mercredi 17 décembre 2014

L’effarante visite de Moscovici dans la chaudière grecque


Lundi, Pierre Moscovici est venu soutenir le gouvernement de droite, deux jours avant un vote décisif. Une visite révélatrice de ce qui ne va pas dans cette Europe, entre le soutien à des politiques en échec depuis des années, et la récompense de l’incompétence et indistinction politique.



La prime à l’incompétence et l’indistinction ?

On ne dira jamais assez à quel point il est effarant que Pierre Moscovici soit devenu commissaire européen à l’économie cette année. Voici un ministre, qui, en 2012, annonçait que le déficit budgétaire de la France atteindrait 3% du PIB en 2013. Un an après, soldant l’échec de la politique qu’il avait mise en place, qui prolongeait celle du gouvernement précédent, notamment pour les hausses d’impôts, il annonçait que finalement, il faudrait attendre deux ans de plus. Un peu plus d’un an plus tard, son remplaçant, Michel Sapin, a de nouveau repoussé l’échéancier de deux ans. Bref, ce qu’il annonçait pour 2013, le serait en 2017. Et encore, la majorité aura le temps de changer d’ici là…

Quelle légèreté et quelle inconscience de l’avoir nommé à un tel poste ! Lui, qui a échoué en France, doit  maintenant guider l’Europe entière ! Toujours aussi incroyable, le voici qui va soutenir l’équipe au pouvoir en Grèce quelques jours à peine avant des élections présidentielles décisives. Non seulement cela pose un problème de crédibilité quand la Commission demande quoique ce soit au pays, mais le soutien, par un commissaire étiquette à gauche d’un gouvernement largement dominé par la droite, renforce encore l’indistinction grandissante entre ce qu’on appelle la gauche et la droite de gouvernement en Europe. Dans un sens, cela clarifie sans doute le débat politique, mais malheureusement, cela profite aussi assez souvent, mais pas toujours heureusement, à des partis extrémistes.

Athènes au bord de la rupture ?

Déjà, en 2012, les élections législatives avaient été extrêmement serrées, Nouvelle Démocratie l’emportant d’extrême justesse devant Syriza, dont le programme, peu compatible avec le cahier des charges de la troïka, avait tout pour ouvrir la voie à une issue argentine, et provoquer une sortie de la Grèce de la monnaie unique. L’élection présidentielle anticipée, qui devait initialement se tenir en février 2015, créé une situation difficile car elle nécessite une majorité de 180 députés sur 300, que n’a pas la majorité actuelle, qui devra recruter hors de ses rangs. Sans cela, cela provoquerait des législatives anticipées, qui pourraient alors être gagnées par Syriza, actuellement en tête dans les sondages.

Mais dès lors, pourquoi le Premier Ministre a accéléré l’agenda ? Et s’il jouait simplement la surprise pour renverser une situation perdante ? Il a récemment durci le ton à l’égard de la troïka, refusant de nouvelles coupes, mais il s’agit peut-être d’une simple posture destinée à rassembler les voix nécessaires pour son candidat à la présidence de la République… Dans ce cadre, difficile de savoir quelle sera l’influence des interventions de Pierre Moscovici et de Jean-Claude Juncker, qui a indiqué qu’il souhaitait que « la Grèce soit gouvernée par des gens qui aient un regard et un cœur pour les pauvres gens en Grèce (…) mais aussi qui comprennent la nécessité des processus européens ».

Le scrutin de mercredi permettra de comprendre comment les élus Grecs ont perçu les interventions de la cette Commission, qui s’immisce déjà tellement dans la direction politique du pays. Soit elle aura soudé et renforcé l’opposition à sa politique, soit la peur du vide lui permettra de passer en force.

11 commentaires:

  1. Tout à fait d'accord avec cet article, sauf avec cette notion de "parti extrémiste". Les extrémistes ce sont Moscovici et sa bande.

    D'autre part, on voit actuellement sur tous les médias bien-pensants une multitude de commentateurs qui craignent que Syriza arrive au pouvoir en Grèce, c'est hallucinant cette unanimité, un peu comme sur l'Ukraine.

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    1. Il faudrait quand même être sérieux, les copains.
      Moscovici envoie un signal très clair aux cancres et aux fainéants de France et d'Europe : "toi aussi tu peux réussir en restant près du radiateur en flattant ton prof principal. Même si tu as des mauvaises notes, demain c'est toi qui corrigera les copies. Pour le reste, oublie les fables de grand papa, l'intelligence, le courage et la détermination ne servent à rien si t'es fils à papa (comme moi). Si c'est pas le cas, alors là bien sûr, comme le disait Coluche, ce sera dur, très dur surtout si tu es p.... et n... (censuré)."

      DemOs

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  2. Si le parti Syrisa refuse l’élection du nouveau Président de la République provoquant de ce fait des élections législatives anticipées et s’il gagne ces élections que va-t-il se passer ?

    Première question va-t-il pouvoir gagner ces élections même s’il est actuellement en tête des sondages car tout sera fait d’ici à la date des élections pour terroriser la population grecque sous la pression des marchés financiers, des politiques, des institutions européennes et des institutions grecques pro-euro, etc. Le gouverneur de la Banque de Grèce et ancien ministre des Finances Yannis Stournaras a évoqué des risques de "dommages irréparables à l'économie" du fait de l'instabilité politique.Un membre de l'exécutif, Dimitris Stamatis, a qualifié Alexis Tsipras, le leader de Syriza, de "dangereux pour le pays" Est-ce que, de ce fait, les sondages ne vont pas s’inverser en faveur du pouvoir en place d’ici la date des élections ?

    https://fr.news.yahoo.com/gr%C3%A8ce-premier-tour-dune-%C3%A9lection-pr%C3%A9sidentielle-%C3%A0-gros-063933450.html

    Deuxième question admettons que Syrisa gagne quand même les élections, que va-t-il pouvoir faire ? On sait en gros que son programme c’est d’alléger la dette grecque ainsi que l’austérité sans sortir de l’euro. Une restructuration de la dette si Syrisa veut maintenir la Grèce dans l’euro va nécessiter l’accord de la Troïka sur les termes de la restructuration autrement la BCE va couper l’accès aux liquidités et tout programme de soutien aux banques grecques et l’Etat Grecque ne pourrait plus emprunter sur les marchés financiers. Toutefois en peut me rétorquer que puisque l’Etat grecque peut maintenant faire un excédent primaire s’il se met en défaut total sur la dette, il n’a plus besoin d’emprunter sur les marchés financiers qui lui refuseront tout financement après le défaut complet sur la dette. C’est faux, à mon avis, car il risque d’avoir besoin d’argent pour financer les banques grecques en quasi-faillite et qui ont besoin d’argent, ce qui suppose à nouveau le passage par la troïka, tant qu’on est dans l’euro. En sortant de l’euro les banques grecques pourraient être recapitalisées directement par la banque centrale nationale de même que l’État grecque pourrait se financer directement, au moins, en partie, auprès de celle-ci. Le problème que rencontrerait la Grèce serait alors celui que connaissent certains pays émergents, ces derniers temps, d’une forte baisse du taux de change de la monnaie nationale dans le régime des changes flottants. Pour un pays qui importe beaucoup c’est ennuyeux et ce sera délicat à gérer par le pouvoir en place, mais dans une optique de long terme mieux vaut une monnaie sous-évaluée que surévaluée. Il aurait fallu le faire en 2010 au moment du déclenchement de la crise. Aujourd’hui la Grèce ,si elle avait été bien gérée depuis, commencerait à en tirer profit.

    Cela fait maintenant un moment que l’actuel gouvernement grec réclame une nouvelle restructuration de la dette qui lui a été toujours refusée par la troïka, même si cette dette est trop élevée pour être soutenable, car elle est maintenant largement détenue par des financeurs publics. Une restructuration de la dette grecque ce sont sans doute des milliards d’euros de perdus pour la France. Le gouvernement actuel de la Grèce n’a jamais fait de ce refus de restructuration un Casus belli. Que fera Syrisa s’il gagne les élections législatives en cas de refus persistant de restructuration de la dette grecque et de refus de allègement de l’austérité ?

    Saul

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    1. La tribune : Grèce : que fera Syriza une fois au pouvoir ?

      http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141212tribbbbf0fd89/grece-que-fera-syriza-une-fois-au-pouvoir.html

      Saul

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  3. Aujourd'hui, c'est le premier tour de l'élection présidentielle en Grèce.

    Je sens que ça va encore être un feu d'artifice.

    Mercredi 17 décembre 2014 :

    Le spectre d'un risque systémique éloigne Wall Street des 18.000 points.

    Wall Street se voyait déjà début décembre conquérir le Graal des 18.000 points mais la chute de l'or noir fait planer l'ombre d'un risque systémique sur des marchés américains angoissés par la perspective d'avoir trop misé sur l'énergie.

    http://www.romandie.com/news/Le-spectre-dun-risque-systemique-eloigne-Wall-Street-des-18000-points/546884.rom

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  4. Le plus effarant dans cette affaire est de voir l'inertie des électeurs grecs, qui préfèrent continuer à confier la direction du pays à des individus au service de la Troïka et des intérêts des banquiers.

    DemOs

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  5. Présidentielle en Grèce : les députés n'y arrivent pas

    Le Parlement grec a échoué mercredi soir, comme prévu, à rassembler 200 voix sur 300 sur le nom du candidat à la présidence de la République proposé par le gouvernement, Stávros Dímas, a annoncé le président de l'Assemblée. Selon le décompte officiel, "au total 295 députés ont voté, cinq étaient absents, 160 ont voté en faveur de Stávros Dímas et 135 contre ", a annoncé Evangelos Meimarakis. Stávros Dímas, ex-commissaire européen et cadre de la droite, était le seul candidat. Le gouvernement de coalition droite-socialistes, qui dispose de 155 députés, n'a donc pas atteint à ce premier tour les 165 voix espérées officieusement, réalisant même le minimum attendu par les observateurs. Deux autres tours sont prévus les 23 et 29 décembre, mais s'ils s'avèrent infructueux, des législatives anticipées devraient être convoquées, un scrutin à hauts risques pour le gouvernement, le parti de gauche radicale Syriza étant favori des sondages. Cette élection est observée avec attention à Bruxelles et dans les principales capitales européennes, où le programme du Syriza, suscite des réserves. La confrontation verbale entre le Premier ministre conservateur Antónis Samarás et Alexis Tsipras, chef du Syriza, a atteint le niveau maximal ces derniers jours.
    Spectre d'une sortie de l'euro

    Antónis Samarás a brandi le spectre de la sortie de la Grèce de l'euro en cas d'une victoire du Syriza en estimant que le vote en faveur de Stávros Dímas était "un choix pour éviter une aventure politique qui pourrait s'avérer fatale à l'évolution européenne du pays". De son côté, Alexis Tsipras a qualifié dimanche Antónis Samarás de "Premier ministre du chaos" en indiquant qu'il était capable de "mettre en scène une fuite des capitaux" pour attiser la peur des électeurs. Le gouvernement ne s'attend pas à faire élire de président avant le troisième tour, le 29 décembre, un vote qui requiert une majorité abaissé à 180 députés. Il compte sur les députés indépendants et les alliances avec certains parlementaires.
    Le vice-premier ministre Evangélos Vénizelos, chef des socialistes Pasok, a appelé "au consensus des députés du camp démocratique". "Nous avançons jusqu'au troisième tour (...) en tentant de se rapprocher des partis du camp démocratique, conclure la négociation avec les créanciers ; les élections (générales) seraient nuisibles aux intérêts grecs", a-t-il dit lors d'un discours mercredi devant son groupe parlementaire.

    http://www.lepoint.fr/monde/presidentielle-en-grece-les-deputes-n-y-arrivent-pas-17-12-2014-1890598_24.php#xtor=CS3-190

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  6. Tsipras déterminé à maintenir la Grèce dans la zone euro
    ATHENES (Reuters) - Alexis Tsipras, chef de file du parti de la gauche radicale grecque Syriza, se dit déterminé à maintenir la Grèce dans la zone euro en cas d'arrivée au pouvoir mais ajoute dans une interview accordée jeudi à Reuters qu'il reviendrait sur les politiques d'austérité et négocierait un allègement de la dette avec les créanciers d'Athènes. Syriza, donné en tête des intentions de vote par les instituts de sondage, ne prendrait pas de mesures unilatérales, ajoute-t-il. "En ce qui concerne la dette et les accords de crédit que nous renégocierons, nous n'avons nullement l'intention d'agir de manière unilatérale à moins qu'ils nous forcent à le faire, même si je ne pense pas que quiconque nous forcera à agir ainsi, parce que nul ne bénéficierait d'une telle évolution, au coeur de l'Europe", explique-t-il. Syriza, affirme Tsipras, est déterminé à conserver l'euro, et cet engagement devrait aussi être celui des partenaires de la Grèce au sein de la zone euro. Il indique que les crédits accordés par le Fonds monétaire international devront être remboursés mais estime en revanche que l'Union européenne devra réduire ou effacer une large part de la dette grecque et qu'il faudra obtenir un rééchelonnement de l'échéance des obligations détenues par la Banque centrale européenne. "Négociation signifie que nous voulons une solution consentie"…

    https://fr.news.yahoo.com/tsipras-d%C3%A9termin%C3%A9-%C3%A0-maintenir-la-gr%C3%A8ce-dans-la-152204680--business.html

    Ca va couter combien à la France et au contribuable français la nouvelle restructuration de la dette grecque ? On le saura le moment venu. Ca coutera obligatoirement quelque chose car la BCE n’a pas le droit de réduire une dette d’État par création monétaire, même le Japon et les USA ne le font pas. Après il y aura la dette italienne à réduire également car elle est énorme et que ce pays n’a plus de croissance. Pour La France ça viendra aussi. l’Italie est seulement en avance sur nous dans l’apparition de la nécessité du besoin de restructuration de la dette. Quelque chose doit passer au-dessus de la tête de Tsipras qui ne se rend pas compte que le cadre institutionnel de l’euro est en faillite.

    Saul

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  7. On sait combien le gouvernement grec peine à trouver une majorité pour élire son candidat à la présidence de la République et, ainsi, éviter des élections anticipées. Lors du premier tour de cette élection, le candidat gouvernemental Stavros Dimas, n'a obtenu que 160 voix, soit 7 de plus que la majorité parlementaire, mais encore loin des 180 voix nécessaires à l'élection au troisième tour, dernière possibilité d'éviter le scrutin anticipé.
    3 millions d'euros pour élire un président
    Mais ce vendredi 19 novembre, un député du parti eurosceptique de droite, les Grecs Indépendants, a annoncé avoir été approché par un intermédiaire qui lui aurait proposé 2 à 3 millions d'euros, dont 700.000 en liquide, plus divers autres avantages pour voter en faveur de Stavros Dimas. Ce député, Pavlos Haikalis, a refusé et fournit, pour appuyer ses dires, des vidéos montrant l'approche de cet intermédiaire qui, selon lui, appartient au « secteur de la finance.

    https://fr.news.yahoo.com/gr%C3%A8ce-t-tent%C3%A9-dacheter-pr%C3%A9sidentielle-163133748.html

    Vous comprenez pourquoi la Grèce n’a jamais envisagé de sortir de l’euro. Un original qui refuse 2 à 3 millions d’euros permet de le comprendre.

    Saul

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  8. @ Toutatis

    Il est vrai que Moscovici et consorts ont aussi des côtés extrémistes en effet

    @ Saul

    On peut espérer que le programme de Syriza lui impose de sortir de l’euro pour retrouver pleinement des marges de manœuvre, même s’il déclare le contraire. Il est tout de même dommage que Tsipras tienne ce discours. J’avais écrit dès décembre 2009 que la Grèce aurait intérêt à le faire… Merci pour tous ces liens qui me serviront pour un autre papier.

    @ Démos

    Ils ne sont pas inertes. Ils ont renvoyé le PASOK et fait de Syriza le 2ème parti du pays en 2012. Après, il est aussi logique qu’ils hésitent à rompre avec l’Europe sachant leur passé avec la Turquie et le fait que l’accession à la CEE représentait une belle réussite pour Athènes.

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  9. Je me demandais combien couterait à la France un défaut de paiement de la Grèce. Un chiffre est donné dans cet article de la tribune. Citation : « C'est que l'Allemagne est devenue, comme les autres pays de la zone euro, elle-même créancières. L'intégralité des versements à la Grèce des pays de la zone euro qui ont fourni des prêts bilatéraux en 2010 et du MES (ou du FESF son prédécesseur) s'élève à pas moins de 222 milliards d'euros. Si la Grèce devait cesser ses paiements et, même en tenant compte des 80 milliards d'euros de capital « dur » du MES (qu'il faudrait reconstituer), le coût pour les pays de la zone euro serait très lourd. La France devrait ainsi payer en garantie au MES et accuser une perte sur le prêt bilatéral accordé à la Grèce d'un peu moins de 29 milliards d'euros. Pour l'Allemagne, la facture s'élève à 29 milliards d'euros, même si le prêt bilatéral a été émis par la banque publique KfW qui pourrait encaisser seule une partie de la perte. Plus encore que financier, le prix à payer serait en fait surtout politique. Pour Angela Merkel, notamment, qui a toujours défendu l'idée que la Grèce ne coûterait rien au contribuable allemand, ce serait un désastre qui profiterait aux Eurosceptiques d'AfD. En France, c'est évidemment d'abord les conséquences sur la situation financière du pays qui serait préoccupante.

    http://www.latribune.fr/actualites/economie/union-europeenne/20141220trib8353bb775/pourquoi-la-crise-grecque-est-loin-d-etre-achevee.html

    Saul

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