lundi 28 novembre 2016

Primaires : victoire par KO de Fillon

Hier, pas loin de 3 millions de Français ont voté pour faire de François Fillon le candidat des Républicains et de l’UDI, un homme qui se battait pour une lointaine troisième place il y a un mois. Il a laminé celui qui a été le grand favori des sondages et des élites pendant des mois. Que penser de ce résultat final et de ce que cela signifie pour la prochaine campagne présidentielle ?



Plébiscite thatchérien à contre-temps

Dans les dernières heures de ces primaires, quelques électeurs de gauche ont voulu exprimer leur rejet du futur vainqueur et tenter de peser sur le score final. Les résultats démontrent que le jeu était déjà fait, comme l’indiquaient les résultats du premier tour. Ils n’ont fait que financer la future campagne de Fillon. L’offensive de dernière minute, mesquine et de mauvaise foi, d’Alain Juppé ne lui rien rapporté. On peut même se demander si les réactions hystériques et excessives d’une certaine gauche, qui en a fait un extrémiste catho réactionnaire et ultralibéral n’ont pas eu pour effet de renforcer François Fillon, « La gauche la plus bête du monde », pour citer Laurent Bouvet.

En une semaine, les Français ont envoyé à la retraite Nicolas Sarkozy, ce président qui se tenait mal et qui a dit tout et son contraire, et Alain Juppé, ce condensé des politiques qui ont échoué depuis trois décennies et qui avait réussi à faire la quasi-unanimité des élites. La synthèse eurolibérale a été largement défaite. Les électeurs des primaires ont préféré un candidat qui n’a pas hésité à aller plus loin dans l’ultralibéralisme, sur la déconstruction du droit du travail, sur la priorité donnée aux intérêts des entreprises et des actionnaires et dans la déconstruction du service public. Même si je combats depuis toujours ces idées, il faudrait être naïf pour refuser d’y voir un possible mouvement de l’opinion.

Bien sûr, ce ne sont que moins de 3 millions de personnes qui ont exprimé un tel choix. On pourrait croire que le programme thatchérien de Fillon est très largement minoritaire et que sa victoire porte en germe une grand surprise pour l’élection présidentielle. C’est peut-être le cas, mais le score de François Fillon amène à questionner fortement cette hypothèse. Et si, comme l’avait théorisé Généreux dans « La dissociété », les conséquences désastreuses de l’ultralibéralisme le renforçaient au lieu de l’affaiblir. C’est ce que je craignais en janvier 2009, juste après le krach financier. Et si nous avions tout simplement perdu la bataille des idées ces dernières années, comme on pouvait le craindre ?


Hier, la présidentielle de l’an prochain s’est peut-être déjà jouée. Même si le passé montre que la position de favori n’est pas une garantie de victoire, François Fillon pourrait malheureusement être l’incarnation du projet qu’une majorité de Français veut se donner aujourd’hui, pour tout un tas de raisons, bonnes comme mauvaises. Après tout, ne dit-on pas que l’erreur est humaine ?

19 commentaires:

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  2. En 2002 j'ai voté Chirac pour battre Le Pen . Si j'ai le choix entre Le Pen et Fillon l'année prochaine , je voterais Le Pen Pour battre Fillon

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  3. Mettre deux euro pour éliminer les grosses têtes que l'on veut nous imposer, espérons qu'ils ne prennent pas cette habitude lors de véritables élections!

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  4. le peuple vote pour un homme et non pas pour un programme.C'est dommage.J'aimerais qu'un homme élu grâce au programme qu'il présente soit déchut de la fonction si ce programme n'était pas respecté.

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    1. Nous sommes nombreux, mais c'est interdit par la constitution. Sont pas fous !

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  5. Les électeurs de Fillon semblent surtout être en très grande majorité les retraites qui veulent l austérité pour les autres.

    Pas la France qui travaille

    Cela va être drôle de voir la gauche appeler à voter Fillon contre le FN qui lui fera campagne sur l état, le social, la fin de l austérité

    Vraiment drole

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    1. @Lowcarber + tous

      Si les électeurs de Fillon sont majoritairement composés de retraités, il est bon de rappeler à ces derniers que M. Fillon ne compte à priori, ni augmenter les retraites, ni remettre en cause la désindexation des retraites décidée par Macron et Hollande.
      En revanche NDA propose de ne plus payer les 8 Milliards par an à l’UE et avec cet argent il compte augmenter les pensions de retraite de 100 €. S’il propose en plus de rétablir l’indexation des retraites sur l’inflation, NDA peut espérer piquer des électeurs à M. Fillon, pour peu que ces derniers croient à la crédibilité de son programme, ne soient pas des têtes de mule ultra-conservatrices et portées sur le vote utile.

      EB.

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  6. Il n'esr pas surprenant que l'electorat de Fillon soit essentiellement composé de retraités. A -T-on deja vu un programme plus inégalitaire qui favorise l.accumulation du capital (suppression isf diminution des droits de succession) comme son rendement (taxation forfaire des produits d'épargne hors assurance vie à 15% ?
    Et rien évidemment pour lutter contre l'evasion fiscale
    Les revenus du travail en revanche ne sont pas à la fête dans ce programme : diminution du salaire horaire pour tous ceux qui travailleront 39 heures payés 37 pas de déduction d'ir
    Cette droite porte à l'evidence le projet d'une societe fortement inégalitaire. C..est déjà en soi insupportable mais en plus ce programme sera s'il est appliqué en catastrophe en terme économique. Car le ressort de la croissance çe en France c.,est la consommation. Comment consommer àlors que les charges vont augmenter (TVA mutuelle) que les risques de chômage vont d?zccroitre avec des licenciements facilités ?

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  7. Devant le fatras de mesures inégalitaires de Fillon ,on oublie trop qu'il a été le seul à aborder une question de souveraineté nationale, les relations avec la Russie par exemple...Or chez certains retraités ces questions ont de l'importance et à juste titre ,car elles sont la clé d'un retour vers la croissance....Les gens un peu informés et conscients en ont ras le bol de ces èlus rampants devant Merkel ,de ces interventions extérieures déléguées par les US... personne ne veut aborder ces questions mais elles vont surgir dans la campagne des présidentielles ...Je vois bien entendu Fillon tout aussi Rampant que Hollande devant l'Allemagne ,mais il aura au moins eu le mérite d'aborder certains problèmes(Sarkozy avait su jouer de cette corde en 2007 ,bien entendu une fois élu il avait rejoint les "rampants" ....Excusez-nous si nous autres retraités avons la nostalgie d'une France souveraine!!!!

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    1. "personne ne veut aborder ces questions mais elles vont surgir dans la campagne des présidentielles ..."

      Personne ? Il y a juste Dupont-Aignant, Melenchon et Le Pen qui parlent de ces questions et depuis beaucoup plus longtemps... et sans programme Tathcherien en plus! Parce que faire exploser la société française et son économie, c'est la rendre souveraine peut être?

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  8. 3 millions de personnes l'ont choisi à une primaire ce qui ne fait pas une élection présidentielle. Par ailleurs, ceux qui l'ont choisi, l'ont fait en retenant tel thème ou encore telle problématique (la fin des servies publics, les relations internationales, la lutte contre l'islamisme radical etc...). Mais ont-ils vraiment voter pour l'ensemble du programme ? Maintenant, il faut attendre la réplique du FN et ce qui va se préparer à gauche. M. Valls va-t-il sortir vainqueur de la primaire à gauche ?
    F.Fillon verra son programme attaqué sur les aspects ultra-libéraux.Mais, il mettra de l'eau dans son vin et saura communiquer politiquement pour atténuer les aspects les plus rigoureux. A mon sens, il a déjà très bien dissimulé certaines de ses positions pour en mettre d'autres en pleine lumière qu'il savait fédérateur ( l'anti-fonctionnarisme cela marche toujours ou remettre certaines religions à leur place dans la République aussi). Donc pendant la campagne il saura y faire. Il faut regarder les discours de M. Thatcher en son temps, de la subtilité politique.
    Le truc est qu'il ne faut pas refuser la réforme mais il faut la faire de façon non-idéologique et en posant tous les faits, questions, défauts, qualités etc...sur la table. Au regard de l’histoire de France cela peut prendre du temps (les Suédois ont pris bien une quinzaine voire une vingtaine d'années pour réformer c'est dire...).
    Je reste quand même pessimiste. Les électeurs pourraient vouloir essayer F. Fillon.
    Sylvie

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  9. Je refuse l'idée que le candidat LR soit automatiquement le futur président. Il va y avoir d'autres candidats, une campagne qui va durer 4 mois. Si la France est toujours la France, elle ne votera pas pour ce sinistre et rétrograde personnage.

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    1. @Moi

      Moi aussi, je refuse de me résigner à l’idée que ce sinistre personnage qu’est M. Fillon gouverne la France. Cela dit, ne pas le vouloir ne suffit pas. Il me semble important que nous soyons les plus nombreux possible partout en France à intervenir dans les réseaux, dans les blogs, dans les articles des journaux, à tracter dans la rue (cela peut être pour DLF, Montebourg, Guaino ou autres), afin notamment de faire prendre conscience du danger Fillon et promouvoir un autre projet.

      EB.

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  10. Je suis comme certains et certaines, j'ai du mal à croire que l’élection présidentielle est pliée car F.Fillon a gagné la primaire de droite à plus de 60%. C'est une partie des citoyens français qui sont allés voter par l'ensemble des électeurs.
    Cependant, il y a un truc qui me chiffonne :
    - la gauche est mal partie. Le PS nage en plein délitement et psycho-drame. Peut-être devraient-ils se reposer sur Manuel Valls, celui qui a le plus de chances d'être audible par les électeurs. JL Mélechon ne passera ps sur la question de l'immigration au sens large (immigration légale, clandestins, réfugiés etc...).
    - M Le Pen présentait bien jusqu'à hier soir. Or, un candidat de la droite dite parlementaire se tire plutôt pas mal d'une primaire en maniant avec une certaine agilité certaines thématiques qui ont fait le renouveau du FN: l'immigration, le fondamentalisme, la lutte anti-terroriste, le rapprochement avec V. Poutine. Au point d'en oublier la casse que risque de semer d'autres propositions du programme de F. Fillon (droit du travail passation du secteur public au secteur privé etc...). Or, il sera moins marqué socialement et politiquement de dire que l'on a accordé ses voies (1er & 2ème tour) à F.Fillon plutôt qu'à M Le Pen.

    L'Anonyme du jour

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  11. Vous n'avez pas perdu "la bataille des idées", vous avez perdu la bataille de la réalité.

    Pas sur le terrain de l'économie, mais sur celui de l'immigration et de ses conséquences.

    Pour la majorité des Français, l'islam est une menace et n'a rien à faire en France. Tant que vous ne l'aurez pas compris, vous et vos copains de gauche, la gauche et le centre ne seront plus éligibles, et la destruction de l'Etat et de l'Etat-providence continuera.

    Mais bien sûr, il est plus confortable de prendre le FN comme tête de Turc pour refuser de voir votre responsabilité dans la situation critique de la France.

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    1. La bataille de la réalité c'est ultra-libéralisme made in Reagan et Tathcher qui est en train de la perdre. Vous confondez les causes et les conséquences en vous focalisant sur l'Islam...

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  12. Ceux qui ont voté Fillon sont plus que conservateurs, ils sont âgés et sont attachés au monde qu'ils connaissent depuis plutôt longtemps et réagissent surtout devant l'islam identitaire avant de réagir aux questions économiques et ont expulsés de la politique Sarkozy qui fait ce qu'il ne dit pas et Juppé le candidat de l'identité heureuse.

    Et comme Fillon a encensé le vieux fond catholique, il a gagné au-delà du catholicisme dans la France de son habitat géographique et socioculturel séculaire de petites villes et villages qui ont fini par voir à droite au fil du temps la continuité entre l'ancien régime et la république.


    Ce sont les électeurs urbains de gauche de moyennes et grandes villes qui se doivent de rompre avec leur idéologie européiste fédéraliste qui les empêchent de comprendre la souveraineté. C'est à dire d'être capable de réunir la souveraineté populaire d'avec la souveraineté nationale sans y voir une épidémie de xénophobie et de racisme.

    La gauche dominante en ayant discrédité la nation que cette gauche soit sociale lié au vieux fond communiste fait de repentance ou à la gauche multiculturelle socialiste, le résultat se trouve dans l'adoption indirecte de l'ultralibéralisme de Bruxelles.

    Reste à voir si Mélenchon est capable de changer ce logiciel. Comme pour Montebourg, cela lui est difficile.

    La droite libérale conservatrice va jouer aussi ce jeu de renforcer le système existant (Bruxelles) en plébiscitant ces valeurs.

    On peut dire que le système politique est ingénieux. Avec des candidats présidentiels qui partagent tous les grands principes sur l'Europe, sur le marché associé à une protection sociale dégradée. L'électeur moyen de gauche ou de droite en dehors de l'abstention se fait avoir.

    Et le Front national joue son effet repoussoir pour plus que stabiliser le système, renforcé par les deux tours à la présidentielle surtout qui se trouve à éliminer les
    -partis les plus marginaux-.

    Il y a la gauche patriote de Natacha Polony et du Comité Orwell prompt à réveiller les consciences comme ici dans ce blogue ou celui de Jacques Sapir.

    Quoiqu'en fait, ce soit de surtout des effets du Brexit et de Trump président si non trahis qu'il faut attendre des effets d'entraînements qui pourraient changer le monde ou l'Occident.

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  13. Toutes les critiques lues sur ce blog contre le thatchérisme délirant du programme économique de Fillon sont justes, mais il n'a été assez relevé que ce programme n'est en fait que l'application des traités européens, en particulier de ceux qui portent sur l'euro. On continue à faire comme si les décisions étaient prises à Paris et donc comme si les nuances entre les candidats aux élections françaises avaient de l'importance. Ce n'est plus le cas dans les domaines économiques, financiers, budgétaires et bientôt fiscal. Et aussi dans le domaine social, comme on l'a vu avec la loi El Kohmri. Les décisions ne sont plus prises à Paris par des responsables élus par les Français, mais par des technocrates irresponsables à Bruxelles, Francfort et Berlin. La seule vraie différence de programme pour la France, c'est entre sortir de l'UE ou y rester. Le programme économique et social de Fillon est cohérent avec son choix de rester. Par contre, ses velléités d'indépendance en politique étrangère ne le sont pas, et ne tiendront pas longtemps face aux pesanteurs atlantistes de l'UE.

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  14. Cela n'est pas un vote d’adhésion mais simplement un jeu de rejet et d’élimination. Comme l'on dit habituellement "jamais deux sans trois"!

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