mardi 15 mars 2016

Le nuage de fumée du gouvernement sur la loi travail

Malgré une déferlante médiatique de défense du projet de loi gouvernemental de démantèlement du droit du travail, 71% des Français disent s’y opposer dans un sondage, nouvel épisode de la déconnexion des élites d’avec la majorité du peuple. Face aux premières manifestations, le gouvernement a annoncé de nombreux ajustements. Vrai changement ou pas ? Et quelle issue attendre ?



Poker-menteur pour un mauvais projet

Avec sept Français sur dix opposés au projet, il était logique que François Hollande amende ce projet très contesté. Mais les choses sont complexes. Le président et sa majorité ont engagé leur crédibilité avec un tel texte et trop reculer maintenant pourrait autant faire perdre les opposants qui pourraient y voir, de toutes les façons, la goutte qui a fait déborder le vase, que ses partisans, qui y verraient un gros manque de courage. L’équation délicate qu’engage l’Elysée consiste à ne pas perdre la face, tout en donnant suffisamment pour démontrer sa volonté d’un véritable compromis. Quand on voit que la CFDT soutient déjà le nouveau texte, cela montre que cela est possible. Même si tout cela peut encore se terminer en fiasco, le vote de cette loi pas tellement modifiée reste malheureusement possible.

En effet, avec des média toujours prompts à véhiculer les arguments des partisans de la loi, ou à démonter ceux des opposants, ne peut-on pas craindre le passage d’un texte présenté comme une amélioration alors que le fond reste aussi nuisible ? Car les arguments des partisans du projet sont un peu courts et reposent plus sur les croyances ultralibérales. Dans la Tribune, Romaric Godin a bien démonté le mythe des résultats de la loi Renzi, d’autant plus limités que la démographie du pays limite les entrées sur le marché du travail par rapport aux sorties, et que malgré tout, le taux de chômage des jeunes actifs se maintient à 40% ! Et les chiffres de l’Espagne sont absolument dérisoires après une telle envolée du niveau de chômage (qui touche un quart de la population), après une baisse du salaire minimum.

Alors qu’historiquement, les profits des entreprises sont au plus hauts par rapport au PIB, ce qui signifie bien que le rapport de force sur le marché du travail leur est extrêmement favorable, surtout avec un chômage si élevé, les arguments ultralibéraux sont tout de suite relativisés. Un tel projet ne provoquerait qu’un nouveau renforcement du rapport de force en faveur des entreprises par rapport aux salariés, ce qui est injustifiable quand il faudrait plutôt aller dans l’autre sens. Mais ce projet comporte également d’autres points révoltants, comme l’a souligné Malika Sorel dans Le Figaro, le texte affirmant « la liberté du salarié de manifester ses convictions, y compris religieuses », porte ouverte à tous les communautarismes, sans que l’on puisse en comprendre le besoin actuel, surtout dans le pays de la loi de 1905.


Inefficace pour réduire le chômage, contributeur injustifiable au renforcement du rapport de force en faveur des entreprises par rapport aux salariés, communautariste, la loi travail est un projet auquel il faut à tout prix s’opposer. Malheureusement, la mobilisation citoyenne sera-t-elle suffisante, après les annonces dérisoires du gouvernement hier ?

5 commentaires:

  1. Transposer les directives hors sol de Bruxelles n'est pas chose facile! On nous supprime toute adaptation, pour nous imposer des réformes, dans le but d'uniformiser par le bas une zone euro! Euro qui n'est qu'un éléphant dans un magasin de porcelaine!

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  2. On sent vraiment que ce projet de loi a été dicté par Bruxelles en effet, et fait à l'arrache, en pleine panique, reste plus beaucoup de temps.
    Après la séquence calamiteuse de la déchéance de nationalité (dont plus personne ne parle d'ailleurs d'un coup, pschit !), la nouvelle calamiteuse sur la loi du travail... Ils nous auront tout fait, et ça n'est pas fini !

    Valls a l'air à bout. Hier au JT de France 2, il était pitoyable. Le matador prend l'eau.
    Macron exulte et s'est trouvé le beau rôle. C'est un métier.
    Hollande, fidèle à lui même...

    C'est assez incompréhensible car tout le monde va bien se sortir de la séquence sauf le gouvernement, au bord du burn-out : la droite ne votera pas le texte en prétextant qu'il a été trop modifié, le Medef dira qu'ils ont montré leur bonne volonté mais qu'il y a trop de reculade, la CFDT se pose en syndicat "réformiste" moderne, la CGT, l'UNEF et la gauche de la gauche se posent en révolutionnaires protégeant les pauvres et les djeunes...
    Et le gouvernement, pitoyable, incompétent, faible...
    Qu'est-ce qu'ils vont bien pouvoir nous trouver au prochain coup ?


    ***Jacko***

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  3. Dans l'ombre de la candidature Sanders aux USA, indépendamment des difficultés connues contre la reine des lobbys H.Clinton. C'est la volonté souveraine du peuple qui fait la loi, ce que les Américains tentent de faire avec Trump et Sanders.

    Les Français sont confrontés à des imposteurs socialistes qui ne sont plus que les employés des technocrates de Bruxelles et de leur hyper libéralisme darwiniste. La flexibilité d'une loi travail pose comme postulat que le salarié est peu créatif, que tout reposerait sur les propriétaires, actionnaires ou grands cadres en termes de décisions créatives, de capacités multiples. Que les employés, salariés ne sont que des exécutants qui doivent obéir et être redevables pour l'emploi des intérêts des actionnaires, de là toute la
    -souplesse- demandée aux travailleurs et de cette minable pénétration du religieux dans l'entreprise.

    On invite chez les socialistes les travailleurs aux prières! Afin que l'emploi se maintienne en accord avec les non élus bruxellois si possible.

    Commande de Terra Nova, de ces multiculturalistes qui veulent faire des musulmans les électeurs des sociaux traîtres de Valls, Macron et Hollande. Comme si les musulmans français étaient tous croyants! Racisme à l'envers des libéraux pseudos sociaux.

    Hollande est un menteur, un néolibéral pas un socialiste.

    Hollande est le pire président de la cinquième république, c'est un premier ministre de la quatrième qui s'est faufilé président.

    F.Hollande est l'archétype du politicien de la quatrième république que De Gaulle méprisait complètement.

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  4. @ Jacko

    Pas vraiment dicté par Bruxelles. Le PS cède à l’air du temps, d’autant plus que cela va dans le sens de son idéologie libéral-libertaire…

    @ Anonyme 22h01

    Tristement juste

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    1. Pas vraiment dicté par Bruxelles, ah non ? bon, si tu le dis...
      C'est pourtant pile poile dans la logique de ce qui a été fait ailleurs en Europe, Allemagne, Espagne, Italie... maintenant perçus comme les magiciens par tous nos bons commentateurs médiatiques. Mais tout ça c'est un hasard.
      Ils veulent "réformer", c'est trop cool, plus de "flexibilité", l'"ubérisation" de l'économie (euh, ça veut dire quoi ce terme de merde ?) qui est l'avenir de l'humanité, le recul du chômage (stats de merde qui ne veut rien dire quand tu nous tiens, et la paupérisation, c'est une stat de merde ?), le vrai libéralisme, la Liberté quoi, avec un grand L, car l'Etat c'est des nazes (sauf quand ça assure les retraites et privilèges des élus), le vrais "réformateurs modernes" (ou la CFDT comme l'étape ultime de l'évolution humaine, un si beau visage du syndicalisme), la réforme, la réforme, et bla bla bla, et bla bla bla...

      Pourquoi les mecs se seraient tiré une balle dans le pied de ce calibre à un an de la présidentielle si ça n'était pas dicté par l'extérieur pour avoir une toute petite chance de se faire réélire, ou limite de se garantir une place au soleil jusqu'à la fin de sa vie ?
      Faudra m'expliquer. Ils sont débiles, mais à ce point, quand même...

      ***Jacko***

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