mercredi 23 novembre 2016

Pourquoi Fillon ?

Même si sa remontée était évidente, au point où tout le monde avait bien intégré que nous étions passés d’un duel à un combat à trois, le score de François Fillon, plus du double de Nicolas Sarkozy, plus de 15 points devant l’ancien favori, a surpris tout le monde. Mais quelles sont les raisons qui ont permis à l’ancien Premier ministre de s’imposer à ce point lors du premier tour ?



Positionnement, forme et fond

Si j’étais loin d’avoir anticipé le score de François Fillon, ni vu toutes les raisons qui pouvaient l’expliquer, il y a un point que j’avais vu la semaine dernière, c’est le fait que la campagne l’avait placé au centre de gravité de son parti. En effet, Alain Juppé se positionne comme le plus modéré du lot, y voyant l’équation gagnante face à Nicolas Sarkozy, et ce dernier pensait l’emporter par la droite en s’inspirant même parfois de Donald Trump. Mais en visant les ailes, les deux favoris de la majeure partie de la campagne ont oublié le cœur du parti, qui s’est largement tourné vers l’ancien Premier ministre. Pas sûr que l’argument de la modération soit l’argument gagnant pour Juppé en vue du second tour…

Fillon a aussi gagné sur la forme. Face au mercurial et sans gène Sarkozy, le seul des trois à avoir couper la file pour voter dimanche, son ancien collaborateur est poli, pondéré, tout en ayant la gravité qui sied à la fonction. Fillon a sans doute aussi gagné face à Juppé sur la forme : ce dernier use et abuse des conseils de communiquants. Depuis un an, pour casser son image austère, il apparaît toujours souriant : mais cela sonne tellement faux que, non sans une certaine ironie, c’est l’austère Fillon qui l’a battu. Et aujourd’hui il ne recule devant aucune outrance pour attaquer son rival, évoquant le pape, lançant une mauvais polémique sur l’avortement ou tentant de le disqualifier en l’associant à Sarkozy. Mais cela ressemble aux manœuvres désespérées de Balladur en 95. Juppé devient l’agité…

Enfin, on peut, malheureusement, penser que Fillon a aussi gagné sur l’idée, où, il faut le reconnaître, il a montré une relative constance. La métamorphose de Juppé, passé de chef de la casse sociale en 1995 au grand modéré est-elle véritablement crédible ? En outre, même si tout le monde s’accorde pour dire que Fillon va plus loin que lui, l’inspiration est la même et les programmes ne sont pas si éloignés. En outre, son plus grand conservatisme sociétal plaît sans doute à des citoyens fatigués de l’appel bien trop unilatéral des élites politico-médiatiques aux changements relativistes pseudo-modernistes. En résumé, en comparaison, Juppé semble bien être être un Hollande de droite


Pour tout cela, Fillon devrait largement l’emporter dimanche, un Juppé assez détestable se plaçant lui-même du mauvais côté du débat. Mais cela n’enlève rien au fait que je m’opposerai à celui qui se voit comme un Thatcher français, et qui renforcerait bien de nos problèmes économiques au lieu de les résoudre.

35 commentaires:

  1. Se faire plaisir, pour deux euro, en un simple rejet des deux favoris des médias, choses que l'on ne se permettra pas dimanche prochain, la participation devrait s'écrouler!

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  2. Mon plus grand regret ce n’est que Fillon finisse en tête de la primaire LR mais que la plupart des électeurs LR, qui se sont rendus à cette élection ne se rendent pas compte des conséquences économiques désastreuses des programmes de Fillon et Juppé. Je regrette notamment que la plupart de ces électeurs ne connaissent pas ou ne veulent pas entendre parler du multiplicateur des dépenses publiques et les recommandations du FMI sur ce sujet. A nous nombreux lecteurs de ce blog de nous mobiliser et n’inonder de commentaires pro-Keynésiens sur le multiplicateur les articles du Point, du Figaro ou autres journaux où on trouve beaucoup d’électeurs LR.

    EB.

    EB.

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    1. Quand on voit le programme de Fillon et qu'on s’intéresse à l'historique de la gestion des crises et aux effets du le multiplicateur budgétaire keynésien, c'est en effet vraiment inquiétant! Il a loupé des cours de macroéconomie le Fillon ? Parce que si on applique son programme de coupes budgétaires majeures en période de récession c’est direct la grande dépression et notre économie va s’effondrer…
      Même le FMI a commencé enfin à comprendre ses erreurs mais chez nous ils sont encore plus lents du cerveau... Bref bon courage à tous mais j'ai quand même du mal à croire qu'un programme aussi fou que celui de Fillon puisse l'emporter facilement, il aura de nombreux contradicteurs qui auront la raison de leur coté et quand on défend ouvertement le 1% on risque de se mettre à dos les 99% restant...

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    2. @Red2

      Il y aura bien sûr des contradicteurs pour critiquer le programme de Juppé et Fillon mais on a peu de chances, à mon avis, de voir régulièrement ces contradicteurs durant le journal de 20h de TF1 et France 2. Une grande partie des électeurs de droite risquent de suivre le troupeau et de voter en masse pour Fillon ou Juppé. Pour cette raison je crois qu’il est important qu’il y ait le plus possible de pro-keynésiens, qui se mobilisent sur un internet, afin qu’il y ait le plus possible d’électeurs de droite, qui comprennent les conséquences catastrophiques des programmes de Fillon et Juppé.

      EB.

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  3. D'accord à 100% avec toi Laurent sur ton passage sur la "forme".

    Fillon a quand même changé au fil du temps car on le présente dans l'ancien temps comme un gaulliste-social fidèle de Séguin... Bon c'est peut-être de la comm et des raccourcis mais il a quand même bien changé depuis.

    Au niveau éco et sociétal, il parait au contraire encore plus dur que Sarko, en sachant que lui risque de faire plus pour tenir "ses promesses", même avec une forme personnelle plus sereine et sérieuse.

    Trop bon de voir la tête de Juppé actuellement :) rien que pour cela, ça valait le détour !
    Le spectacle est bon, décidément.

    ***Jacko***

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  4. "Mais cela n’enlève rien au fait que je m’opposerai à celui qui se voit comme un Thatcher français, et qui renforcerait bien de nos problèmes économiques au lieu de les résoudre."

    Questions:
    - Les Français vont-ils accepter cette cure d'austérité ? Car nous restons quand même un peuple paradoxal voire contradictoire.
    Il faut "saquer" la fonction publique mais dans le même temps il faut des instit' dans les écoles, des commissariats de police, des maternités en hôpital public, le prélèvement de l'impôt à la source bof bof etc...
    Idem, il faut changer le marché du travail, le rendre plus flexible, contrôler toujours plus les chômeurs mais stop au rognage des avantages sociaux acquis, stop aux démarches agressives du patronat, simplifier le code du travail oui mais pas à l'encontre du salarié, faire appel à l’État dès qu'une grande société, industrie coule.
    - la victoire de F. Fillon et son programme ne vont-ils pas au final faire encore monter M Le Pen auprès de catégories sociales telles que les classes populaires et classes moyennes qui se sentent de plus en plus exclues et exposées ? Car la cure thatchérienne dirigée contre eux au profit des mieux nantis, M Le Pen saura la dénoncer et en faire un argument de "vente". Un exemple tout simple : l'école ! Quand les catégories classes populaires et moyennes verront que ce sont leurs enfants qui paient une réforme du système scolaire violente, par l'exclusion desdits enfants de filières générales ou technologiques ou techniques porteuses car ils seront dans la moyenne nationale , loin d'être mauvais, loin d'être des cas sociaux, mais qui seront dégagés comme des mal propres dans des filières poubelle car l'école, bien que loin d'être parfaite aujourd'hui, sera (re)devenue élitiste.

    Bonne journée
    Sylvie

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    1. "Les Français vont-ils accepter cette cure d'austérité ? Car nous restons quand même un peuple paradoxal voire contradictoire".

      Bonne remarque et bonne question !
      :-))

      L'anonyme du jour

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  5. @LH,

    "je m’opposerai à celui qui se voit comme un Thatcher français, et qui renforcerait bien de nos problèmes économiques au lieu de les résoudre"

    Donc...

    There is no alternative ?

    Cordialement.

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  6. Bref, a la botte de Sarkozy pendant son quinquennat, il sera a la botte de Bruxelles pour le sien!

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  7. Fillon était candidat à une primaire de droite, il a donc proposé un programme économique... de droite !

    Fillon était candidat à une primaire de droite, il s'est donc placé sur le plan des valeurs (famille, école, immigration)... à droite !

    Truc de dingue !

    Pendant ce temps là, Juppé draguait l'électorat du... PS ! Pour une primaire de droite !
    Quel stratège !
    Le pire c'est qu'après les résultats du 1er tour, il y va encore plus fort dans sa stratégie... Il est idiot ? Il veut faire 10-20% ?

    ps : pour ceux qui sont inquiets du programme de Fillon, dites-vous que son programme va déjà évoluer lors de la campagne présidentielle afin d'élargir sa base électorale.
    Et qu'une fois élu, les promesses...

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    1. Et avec un Sarkozy qui fait une campagne à destination des classes populaires alors qu'elles votent peu aux élections en général (sauf aux présidentielles) et encore moins aux primaires, le seul truc surprenant ce sont les sondages que l'on nous montre depuis 6 mois.

      Mais les sondages pré-électoraux sont-ils faits afin d'informer ou de formater les esprits ?

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  8. Fillon a sans doute le mérite d’avoir l’esprit un peu moins tordu et vicieux que ses principaux adversaires qui sont prêts à dire n’importe quoi pour se faire élire (au sujet de Sarkozy, je n’ai jamais cru qu’il croyait à ce qu’il disait : Dixit Raffarin ) et même, dans une moindre mesure Juppé maintenant. Ce n’est pas pour autant que je suis un partisan du programme de François Fillon. Ce dernier veut appliquer, en France, un programme économique inspiré des réformes appliquées par l’Allemagne au début de la création de la zone euro qui a bien fonctionné, à l’époque, pour l’Allemagne car les plus gros pays de la zone euro et la plupart des moins gros, partageant la même monnaie, non seulement ne faisaient pas comme l’Allemagne un choc de compétitivité, mais même faisaient des chocs de non compétitivité comme la France avec les 35 heures payées 39 pratiquement. De plus l’Allemagne avait à sa disposition des capacités industrielles importantes, un savoir faire dans l’industrie haut de gamme. Il y avait donc un certain nombres de conditions qui expliquent que la dévaluation interne opérée par l’Allemagne au début de la zone euro a pu marcher. Ces conditions ne sont plus remplies aujourd’hui pour la France. Quelques liens pour compléter mon propos :

    Allemagne : les Réformes Hartz :

    https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9formes_Hartz

    Les dévaluations internes peuvent-elles être efficaces au sein de la zone euro ? (article du 20 novembre 2015) :

    http://www.blog-illusio.com/2015/11/les-devaluations-internes-peuvent-elles-etre-efficaces-au-sein-de-la-zone-euro.html

    Les pays européens qui n'ont pas l'euro s'en sortent mieux (article du 11 mai 2015) :

    http://www.economiematin.fr/news-union-europeenne-pays-membres-zone-euro

    Pourquoi le programme de Fillon ne peut pas marcher :

    http://www.boursorama.com/actualites/pourquoi-le-programme-de-fillon-ne-peut-pas-marcher-bdaada555bb5aa09ed4596af4aef69ab

    S’il est élu président de la république au mois de mai prochain et qu’il confronté, ensuite, à l’échec de de son programme que pourrait faire FILLON ? Se maintenir en place en disant n’importe quoi, comme le pouvoir actuel et probablement la plupart des aspirants à sa succession, où tirer intellectuellement les conséquences de l’échec et comment ?


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    1. L'Allemagne bride le pouvoir d'achat à domicile (par la modération salariale) et exporte effectivement du haut de gamme à forte valeur ajoutée: d'où son fameux "excédent". Elle a su de plus trouver une clientèle pour ses produits dans les pays émergents. Sauf que la recherche de l'excédent commercial permanent n'est pas un rêve universel ni quelque chose d'économiquement absolument souhaitable: il l'est pour l'Allemagne et le Japon mais d'autres pays (les USA par exemple) se portent très bien sans. Quant à savoir quoi exporter et à qui...L'industrie française n'a effectivement pas le même positionnement de gamme que l'Allemande. Et à supposer que la France réussise à occuper ce segment l'âge d'or de la croissance des émergents semble révolu. Tandis que le protectionnisme semble furieusement tendance à Londres et Washington. Au fond nos candidats LR ne voient l'Allemagne que comme un fournisseur de recettes de cuisine applicables hors sol. Prompte à moquer l'incompétence économique de la Gauche, la Droite serait-elle elle aussi ignare en économie? Son bilan économique au pouvoir ces trente dernières années n'est pas bien plus reluisant que celui de la Gauche. Sans doute parce que la référence au pays qui marche du moment (hier USA et Japon, aujourd'hui Allemagne) fait office de réflexion économique chez elle depuis trente ans.

      Sauf que je me demande si ce que je dis est vraiment utile dans l'état actuel des choses: avec des traités imposant à tout le continent le rigorisme budgétaire allemand, la ligne Fillon est la seule applicable pour tout gouvernement élu d'Europe continentale. Même s'il avait envie de tirer les conséquences d'un probable échec il ne le pourrait pas.

      JZ

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  9. La question n'est pas "Pourquoi Fillon"

    La question est : "Pourquoi une telle volatilité de l'électorat"

    Je n'ai pas la réponse. Je pense que ça a un rapport avec l'idée du vote contre, du vote par élimination qui devient la norme. Ce n'est pas un vote d'adhésion, sinon on l'aurait senti venir bien avant. Ca fait des années qu'il fait campagne Fillon.

    Une certitude en tout cas : on n'aura jamais vu une élection aussi ouverte. Tout est possible.

    Bonne nouvelle pour Emmanuel Macron.

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    1. En complément : je prends les paris. Celui qui sera en position de challenger la veille du deuxième tour gagnera l'élection. Et sa victoire sera d'autant plus nette qu'il sera bas dans les sondages.

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  10. Moi aussi je ne goute guère cette pratique des primaires.
    Si la présidentielle est la rencontre entre une personne et les français les partis n'ont rien à faire dans ce processus.
    Tous les candidats à la présidentielle doivent pouvoir se présenter. Si leur nombre est trop important on peut utiliser les parrainages citoyens pour conserver ceux qui ont le plus de base populaire.

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  11. @ Anonyme

    Pas sûr que la participation baisse tant vu l’ambiance

    @ EB & Red2

    C’est clair, malheureusement, le programme des autres est très proche… En effet, les idées budgétaires des Républicains sont effarantes : ils répliquent ce qu’ils ont fait à la fin du mandat de Sarkozy

    @ Jacko

    Le spectacle, à défaut d’être réjouissant, est relativement divertissant

    @ Sylvie

    En effet, même s’il triomphe dimanche, il n’est pas sûr qu’il l’emporte au final, vu son programme. Les Français peuvent se réveiller, à moins que le vent ultralibéral, dominant, jusqu’au PS, n’emporte tout… Nous ne savons pas encore ce que le FN tiendra comme discours économique. La question semble en débat actuellement…

    @ Kous

    Bon résumé

    @ Anonyme 16h50

    Juste

    @ JZ

    Très juste !

    @ Anonyme

    Macron, je n’y crois pas une seconde

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    1. Trump, personne n'y a cru une seconde.

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    2. @Anonyme23 novembre 2016 à 20:53

      Correction : ceux qui écoutent et croient les "journalistes" et les experts médiatiques n'ont pas cru une seconde à la victoire de Trump.

      D'autres y ont cru.

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    3. Au tout début de la primaire des républicains, quand Trump n'était rien, qu'il n'avait aucun soutien, qu'il fanfaronnait à la tribune sous les yeux amusés de ses concurrents, vous y avez cru ? Allons, allons ...

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    4. @Anonyme23 novembre 2016 à 22:00

      Je pensais que vous faisiez référence au fait que l'ensemble des médias ont annoncé une victoire de Clinton tout au long de la campagne et jusqu'au dernier moment.

      Et en effet, je n'imaginais pas Trump gagner au moment que vous évoquez. Ne connaissant alors aucun des candidats...

      Mais dès qu'il a été investi par les républicains, ça n'avait plus rien d'inimaginable (même pour quelqu'un comme moi qui ne suit pas la vie politique américaine) puisque c'est toujours un démocrate ou un républicain qui gagne. Et que c'est en général serré.

      Et plus on avançait vers le jour du vote, plus je voyais sa victoire arriver gros comme une maison. ;)


      Note : Il est impossible de comparer le Trump candidat à une primaire à Macron. Macron n'a aucune possibilité d'avoir un parti politique derrière lui.
      Et sans parti politique derrière, même en étant le roi du net et des médias, vous n'allez nulle part.

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  12. Lors des primaires du PS (de 2006 et de 2011), c’est le candidat des sondages, celui qui avait les meilleures chances de l’emporter face à la droite, qui avait été élu. Ce qui est étonnant avec cette primaire de la droite, c’est que les électeurs n’ont pas voté pour le plus consensuel mais pour celui qui était le plus à droite. La raison en est qu’ils sont persuadés que le gagnant de la primaire LR sera forcément le gagnant de l’élection de 2017, mais n’ont-ils pas pris un risque en étant trop sûrs de leur victoire ?

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    1. Les électeurs de droite sont-ils un peu moins moutonniers que les électeurs du PS ?

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    2. @ Moi
      Je pense que l'explication, c'est qu'aujourd'hui on ne vote plus pour, on vote contre. Le vote Fillon est un vote utile contre le duo promis Juppé / Sarko. Je ne crois pas que des centaines de milliers de francais aient subitement découvert Fillon les cinq jours qui ont précédé l'élection. Si les derniers sondages avaient donné Sarkozy et Fillon en première position, Juppé serait à la place de Fillon aujourd'hui.

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  13. Un débat de qualité, ce soir! Pas de troll! Merci à tous et à notre hôte, Laurent Herblay.

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  14. À noter qu'en 2017, 2018 au plus tard la BCE devrait stopper son quantitative easing et peut-être même commencer à relever ses taux. Ce qui signifie qu'il ne pourra y avoir aucun accompagnement monétaire particulier pour la France de la politique de traitement de choc du Docteur FILLON. Du fait de l'appartenance de la France à la zone euro, ne seront pas disponibles les médicaments destinés à lutter contre les effets secondaires du traitement de choc. Non seulement l'impossibilité de déprécier le taux de change, mais aussi d'autres moyens qui vont être absents. Alors qu’ils ne sont pas absents au Royaume-Uni lors du Brexit. Voyez pour rappel:

    Brexit: la Banque d'Angleterre passe à l'action :

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2016/08/05/20002-20160805ARTFIG00072-brexit-la-banque-d-angleterre-passe-a-l-action.php

    Brexit: la Banque d'Angleterre fière de son bilan

    http://www.lefigaro.fr/flash-eco/2016/09/07/97002-20160907FILWWW00246-brexitla-banque-d-angleterre-fiere-de-son-bilan.php

    « La résistance dont fait preuve l'économie britannique depuis le vote pour le Brexit tient en partie aux mesures de relance dévoilées en août par la Banque d'Angleterre (BoE), a estimé mercredi son gouverneur, Mark Carney."Il y a un rebond en partie parce que la Banque a mené une action opportune, complète et concrète et que cette action a eu un impact", a déclaré M. Carney, interrogé lors d'une audition devant la Commission du Trésor de la Chambre des Communes.»

    Naturellement quand survient un évènement majeur de nature à affecter un l’économie d’un pays, il faut que les mesures des mesures d’accompagnement soient prises avec une extrême réactivité. Les retarder et c’est la catastrophe. Mettons-nous dans le cas de la dévaluation interne que voudrait faire la France sous FILLON: aucun accompagnement monétaire particulier ne sera possible, aucune dépréciation du change ne sera possible, aucune action destinée à favoriser les entreprises locales ne sera possible car contrevenant aux règles de la concurrence dans l’UE. On va casser la demande en interne sans accompagnement et sans pouvoir compenser cela suffisamment en externe car les autres pays de la zone euro sont eux aussi engagés dans dévaluations internes. Le résultat sera celui déjà connu des dévaluations internes dans la zone euro. Dans un premier une récession et une hausse importante du chômage. Dans un deuxième temps effectivement on peut commencer à profiter des gains de compétitivité obtenus de la dévaluation interne mais le problème, pour la France, est que les autres pays de la zone euro sont également engagés dans des chocs de compétitivité.

    Saul

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    1. Le terme dévaluation est assez juste. Le but de la monnaie unique était d'éviter une course à la dévaluation monétaire entre pays membres. Mais elle a été remplacée par une course au dumping fiscal, à la dévaluation du modèle social, ce qui n'est pas forcément mieux. Mêmes inconvénients avec en plus la perte d'un instrument d'ajustement aux variations conjoncturelles. Et effectivement un choc de compétitivité ne peut fonctionner que s'il est fait par un seul pays. Pas lorsque tout le monde le fait.

      JZ

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  15. Le triomphe de Fillon réside, me semble-t-il, essentiellement dans son électorat. Avec près de 60% d'inactifs votant pour lui - dont une majorité de plus de 65 ans - François Fillon a réussi à faire adhérer à des idées dont les conséquences ne touchent que très peu les votants. Il n'est pas si difficile de faire accepter les souffrances aux salariés quand on ne l'est plus.

    La question est de savoir si ces idées pourront gagner une opinion publique beaucoup plus large. Les salariés risquent d'y regarder à deux fois avant de voter pour une personne qui leur propose d'augmenter leurs impôts et leur temps de travail sans compensation. Son propre portefeuille joue aussi un rôle dans une élection. Dans une élection ouverte, les apports catholiques joueront faiblement. La porte est grande ouverte pour une attaque en règle du côté FN qui a eu la prudence d'avancer un projet un peu plus social.

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    1. @Paul Emile,

      Je suis frappé de voir que l'on ne veut pas voir. C'est pourtant là, sous nos yeux.

      Ce qui fait la cote de Fillon, c'est son positionnement sur les sujets dits sociétaux et identitaires. Ce point est si important que certains veulent bien même faire l'impasse sur la cure d'austérité qu'il propose.

      Le progrès (l'air du temps ?) a changé de camp, pourrait-on dire, et ce s'agissant d'un mot qui n'est jamais défini.

      Juppé est le candidat Terra Nova compatible, Fillon non. Ce n'est pas plus compliqué que cela.

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    2. Je ne suis pas si convaincu que les questions sociétales soient déterminantes (sauf pour le public particulier des catholiques auxquels Fillon parle spécifiquement).

      Quand la moitié de son électorat a plus de 65 ans, cela a du sens. Il y a chez les fillonistes un public qui n'est pas concerné par les questions sociales et qui est peu au fait des réalités économiques; qui peut donc se complaire dans les fantasmes véhiculés par le programme de leur candidat.

      La question sera différente quand l'ensemble des Français (y compris ceux qui travaillent) auront à choisir. C'est ici que Marine Le Pen a toutes ses chances.

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    3. @ Paul Emile :
      Oui, mais ce raisonnement est valable pour quasiment tous les candidats de la primaire. Hors c'est bien Fillon qui a raflé la mise. Les programmes étant sensiblement identiques, il a bien fallu que la différence se fasse ailleurs.

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    4. Vous voulez dire que FF propose la retraite à 65 ans et que seuls ceux qui ne se sentent pas concernés par cette menace parce qu'ils ont déjà passé le cap votent pour lui ?

      C'est une théorie séduisante mais je crois qu'il y a aussi d'autres motivations. Par exemple le rejet de Sarkozy.

      Ivan

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  16. @Paul Emile
    @ 1984

    Je pense que maintenant il faut attendre de voir comment le FN va réagir face au programme de François Fillon (FF) et A. Juppe aussi car pour l’instant nous ne sommes que le vendredi 25 novembre 9:15 :-) !
    Car même si FF a bien su amener et argumenter certains sujets (notamment il a été très fin sur la lutte anti-terrorisme et en se distinguant des autres candidats), il y a d'autres sujets comme l'Europe où FF s'est montré discret car européiste réel(il est loin le temps de soutien à Ph. Seguin...les 90's) ou encore la fameuse fonction publique. Le FN tente de percer dans ce secteur. Et il a quelques belles réussite en la matière (le réseau RACINE dans l'éduc. nationale par exemple). Sur le plan éco', le programme FN ne prône pas particulièrement un (ultra ?!)-libéralisme assumé même s'il y a divergence entre Marine Le Pen et Marion Maréchal (voir les dissensions d'opinion entre les 2 femmes au sujet des interrogations et des propositions des membres du réseau AUDACE plutôt vaine ultra-libérale).
    Par ailleurs, beaucoup ont souligné que les classes populaires (mais j'ajouterai aussi une partie des classes moyennes notamment celles en déclassement) ne vont pas voter aux primaires de droite comme de gauche car cela ne les intéresse pas plus que cela à la différence des élections présidentielles, des municipales voire même des européennes, elles se sentent exclues des débats qu'elles jugent trop technico-politico-techniques alors qu'elles, elles sont dans la pratique et la vie de tous les jours voire la mouise. Et c’est bien cet aspect pratique et du quotidien que M Le Pen a su capter dans son discours (les élites déconnectées de la vraie vie).
    To be continued...
    l'Anonyme du jour

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  17. @Paul Emile Sebeulin 25 novembre 2016 à 12:31

    Par quel étonnant phénomène le fait de passer l'âge de 65 ans (j'en suis loin soit dit au passage) vous conduirait le lendemain de votre anniversaire à ne plus porter d'attention à la situation sociale, économique, comme si la retraite était la retraite du monde et non plus celle du monde du travail.

    Ne peut-on penser une situation qu'en étant au coeur même de son expérience concrète, toute faculté de réflexion se dissolvant ainsi immédiatement dès la fin des mouvements du corps ?

    Je ne vois pas non plus où sont les fantasmes chez le candidat Fillon. De quoi s'agit-il très précisément ?

    Elle a ses chances en effet, et son programme est peut-être plus clair sur l'UE et bien évidemment bien moins libéral que celui de Fillon ; de toutes façons, libéralisme économique et "sociétal" vont de paire, sont les deux faces d'une même médaille.

    Cordialement.

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  18. @ Moi

    Pas faux, mais en 2006, Royal a aussi gagné pour de bonnes raisons, et en 2011, Aubry ne donnait guère envie. Juppé a trop voulu plaire au centre et à la gauche pour gagner des primaires de droite face à un candidat qui n’avait pas le passif de Sarkozy. En outre, démentir les pronostics ne doit pas déplaire aux électeurs de droite.

    @ Jacques

    Merci

    @ Saul

    En effet, c’est possible. Toute poussée inflationniste casserait les équilibres actuels. Merci pour les rappels sur la politique menée par la Banque d’Angleterre, qui montre l’intérêt de contrôler sa monnaie.

    @ Paul Emile

    Voir. L’électorat de Juppé est-il si jeune ? D’accord pour dire que la victoire de Fillon aux primaires ne préjuge pas forcément sa victoire en mai 2017 : 6 mois pour un favori très ultralibéral, cela pourrait être long.

    @ 1984

    Oui, sur les questions sociétales, il peut être bien placé, mais sur l’économie, ses idées ne me semblent pas majoritaires, même s’il semble que les années Hollande aient déplacé le curseur politique français.

    @ L’anonyme

    Nous verrons : le risque, c’est aussi que les français se laissent majoritaitement convaincre par les idées ultralibérales : Hollande pourrait les y avoir préparés ?

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