mardi 9 juin 2015

Zone euro : et si le fil grec finissait par casser ?




La pression monte…

Dans la partie de poker que la Grèce joue avec ses créanciers, le gouvernement de Syriza vient de marquer un gros point. En effet, il a pris la décision unilatérale de grouper au 30 juin toutes les créances qu’Athènes devait rembourser au FMI ce mois-ci, dont une de 300 millions d’euros qui devait être honorée la semaine dernière, en utilisant une clause du règlement du FMI qui n’avait été utilisée qu’une seule fois dans l’histoire de l’institution, il y a 30 ans, en vertu de laquelle les pays membres peuvent regrouper des versements de courte durée en un seul. Le 30 juin, Athènes devra rembourser 1,6 milliards d’euros au total au FMI. Sans doute une manière de mettre la pression à ses créanciers ?


Verdict dans 3 semaines

Le comportement offensif du gouvernement grec est bienvenu en ce qu’il consiste à respecter le mandat que lui ont donné les Grecs il y a quelques mois. On peut considérer que cette fermeté retrouvée quelques mois après l’élection démontre une détermination à laquelle l’ancienne troïka ne semblait plus vraiment s’attendre, d’où une nervosité grandissante au sein des dirigeants européens. Le rapport de force s’est bien équilibré depuis la fin de l’hiver. Même s’il a beaucoup cédé au début, le gouvernement Grec montre depuis quelques semaines qu’il ne cèdera plus aux injonctions de ces créanciers qui martyrisent et humilient son pays et sa population depuis déjà plus de cinq longues années.

Malgré tout, tant que la partie de poker continue, il n’est pas possible de trancher. Même si Alexis Tsipras aborde la partie avec une fermeté et une détermination renouvelées, nul ne sait s’il est vraiment prêt à faire défaut à la fin du mois plutôt que de signer un accord qui représenterait une poursuite à peine déguisée des politiques qu’il avaient dénoncées. Car ce n’est que s’il est prêt à une véritable rupture avec la zone euro et le FMI que ces derniers seront alors véritablement dos au mur et devront trancher entre accepter le début de la déconstruction de la zone euro ou céder aux exigences de la Grèce, au risque de provoquer de nouvelles demandes en Espagne ou ailleurs, et encourager Podemos


La bonne nouvelle, c’est que nous devrions connaître la fin d’un acte majeur de la crise Grecque à la fin du mois. Mieux encore, les représentants du peuple semblent défendre plus sûrement le mandat qui leur a été confié en début d’année. Les chances d’un début de fin de la monnaie unique sont remontées.

13 commentaires:

  1. Tsipras sait que les gens de la BCE, du FMI et de la CE sont verts de trouille à l'dée que la Grèce fasse défaut. Ils sont dans une nasse. Soit ils payent pour Athènes et crée un précédent pour les autres (Italie, Portugal,...) soit ils laissent les Grecs se dépatouiller en sortant de l'euro, ce qui risque de mettre la finance mondiale dans une Béchamel noire (comme aurait dit Michel Audiard) car personne ne sait vraiment maitriser ce jeu de dominos...

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  2. Finalement il vaut mieux gagner du temps et laisser de l'oxygène à la Grèce car le risque d'une mise en cause générale de l'ordolibéralisme allemand aurait des conséquences tout simplement colossales. Cf: http://www.lacrisedesannees2010.com/2015/06/legerete-grecque-folle-bce-furieuse-allemagne.html

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  3. Le gouvernement grec de Syriza, pétri d'un européisme de gauche dite radicale, essaie, en vain, depuis le 25 janvier de réformer cette Europe-là. Devant l'intransigeance volontaire de tous ses créanciers il va être obligé de rompre et de sortir de l'Euro et retrouver sa monnaie nationale, la vraie, la drachme, en la dévaluant et faire défaut sur la totalité de sa dette. Il faut espérer que, comme il a bien manoeuvré jusqu'ici en ne cédant sur rien d'essentiel ( "les lignes rouges") il saura mettre en oeuvre avec succès le plan B qui provoquera une légitime contagion en Espagne, Portugal, Italie, voire France.

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  4. Je ne comprends pas.
    Qu'aurait pu faire de différent un gouvernement autre que celui de Tsipras ? Où aurait-il trouvé l'argent pour payer ?
    Si j'ai bien compris, la mission de la troïka, qui était de permettre à la Grèce de payer ses dettes, est un échec complet puisque la dette a augmenté par rapport au PIB. Dans ces conditions, comment imaginer que la Grèce pourrait payer maintenant ce qu'elle ne pouvait pas payer à l'époque où elle était moins pauvre.
    Tsipras m'est très sympathique mais je ne vois pas bien où est l'originalité de sa politique puisqu'il ne remet pas plus en cause que ses prédécesseurs l'Euro.

    Par ailleurs, il me semble que c'est la tenue des jeux olympiques à Athènes qui a été l'une des causes principales de la catastrophe actuelle. C'est bon à rappeler au moment où Valls commence déjà à sacrifier notre patrimoine (Serres d'Auteuil) pour une pareille folie.

    Guadet

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  5. La seule chose raisonnable à faire, pour tous les pays d'Europe, c'est de préparer un démontage négocié de la monnaie unique. Et nous devrions en France ne parler que de ça, au lieu de rester silencieux à regarder les grecs se débattre dans une négociation absurde.

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  6. @ Cliquet

    Mais tout dépend si Tsipras est prêt à la rupture pour mener ce raisonnement

    @ Werrebrouck

    Je suis bien d’accord. Si Tsipras est ferme, je pense qu’ils cèderont

    @ Anonyme

    A moins que les dirigeants européens préfèrent prendre le risque d’attiser les demandes d’autres pays et lui cèdent beaucoup plutôt que de potentiellement entamer la déconstruction du machin européen…

    @ Guadet

    L’argent ne pose plus un gros problème quand on reprend le contrôle de sa banque centrale. Bien d’accord sur le reste du commentaire : les plans étaient totalement illusoires, comme je l’ai dénoncé dès le début (fin 2009, j’évoquais déjà la sortie de l’euro).

    @ Jacques

    Bien d’accord

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  7. Que pensez de la théorie dans le blog à Lupus ?

    "Explication.

    La banque commerciale Grecque de base n’a plus de dépôts et donc plus de cash, mais elle a en réserve d’importantes quantités de bons du Trésor Grecs, émis pour financer le déficit budgétaire Grec par le passé. Notre banque commerciale présente donc ces bons à la banque centrale Grecque, pour réescompte. Laquelle les présente à la BCE, pour avoir du cash. Et les transmet à la banque commerciale Grecque qui peut financer les retraits. Et ce cash se retrouve dans les poches …des citoyens Grecs.

    Le trésor de guerre est dans les mains des citoyens Grecs et ces sommes resurgiront des que la Drachme sera recréée. On parle déjà de plus de 100 milliards d’Euro avancés par la BCE à la banque centrale de Grèce. .

    Ce petit jeu durera aussi longtemps que la BCE escomptera et donc le gouvernement Grec a tout intérêt à faire ses échéances aussi longtemps qu’il le peut puisque tant qu’il paye 500 millions, les citoyens Grecs peuvent tirer 5 milliards. Le but du gouvernement Grec est à l’évidence de faire trainer les choses le plus longtemps possibles en espérant que la BCE ne va pas siffler la fin de la partie, ce qui la forcerait à prendre ses pertes immédiatement. La BCE est donc dans une situation ou si elle arrête les financements, elle perd puisque cela forcerait la Grece a sortir et si elle ne les arrête pas, elle perd aussi ."

    http://leblogalupus.com/2015/06/02/ne-jamais-croire-un-grec-surtout-sil-tamene-un-present-par-charles-gave/

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  8. Un autre article dans le blog à Lupus confirme cette fuite massif des capitaux en euros qui reviendront lorsque le pays passera au Drachme :

    "Aux mois de janvier et février, les dettes TARGET de la Grèce ont augmenté de presque 1 milliard € par jour, en raison d’une fuite des capitaux des citoyens grecs et des investisseurs étrangers. Fin avril, ces dettes atteignaient 99 milliards €."

    http://leblogalupus.com/2015/06/03/les-talents-de-joueur-du-ministre-varoufakis-par-hans-werner-sinn/

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  9. Sortie de la Grèce de l’euro: «Un risque pour l'existence de la zone euro»

    http://www.20minutes.fr/economie/1627475-20150609-sortie-grece-euro-risque-existence-zone-euro

    Extraits de propos de Jésus Castillo, économiste chez Natixis :

    "Pour Alexis Tsipras, l’absence d’accord sur la Grèce signifierait « le début de la fin » pour la zone euro : c’est une déclaration politique ou une réalité ?

    Cela relève bien sûr de la dramaturgie politique et de la négociation, mais si on regarde objectivement les choses, ce n’est pas loin de la réalité. Depuis 2010, le discours récurrent consiste à dire que la zone euro est un club dont on ne sort pas, d’une part parce que l’Europe a mis 200 milliards d’euros pour la Grèce, et n’a donc pas envie de la perdre, et d’autre part parce qu’il existe un risque pour la crédibilité de la zone euro et son existence à long terme. Une sortie de la Grèce pourrait avoir un impact sur la confiance des investisseurs et sur l’économie réelle, qu’on ne sait pas chiffrer. Et que se passerait-il dans l’avenir si un autre pays rencontrait des difficultés : la sortie de la zone euro deviendrait-elle un mécanisme de résolution des crises ? Ce serait très dangereux car, si la Grèce ne représente que 2 % du PIB de la zone euro, l’Espagne par exemple est un plus gros morceau. Souvenons-nous de Lehman Brothers : c’était une petite banque à l’échelle du système financier, mais sa faillite a eu des conséquences bien plus importantes.

    « Il semble néanmoins qu’une sortie de la Grèce de la zone euro n’inquiète plus autant qu’il y a deux ou trois ans. Pourquoi ?
    Il y a moins d’inquiétude car on a des outils qui permettent de contenir les effets d’une sortie de la zone euro. On sait aujourd’hui combien coûte le soutien à la Grèce à chaque Etat membre, donc si elle faisait défaut, on saurait répartir les pertes entre les Etats. Cela engendrerait en moyenne une perte de deux points de PIB pour chacun, ce qui n’est pas ingérable. On pourrait également contenir toute contagion à d’autres pays comme l’Espagne, le Portugal ou l’Italie, car on a mis en place des systèmes puissants pour y faire face.

    Et pour la Grèce, ce serait ingérable de quitter la zone euro ?
    La Grèce n’a plus accès aux marchés de capitaux, sa seule source de financement est l’Europe. Si elle sort de la zone euro, on peut imaginer que la BCE mettra fin au mécanisme de soutien, ce qui présenterait donc un risque énorme pour la viabilité du système bancaire grec. Le PIB de la Grèce a déjà été réduit de 25 % depuis 2010, depuis qu’on a mis en place des mesures d’austérité. Pour la Grèce, une sortie de la zone euro risquerait d’entraîner encore une récession plus grave et la situation serait donc bien pire pour le pays que pour le reste de la zone euro. »

    A mon avis le système bancaire grec en faillite serait nationalisé pour rien et recapitalisé par un système du genre LTRO par la banque centrale grecque, en monnaie nationale, grâce à la souveraineté retrouvée. Si je prends des données statistiques récentes, en deux mois : janvier et février 2015, la Grèce a exporté pour 1,9 milliards d’euros et importés pour 3,2 milliards d’euros.

    http://ec.europa.eu/eurostat/documents/2995521/6781658/6-15042015-AP-FR.pdf/3be534fa-b085-4315-ab91-26c6c4077174

    Il y aurait donc sans doute un problème de hausse de l’inflation due à une baisse excessive de la monnaie nationale dans le régime des changes flottants et au déséquilibre de la balance commerciale, mais gérable, à mon avis, avec la souveraineté retrouvée, même si ça ne sera pas facile au début du fait notamment que la population souffre déjà beaucoup, dans ce pays, de salaires faibles. Quant à la zone euro, remercions les génies qui ont conçu une union monétaire avec de nombreux membres, sans prendre en compte le fait que si un seul de ses membres la quitte, il met une panique énorme dans tout le système qui risque de s’effondrer comme un château de cartes, en provoquant des pertes financières considérables dans les pays voisins ayant la même monnaie.

    Saul


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    1. J’ai donné les chiffres du commerce extérieur grec extra-Eu. Une lecture plus attentive du tableau indique, pour les deux mois, pour la Grèce : Exportations totales 3,9 milliards d’euros, importations totales : 6,6 milliards d’euros.

      Saul

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    2. Les dernières actualités paraissent indiquer que les « institutions » demeurent inflexibles face aux demandes du gouvernement grec et exigent donc une soumission de celui-ci à leurs exigences, ce qui était prévisible depuis le début, c’est-à-dire dès le mois de janvier de cette année :

      https://fr.news.yahoo.com/pas-r-union-hollande-merkel-091724351.html

      Saul


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  10. Dans l'hebdomadaire PARIS-MATCH, publié le 27 octobre 1951, page 18, le journaliste pose la question :

    « Que pensez-vous de la fédération européenne ? »

    Le général Eisenhower répond :

    « Rien ne pourrait nous être plus agréable que d'apprendre que les Etats d'Europe occidentale ont décidé de réunir dans une ville d'Europe – disons à Luxembourg – des délégués responsables, avec mandat de rédiger l'acte constitutionnel de l'Europe, de désigner la capitale de l'Europe, etc. et qu'à partir du 1er janvier, l'Europe occidentale fonctionnera comme fédération. Aucune décision ne pourrait mieux nous aider dans la tâche que nous poursuivons. »

    En 1951, les Etats-Unis avaient décidé de créer une fédération européenne.

    Les Etats-Unis l'avaient rêvé, Jean Monnet a commencé à le faire.

    A propos de Jean Monnet :

    Concernant les participants aux réunions du Groupe de Bilderberg, Jean Monnet est sur la première page, à la dernière ligne :

    http://www.danielestulin.com/wp-content/uploads/portraits_bilderberg.pdf

    Sur la deuxième page, à la première ligne, nous pouvons voir la photo d'un certain George C. McGhee.

    George McGhee a servi comme ambassadeur américain en Turquie en 1952-1953, où il a soutenu sa candidature réussie à l'adhésion à l'OTAN.
    George McGhee a joué un rôle dans les relations américaines avec la République du Congo et la République dominicaine au début des années 1960.
    De Novembre 1961 à Avril 1963, il a occupé le poste de sous-secrétaire d'État aux affaires étrangères, sous l'admnistration Kennedy.
    George McGhee a été nommé ambassadeur en Allemagne de l'Ouest de 1963 à 1968.

    (Source : Wikipedia, version en langue anglaise)

    Une citation très importante :

    « Je pense que vous pourriez dire, déclara un jour le diplomate américain George McGhee, que le traité de Rome, qui a créé le Marché commun, a été mûri pendant ces réunions de Bilderberg et aidé par le flot de nos discussions. »

    Source : "L’Europe sociale n’aura pas lieu", de François Denord et Antoine Schwartz, édition Raisons d’agir, page 40.

    George McGhee avait le mérite de la franchise : le traité de Rome a été mûri pendant les réunions du groupe Bilderberg dans les années 1954 – 1955 – 1956.

    Dès le début de la construction européenne, le traité de Rome était voulu par les Etats-Unis.

    Le traité de Rome est l'oeuvre de grands banquiers, de grandes entreprises multinationales, de diplomates et de militaires membres de l'OTAN.

    Dès le début, la construction européenne était anti-populaire, anti-sociale, anti-démocratique.

    Et ça continue encore aujourd'hui.

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  11. Vendredi 12 juin 2015 :

    Le Cac 40 s’enfonce, les discussions techniques sont closes pour Athènes.

    La Bourse de Paris s’enfonce à la suite des déclarations d’un responsable du gouvernement grec indiquant que les discussions sont terminées au niveau technique.

    http://bourse.lesechos.fr/infos-conseils-boursiers/actus-des-marches/infos-marches/le-cac-40-s-enfonce-la-grece-rompt-les-discussions-techniques-1059925.php

    Grèce :

    La bourse d'Athènes s'effondre de 5,09 %.

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