samedi 11 janvier 2020

5 ans après, toujours plus Charlie






Un esprit toujours plus nécessaire



Il y a cinq ans, c’est bien la liberté d’expression et le droit au blasphème que des terroristes ont voulu abîmer dans notre pays en allant massacrer sur place la rédaction de Charlie Hebdo, qui fait probablement une utilisation plus important de cette liberté et ce droit, marqueurs courants d’une démocratie. La France s’est levée et s’est retrouvée dans #JesuisCharlie, de l’horreur a paradoxalement jailli de belles choses, une prise de conscience renforcée des horreurs islamistes, de l’importance de la liberté d’expression, et une forme de renforcement de notre communauté nationale. Ce massacre nous a tristement permis de mieux comprendre ce que c’est qu’être français, une partie de nos valeurs, de nos droits, ainsi qu’une farouche envie de les défendre, chose qui aurait sans doute plu à Bernard Maris.





Il faut lire l’éditorial de Riss du 7 janvier où il note justement que « nous avons cru que seules les religions avaient le désir de nous imposer leurs dogmes. Nous nous étions trompés ». Car paradoxalement, depuis cinq ans, un vent mauvais et liberticide souffle dans les grandes démocraties occidentales. Il pointe à raison que « la gauche anglo-saxonne a inventé le politiquement correct pour faire oublier son renoncement à lutter contre les injustices sociales ». On pourrait prolonger en notant les compromissions avec les pires communautarismes, présents à la manifestation dite contre l’islamophobie. Et ici apparaît une tension entre les valeurs de notre pays et celles du monde anglo-saxon.



La France n’est pas la Grande-Bretagne ou les Etats-Unis : parce que le commun passe avant le particulier, ce dernier est sans doute mieux respecté par ceux qui sont différents. Notre pays refuse fondamentalement les accommodements anglo-saxons avec les obscurantismes communautaristes, qu’ils supposent l’enfermement des femmes dans des tenues qui les séparent du reste de la société tout en marquant un statut inférieur, ou une volonté de censure de tout propos offensant à l’égard d’une communauté, religieuse ou autre. Et si nous résistons au puritanisme, à certaines formes de censure ou à la remise en cause de la place des femmes, c’est un combat de tous les jours.



Comment ne pas être effaré par les volontés de faire taire Elisabeth Badinter, François Hollande ou la représentation d’une pièce tirée du livre de Charb dans des universités, lieu de savoir, comme un écho aux pratiques effarantes anglo-saxonnes ? On pense aussi à la censure de L’Origine du monde par Facebook. Plus récemment, certaines réactions à l’arrivée de Zemmour sur C8, ou la volonté d’Anne Hidalgo d’interdire une campagne publicitaire révèlent un fond peu démocratique et ne sont définitivement pas Charlie. Il est également utile de noter le rôle à double-tranchant des réseaux sociaux, qui peuvent tout autant libérer la parole que donner des armes à ceux qui veulent la restreindre.



Merci à Charlie Hebdo pour tout ce que vous avez fait et ce que vous faites encore. Vous avez payé le prix du sang pour défendre des valeurs fondamentales de notre pays. Merci d’être à la fois un pôle de résistance mais aussi pour votre capacité à réveiller les consciences, faire prendre conscience de certaines aspects essentiels de notre société, et d’être un aiguillon utile au débat public.

5 commentaires:

  1. Nous avons tous notre Charlie, nous l'avons tous lu à un moment.
    Même si je l'ai abandonné à cause des positions néoconservatrices de Val, je me rappellerai toujours de unes et de petites phrases.
    Une qui me vient à l'esprit : comment dit-on "con" en 3 lettres ? RTL !

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  2. Toujours aussi peu convaincu par les qualités que vous prêtez à ce journal qui le rendraient indispensable.

    La plupart des "unes" de Charlie Hebdo sont stupides, méchantes, voire carrément ignobles. Ce n'est pas parce que des types fanatisés encore plus idiots qu'eux ont voulu les punir de leurs provocations récurrentes en les mitraillant à la kalachnikov que cela démontre leur utilité.

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  3. @ Rodolphe et Marc-Antoine,

    A titre personnel, je pense ne jamais l’avoir ouvert avant 2015, même si j’avais suivi certaines polémiques. Cela ne fait pas forcément partie du kit de lecture standard d’un gaulliste…

    Même si on peut parfaitement ne pas être d’accord avec eux (encore que, sur les quelques numéros que j’achète depuis, je suis assez souvent d’accord, sur les questions sociales ou de République), je crois qu’avoir un tel journal est important, parce qu’ils osent des choses (tout en restant toujours dans le cadre de la loi), que beaucoup n’osent plus, ils entretiennent notre liberté d’opinion (que beaucoup de média recroquevillent dans un réduit de plus limité), au prix de leur vie. Ceux qui veulent les voir se taire font aussi que je souhaite les soutenir. Beaucoup de raisons de les soutenir donc.

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  4. En tant que gaulliste, vous avez certainement dû apprécier la une de Charlie Hebdo du 7 octobre 2015 sur "Morano, la fille trisomique cachée de De Gaulle". Je recommande de jeter un coup d'oeil ce petit chef-d'oeuvre d'ignominie signé Riss.

    En 1992, lors du référendum sur le traité de Maastricht, Philippe Seguin et Charles Pasqua avaient déjà été caricaturés en "mongoliens de De Gaulle" en référence à la fille du Général, Anne de Gaulle, atteinte de trisomie 21.

    Encore une fois, ce n'est pas parce que des islamistes fanatiques les ont ciblés qu'il faut les soutenir.

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  5. Je n'ai pas acheté ce numéro et ne suis pas toujours d'accord avec eux, mais je pense qu'il est juste de se battre pour qu'ils puissent faire ce qu'ils font.

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