mardi 20 novembre 2018

Gilets jaunes : la révolte de la France périphérique contre Macron

Quel choc de voir la mobilisation de samedi, partout en France, beaucoup de personnes, peu engagées en politique, bloquer les routes et faire des opérations escargots, dans une forme de mai 1968 à l’envers d’un point de vue idéologique. Bien sûr, il y a eu des violences inacceptables, mais cela ne doit pas cacher la forêt d’une colère légitime et d’un affaiblissement spectaculaire du pouvoir.


Un point de rupture dans le mandat ?

Cette mobilisation n’est pas à prendre à la légère car, outre le fait d’être spontanée, elle est l’expression d’un véritable ras-le bol de la France périphérique théorisée par Guilluy, rejetée des centres villes des grandes métropoles, souvent contraintes de faire des dizaines de kilomètres par jour pour aller au travail et véhiculer sa famille. La goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est l’addition de la hausse des taxes sur le carburant à l’augmentation du prix du baril, qui a fait progresser le prix du gazole de 50% en trois ans ! Derrière les moyennes myopes, il y a la vraie situation de millions de Français contraints de dépenser 15 à 25% de leur maigre salaire en essence, qui n’en peuvent plus.

Sourds à ces difficultés, une partie des média et des élites se sont recroquevillées dans une forme de racisme social aussi violent que vulgaire et fermé, tel ce journaliste du Nouvel Obs, affirmant « gilets jaunes, idées courtes » ou cet intervenant de Slate, « gilets jaunes : le retour du français moyen, très moyen ». Qu’elle est ouverte et généreuse cette pseudo gauche qui crache sur les gens qui expriment leur douleur, surtout quand cela est probablement fait depuis l’intérieur d’un périphérique parisien, où la voiture devient de plus en plus rare et inutile. Pas étonnant, comme le note Marianne, que les gilets jaunes expriment une gigantesque défiance envers ces médias, parfois aussi méprisants.

Face à cette colère, le gouvernement a lâché quelques mesurettes. Comme d’habitude, le président de la République a démontré son insensibilité et sa superficialité en lâchant que « l’addition des colères ne fait pas un projet ». Mais ce n’est pas un projet dont il est question ici, c’est l’expression d’un ras-le-bol d’une France abandonnée depuis des décennies, qui voit son pouvoir d’achat baisser fortement malgré les statistiques dont se vantent le gouvernement, et d’autant plus choquée par les hausses de taxes sur l’essence que Macron avait débuté son mandat par un déluge de cadeaux pour les riches. Le discours du gouvernement en devient en réaction totalement inaudible.

Certains pourraient y voir une forme de ras-le-bol fiscal droitier, ferment de nouvelles coupes de dépenses publiques, comme cela s’était passé sous la présidence précédente, et sur lequel la droite, mais aussi la majorité actuelle pourraient tenter de surfer, comme le Premier ministre a cherché à le faire dimanche soir. Mais j’espère qu’il y a davantage un refus de l’injustice fiscal crasse des dernières années, avec les impôts des plus riches et des entreprises toujours en baisse, compensés de facto par tous les autres. Il n’est pas acceptable d’accepter une telle coupe dans son pouvoir d’achat avec tant de désertions fiscales ou de milliards qui ont été offerts aux plus riches et aux multinationales.


Dans un bon éditorial dans Marianne, Natacha Polony a raison de faire un lien avec « cette fracture sociale qui ne cesse de se creuser, même si les amortissements du système social français limitent la montée des inégalités ». Merci à Christophe Guilluy d’avoir alerté sur la situation de cette France, come il le rappelle au Figaro, et tout mon soutien à l’action pacifique de l’immense majorité des gilets jaunes.

17 commentaires:

  1. Au-delà de la forme, il y a un mensonge odieux sur le fond dans le papier de l'Obs :

    "Les "gilets jaunes", qui rêvaient de vivre au large des villes et de consommer à leur guise, se croyaient libres et se découvrent prisonniers d’une société bloquée"

    C'est le violeur qui ose affirmer que sa victime était consentante.

    En effet si les classes populaires puis moyennes avaient quitté la ville volontairement, de leur plein gré, on aurait vu les prix de l'immobilier et les loyers en ville baisser au fur et à mesure des départs des habitants vers la banlieue.

    Des dizaines de villes fantômes aux USA sont là pour témoigner que l'immobilier ne monte jamais quand les gens s'en vont volontairement.

    Or ce n'est pas du tout ce qu'on a observé ces cinquante dernières années chez nous.

    Bien au contraire on a vu les classes populaires et moyennes chassées de plus en plus loin des centres au fur et à mesure que les loyers et les prix en ville devenaient chaque année un peu plus exorbitants.

    Il n'y donc a aucun moyen, de bonne foi, de se tromper sur la cause du phénomène.

    Ivan

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    1. C'est dû aux politiques territoriales qui privilégient les grandes métropoles au détriment des villes de taille plus modeste mais pouvant être plus performantes sur le plan économique et moins chères pour l'immobilier. Juppé qui voulait un Bordeaux de 1 millions d'habitant, mégalomanie. Résultat les grandes métropoles voient les loyers monter en flèche et la circulation s'engorger :

      https://www.youtube.com/watch?time_continue=53&v=dEdt6Y-Pev4

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  2. "elle est l’expression d’un véritable ras-le bol de la France périphérique"

    Ce mouvement n'a rien d'homogène, et il serait intéressant de savoir combien de manifestants roulent en gros SUV ou 4x4.

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  3. @ Ivan

    Merci pour ce rappel

    @ Anonyme

    La grande majorité ne semble pas avoir beaucoup de moyens

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  4. Un premier syndicat appelle à rallier les gilets jaunes.

    FO Transports, le premier syndicat du secteur, appelle ses adhérents et sympathisants à se mobiliser pour soutenir les "gilets jaunes". Il envisage aussi de lancer un appel à la grève.

    La fédération FO des transports et de la logistique a appelé mardi ses adhérents et sympathisants à rejoindre le mouvement des "gilets jaunes" afin de défendre le pouvoir d'achat, envisageant même de durcir le ton à travers un appel à la grève. Cette fédération est le premier syndicat à appeler à la mobilisation en soutien des "gilets jaunes", mouvement qui se veut apolitique et qui est organisé en dehors des organisations syndicales.

    "Nous sommes aussi des citoyens", a souligné Patrice Clos, secrétaire général et candidat à la succession de Pascal Pavageau à la tête de la confédération Force ouvrière.

    Troisième organisation du secteur, FO-UNCP appelle, "en solidarité avec le mouvement citoyen +gilets jaunes+, (...) tous ses militants, adhérents et sympathisants à participer et organiser toutes actions visant à revendiquer l'augmentation du pouvoir d'achat", a indiqué le syndicat dans un bref communiqué. "On appelle à venir renforcer les mouvements existants", a précisé Patrice Clos.

    Le secteur, qui regroupe les chauffeurs routiers, les ambulanciers, les transporteurs de fonds ou les déménageurs, compte quelque 700.000 salariés, a-t-il indiqué à l'AFP. Dans le cas où la mobilisation ne porterait pas ses fruits, FO-UNCP pourrait aller plus loin, a prévenu M. Clos. "Si le gouvernement continue à mépriser nos concitoyens, on verra si on passe à l'étape supérieure, c'est-à-dire l'appel à la grève", a-t-il averti.

    La CFDT, premier syndicat dans le secteur du transport et de la logistique devant la CGT, doit décider mercredi si elle se joint au mouvement des "gilets jaunes". Fin octobre, elle avait dit soutenir "le mouvement de mécontentement citoyen sur l'augmentation du carburant et la taxation complémentaire des retraites".

    La CFTC Transports, 4e organisation de ce secteur, évoque une décision d'ici à la fin de la semaine.

    https://www.bfmtv.com/economie/un-premier-syndicat-routier-appelle-a-rallier-les-gilets-jaunes-1570874.html

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  5. Les gilets jaunes, aussi sympathiques soient-ils, sont inconscients et irresponsables. Il était évident qu'en appelant à des blocages, sans aucune forme d'organisation ni de préparation, il y aurait des débordements, des blessés et des morts.

    La colère des gilets jaunes est compréhensible, elle doit être respectée. Mais elle ne justifiait pas une telle prise de risque.

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  6. Herblay,

    Une nouvelle suite de votre choix de 2017 :

    https://francais.rt.com/international/55680-restitution-oeuvres-spoliees-afrique-que-preconise-rapport-demande-macron

    Tout doit disparaître.

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  7. Les Gilets Jaunes restent soutenus par 70 % des Français.

    Sondage Elabe (BFMTV, mercredi 21/11/18, 17h23)

    https://www.youtube.com/watch?v=_on-CvETuys

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    1. C'est lié au caractère protéiforme du mouvement, et à la volonté délibérée de se détacher de toute organisation politique ou syndicale.

      Chacun voit ce qu'il a envie de voir dans le mouvement. Tout le monde l'approuve, mais pas pour les mêmes raisons.

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  8. Le pacte sur les migrations est sur les rails :

    http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2018/11/21/31001-20181121ARTFIG00303--le-pacte-de-l-onu-sur-les-migrants-va-encourager-l-immigration-au-lieu-de-l-encadrer.php

    bien entendu, il ne faut pas compter sur le candidat qu'Herblay a laissé accéder au pouvoir en 2017 pour refuser de le signer, comme d'autres pays l'ont fait.

    Ce qui signifie de nouvelles contraintes supranationales (même si les auteurs prétendent naturellement le contraire) et la possibilité pour le gaulliste Herblay de demander à ses interlocuteurs dans 10 ou 15 ans, avec l'air de supériorité morale (imméritée) qu'il affectionne tant, s'ils sont opposés à la présence des "descendants légaux" des gens arrivés dans ce cadre.

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    1. Vous ne savez pas lire ?

      "Ce Pacte mondial pour les migrations se veut «non contraignant» pour les États signataires. Ce qui explique que la Suisse qui a mis en place une des législations les plus protectrices au monde et qui a contribué à la rédaction du texte aux côtés du Mexique, s'apprête à le signer les yeux fermés. "

      Ivan

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  9. Nicolas Hulot, le ministre de l'Ecologie, aux six voitures.

    Dans sa déclaration de patrimoine, publiée vendredi par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, Nicolas Hulot déclare neuf véhicules à moteur, dont six voitures. 

    Nicolas Hulot compte parmi les millionnaires du gouvernement. Selon sa déclaration de patrimoine, publiée vendredi par la Haute autorité pour la transparence de la vie publique, l’ex-animateur de TF1 a déclaré une maison en Corse estimée à plus d'un million d'euros, ainsi que plusieurs autres biens immobiliers en Côte d'Armor et en Savoie dont il est co-propriétaire, d'une valeur totale de 1,9 million d'euros.

    Il y a aussi sa société Eole, estimée à 3,1 millions d'euros, ainsi que des contrats d'assurance vie, instruments financiers, comptes courants et produits d'épargne pour un total d'environ 1,17 million d'euros.

    Une ligne interpelle plus particulièrement. Celle des «véhicules à moteur» qui en mentionne pas moins de neuf, dont six voitures.

    Il y a plusieurs modèles dont quelques uns dépassent les 15 ans. Ainsi, le ministre de la Transition écologique et solidaire possède un utilitaire Peugeot boxer acheté en 1998 1000 euros. La même année, il a acquis un véhicule de marque Land Rover pour 1000 euros également. En 2000, il fait l’acquisition d’une Citroën (1000 euros).

    Plus récemment, depuis 2014, Nicolas Hulot possède un véhicule BMW, payé 33 000 euros.

    Cette année, il a acheté une 2 CV pour 5 000 euros et un véhicule Volkswagen d’une valeur de 50 000 euros.

    Les autres véhicules déclarés par le ministre sont un bateau Vaillant acheté 24 600 euros il y a cinq ans, ainsi qu’une moto et un scooter électrique, tous deux de marque BMW, respectivement acquis en 2000 pour 1000 euros, et en 2017 pour 6 000 euros.

    https://www.parismatch.com/Actu/Politique/Nicolas-Hulot-le-ministre-de-l-Ecologie-aux-six-voitures-1419842

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  10. Ha la Politique...

    Notre chère élite nous a vendue du rêve depuis tellement longtemps , qu'avec le numérique nous allons voir ce que nous allons voir , demain sera tellement si beau...
    Grace au numérique , nous allons faire de grande région , de grande agglomération , de grande commune.
    Et grâce a ces projets , en plus , nous allons faire des économies!
    Résultat , tout est toujours plus loin, tout est toujours plus gros, tout est toujours plus chère et plus la voiture est importante , plus ont vous dit de ne plus prendre de voiture...

    Ha la Politique...
    Mon merveilleux grand-père a très bien vécu avec une exploitation agricole de 6 hectares , mon Père à bien vécu avec 11 hectares et celui qui lui a acheté sa ferme a fait faillite il y a quelque mois avec 80 hectares...

    Ha la politique
    On voit tout les jours nos petits commerçants et nos petits artisans , bien souvent passionné par leur métier travailler de plus en plus tard pour pouvoir voir leurs client qui travaille eux aussi de plus en plus tard le soir...

    Ha nos politiques...
    Si seulement ils étaient de niveau ! mais dans notre monde moderne , la réussite n'est que matériel ! la seul et véritable réussite est d'ordre pécuniaire...
    Nous vivons actuellement un énorme fronde (une révolution?) contre les libéraux-libertaires , et toute notre élite tremble, de Fillon à Mélenchon et de Macron à Hamon , toute cette classe politique semble découvrir ce que pourtant de Guilluy à Andrieu avait pourtant montrer , alerté...

    Ha nos politiques , ils tremblent tous devant cette vague dé-gagiste qui les emporteras tous , syndicat compris.

    Il reste a espérer qu'après le chaos , la Politique reprenne sont P majuscule.



    http://www.bertrand-renouvin.fr/le-chaos-mais-apres/

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  11. @ Anonyme 14h11

    Et comment exprimer de manière forte cette colère légitime alors ?

    @ Troll frontiste identitaire et raciste

    C’est bien connu, l’élection, c’est jouée à une voix…

    @ Ivan

    Merci

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    1. "Et comment exprimer de manière forte cette colère légitime alors ?"

      En faisant pareil, mais sans les blocages. Le gilet jaune, c'est une très bonne idée, car ça se voit.

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  12. Sondage : de plus en plus de Français soutiennent le mouvement des «gilets jaunes».

    Près de 8 Français sur 10 trouvent légitime l'appel à bloquer Paris ce samedi, révèle un sondage Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo.

    Ni les risques d'attentat terroriste agités par le ministre de l'Intérieur, Christophe Castaner, ni l'inventaire à la Prévert de débordements relatés par les élus LaREM dans les médias n'auront suffi. Non seulement les Français ne se détournent pas des «gilets jaunes», mais ils sont encore plus nombreux à trouver justifiée leur mobilisation.

    Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et Franceinfo, réalisé les 21 et 22 novembre sur un échantillon de plus de mille personnes, près de 8 Français sur 10 (77 %) trouvent l'appel à bloquer la capitale, ce samedi, légitime. Soit trois points de plus qu'ils ne l'étaient samedi dernier.

    Preuve de l'échec de la récente stratégie de diabolisation du mouvement adoptée par le gouvernement, 62 % des sondés refusent de qualifier les «gilets jaunes» de «violents». Une grande majorité préférant les caractériser comme «populaires» (81 %), «courageux» (77 %), engagés dans «une lutte pour l'intérêt général» (78 %).

    Si les modes d'action à venir font débat dans les rangs du mouvement, deux Français sur trois (66 %) appellent à ce que la mobilisation se poursuive, catégories populaires en tête (78 %). Et ce, même s'ils sont une majorité à relativiser leur efficacité. 56 % des sondés expriment ainsi des doutes quant à la capacité des «gilets jaunes» d'arracher de nouvelles concessions au gouvernement, susceptible de produire de réels effets sur le pouvoir d'achat.

    Les sympathisants LaREM justifient aussi le mouvement

    Alors que la proximité sociologique entre «gilets jaunes» et électeurs du Rassemblement national a fait couler beaucoup d'encre, 83 % des sympathisants du parti de Marine Le Pen soutiennent la poursuite du mouvement, contre 92 % de ceux de La France insoumise.

    «On observe une plus grande progression à gauche qu'à droite, souligne Céline Bracq, directrice générale d'Odoxa. Cela s'explique notamment par une différence de culture. Le recours aux manifestations étant moins naturel à la droite de l'échiquier politique qu'à gauche.»

    Élément d'inquiétude supplémentaire pour le gouvernement, quatre sympathisants de LaREM sur dix trouvent le mouvement des «gilets jaunes» justifié.

    Les résultats de cette étude d'opinion comme de celle publiée dans nos colonnes, la semaine passée, «montrent à quel point le décompte de 280.000 manifestants réalisé par le ministère de l'Intérieur, samedi dernier, rend bien mal compte du nombre de Français qui soutiennent les “gilets jaunes” et même y participent», note Céline Bracq. Nombre de personnes préférant aux barrages arborer un gilet jaune à leur tableau de bord, notamment.

    http://www.lefigaro.fr/politique/2018/11/22/01002-20181122ARTFIG00300-sondage-de-plus-en-plus-de-francais-soutiennent-le-mouvement-des-gilets-jaunes.php

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  13. @ Anonyme 22h51

    Sans blocage, l’impact médiatique n’aurait pas été le même

    @ BA

    Merci pour l’info

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