lundi 13 juin 2016

Interdire les redoublements, pire que casser le thermomètre




Abandon des élèves en difficulté

Le SNES dénonce ce décret qui vise à ne plus proposer le redoublement aux élèves en difficulté, pour lui, « une gestion de flux, sans considération pédagogique ». Il pointe aussi l’absence « de moyens réinjectés pour prendre en charge les lacunes ou retards d’apprentissage » des élèves qui passent dans une classe supérieure, sans en avoir le niveau. Pour lui, « le redoublement n’est certes pas une panacée, mais faire comme si les difficultés scolaires n’existaient pas relève de la faute ». En action de résistance, le SNES propose aux professeurs qui pensent qu’un élève doit redoubler d’indiquer qu’il n’a pas le niveau pour réussir l’année suivante et de refuser de discuter des choix de série à faire en interrogeant aussi le chef d’établissement sur son choix et les raisons qui le poussent à le faire.

On retrouve dans cette volonté d’éviter les redoublements un condensé de tout ce qui ne va pas dans la direction prise par l’éducation nationale. D’abord, un manque de moyens, qui, comme le sous-entend le SNES, semble prendre une part importante dans le choix de limiter le redoublement. Ensuite, ce choix est tellement typique d’une Education Nationale qui refuse de juger et d’évaluer les élèves, assouplissant les notes, quand elle ne discute pas ouvertement de les supprimer. Une vision qui ramène l’école à une forme de garderie où toutes les contraintes seraient supprimées. Un choix redoutable pour les élèves en difficulté, condamnés à ne jamais pouvoir acquérir les bases, et errer dans un système scolaire où ils avancent de manière artificielle, jusqu’à ce que l’échec les rattrape, plus tard.


Même si le redoublement n’est pas une fin en soi et s’il faut le manier avec doigté, le supprimer est une triple faute : la priorité donnée aux économies de bout de chandelle, l’absence de tout projet pédagogique pour les élèves qui sont en difficulté et un nouveau pas dans une direction désastreuse.

6 commentaires:

  1. Il serait plus judicieux de ne faire redoubler que pour les matières où il y a difficultés.

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  2. Il serait plus judicieux d'avoir une école ou on ne laisse pas les pov'cons dans un coin par exemple au fond de la classe près du radiateur ...
    La véritable pédagogie serait de les tirer d'un monde d'échecs en les intéressant aux matières enseignées sans être forcément ludique ....
    mais la formation des profs est en déficit de ce côté !

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  3. vaste débat que l'éducation nationale. Je note que depuis 40 ans chaque ministre a voulu donner son nom à une réforme. Le moins que l'on puisse dire est que ce ne fut pas concluant.
    Et il faut se poser la question de ce qui est enseigné à l'école, je connais assez bien le milieu enseignants et je sais que beaucoup d'élèves s'ennuient en classe, soit ils ont décrochés, soit ils aspirent à autre chose.Est-il utile d'apprendre pour certains élèves 2 langues étrangères quand ils ne maitrisent pas le français?
    Apprendre des choses pratiques comme bricoler faire la cuisine savoir prodiguer les premiers soins etc... apparaît plus utile dans la vie, et cela ferait gagner de l'argent aux personnes. Je ne suis qu'un médiocre bricoleur et le vois mon voisin qui a fait sa maison de A à Z.
    Mais en France l'essentiel est le taux de réussite au bac, peut importe que les étudiants échouent en fac après, statistique quand tu nous tiens!
    J'ajouterai que les jeux en ligne et le manque de sommeil n'arrangent rien.

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  4. Regardez, M. Herbay :

    http://www.theguardian.com/commentisfree/2016/jun/14/brexit-labour-migration-controls

    les européistes commencent à flipper et à parler de lâcher du lest.

    Et sur quel sujet...?

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  5. Bonjour,
    je suis professeur.
    je suis quotidiennement votre lettre.
    Si j'aime vos synthèse, avec les mots justes, pour une fois je ne suis pas d'accord avec vous.
    La question de l'Education Nationale mérite un vrai débat. La simple question des redoublements aussi.
    Pendant longtemps j'ai cru que le redoublement était une solution. A données comparables et critères comparables, d'autres systèmes scolaires n'appliquent pas le redoublement et les réussites ou les échecs ne sont pas plus importants.
    Une vaste étude (je la recherche!!) menée il y quelques années et les chiffres annuels publiés par les services du M.E.N. montrent qu'entre 75 et 85 % des redoublements sont inutiles.
    Qu'à moyens constants, le redoublement est l'équivalent de l'emploi de plus de 20 000 professeurs.
    Donc sans vouloir verser sur un débat impliquant des économies ou une réduction des déficits, orthodoxie libérale, cette question doit vraiment être reconsidérée.
    Elle fait bien sur partie d'un champ plus vaste et devrait s'intégrer dans une réflexion d'abord, philosophique, culturelle et politique de l'Ecole que notre Nation souhaite.
    Sincèrement votre
    Continuez vos pertinentes analyses
    Gilles PORTAZ

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  6. @ Anonyme

    Intéressant

    @ Victor

    Tant de choses à faire semble-t-il

    @ Gilles Portaz

    Merci. Je ne suis pas un ayatollah sur cette question. Je suis ouvert aux autres idées, mais la question des coûts ne me semble pas la meilleure raison pour refuser les redoublements (si on voulait, cette question ne serait pas un problème). Et ne peut-on pas imaginer que tous les élèves ne vont pas au même ryhtme et que certains ont besoin d’un peu plus de temps ? Après, je pense qu’il faut sans doute apporter un soutien spécifique à ceux qui ont du mal, ce qui pourrait de facto limiter les redoublements. Je suis preneur de toute étude sur le sujet.

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