vendredi 18 novembre 2016

Les Républicains, ou 7 nuances d’impasse ultralibérale




La grande course vers le pire

Pour qui prend un peu de recul sur les politiques économiques menées dans les dernières années, il est frappant de constater à quel point les choix économiques de François Hollande ont influencé les candidats des Républicains. En effet, depuis que ce dernier a fait d’une bien illusoire quête de compétitivité basée sur les baisses d’impôts des entreprises et une coupe des dépenses, allant finalement plus à droite que ce que les majorités précédentes avaient fait, les dits Républicains semblent se sentir obligés d’aller eux-aussi plus à droite, pour s’assurer de l’être plus qu’un gouvernement sensément de gauche. Et la réflexion n’étant pas le fort des candidats, leurs propositions sont très proches.

Diminution de 85 à 110 milliards d’euros de la dépense publique, suppression de 300 à 500 mille postes de fonctionnaires, baisse des impôts des entreprises, dérégulation accélérée du marché du travail sont au menu du programme de tous les candidats, qui semblent se fournir chez le même grossiste ultralibéral, même s’ils prennent soin de se différencier sur la décoration. Et encore, ces différences semble davantage venir du positionnement défini par des communiquants, laquelle voulant incarner la modernité numérique, l’autre un renouveau qu’il ne représente pourtant sur aucune dimension, l’un sur la modération, l’autre sur la franchise austère et le dernier sur la majorité silencieuse.


Il est tout de même effarant que presque personne ne questionne plus fermement le grand virage droitier de la droite sur l’économie. N’est-il pas un peu gros de critiquer Hollande, tout en proposant de prolonger et d’accélérer sa politique, en semblant davantage s’inspirer de ce que le président dit socialiste a fait que de ce qu’ils avaient fait de 2007 à 2012 ? Mais les querelles de personnes semblent attirer toute l’attention. Et la remontée surprise de Fillon pourrait bien chambouler les scénarios écrits à l’avance, car l’ancien Premier ministre prend la place centrale de la primaire, déportant Juppé plus encore vers le centre, ce qui pourrait lui être fatale dans des primaires qui pourraient virer à droite.


Quelle paradoxe que cette primaire, où une droite qui ne réfléchit pas s’engage dans une course ultralibérale en dénonçant la politique menée par le président sortant, alors même qu’elle ne fait que reprendre le cadre que celui-ci a suivi, en l’amplifiant, pour se différencier, sans la moindre vergogne, que devrait leur donner pourtant le fait qu’ils fassent un tel grand écart avec ce qu’ils disaient il y a 5 ans.

15 commentaires:

  1. J'ai regardé les 2 premiers débats jusqu'au bout. Celui-là...je me suis endormie. Je sais ce n'est pas bien mais je n'ai pas accroché cette fois-ci. Et puis D.Pujadas et JP Elkabach...leurs faux-airs de journalistes rebelles...n'importe quoi. Je les ai trouvés mauvais. Et puis, ils commencent à dater comme journalistes. N'aurait-on pu avoir un peu plus nouveau ?
    Bonne journée
    Sylvie

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  2. Ce qui maintenant me fait peur, c'est ce quasi-abandon de l'impôt comme financement, financement noble pour moi, au profit de l'emprunt à tout va et court termiste. La hausse des taux est en train de s'installer et sera fatale aux pays cigales, dont le nôtre, en première ligne.

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  3. J-F. Poisson n'est pas ultra-libéral. Laurent commet une erreur de le désigner en tant que tel.

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  4. @LH,

    Il ne semble pas que M. Poisson soit un ultra-libéral. Les autres, plus qu'ultra libéraux, sont libéraux-libertaires, ce que n'est assurément pas M. Poisson.

    Par ailleurs, au vu du dernier débat, Juppé a perdu.

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  5. J'ai loupé tout les débats, ont ils parler de Macron, d' Asselineau ou de ce que veut imposer l'UE de Bruxelles?

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  6. Les Repus portent bien leur nom. Ils jouent définitivement la carte des riches contre les pauvres, même si c'est à court terme. Les déclarations de M. Apathie (suppression du suffrage universel, haine de l'idée de "grandeur de la France", intelligence supérieure des journalistes comme lui, même quand ils se trompent) montrent bien que la classe dirigeante ne voit pas d'un mauvais œil la décadence de la France et l'appauvrissement des masses, masses qu'on devrait abandonner à leur stupidité et à leur misère.
    Au second tour je vote pour n'importe qui contre le candidat Repu, même si c'est Marine, Valls ou Hollande : c'est une question de survie.

    Guadet

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  7. L'argument des libéraux LR (et de l'aile droite du PS) a souvent été celui de la comparaison entre la France immobile et l'étranger en mouvement, de la volonté de s'inspirer de "ce qui marche". Sauf que l'austérité imposée aux pays du Sud a donné pour le moment des résultats plus proches du désastre argentin que du retour espéré de la prospérité. Et le doublé Trump/Brexit nous montre que, même dans les places fortes du libéralisme, un ras le bol des laissés pour compte de la "mondialisation heureuse" existe. Quant à l'Allemagne, le désastre méditerranéen déjà mentionné montre bien que leurs voitures sont bien plus exportables que leurs solutions économiques. Et après ils osent nous dire que la France a besoin de plus de potion libérale?

    JZ

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  8. @ Sylvie

    Un peu de renouvellement journalistitique ne ferait pas de mal. Pourquoi pas Plenel, Bourdin ou Lucet ?

    @ Atao

    C’est juste

    @ JJS & 1984

    Beaucoup de ses propos étaient pourtant très libéraux jeudi soir

    @ Anonyme

    Macron, oui. Asselineau : mais pourquoi ?

    @ Guadet

    Leur programme est absolument effarant : ils lorgnent vers le modèle thatchero-reaganien alors même qu’il commence à être remis en question localement

    @ JZ

    Mais bizaremment, l’époque semble pousser dans ce sens

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    1. Thatcher pouvait peut-être encore croire que l'enrichissement de la classe la plus fortunée n'appauvrirait pas les autres et finirait même par les enrichir. La droite actuelle ne le croit pas, elle, et c'est pourquoi elle présente comme fatal et indispensable que la majorité des Français travaillent plus pour gagner moins. Elle assume parfaitement que son programme ne donne un avenir qu'aux plus riches, parce qu'elle considère les autres comme des inutiles voués à disparaître.

      Guadet

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  9. @LH,

    Lesquels ?

    Juppé a perdu !

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  10. @LH:

    Cela dépend ce qu'on entend par "l'époque". Si l'époque se résume aux contraintes de la Commission Européenne et à la façon de penser de l'élite LRPS, alors oui "l'époque" pousse à ça.

    JZ

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  11. Il parait qu'Asselineau se présente au élection présidentielle soutenue par un parti de 13000 adhérents mais qu'il est inconnu au bataillon, c'est bizarre d'apprendre cela!!

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  12. @ Guadet

    Le pire (???), c’est qu’ils ne sont peut-être même pas conscient de cela. Cela peut être seulement du conformisme, un manque de réflexion et l’air du temps, pour servir leurs intérêts…

    @ 1984

    Je ne me souviens pas précisément, mais en voyant ce que Poisson a dit sur l’économie, je me suis fait plusieurs fois la réflexion qu’il était comme les autres. Juppé me semble mal parti en effet : éliminé dès le premier tour ? Cela ne me déplairait pas, tant il était le chouchou du système.

    @ JZ

    Le moment actuel, où les idées alterntives à l’ultralibéralisme ne semblent pas parvenir à émerger et où nous perdons, pour le moment, la bataille des idées (heureusement, la guerre n’est pas finie).

    @ Anonyme

    Il est peu connu. C’est évident. Il a fait 0,4% aux européennes, un dixième du score de DLR.

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  13. @LH:

    Si on entend par bataille des idées la bataille du POSSIBLE. Il n'y pas une majorité de Français pour souhaiter ce que Jospin nommait société de marché. Mais ses défenseurs ont su imposer auprès de l'opinion l'idée qu'il n'y aurait pas d'alternative, bien aidés par: 1) la domination culturelle américaine 2) la Chute du Mur 3) L'idée que nous serions si peu par rapport à la population de la Chine et donc qu'il faudrait être inclus dans un grand ensemble libéralo-bureacratique (l'UE). 4) la situation des comptes publics. Du coup, à défaut de susciter une réelle adhésion, ils peuvent se poser comme les seuls à proposer une route réaliste. Les quatre points que je mentionne plus haut ont su gagner l'assentiment, à défaut de l'adhésion, des plus instruits. Quant aux retraités, ils n'ont même pas besoin d'être convaincus vu que c'est leur intérêt direct (cf. Merkel, porte parole du portefeuille du retraité allemand). C'est cette alliance retraités pro-LR/électeurs LRPSUDI urbain de haut niveau socioculturel qui promeut les candidats du consensus mou soclib.

    JZ

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  14. Dans interview récent avec Radio France sur les élections aux États-Unis Emmanuel Todd a élaboré sur la capacité de la France d'être en retard. Son exemple: l'amour de Thatcher 35 ans après son temps.
    Il dit que ceux gens-là sont "les Mitterands" de nos jours, hors l'histoire. Vont-ils faire Marine Le Pen Présidente de la République?

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