jeudi 28 avril 2016

Que penser de la baisse du chômage ?

Les chiffres du mois de mars sont spectaculaires, avec une baisse de 60 000 du nombre de chômeurs de catégorie A, permettant au solde trimestriel d’être également nettement négatif, malgré la hausse du mois dernier. Faut-il y voir les effets de la conjoncture, des mesures prises par le gouvernement ou encore l’effet des opportuns ajustements statistiques réalisés il y a quelques mois ?



Entre manipulations et vents portants ?

Les chiffres des derniers mois sont troublants, avec de fortes variations, dans un sens ou dans l’autre. Qui plus, alors que le nombre des demandeurs d’emplois de catégorie A baisse de 60 000, à 3,53 millions dans la métropole, celui incluant les catégories B et C baisse de seulement 8 700, -0,2% contre -1,7%. Sur trois mois, la baisse est plus de deux fois plus forte pour la première (-49 500) contre la seconde (-23 900). Il y a 5 454 100 demandeurs d’emplois en métropole et 5 765 700 en incluant les DOM. Ce décalage opportun, puisque ce sont les statistiques de la catégorie A qui servent d’étalon aux statistiques du chômage, rappelle opportunément les ajustements statistiques réalisées comme par hasard en plein milieu de l’été dernier, et qui ont précédé le début d’inversion de la courbe du chômage.

En outre, le gouvernement a mis en place des mesures dont l’objectif semble davantage l’amélioration des statistiques que la création d’emplois. Mals dans le brouillard statistique établi par le gouvernement, entre changements statistiques et multiplications de mesures, on ne peut pas non plus exclure que ces chiffres soient également en partie le résultat des près de 50 milliards d’euros de baisses des cotisations sociales patronales mises en place par le gouvernement, et plus encore, du léger, mais réel frémissement de notre croissance, du fait de la baisse de l’euro, du pétrole et des taux d’intérêt. Mais, quand on additionne toutes ces raisons, on en vient à se dire que l’effet structurel des mesures gouvernementales est dérisoire, étant données toutes les raisons qui poussent à une baisse…


A défaut de s’être véritablement attaqué aux causes du chômage, François Hollande préfère compter sur des dopants statistiques et législatifs ainsi que sur les meilleurs vents de la conjoncture. Il semblerait que ces calculs politiciens soient en partie fondés, même si les Français ne sont pas dupes.  

17 commentaires:

  1. Je doute que la baisse des cotisations patronales soit pour quelque chose dans l'amélioration des chiffres de Pôle Emploi. A cette exception près, je suis d'accord avec vous. Il faut considérer la forte augmentation des sorties pour actualisation et l'augmentation des entrées en stage comme l'a souligné Jacques Sapir sur son blog.

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  2. L'avis de Jacques Sapir

    http://russeurope.hypotheses.org/4901

    "Chômage: manipulations et mensonges"

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  3. Le travail obligatoire d'une heure suffit il pour changer de tranche?

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  4. Noam Chomsky disait que les medias occidentaux sont les plus moutonniers et serviles du monde, malgré une apparence de pluralisme, et affirmait qu'il y'a plus de contestation en Chine.
    Je trouvait qu'il y allait un peu fort, mais de plus en plus, je me demandes si il n'avait pas raison en avance, si à en croire Sapir, les grands médias n'ont pas analysé ces chiffres et notamment la très faible augmentation des créations d'emplois.

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  5. Depuis le temps qu'il baisse, annonce après annonce, on devrait déjà être au plein emploi. Je me demande si ce ne sont pas les agences de com qui procèdent aux calculs des courbes.

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  6. Et tout à coup, le chômage baissa, les carnets de commande d'armes se remplirent, l'Euro allait bientôt commencer et p'têt même bien que la France allait le remporter, à la maison, comme 18 ans avant, sous la présidence à nouveau d'un corrézien, et le bon peuple était de nouveau heureux !

    ***Jacko***

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  7. Quand le chomage monte, c'est la preuve que Hollande a menti. Soit.

    Quand il baisse, c'est la preuve qu'il a menti ... sur les chiffres.

    Heu... comment dire ??

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  8. Certains départements veulent renforcer le contrôle des allocataires du RSA.

    http://france3-regions.francetvinfo.fr/nord-pas-de-calais/nord/nord-les-allocataires-du-rsa-pourraient-devoir-rendre-des-comptes-829933.html

    Autrement dit, obliger les allocataires dont le contrat d'insertion stipule qu'ils doivent chercher du travail à s'inscrire à Pôle Emploi.

    S'il est vrai qu'un tiers d'entre eux a négligé cette formalité (qui ne sert à rien, il n'y a pas de travail) Hollande a du souci à se faire.

    Malgré toutes les manipulations statistiques il pourra faire une croix sur son inversion de la courbe du chômage. A moins de se résigner enfin à cesser d'étrangler financièrement les départements, qui ne peuvent plus faire face à cette charge.

    Chiche ?

    Ivan

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  9. « Tout allocataire du RSA sera tenu de rendre des comptes, ne serait-ce que s’inscrire à Pôle emploi, assène Jean-René Lecerf. Le versement de l’allocation sera conditionné à l’entrée dans un dispositif d’accompagnement », sous peine de suspension du RSA. "

    http://www.lavoixdunord.fr/region/dans-le-nord-tout-allocataire-du-rsa-sera-tenu-de-ia0b0n3100354

    Les choses ne seront certes pas aussi simples, car tous les allocataires n'ont pas dans leur contrat d'insertion l'obligation de chercher du travail, mais je ne vois pas comment ces contrôles pourraient ne pas déboucher sur un bond spectaculaire des inscriptions à Pôle Emploi. Et mon petit doigt me dit que le Nord n'est pas le seul département concerné.

    Ivan

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  10. http://www.agoravox.fr/actualites/economie/article/vrais-chiffres-chomage-mars-2016-180361

    Ivan

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  11. @ Moi

    C’est extrêmement marginal, mais cela peut jouer un petit rôle

    @ Toutatis & TeoNeo

    Merci

    @ Jacko

    C’est malheureusement bien une possibilité

    @ Ivan

    Merci pour l’info

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    1. Bon Laurent, la possibilité que la France gagne l'Euro (sans Benzema, ya une chance) n'est pas forcément malheureux... Mais bon, ça reste de la politique à 80 pct de chance...

      ***Jacko***

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  12. on peut en penser au minima, "c'est bien" ou "c'est pas bien" tous les mois, sachant que les eaux jours qui s'annoncent nous donnerons peut être une vision positive, celle des jours ensoleillés. .....je plaisante un peu comme d'hab.

    Pour ne pas ajouter au texte de Mr Herblay, je voudrais apporter une autre vision de cette stat (je l'espère en tout cas) sous deux angles : celui de la psychologie "de la fin de mois précédente" et celui de la tendance économique.

    ça n'a aucune prétention et je vais essayer de faire court en deux parties pour ne perturber le blog

    Stan

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  13. 1) aspect "psychologique"

    je passe sur les "réformes" du comptage, ou plutôt sur les "re et dé classifications" qui rendent peu ^à peu cette stat compliquée à suivre
    à dessein ?

    bref...

    tout a commencé avec "inversion de la courbe". La stat du chômage est devenue depuis un an un indicateur clé du point de vue "politique" le 1er personnage de France, semble avoir voulu joué son destin sur ce défi, ou en tout cas, s'il ne s'est pas rendu compte, chacun de ceux qui étaient pour ou contre, se sont chargés de mettre ce défi en première ligne.

    Un an et quelques mois après, tout le système scrute au jour dit la fameuse "montée" ou baisse " du taux ou du nombre. S'en suit un petit laïus ministériel toujours gagnant à chaque fois sur "la baisse de la hausse", "sur la hausse de la stabilité" ou un cocorico sonore sur 8 000 chômeurs en moins ce qui ne représente tout juste l'effectif de bonduelle....(mon exemple n'a rien à voir avec la mise en boite)...

    de fil en aiguille, 2017 pourrait bien se jouer sur ce pari, qui s'il n'était pas évident (quoique) n'en n'est pas moins une entourloupe par fixation sur un chiffre tortillé auquel les services comm pourraient branché ensuite un tas de ramifications avec

    - l'influence positive du CICE et du pacte forcément (45 milliards à justifier même si c'est un vrai fiasco)

    - le retour à un cycle vertueux économique qui suppose de continuer les "réformes en profondeur", toujours, ...etc...etc...

    cet indicateur donc de plus en plus, en préparation du nécessaire combat pour l'alternative du gauche et droite, celle du pour et du contre, indicateur qui devient donc le baobab qui cache la forêt (suite plus bas)

    cet indicateur accroche d'autant plus qu'il cristallise à lui seul les déceptions ou les espoirs d'une société anxiogène, qui a placé la socialisation de l'individu par la seule reconnaissance du travail "productif" "innovant" "valeur ajoutatif" etc..etc..

    Stan

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  14. 2) aspect économique

    c'est un peu plus compliqué et ça n'a que la valeur de l'observateur lambda que je suis

    point de vue démographique

    un coup d'œil sur les stats de l'INSEE pour remarquer qu'en 2013 et 2014, la moitié de la population de 25 à 49 ans est au niveau maximum du BEP et CAP (j'ai choisi cette tranche car c'est celle qui a fini les études et est censée bosser)..ça a son importance quand on examine la manière dont est perçue la répartition économique du monde, la composition des filières et le tissu productif (j'y reviens).
    Cet aspect est assez défavorable à un retour au marché du travail quoi qu'on en dise, même avec les incitations sur charges sociales des CICE et pacte...


    les entrées et sorties du monde du travail.
    Si on suit la pyramide des âges des lycéens et étudiants, et celle des séniors en âge de partir prochainement à la retraite, on se rend compte qu'après un coup d'arrêt dû aux réformes du recul de l'âge des retraites, nous nous trouvons aujourd'hui pour deux ou trois ans dans une période favorable au départ important de retraités qui a commencé en 2014 :

    a) le solde des sorties est positif de quelques 100 000 personnes
    b) il y a le dispositif "carrière longue" qui permet encore de partir à 60 ans si peu qu'on ait les critères pour.

    Ici donc, il existe un solide critère de baisse du chômage même sans trop de croissance ...

    était ce prévu dans le pari en dehors de toute illusion de retour à l'emploi ?

    Stan

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  15. je reviens au niveau des diplôme, car il me semble essentiel pour comprendre ce qu'on essaie de nous faire gober dans le cadre de l'internationalisation des tâches, alors que la vraie vie nous démontre que ça va être très compliqué de redescendre le niveau de chômage..ou plus sûrement remonter le niveau d'employabilité..

    1) on nous rabâche que l'occident peut s'en tirer grâce à l'innovation, la création de valeur ajoutée, la libéralisation des énergies et tout le merdier.
    pour que ça fonctionne, le système a été conçu pour la libre circulation "des marchandises" des "capitaux" et des hommes". Si l'un vient à manquer, c'est le déséquilibre...

    un pays occidental c'est :
    - 10 à 15 % d'industrie
    - 75 % de services (dont une grosse part de service à la personne
    - le reste étant le secteur primaire agricole
    (la découpe est à la louche)...

    l'internationalisation est fondée sur la spécialisation ricardienne de production en même temps que sur la fondations de superstructures supra nationales qui sou traitent des produits semi ouvrés là où le coût est le plus intéressant et la fiscalité accueillante (la consolidation comptable fait le reste)...

    on assiste donc à des disparitions de filières de production (textile, bois, agro alimentaire, métallurgique etc...qui occupaient de la main d'œuvre non diplômée. Il reste quand même quelques sources qui se tarissent un peu sous l'effet des restrictions budgétaires et de la dévaluation interne (BTP, TP, services à la personne...etc)..

    toutefois, l'industrie présentait l'avantage de présenter des taux de productivités assez importants, taux qui baissent car les services, eux, n'ont que peu de potentiel dans ce domaine, sauf à envisager de la destruction nette d'emploi grâce au développement des plates formes numériques qui utilisent nos énergies pour faire leurs bénéfices..


    compte tenu de ces paramètres vite décrits, il est peu probable qu'il y ait dorénavant des sources importantes de création d'emploi, sauf à envisager de rapatrier des filières complètes pour occuper nombre de personnes intéressantes mais "inadaptées" aux critères de compétitivité dans le cadre de la fuite en avant d'une soi disante "création de valeur ajoutée, innovation "etc..

    j'en veux pour preuve le fait que les tâches de spécialistes oui diplômés partent aussi là où les coûts sont moindres (compta et informatique aux indiens, plate forme d'appels à pétaouchnok, etc, etc.

    bref, quand la boutique est ouverte aux 4 vents et qu'on met sans aucun filet en compétition des coûts horaires à 5 € et à 35 €, faut pas s'étonner que la variable d'ajustement des personnes se fasse à l'échelon de la planête,

    si on ajoute à ça le très court terme pour que le personnel qui ne sert pas, ne coûte rien....

    Stan

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  16. conclusion :

    on peut toujours regarder le compteur à chômage pour se rassurer et voter opportunément pour la réussite au niveau du poil de cul d'une baisse du nombre de chômeur..

    vu le paquet de fric distribué (45 milliards) pour se trouver avec 10 000 chômeurs en moins au bout de deux ans, non compte tenu de la mise sous le tapis de ceux qui sont rayés pour les causes qu'on veut..

    faut rester positif quand même, les kms de bouchons sont toujours en forme lors des départs en vacances, les mobils homes sur pneus se vendent bien, et tant que c'est l'autre qui est dans la merde....


    voilà pourquoi vite fait, le suivi du taux de chômage n'a pas beaucoup d'importance sauf pour la dynamique politique de la comm...et la prochaine échéance électorale

    le choix de société que nous voulons n'est plus dans nos mains, ou il l'est trop, entre nos fonctions de consommateurs, travailleurs, épargnants...

    nous voulons du travail mieux payé tout en achetant moins cher, par internet si possible pour éliminer les intermédiaires, sans payer d'impôt si possible et en voulant un maximum de retour sur le peu ou le beaucoup que certains veulent mettre de côté..

    à chaque fois légitimement que nous sommes dans ce schéma, nous favorisons le système..

    d'où mon souhait de reprise en main de notre stratégie de vie, dans un pays qui a la puissance, l'énergie et le potentiel humain de la mettre en œuvre sans le parasitage d'une bande de vendus à bruxelles entre autres...

    pardon pour la place prise Mr Herblay

    Stan

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