dimanche 13 septembre 2015

Sur les « fronts » de libération contre l’euro austérité (3/4) (billet invité)

Billet invité de l’œil de Brutus, suite du 1er papier  et du second


Ce qu’est le FN, ce qu’il n’est pas

Que le FN continue, malgré ses retournements de façade, à patauger dans la fange de l’extrême-droite demeure factuel[i]. L’opportunisme à surfer sur les mécontentements, la démagogie et une xénophobie rampante fondent la catégorisation du FN en parti d’extrême-droite[ii]. Mais c’est une extrême droite d’une grande banalité et surtout, n’en déplaise aux ratichons de l’antifascisme, nullement fasciste. Pour que le parti de la famille Le Pen puisse être considéré comme tel, il devrait prôner ouvertement l’instauration d’une dictature nationaliste sur la base d’un parti unique fusionnant avec l’Etat, voire avec l’ensemble de la société (car c’est bien là la définition du fascisme). Non seulement il n’en est rien, mais en outre, même s’il en avait la volonté, face à la résilience tant des institutions de la Ve République que de l’ensemble de la société française, il n’aurait, ni aujourd’hui, ni dans un proche avenir, nullement les moyens de sa politique. Cela, même Lionel Jospin a fini par le reconnaître en avouant que « pendant toutes les années du mitterrandisme, nous n’avons jamais été face à une menace fasciste, donc tout antifascisme était du théâtre. Nous avons été face à un parti, le Front national, qui était un parti d’extrême-droite, un parti populiste à sa façon, mais nous n’avons jamais été dans une situation de menace fasciste et même pas face à un parti fasciste »[iii]. L’antifascisme de théâtre est certes un autre confort intellectuel – qui évite toute réelle réflexion programmatique – mais il ne fait guère avancer le débat.

Le procès en racisme du FN n’est guère plus pertinent. Que le FN soit un parti ouvertement xénophobe (c’est-à-dire fondant une partie de son programme sur le rejet de l’étranger), bien sûr. Que M. Le Pen père ait pu tenir des propos ouvertement racistes et que dans les tréfonds des manifestations de ce parti, on puisse trouver quelques ramassis d’imbéciles qui ont la sottise de croire à l’inégalité des races, ce sont des faits. Mais que l’on présente en quoi, alors même que par ailleurs il commence à approfondir son électorat dans les milieux issus de l’immigration[iv], le programme du FN se baserait sur des éléments raciaux. Et s’il si aventurait, le clivage généré par une telle position lui interdirait tout capacité de développement au-delà des quelques 10-15% qui étaient les siens il y a encore peu. C’est bien ce qu’a compris Marine Le Pen et qui a initié toute sa politique de « dédiabolisation ».

Là où par contre Frédéric Lordon touche pleinement juste, c’est lorsqu’il affirme « Le FN est un invertébré idéologique quand il s’agit d’économie, il n’a d’autre boussole que l’opportunisme »[v]. Le positionnement économique du FN, il y a quelques années ultra-libéral et aujourd’hui interventionniste et étatiste, est en effet criant d’opportunisme. C’est ce qui fonde toute sa force. Mais aussi sa faiblesse. En jouant du grand écart idéologique, il fédère les mécontents, ceux qui veulent renverser la table. Mais cela ne s’arrête pas là, car dans cela rien de bien nouveau depuis les années 1980. Ce qui permet aujourd’hui au FN de décoller, c’est SA perspective de victoire : cette opportunité, issue du vide ambiant généré par les divisions des autres (les véritables souverainistes), qui fait qu’il est à présent le seul, paradoxalement, à pouvoir se présenter comme en mesure de de renverser la table. Et le paradoxe n’est pas des moindres car, comme le souligne pour le coup justement Frédéric Lordon dans sa tribune[vi], il y a fort à parier que la table conquise, le FN se fera fort de se faire racheter par l’oligarchie pour que la fameuse table, notamment celle de l’euro, reste debout. Il n’empêche qu’il y a fort à penser que plus la perspective de l’accès au pouvoir du FN deviendra une réalité, plus son fameux « plafond de verre » se fissurera. Le FN serait donc en pleine dynamique d’autostimulation.

La lutte contre le FN s’assimile donc à un combat de judo. Il s’agira de l’attirer à soi pour transformer sa force en ce qu’elle est vraiment : une faiblesse. Il ne s’agit pourtant nullement de mener alliance avec lui (et ce n’est d’ailleurs pas du tout ce que préconise Jacques Sapir). Mais force est d’admettre que le FN, mais surtout derrière lui ses militants et ses électeurs, n’est pas la « bête immonde » que certains s’obstinent à décrire. Une part importante de ce parti répugne tout républicain – et encore plus tout homme de gauche -, et lorsqu’en 2007 Nicolas Dupont-Aignan  avait admis pouvoir accepter, sous conditions, de gouverner avec des personnalités issues du FN (et non le FN lui-même), il avait révulsé bon nombre de républicains (dont l’auteur de ces lignes). Il avait pourtant probablement raison avant l’heure. En effet, dès lors qu’un Front trans-partisan de souverainistes se mettrait en place sur la base de l’essentiel qui puisse faire corps aujourd’hui pour le rétablissement de la souveraineté et de la démocratie, et dès lors que ce Front pourrait se mettre en possibilité d’accéder au pouvoir, il viderait le FN de sa principale perspective de briser son « plafond de verre » décrite supra. Il ne resterait alors plus qu’à recueillir au sein de ce Front, les membres du FN de bonne volonté (et il y en a), toujours dans le cadre de son programme commun et dans l’esprit du Conseil National de Résistance. N’oublions pas que le secrétaire de Jean Moulin et résistant dès juin 1940, Daniel Cordier, était un ancien militant de l’Action française (mouvement autrement plus extrémiste que le FN) …

Il en va donc ainsi que la constitution d’un tel front de rassemblement des souverainistes, de gauche comme de droite, est très probablement non seulement l’optique la plus réaliste (sinon la seule) de « renversement de la table » mais aussi la meilleure stratégie de lutte contre le FN en le vidant de sa substance opportuniste et par la même de ces conditions d’existence, si ce n’est un presque anecdotique conglomérat hétéroclite  de xénophobes et d’excités en mal d’existence (ceux-là étant, de bien entendu, à conserver en état d’ostracisme politique).  





[i] Pour s’en convaincre, on pourra se remémorer le comportement de M. Gollnisch et de ses affidés lors du dernier 1er mai.
[ii] En cela M. Sarkozy et les cadors des (faux) « Républicains » (ex-UMP) peuvent ainsi également être assimilés à l’extrême-droite.
[iii] France Culture, 29 septembre 2007.
[v] Frédéric Lordon, La Malfaçon, monnaie européenne et souveraineté démocratique, Les Liens qui libèrent 2014, page 241.
[vi] Clarté, Frédéric Lordon, Blog Le Monde diplomatique, 26-août-15

27 commentaires:

  1. En résumé, vos arguments (et ceux de M. Herblay) contre le FN sont :
    - il fait fabriquer des tee-shirt en Chine
    - il est xénophobe
    - son fondateur tient parfois des propos racistes
    - une poignée de ses militants aussi
    - il change d'avis en matière économique
    - il surfe sur les mécontentements.

    Frèche a parfois tenu des propos racistes, ce qui ne l'a jamais empêché d'être considéré comme fréquentable par le PS.
    Le président actuel, dans une large mesure le précédent, se sont fait élire sur une ligne politique, et en ont tenu une autre.
    Sarkozy, d'autres dirigeants à gauche s'illustrent malheureusement par leur démagogie et leur montée en épingle de l'actualité.
    Tous les partis ont des groupuscules d'extrémistes, ultra libéraux à l'UMP, gauchistes au PS.

    Reste la xénophobie.

    Si une certaine dose de xénophobie avait été conservée dans les années 1980 par l'ensemble des partis, l'immigration aurait été gérée de manière plus raisonnable. L'ensemble des Français réalise probablement, qu'il soit en accord ou pas, que cela aurait fortement changé la situation de la France...

    Bref, vous n'avez aucune bonne raison de diaboliser ce parti (ce qui est pourtant le cas), pas plus que M. Herblay.
    Et ce sont les erreurs de cette ligne qui ont transformé JMLP d'une grande gueule locale de la politique à ce qu'il est aujourd'hui, en plus de permettre l'immigration de masse qui pose de nombreux problèmes aujourd'hui.

    Si vous (ou ceux qui vous ressemblent) aviez eu le courage dans les années 1980 1990 de braver l'hystérie médiatique autour de ce parti, il n'aurait jamais dépassé l'influence de Frèche.
    Et l'immigration aurait été plus faible que ce qu'elle a été ; vous conviendrez sans doute que cette limitation de l'immigration aurait été un bien.

    Et pourtant vous et Herblay continuez à répéter qu'il faut maintenir la même ligne.

    Cette ligne n'a aucune chance de réussir à moyen terme, et quand elle réussira éventuellement il n'y aura plus de France. Tout sera à Bruxelles, et le niveau d'immigration sera encore plus fort qu'aujourd'hui.

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    1. Je rejoins anonyme dans la sévérité de sa réflexion, même si cet article est une bonne analyse de la situation, il s'illustre d'affirmations tout aussi fantaisistes que celles que l'on connait habituellement sur le FN...notamment la xénophobie...beaucoup de français se sont esclaffés sur la publicité pour le boeuf, dans laquelle un quidam médiatique s'imposait au barbecue d'un autochtone, mais en quoi l'immigration qu'on veut nous faire subir est-elle différente?..Il ne s'agit nullement de xénophobie, venez vivre en la bonne ville de Perpignan, avec sa communauté gitane de 10.000 âmes, la plus grande du monde, et sa population musulmane de plus en plus envahissante et de plus en plus délinquante...les français ont simplement un réflexe de protection lié au fait qu'ils veulent comme tout propriétaire (et oui nous sommes un peu propriétaires de notre pays) qui veut choisir ses visiteurs...hormis cela point de racisme ou de xénophobie sauf chez quelques mal-comprenants...

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    2. Le FN n'aime trop non plus les pauvres francais apparemment, il supprime les repas cantine pour les pauvres :

      Joris Hebrard, nouveau maire FN du Pontet, assume sa décision de supprimer la gratuité totale de la cantine scolaire pour les enfants des familles les plus démunies.

      Ménard vient de virer en toute illégalité des syriens d'un logement.

      Ce parti est vraiment très sympatoche, rien à dire.

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  2. http://www.telegraph.co.uk/news/worldnews/europe/eu/11861247/Merkel-expects-Cameron-to-back-EU-army-in-exchange-for-renegotiation.html

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  3. A part le FN pseudo anti-Euro souverainiste, qui y a t il ?

    NDA ? Celui qui se ridiculise jour après jour avec ses pitreries médiatiques ?

    Vos souverainistes hors FN qui vont pomper les voix du FN, vous croyez au père Noël.

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  4. Euh...et avec quelle force politique allez-vous faire votre prise de judo au FN? Il faudrait se demander pourquoi nous n'avons toujours pas de grand parti républicain. L'Européisme produit crise sur crise et renforce le FN tellement vite qu'aucune autre force politique ne pourra émerger.
    Ce parti a fait son virage dans le domaine économique avec l'arrivée de Marine Le Pen au pouvoir. Nous sommes donc passés de la conception du monde de Jean-Marie Le Pen à celle de Marine Le Pen. On ne peut parler d'opportunisme que si celle-ci a brutalement changé de discours.
    Les Républicains sont tellement passifs que la population ne peut leur faire confiance. Nous pouvons nous dire "Marine Le Pen nous défend", les républicains en sont encore à refuser de s'unir, donc à refuser de pouvoir changer les choses. Cela les décrédibilise.
    Didier Bous

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    1. Je vous renvoie la question : s'il n'y pas de réelle force républicaine qui émerge, n'est-ce pas parce que le FN sert d' "idiot utile" aux deux autres (PS, UMP), ces deux-là n'étant au demeurant guère plus "respectable" que le FN car tout autant populiste et tout aussi peu républicain ?

      Par ailleurs, ce n'est pas parce que (hormis NDA avec ses quelques pourcents) il n'y pas de parti politique constitué que les forces politiques n'existent pas. C'est tout ce que rappelle les 55% du NON de 2005.

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    2. @L'Œil de Brutus
      Tu ne réponds pas à la question d'anonyme et tu t'en sors par une pirouette (le judo, encore et toujours :), donc je me permets de te la reposer : "Avec quelle force politique allez-vous faire votre prise de judo au FN ?".

      J'aime beaucoup ce blog et ses intervenants, mais j'ai souvent l'impression d'un angélisme et d'un manque totale de réalisme politique...

      Comment pouvait-on imaginer un seul instant que le Front de Gauche, qui s'allie aux écolos (qui se divisent et qui sont ridicules comme toujours) pour les prochaines élections a priori, vampirisé par un ex sénateur PS depuis des lustres, à l'ego hypertrophié, allait essayer de se rapprocher de la "droite souverainiste" (combien ça pèse en pourcentage national ?), sous l'impulsion d'un Chevènement depuis longtemps (toujours ?) sorti du jeu ?

      Le triumvirat R, PS, FN ne doit même pas en rigoler car je pense que l'info leur est passée complètement au dessus de la tête.

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    3. Les forces politiques ne se résument pas aux partis. Le résultat au référendum de 2005 en est la preuve : si les partis avaient représentés les seules forces politiques, le oui l'aurait emporté avec 80% des voix.
      Les souverainistes, de gauche comme de droite, souffrent de leurs divisions et de leurs incohérences. Dès lors qu'elles seront levées, le message portera, comme le non a porté en 2005.
      Il y a 4 ans, Syriza représentait 4% des voix et Tsipras était un illustre inconnu (et en Espagne Podemos n'existait même pas). Ce qu'ils ont fait une fois élu est piteux et assimilable à de la trahison. Mais ils sont la preuve que les forces politiques peuvent amplement renverser le jeu des partis.
      Pour revenir à la France, le PS suit tout droit le chemin du PASOK et l'ex-UMP celui de Nouvelle Démocratie. Cela va crée un grand vide et un énorme appel d'air pour une force politique qui saurait présenter une réelle alternative.

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    4. Sinon, je suis bien d'accord : il n'y a pas grand chose à attendre du Front de Gauche (et encore moins des Verts). Mais ce n'est pas à eux que je m'adresse (de même que je ne m'adresse pas au FN). Ces partis sclérosés ne m'intéressent pas.

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    5. En France, j'ai au contraire le sentiment que les forces politiques (le pouvoir politique, avec tout ce que cela implique) se résume aux partis, et même à 2 partis pour l'instant.
      Qu'elles ne représentent pas le peuple dans sa grande majorité et qu'elles ne l'écoutent pas, OK, mais en tout cas ces 2 partis ont le pouvoir à tous les niveaux.

      Les souverainistes de gauche comme de droite me font vaguement penser aux écolos dans leurs guéguerres et aussi à la pièce "En attendant Godot".

      4% des voix, c'est quand même mieux que moins de 1%.
      Et Syriza a été porté en avant par le système et ne s'est jamais revendiqué souverainiste ! C'est du Canada Dry.

      Il y a un grand vide suite aux désillusions envers le PS et l'UMP, mais celui qui en profite actuellement, et pour un bout de temps il me semble, et bien c'est le FN, que tu le veuilles ou non ! Et je ne suis pas un électeur du FN, loin de là, mais c'est un fait.

      ***Jacko***

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  5. Ce qui me fait rire avec ces gens qui se pincent le nez devant le FN, c'est que dans le passé, ces grands vertueux ont très certainement voté pour Mitterrand, un type
    qui a, avant la guerre, appartenu à la cagoule (mouvement d'extrême droite pur et dur, très antisémite, aucune comparaison avec le FN actuel)
    qui lors de ses mandats élyséens n'autorisaient l'accès de l'Elysée sans montrer patte blanche qu'à tous ses anciens amis d'extrême droite (les seuls à bénéficier de ce privilège). Les autres, même le 1er ministre et les ministres devaient attendre la permission !
    Alors les vapeurs d'un Sapir, d'un Lordon…
    Ils vont nous dire qu'ils ne savaient pas. Ils sont assez Tartuffe pour la chose !

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    1. L'idée de fond de cet article est justement que je ne me "pince pas le nez" devant le FN !

      Sinon, je suis bien aise que vous puissiez lire en moi (et en d'autres) comment j'ai voté à une époque où ... je n'étais pas en âge de voter ! :)

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  6. @L'OdB

    1. Selon quels éléments concrets peut-on établir un retournement ? MLP n'a t-elle pas toujours été plus sociale et étatiste ? Un jour on nous dit ce parti est toujours le même, le lendemain l'inverse ? Comment établit-on un retournement de façade ? S'il est de façade, ce n'est plus un retournement idéologique alors, non ?

    2. Que veut dire surfer sur les mécontentements ? J'avoue ne pas comprendre. Est-ce à dire que les électeurs de MLP ne qualifient pas un programme fondé sur des éléments politiques rationnels, ou qu'eux-mêmes ne seraient pas aptes à ce champ de la rationalité politique en choisissant ce parti et qu'ils seraient donc mus par leurs seuls nerfs et sentiments ? Selon quels éléments concrets peut-on établir cela ? Une étude est-elle disponible ?

    3. Que sait-on exactement de ces éléments du 1er mai ? Une enquête est en cours ? Quelles en sont les conclusions ? Quel rapport entre la ligne MLP et la ligne Gollnisch ? Des décisions n'ont pas été prises dernièrement ?

    4. En quoi MLP, Philippot, la ligne de ce parti, relèvent de la xénophobie, de quels éléments concrets parle t-on ? Quelle définition donnez-vous à ce mot ?

    De quelle manière, selon quels faits, est-il possible d'évoquer une "xénophobie rampante", et que signifie exactement cette expression ; par suite, quels éléments la caractérise ?

    Souhaiter la mise en œuvre d'une autre politique migratoire, c'est de la xénophobie ?

    5. A quelle définition de l'extrême droite faites-vous référence ?

    6. Quel opportunisme ? Les communistes qui ont renoncé à la Russie soviétique sont des opportunistes ?

    De surcroît, la qualification d'opportunisme ne peut-elle pas tenir dans l'unique hypothèse où les dirigeants d'un parti donné seraient les mêmes à trente ans d'intervalle ? Un parti non-opportuniste serait donc un parti qui en 30 ans ne change pas une ligne de son programme économique, alors même que le monde autour de lui traverse des crises économiques majeures.

    MLP maintient la ligne directrice politique essentielle, celle de l'indépendance et de la souveraineté nationale, celle de l'égalité citoyenne et républicaine. Par ailleurs, cette dirigeante semble avoir toujours eu cette orientation étatiste et sociale ; des lors, de quel opportunisme parle t-on en ce qui la concerne et en ce qui concerne sa ligne au sein de ce parti ?

    6. Ne réduisez-vous un projet politique au seul projet économique ? Pour moi, l'économie c'est l'intendance, ce n'est pas l'essentiel des mesures d'une grande politique devant porter en premier lieu sur l'indépendance nationale et la garantie de nos grandes libertés citoyennes. L'économie, qui demeure bien souvent un débat strictement technicien, prend bien trop de place dans le champ du débat politique.

    7. Selon quels éléments concrets pouvez-vous indiquer que se parti se fera "racheter par l’oligarchie pour que la fameuse table, notamment celle de l’euro, reste debout". ? Quel protocole prédictif ou prévisionniste, quels éléments concrets, permettent de prédire cela ? Quels éléments de fait pour déterminer un tel "rachat" ? Quelle étude ?

    8. De quel plafond de verre parle t-on ? Ne confondez-vous pas un résultat électoral ponctuel, une mesure, avec un plafond, lequel par nature est fixe ? C'est ainsi qu'à chaque élection, le seul plafond existant, c'est celui de 100% des suffrages, qui ne peut effectivement être dépassé, raison pour laquelle c'est un plafond.

    9. Ne s'agit-il pas plutôt d'attirer à soi les électeurs, dans le cadre du débat, au-delà des manœuvres d'appareils ? Les électeurs ne sont-ils pas d'ores et déjà gaulliens en se portant vers la force souverainiste rassemblant d'ores et déjà au-delà des clivages finalement des partis ? Que disent les chiffres ?

    10. De fait, le front de rassemblement des souverainistes n'existent-il pas déjà, étant ainsi mené de très loin et depuis déjà longtemps par MLP ?

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    1. 1/ MLP soutenait activement en 2002 et en 2007 le programme ultralibéral de son père. si ça, ce n'est pas un retournement. Et c'est justement cette capacité à retourner sa veste selon où tourne le vent des mécontentements qui fait que le FN reste le même : un parti populiste et opportuniste (en cela vous me direz, et vous aurez raison, qu'il ne diffère guère du PS et de l'UMP).

      2/ Je ne dis nullement que les électeurs FN ne sont pas rationnels. Vous m'avez mal lu. Je dis qu'ils se tournent vers le FN essentiellement faute de mieux et parce que le FN est à peu le seul parti en position de gagner des élections à parler de sujets qui les touchent (sans avoir connu l'érosion du pouvoir).

      3/ Quel enquête y aurai-il à faire ? M. Gollnish et ses affidés - qui, je le rappelle, sont toujours membres du FN - n'ont pas fait grand chose d'illégal. Leurs comportements et leurs propos montrent simplement que le FN n'a pas coupé les ponts avec ses vieux démons, loin de là.

      4/ Voir réponse de Laurent ci-après.

      5/ A celle que je donne dans cet article ...

      6/ Je ne réduis pas le débat à l'économie mais je le porte dans le domaine dans lequel le FN montre le plus ses incohérences et ses incompétences. Et si l'économie est justement jaugée si "technicienne", comme vous le dites, c'est justement parce que les politiques l'ont abandonné aux soi-disant experts.

      7/ Parce que c'est un parti opportuniste par nature. Il était ultralibéral il y a 5 ans, rien ne dit qu'il ne le redeviendra pas dans 5 ans, surtout s'il y gagne l'appui de forces trop heureuses d'y gagner la stabilité (pour elles comme pour le FN). Je vous engage à lire Lordon sur le sujet. C'est une hypothèse forte, pas une certitude.

      8/ Du fait qu'un nombre important de Français continue, et continueront, probablement à se défier, comme je le fais, du FN. On oublie vite que le fameux "plafond de verre" soi-disant brisé lors des dernières élections l'a été avec des participations électorales très faibles ...

      9/ Entendre un parti né du poujadisme et de l'OAS se réclamer du gaullisme est tout de même une drôle d'ironie. Aussi ironique que le gaullisme de M. Sarkozy.

      10/ la réponse est dans tous les items précédents ...

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  7. On a toujours tendance a confondre "cause" et "effet" pour expliquer une situation, surtout quand "les causes" ont été sciemment exécuté pour obtenir "les effets" désirés! Le dogmatisme "travaille" de cette manière!

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  8. @ Axel et anonymes

    Mais voter FN ne protège de rien : en plus de 30 ans d’importance électorale, qu’a-t-il fait pour les Français, si ce n’est empêcher une alternative au PS et à l’UMP et tout débat sur tant de questions ?

    Marine Le Pen défendait en 2002 et 2007 un programme économique complètement différent de celui de 2012 (limitation des dépenses publiques, privatisation des services publics, flat tax il me semble), ce qui nuit quand même gravement à la crédibilité de son discours de la présidentielle passée.

    La prise de judo pourrait être faite par un nouveau parti. D’autres pays montrent que de nouvelles forces peuvent émerger

    Pour le coup, Mitterrant a été mon premier contre-modèle politique.

    Xénophobie : traitement différencié de la double nationalité selon l’origine (européenne ou non) des individus

    Opportunisme : 180° économique
    L’économie est tout sauf technique. Elle est hautement politique

    30 ans au-delà de 10% des suffrages et si peu d’élus aux départementales, cela montre bien qu’il y a un plafond de verre

    Pas de rassemblement puisque tant de personnes le refusent

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    1. A la base d'un nouveau parti il y'aura que cela plaise ou non (et sur ce blog c'est non ..) DLF. Voila un jeune parti qui arrive tout de même dans les sondages à 8% en IDF, qui reçoit un 'début' de soutien de Chevènement et qui a un dirigeant, NDA, qui est maintenu connu. Hors FN , c'est la seule solution pour les patriotes !
      PS: JLM: voir son blog le 13/09 .. Melanchon est devenu souverainiste !

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    2. NDA n'est pas crédible, c'est un clown.

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    3. Il est parfaitement justifié d'avoir un double traitement selon l'origine européenne ou non. N'importe quel dirigeant sérieux vous le dira hors micro, et en ne voulant pas vous-même le reconnaitre c'est vous qui empêchez le débat.

      Il ne s'agit pas de voter FN, mais de constater que votre stratégie électorale est ce qui empêche le débat (et d'ailleurs ce qui l'a fait monter).

      Vous vous déculottez devant la pression médiatique, vous grossissez vos différences avec ce parti sur le sujets qui préoccupent l'opinion (Europe et immigration) pour ne pas être vous même diabolisé et par là même vous contribuez à empêcher le débat, voire à laisser passer des décisions dangereuses.

      Si vous (ou ceux qui vous ressemblent) ne vous étiez pas comporté ainsi quand ce n'était encore qu'un parti modeste, vous auriez conservé les électeurs du RPR, et il ne serait resté qu'une grande gueule locale à la Frèche, vaguement satellisé par le RPR.

      Que faut-il faire maintenant ? Je n'en sais rien, mais continuer la stratégie qui vous a mené dans le mur semble une mauvaise option. Sauf, bien sûr, si votre seul but est de vous dédouaner de vos mauvais choix antérieurs, et de se foutre du reste.

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    4. et après vous osez encore vous prétendre non xénophobe (voire avoir expurger le racisme du FN) ! Pour mémoire : une guadeloupéen ou un Français d'origine vietnamienne installé en France depuis 4 générations n'a aucune "origine européenne", et selon vous ils ont pourtant droit au "double traitement".

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    5. @L'OdB

      1. Vous avez des éléments concrets sur ce point ?
      2. "Je dis qu'ils se tournent vers le FN essentiellement faute de mieux et parce que le FN" Vous déterminez ça
      comment, quelle étude et quel protocole d'étude ?
      3. Ca mérite un développement circonstancié à mon sens, parce là je ne vois pas de quoi on parle concrètement.
      4. Déjà répondu
      5. je n'y ai pas vu de définition. Pour ma part j'entends par définition : "Opération mentale qui consiste à déterminer les limites et le contenu d'un concept (Atilf)
      6. Quelles incohérences dans le programme d'MLP dispo en ligne ?
      7. Déjà répondu à LH sur ce point
      8. De quel plafond de verre parle t-on ? Ne confondez-vous pas un résultat électoral ponctuel, une mesure, avec un plafond, lequel par nature est fixe ? C'est ainsi qu'à chaque élection, le seul plafond existant, c'est celui de 100% des suffrages, qui ne peut effectivement être dépassé, raison pour laquelle c'est un plafond.
      9. Changement interdit, même si les électeurs, cadres et dirigeants, et militants, sont largement différents et que l'on est à 40 ans d'intervalle ?
      10. Quel autre parti à 30 %, où en sont les autres ? Quelles nécessité pour les trente de rejoindre les 3 à 5 ailleurs, ce d'autant que rien n'indique qu'ils le souhaitent ?

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    6. 1/ sur quel point ?

      2/ parce que toute réflexion politique devrait forcément s'appuyer sur des "études" et des éléments chiffrés ? C'est quoi ce scientisme ? Quant au vote protestataire, c'est ce que je retrouve dans la plupart de mes discussions avec des électeurs FN. C'est aussi ce que disent les sondages (même si je me méfie de ces derniers). cf. http://www.atlantico.fr/decryptage/departementales-sondage-motivations-electeurs-fn-que-manuel-valls-et-autres-responsables-gauche-comme-droite-seraient-bien-2032461.html

      3/ En tant que militant FN, vous savez très bien de quoi je parle ... De cela par exemple : http://www.leparisien.fr/politique/1er-mai-des-journalistes-violemment-pris-a-partie-par-gollnisch-et-des-militants-du-fn-01-05-2015-4738063.php. Je précise que je ne suis pas un grand fan du Petit journal (encore moins des FN). Mais cela ne justifie guère ce type de comportement, du moins en démocratie.

      5/ "L’opportunisme à surfer sur les mécontentements, la démagogie et une xénophobie rampante fondent la catégorisation du FN en parti d’extrême-droite"

      6/ Celle de passer de l'ultralibéralisme à l'étatisme interventionniste, protectionniste et (prétendument) social en même pas 5 ans, par exemple ... Ou encore quand, parlant d'économie, MLP évoque la "cinématique" et "l'anatocisme des intérêts" (si vous avez un décodeur, je suis preneur). Lorsque MLP prétend négocier la sortie de l'euro pendant 6 mois avec nos "partenaires" (on a vu le résultat avec Syriza). etc.

      8/ De nombreux observateurs politiques estimaient à 15-20% le fameux "plafond de verre". Je vous l'accorde, ce chiffrage au gros doigt mouillé me laisse aussi sceptique. Par contre, ce qui relève de l'imposture, c'est de crier "victoire ! on a cassé le plafond de verre" quand on obtient 25 % des voix à une élection qui n'a mobilisé que 40% des électeurs (inscrits) ...

      9/ On est pas à 40 ans d'intervalles mais à 5. Il y a 5 ans on trouvait encore des cadres du FN à chanter la nostalgie de Pétain, de l'OAS, etc. D'ailleurs, en cherchant un peu (et pas tant que ça), on en trouvera encore.

      10/ Parce que les 3 à 5 d'ailleurs ne le resteront pas toujours ...

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    7. @L'OdB,

      1. Sur le point de vos affirmations en 1
      2. Quel scientisme ? Fonder une allégation c'est du scientisme ? Je relisais dernièrement l'Organon, il me semble que c'est un texte bien antérieur à la notion de scientisme et au scientisme, mais vous m'indiquerez si je fais erreur. Et les sondages, ce serait quoi selon vous par rapport au scientisme ?
      5. Quelles définitions, quels faits y correspondant ?
      6. L'anatocisme n'existe pas avant le libéralisme ? C'est par ailleurs une technique propre au crédit, ce qui est distinct de la philosophie libérale et de ses présupposés. Chacun se reportera au programme de 2012, taxé parfois d'étatiste il me semble, et se fera son idée sur le fameux libéralisme de MLP... est-elle responsable des décisions de Tsipras également ?
      8. La notion de plafond de verre n'a pas de sens, enfin pour moi, et ce sur le seul plan logique : un résultat ponctuel, une mesure, n'est pas un plafond, étant entendu que c'est fixe un plafond ; en la cause le plafond c'est 100% des suffrages, puisque plus c'est impossible
      9. Le FN a été fondé en 2012 ?
      10. Cela fait combien de temps que c'est entre 3 et 5 % ?

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  9. @LH,

    "Xénophobie : traitement différencié de la double nationalité selon l’origine (européenne ou non) des individus"

    1. Peut-on avoir la déclaration exacte en cause, afin de savoir de quoi il s'agit ?

    2. Sauf erreur de ma part vous évoquez un traitement différencié, donc une distinction, eu égard à des éléments attachés à la nationalité, en tout état de cause une catégorie juridique ou une sous distinction au sein toujours d'une telle catégorie.
    Les pays européens et l'UE n'accordent t-ils pas des droits distincts sur le fondement de telles catégories juridiques ? Droit de vote par exemple (européens, extra européen) ou emplois publics ?

    3. Je ne vois pas à quel moment une décision de nature strictement politique emporte obligatoirement une manifestation d'hostilité à l'égard des étrangers. Où alors, toute politique migratoire est ou est susceptible d'être qualifiée de xénophobie. Cela ne me parait pas raisonnable, mais on m'indiquera si je fais erreur.

    4. Si le problème c'est une déclaration de MLP - peut-on avoir celle-ci in extenso d'ailleurs - à propos de nationalités, alors que dire des propos de De Gaulle rapportés par Peyrefitte ?

    5. L'opportunisme c'est changer de principes à la première occasion, ce qui est différent à mon sens d'une adaptation des modalités de mise en oeuvre de ces principes - on maintient donc les principes - mais on prend en compte le monde autour de soi. Il n'y a pas de point médian selon vous entre pure opportunisme et adaptation au réel ? N'a t-on pas parlé de concilier le réel et l'idéal ? Que penser des notions de "fortuna" et de "virtù" chez Machiavel ?

    De surcroît je ne vois pas à quel moment MLP a changé d'avis sur sa ligne sociale. N'a t-elle pas toujours eu la même ? Ce parti change, comme ses militants et donc ses dirigeants. D'ailleurs, ces options plus libérales correspondaient au programme de quelle année ? Combien étaient sur cette ligne et combien de temps cela a duré ? Ne parle t-on pas encore d'élément de plus de 25 ans, à tout le moins ?

    6. L'économie des économistes est pour moi technique et technicienne ; elle a d'ailleurs un vocabulaire qui lui est propre. Quand la pensée s'est spécialisée, elle s'est éloignée me semble t-il des grandes problématiques pour aller vers les catégories techniques et techniciennes, voire leurs sous catégories. Il me semble que l'on est allé de la pensée générale vers une myriade de techniques qui semblent être un bout de cette ramification du sens et de la pensée. Vers quoi va l'économie des économistes ? De Platon à la courbe de Laffer, d'où par le sens et qu'est-il devenu ?

    7.30 ans effectivement. Il s'agit là non d'hier mais même d'avant hier, c'est à dire d'il y a trente ans. Nous sommes en 2015 tout de même, et sauf erreur de ma part elle est, à ce jour, donné loin devant au 1er tour en 2017.

    8. Pour l'instant, le rassemblement semble être de 29%. Qui dit mieux ?




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  10. La sortie de l'Euro pas plus que la fédéralisation ne sont nécessaires :

    trois mesures pourraient être adoptées sans modifier les traités :
    - instaurer une zone bancaire unique pour européaniser la supervision et rompre le lien entre dettes nationales et les pertes des banques ;
    - convertir la part des dettes nationales compatibles avec les critères de Maastricht (60% du PIB) au moyen d’une action du FESF-MSE et de la BCE,
    - mettre sur pied un programme de relance européen financé par la Banque européenne d’investissement et le Fonds européen d’investissement.

    http://www.veblen-institute.org/Une-Modeste-Proposition-pour,93

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    1. 1/ et comment ferez-vous dans votre zone bancaire unique lorsqu'une banque "universelle" fera faillite et entraînera avec elle toute l'épargne de ses déposants ? Selon quel principe démocratique cette supervision bancaire se faire-t-elle ?

      2/ et 3/ Pour cela il faudra encore convaincre l'Allemagne. et là, je vous souhaite bon courage. La monétisation des dettes et un grand plan de relance signerait pour elle, notamment (mais pas seulement) au vu de sa situation démographique, sa mise en faillite. Le fait est que dans des économies avec des structures différentes ne peuvent pas, dans la durée, avoir la même inflation (cf. http://loeildebrutus.over-blog.com/article-comprendre-la-non-viabilite-de-la-zone-euro-1-5-107507017.html). Les créateurs de l'euro ont cru (espéré ?) que l'euro feront converger les économies de la zone. Il n'en fut rien (bien au contraire). Ils se sont magistralement planté. Tout le monde peut se tromper, encore plus en politique. Ce qui est grave est de refuser de l'admettre ... encore plus en politique quand c'est la vie quotidienne de centaines de millions de personnes qui est impactée.

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