samedi 8 mai 2021

LR en marche vers la mort clinique ?

La mort cérébrale date de l’élection de Christian Jacob, le parti préférant se transformer en syndicat d’élus plutôt que de se poser la moindre question idéologique. La campagne des régionales, avec la tempête soulevée par le soutien de Jean Castex à Renaud Muselier, malgré les clarifications qui ont suivi, pourrait hâter la décomposition de l’ancien duettiste du PS. Une clarification bienvenue ?

 


Pris dans la tenaille RN - LREM

 

LR semble décidément suivre le chemin du PS, englouti par le trou noir macroniste. Et si l’effondrement des élections européennes n’était que le prélude à une décomposition plus avancée ? Il faut dire qu’il est piquant de constater que les deux présidentiables les plus populaires du parti, Bertrand et Pécresse, n’en font même plus partie, sans que cela empêche le premier de s’adresser à eux publiquement. Le maire de Toulon, puis le maire de Nice viennent de s’ajouter à la liste des élus qui ont quitté les Républicains, Renaud Muselier ayant préféré rentrer dans le rang sous la menace d’une perte d’investiture et d’une liste concurrente. Mais aujourd’hui, les intérêts personnels semblent le principal liant d’un parti dont la colonne vertébrale idéologique se distingue trop peu du gouvernement actuel.

 

Les élections régionales semblaient une bonne occasion pour relancer le mouvement : LR détient une nette majorité de régions et les sondages indiquaient que le parti pouvait même renforcer ses positions en juin. En outre, le manque criant d’implantation locale de la majorité présidentielle fait que LREM ne pourra jouer que le rôle de force d’appoint. Mais la force retrouvée du RN pose une question difficile. Une ligne à équidistance du RN et de LREM, et donc le refus de tout accord avec quiconque, créé un risque pour le second tour, notamment en PACA et dans les Hauts de France, où le RN pourrait l’emporter sans l’apport des voix de la majorité présidentielle. Mais en assumant la plus grande proximité avec LREM, c’est toute la question de l’utilité et la légitimité de LR pour la présidentielle qui est posée.

 

Si LR s’appuie sur les marcheurs dans les régions, alors que les ministres LR marquent le clair penchant de droite de la majorité présidentielle, une candidature LR en 2022 peut sembler superflue. Le donnant des marcheurs aux régionales appelle implicitement un rendu inverse pour les présidentielles, ce que certains élus semblent clairement prêts à faire. La situation est d’autant plus complexe pour LR que le Marine Le Pen peut s’appuyer sur d’anciens élus LR pour sa campagne régionale, favorisant la porosité avec un électorat de plus en plus tiraillé entre une aile Macron-compatible, et une aile qui se sent plus proche du RN. La majorité présidentielle a plutôt bien manœuvré en identifiant Muselier comme le maillon faible de LR pour ces régionales, coincé entre un RN très fort et une gauche revigorée.

 

La main tendue par les marcheurs était tentante pour lui. Il a d’abord refusé de céder par une déclaration qui ne fermait aucune porte, puis a infléchi sa position pour garder l’investiture. Ce faisant, c’est LREM qui est en difficulté, forcée de relancer une liste en PACA dont les espoirs sont minces. Mais, cette crise est sans doute un avant-goût des difficultés du second tour pour LR, les présidentiables ne souhaitant aucun lien avec la majorité. En outre, on peut se demander si les électeurs des régionales seront particulièrement motivés pour voter pour un candidat qui pense plus à 2022… En outre, il est très probable que LREM appellera au front républicain dès le soir du premier tour, même sans la moindre contre-partie, pour hâter la constitution d’un pôle LREM – LR face au RN en vue de 2022.

 

La grande faiblesse des marcheurs pourrait peut-être sauver LR, surtout si le parti sort clairement gagnant des régionales. Mais la perte d’une ou plusieurs régions scellerait probablement définitivement la disparition d’un parti qui n’a plus d’espace politique entre des marcheurs tellement proches sur tant de sujets et un RN qui a également fait le pari de s’en rapprocher sur bien des sujets.

12 commentaires:

  1. J'avoue que ces histoires d'appareils, je m'en fiche un peu. Que la droite s'appelle LR, LREM ou PS, le résultat est le même. Ce que je constate, c'est qu'il n'existe plus d'alternative politique et que le choix va se résumer en 2022 à Macron/MLP.

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  2. ll y a l’apparence et la réalité.L’apparence est donnée par les sondages successifs qui indiquent un niveau très haut de MLP, lui permettant tous les espoirs. Mais la réalité montre un parti exsangue financièrement, ce qui n’augure rien de bon quant à la capacité des ses dirigeants en matière de gestion, et surtout un vide quasi sidéral dans la vision d’avenir de notre pays.
    Le vote MLP est avant tout protestataire et non d’adhésion, mais cela ne peut engendrer une majorité de gouvernement, indispensable dans notre système politique.
    Seule une large union du type de celle qui a fait gagner le “non” au référendum de 2005,, peut conduire à cette majorité. Aujourd’hui, les “souverainistes”, partisans d’une France indépendante et non soumise, ont gommé le vieux clivage “droite/gauche” et l’ont remplacé par un autre, beaucoup plus “Gaullien”, ceux qui veulent conserver l’âme de la France et ceux qui n’en veulent plus. Cela dépasse très largement le potentiel électoral du seul RN.

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    1. Ce n'est pas parce que le vote RN est protestataire qu'il ne peut pas obtenir une majorité à l'assemblée nationale. Le passé montre que les élections législatives qui suivent une élection présidentielle confirment le résultat de celle-ci. Et depuis maintenant plusieurs années, le vote est surtout protestataire en ce sens que les gens votent CONTRE un candidat plutôt que pour un autre. Ils ont voté CONTRE Sarkozy (= pour Hollande) en 2012 et CONTRE MLP (= pour Macron) en 2017. Mais ça n'empêche pas celui qui est élu par défaut d'obtenir une majorité car les Français sont cohérents et ne veulent pas d'un pouvoir instable.

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  3. L'aile macrono-compatible de LR est particulièrement répugnante.

    Ce sont ces bourgeois "catholiques" qui s'assoient sur les "valeurs" pour ne pas avoir trop de logements sociaux à Rueil, Boulogne et Neuilly : ils ont ainsi préféré voter Loiseau plutôt que Bellamy. Chantal de Versailles est prête à avaler le Piss-Christ de Serrano sponsorisé par LVMH pour redécorer le tabernacle de Notre-Dame. Graciane de Levallois est prête à accepter l'enseignement du gender pour ses gosses dès le CM2, pourvu qu'on ne touche pas au fric mondialiste de son mari, DRH d'une multinationale.

    Il se constitue actuellement une structure équivalente au "parti de l'Ordre", où les "héritiers de 1789 [1968]" ont fricoté avec les ultramontains, partageant la même haine du peuple.

    C'est là dedans que s'incubent des criminels dansle sillage d'Adolphe Thiers, on voit déjà ses héritiers chez les éborgneurs de Gilets Jaunes. Sur le Figaro, on a déjà les commentaires puants de versaillais : c'est bien fait pour leurs gueules, c'est de la populace, ce sont des bolcheviks. Les anciens gauchistes acquiescent en disant qu'il faut réprimer ces petits blancs fascisants, "fermés". Les bobos renchérissent, ce sont des "bas du front" qui ont "raté leur vie professionnelle" et en veulent "aux autres au lieu de s'en prendre à eux-mêmes". Tous d'accord pour le LBD.

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    1. C'est tout à fait ça.

      YPB

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    3. Merci d'arrêter les clichés stupides sur les Versaillais! Versailles est une ville de 85 000 habitants et tous ne sont pas DRH dans une multinationale!
      Quand aux présidentielles, je ne vois pas comment Macron pourrait accéder au 2éme tour... Et si Ph. de Villiers se présentait?

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    4. Antoine, le second degré vous échappe. Non, tous les Versaillais ne sont pas DRH dans une multinationale, mais il est clair que l'exemple serait moins probant si vous remplaciez Versailles par Brive-la-Gaillarde ou Thionville...

      Quand à ne pas voir comment Macron pourrait accéder au second tour, je vais être gentil et appeler cela de la naïveté.

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  4. @ Moi

    En même temps, tout ce qui permet une clarification du paysage politique est bienvenu. Que LR, le Modem et LREM fusionnent, et cela rendra le débat plus simple, ce qui pourrait à une autre alternative que le RN d’émerger.

    Bien d’accord sur votre second commentaire

    @ Cliquet

    Il ne faut pas sous-estimer le RN : le rejet de Macron en 2022 pourrait être plus fort encore que le rejet de Marine Le Pen et si aucune autre alternative n’émerge…

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    1. @Laurent Herblay,
      Je pensais aussi que l'effondrement du PS et de LR au profit de LREM allait permettre de clarifier les choses et casser le système de balancier électoral UMP/PS que nous avons connu pendant des décennies. Mais je n'ai pas l'impression que la situation soit plus claire aujourd'hui. Avant, il y avait une fausse alternance, maintenant il n'y a plus d'alternative du tout.

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  5. À 70 ans je n'ai jamais voté à droite. Je n'ai pas voté au 2ème tour en 2017. J'en ai marre de toutes ces ordures qui se goinfrent et saccagent la France en enfumant leurs imbéciles de votants. Alors en 2022, peu importe ce qu'il risque de se passer ensuite, je voterai pour Zemmour s'il se présente et, à défaut, Le Pen ou Philippot.

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  6. @ Moi

    La situation n’est pas plus claire aujourd’hui, mais le mouvement de fusion centre gauche – centre droit était probablement un préalable pour permettre l’émergence d’une vraie alternative. Espérons !

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