomas Schott

* Les dépenses publiques sont soit une demande adressée aux entreprises par l’Etat soit des salaires (salaires des fonctionnaires ou prestations sociales) qui sont consommés et absorber par le secteur privé. La dépense publique est donc productive, créatrice de richesse.

8 commentaires:

  1. Très bonne synthèse des impasses de la gestion de l'économie française depuis 40 ans. Vous montrez très bien en particulier que l'endettement ne tombe pas du ciel mais le complément obligé de l'austérité salariale. La conclusion à en tirer est qu'une politique alternative doit absolument assurer la réindexation des salaires et prestations sociales sur la productivité, c'est-à-dire l'exact contraire de ce que serinent les bons esprits néolibéraux.

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  2. je pense dommage que l'n utilise désormais le néo libéralisme à toutes les sauces : Je suis un patriote, pour la liberté d'entreprendre et, se comporter avec justice et égalité vis à vis du peuple dans son entier.
    JUSTICE et EGALITE pour tous les FRANCAIS, sans aucune distinction

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  3. Hollande économiste de formation ! C'est à mourir. Il est nullissime. La preuve en est qu'il est en échec, que ses solutions n'ont aucune chance d'aboutir et qu'il se contente de presser les Français comme des citrons. N'importe quel imbécile, accompagné par des communicants intéressés, est capable de prendre les mêmes mesures (plus de taxes, plus d'impôts, moins de prestations ...).

    Par ailleurs, comme l'explique fort justement et avec une très grande clarté Descartes sur son blog le 15 février 2014, il s'agit d'une politique de compétitivité et non d'une politique de l'offre." Cette politique est fondée sur le fait que la demande interne n’est pas suffisante, mais que dans un contexte de libre circulation, on ne peut rien y faire. La croissance ne peut se faire qu’en réponse à la demande étrangère. Et pour cela, il faut que nos produits soient compétitifs sur le marché international". Autrement dit, nous, citoyens français, salariés français, nous ne comptons plus. Le travail est ailleurs, les consommateurs sont hors de France et la démocratie est révolue (cf. le TSCG). Faut-il vous faire un dessin ?

    Hollande est un suiviste, un conservateur libéral, qui ne changera rien aux règles du jeu. C'est un menteur, qui méprise les Français, qui n'a, je le répète, aucun projet, aucune vision, aucun courage. Les politicards de droite, qui disaient qu'il manquait d'envergure, de stature, avaient vu juste. Il est vrai que son passé de premier secrétaire perpétuel du PS aurait dû amener ses électeurs à se poser des questions.

    Donc, zéro pointé à Sarkozy et zéro pointé à son jumeau Hollande, qui peut sans problème se présenter pour défendre les couleurs de l'UMP en 2017. Ce sont des politicards qui illustrent la nullité et la vénalité de l'UMPS.

    Demos

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  4. Les entreprises investissent et embauchent quand leurs carnets de commande se remplissent et qu'elles ne peuvent pas faire autrement pour augmenter leurs profits.

    Si le carnet de commande est vide, ou si l'entreprise peut augmenter ses profits sans le satisfaire, elle n'investira pas ni n'embauchera.

    Prélever de l'argent dans la poche du consommateur pour offrir des profits sans investissement ni embauche aux entreprises dont le carnet de commande est déjà insuffisant, c'est vraiment la dernière chose à faire.

    Et c'est exactement ce que FH a décidé. Le résultat ne fait aucun doute. Nous allons avoir encore moins de croissance, d'investissement et d'embauches, mais les riches auront réussi à s'enrichir encore grâce à cela. Difficile de croire que là n'est pas le seul but de l'opération.

    Ivan

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  5. répétition ... je ne comprends pas comment des "anonymes" conbtinuent à faire la leçon sur ce site !!!! c'est un manque de courage de ses opinions, ce que j'appelle des bénis oui oui...

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    1. Autrement dit, seuls ceux qui déclinent leur identité sont libres de s'exprimer, les autres étant priés ("bénis oui-oui") garder leurs idées et leurs convictions pour eux. Monsieur Gilco a l'âme d'un censeur et ne comprend pas qu'il y ait des hommes et des femmes pour qui ce sont les idées qui comptent et non le fait de s'appeler Gilbert ou Josette.

      Malheureusement, cher Monsieur Gilco, le fait de s'identifier ne rend pas forcément les commentaires sensés, pertinents. Tu en es l'illustration.

      Demos (ou tout ce que tu voudras d'autre)

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    2. Demos, c'est plus court ;)

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  6. Demos
    1°) pas très malin ton commentaire
    2°) commence donc par respecter les idées des autres
    3°) sois un peu moins suffisant, à chacun ses vérités !!!!)
    4°) je respecte la liberté de penser, fais en autant....
    5°) sois pragmatique après tu pourras discuter avectout le monde, pas qu'avec des bénis oui oui.

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