samedi 17 décembre 2016

PS, LR, FN : la présidentielle version apprentis communiquants

Depuis la campagne des primaires des dits Républilcains, la campagne pour l’élection présidentielle de l’an prochain s’est singulièrement accélérée après le renoncement de François Hollande et le lancement de la campagne des primaires socialistes. Mais ce qui frappe depuis plusieurs semaines, c’est à quel point, aussi maladroitement soient-ils, les différents candidats ne réfléchissent qu’à leur communication.



Combat dérisoire de postures maladroites

En matière d’apprenti communiquant, Valls n’est pas le dernier. Lui qui n’a cessé de diviser son parti, en défendant des positions souvent plus proches de celle de l’ancien président, ose se présenter comme le candidat du rassemblement. Première posture ridicule. Puis, après avoir utilisé l’article 49-3 six fois, il propose sa suppression. Ce faisant, il apparaît pour ce qu’il est, à savoir la version PS de Sarkozy, prêt à dire tout et n’importe quoi pour être élu, au point que cela devient tellement visible que les Français pourrait bien le rejeter. Sa seule chance semble être ses principaux adversaires, entre un Montebourg égocentrique et un Hamon qui a tout de la caricature du politicien.

Il faut dire que les primaires des dits Républicains n’ont été qu’un concours de postures. Bruno Le Maire a cru pouvoir convaincre en se faisant le candidat du renouveau, lui, l’énarque, ancien directeur de cabinet, député, ancien ministre… Alain Juppé voulait faire jeune, souriant, et plaire au centre, voir même à gauche. Le caméléon Sarkozy pensait pouvoir se relancer en se droitisant. Au final, c’est la posture thatchérienne de Fillon qui s’est avérée la plus habile, le plaçant au centre de l’échiquier politique de la droite, d’autant plus qu’elle était sans doute un peu moins artificielle et affichait une forme de cohérence pour celui qui parlait d’un Etat en faillite, à défaut d’être sensée. Mais les retournements de sa position sur l’assurance-maladie démontrent qu’il n’était pas avare de postures lui aussi.

Comme souvent, le FN suit les tendances les plus détestables de l’UMPS : Marine Le Pen, dans un pur exemple de triangulation blairiste, fait campagne pour une « France apaisée », une campagne qui ne parle pas de la France, qui n’a pas besoin de s’apaiser, mais d’elle, de son image et de ses intérêts. Parce que son parti fait peur, les apprentis communiquants du FN parlent d’apaisement : une ficelle un peu grosse… Et son logo de campagne est une rose bleue sans épine, l’UMPS sans les épines ? Bien sûr, la communication est nécessaire en politique, mais quand elle est aussi grossière, auto-centrée, et déconnectée de toute réalité, elle finit par en dire long sur ceux qui y ont recours…


Toutes ces manœuvres communicantes me semblent aussi politiciennes qu’amatrices. Extraordinairement révélatrices de politiques qui ne se soucient plus que de communication, en déconnexion complète du fond, mais aussi d’un amateurisme confondant, tant ces manœuvres sont grossières, alors que la communication réussie doit être discrète et savoir s’effacer.

3 commentaires:

  1. Parler d'habilité parce que l'on arrive en tête est un peu gros, un candidat qui n'aurai rien dit, aurait eu autant de chance d'être élue par défaut! On veut se débarrasser de ce panier de crabe au ordre! Mais comment faire?

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  2. Face à Trump et Poutine, avec leurs experts mentors du mensonge, nos politiciens sont de gentils amateurs :
    http://www.slate.fr/story/130667/trump-amerique-cauchemar-surrealiste

    Une Europe désunie face à Poutine et Trump, vous m'en direz des nouvelles...

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  3. Pour Fillon ce retournement est dû aux retours terrain négatifs de députés LR. Il tente du coup de noyer par la comm' l'erreur Gattaz, du nom de l'inénarrable patron des patrons qui croyait que l'impopularité hollandaise était une opportunité pour vendre à l'opinion une ligne thatchérienne dure. Oubliant que la situation du Royaume Uni de l'époque n'aurait pas été suffisante pour "vendre" de telles réformes. Ces dernières s'appuyaient sur une culture "aide-toi et le ciel t'aidera" bien ancrée au RU: insularité, sentiment que le Royaume fut le seul à tenir bon pendant le Continent s'effondrait face aux Nazis et ne doit donc "compter que sur lui-même"... De même que l'ordolibéralisme allemand est l'enfant du traumatisme inflationniste des années 30 et de l'idée très ancrée de l'autre côté du Rhin que dépenser plus que ce que l'on a serait une faute morale grave. Eh oui: même dans les succès du libéralisme mondialisé, les mentalités nationales jouent un rôle. Il ne suffit pas de crier "faillite" pour le vendre aux Français.

    Le cas du FN est différent: la maladresse de comm' paraît criante car MLP: 1) est préocuppée par la guerre fractricide MMLP/Phillipot (le FN, un PS comme les autres?) 2) choisit de faire le dos rond parce qu'elle pense que la séquence médiatique du moment est socialiste. Encore que 2) rejoigne l'obsession de la comm'...

    Quant à Valls, il est tombé dans le piège prévisible d'une primaire s'annonçant depuis longtemps comme un congrès PS à ciel ouvert. D'où une comm' "les socialistes parlent aux socialistes" qu'on pourrait résumer par: frondeurs, pardonnez-moi car je veux être votre chef. Il oublie que les frondeurs, c'est du passé puisqu'ils ont voté massivement la confiance à Cazeneuve (qui va faire une politique proche de Valls: bonjour la cohérence). L'article est quand même en partie injuste en oubliant rayon pure comm' le cas Macron. Comm' qui fonctionne elle puisque ciblant ceux qui ne souffrent pas de la mondialisation.

    Sinon, ne sais pas où poster ça, je poste donc ici. L'étude CEVIPOF sur la jeunesse montre que les jeunes n'ont aucune confiance en l'Europe tout en voulant y rester. Pour le coup leurs contradictions rejoignent celle de la majorité du corps électoral. Un vrai défi pour le souverainisme.

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