mardi 25 avril 2017

Coralie Delaume et David Cayla pronostiquent la fin de l’Union Européenne (3/3)

Non seulement les auteurs démontent de manière implacable le caractère profondément antidémocratique de l’UE, et comment elle renforce les plus forts, mais plus fondamentalement ils indiquent que toute cette construction est profondément viciée, et ne pourra probablement pas être corrigée. C’est pourquoi ils parlent de la « Fin de l’Union Européenne », comme un éloge funèbre à peine anticipé.



Des vices de forme beaucoup trop important

Le livre comporte une longue et passionnante analyse du phénomène de polarisation industrielle de l’Europe autour de l’Allemagne, déclenché par l’euro, le marché unique, et l’intégration des pays de l’Est. Pour les auteurs, « il est possible que les problèmes véritables révélés par la crise de 2010-2013 proviennent du cœur et non du pourtour (européen) ». Ils notent que le développement industriel est polarisé, la périphérie étant asséchée par le cœur économique, « qui attire à elle tous les facteurs mobiles, capitaux et travailleurs, ce qui contribue à renforcer son industrie (…) à l’inverse, le processus assèche la région la moins développée, dont les capitaux s’exfiltrent et dont la main d’œuvre migre vers la région la plus riche (…) Ainsi un retard originel engendre… plus de retard encore à l’arrivée ».

Le livre rappelle qu’il y a 200 ans, « les coûts de transport sont si élevés que le prix du blé double après 400 km par voie terrestre ou après 1200 km par voie maritime ». Jusqu’à l’Acte Unique, les facteurs de production mobiles sont « assignés à résidence », mais le mécanisme de polarisation fait alors basculer l’Europe. L’alliance des réformes Schröder et de l’utilisation des PECO comme base arrière pour produire à bas coûts ont mis l’Allemagne dans une position extraordinairement favorable, d’autant plus que la monnaie unique fournit à l’Allemagne une monnaie moins chère que ce qu’elle devrait être, et inversement à ses partenaires, une monnaie plus chère qu’elle ne devrait l’être.

C’est ainsi que de 2000 à 2007, la production industrielle croît de 27% en Allemagne contre 7% en Espagne et une stagnation en France et en Italie, comme le montrent des graphiques célèbres dans le débat public, provoquant l’envolée des différences de soldes courants. En somme, « l’Allemagne (est la) gagnante de la création de l’euro… puis de sa crise », aussi puisque cette dernière a amplifié les écarts de taux entre pays, faisant gagner à l’Allemagne 100 milliards d’euros de 2010 à 2015 selon l’institut allemand Leibnitz ! Autres paradoxes, le modèle de développement allemand doit beaucoup au protectionnisme théorisé par Friedrich List et le pays s’est aussi relevé du fait de l’effacement de 60% de sa dette publique par ses créanciers lors de l’accord de Londres de 1953, ce que Berlin refuse aujourd’hui à Athènes.

Mais aujourd’hui, un rien fait vasciller ce château de carte, comme avec le CETA et la Wallonie « c’est le grand désarroi, c’est l’immense impuissance de l’éléphant qui tremble devant une souris. Et qui sait que s’il l’écrase, dix autres naîtront aussitôt (…) qu’adviendrait-il si un grand Etat membre entrait en résistance ? ». Il faut dire que « le Brexit signe la fin du mythe de l’irréversibilité de l’appartenance communautaire », et que les pays qui sont en périphérie vont en général mieux. La Finlande envisage sereinement la sortie de l’euro. Même les plus euro-béats finissent par admettre la direction folle prise par l’Union Européenne, tel Jacques Attali qui reconnaît que « l’on ne pourrait plus faire Airbus aujourd’hui »

Les auteurs résument la situation actuelle de la sorte : « dans l’UE, les rapports de force se sont accrus par le truchement d’une intégration supranationale très inégalitaire, où les plus forts ne tolèrent la présence des plus faibles que sous réserve de pouvoir leur dicter l’intégralité de leurs conditions (…) marche ou crève ». Mais ce qui rend leur discours particulièrement convaincant, c’est que leur constat vient seulement de l’examen méticuleux de ce qui se passe, sans la moindre animosité à l’égard du projet européen, plus dans le registre du regret que l’UE soit devenue cette machine folle qui broie les démocraties et les peuples, que du combat politique auquel j’essaie de contribuer de manière plus frontale.

Un grand merci aux auteurs pour ce livre remarquable, aussi intéressant pour les passionnés de longue date que pour des personnes qui s’interrogent sur ce projet européen sans a priori. Mais surtout, c’est sans doute le meilleur essai pour convaincre des personnes favorables à l’UE mais ouvertes au débat. Le meilleur cadeau à faire pour faire progresser nos idées.


Source : « La fin de l’Union Européenne », Coralie Delaume et David Cayla, Michalon

1 commentaire:

  1. L'UE de Bruxelles n'est qu'une simple zone administrative et rien d'autre, c'est un "syndic" extérieur a l'immeuble qui veut imposer ses règles et sa gestion! Elle n'a pas le devoir d'être démocratique mais simplement suivre les ordres!

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