samedi 25 mars 2023

Macron et les retraites (1/3) : orgueil, arrogance et mensonges

Macron était bien « cape » de faire passer une réforme des retraites pour sa gloire personnelle et achever de détruire LR. Mais lundi, il n’a manqué que neuf petites voix pour faire tomber le projet et le gouvernement, malgré l’essouflement de la mobilisation la semaine d’avant. Pire entre le 49-3 et son effarante intervention de mercredi, une bascule semble s’être produite. Avec une motivation redoublée, effaçant toute résignation, les Français semblent vouloir rééditer le retrait du CPE de 2006.

 


Macron, plus Pyrrhus que vainqueur

 

Du début jusqu’à la fin, Macron et son gouvernement ont été totalement détestables. Les narratifs de la réforme n’ont cessé de varier en fonction des circonstances, démontrant qu’il s’agissait essentiellement d’une posture à fin politique : gagner une image de réformateur et achever de détruire LR. Même si le second objectif semble atteint avec des dirigeants du parti qui ont fini par s’allier, ou a minima protéger le président, mais aussi une assez forte minorité, dont des présidentiables, ont choisi de ne pas soutenir le président, alertés par la fronde des Français et par calcul. Mais à cela, l’exécutif y a ajouté une malhonnêteté et une impréparation effarantes, semblant découvrir le mauvais traitement que la réforme réservait aux femmes, ou accumulant les mensonges et les versions sur ceux qui toucheront une retraite à 1200 euros.

 

Le scrutin de lundi aurait dû pousser la majorité à beaucoup de modestie et de retenue. Il n’a manqué que 9 députés pour faire tomber le gouvernement Borne et la réforme. Et le texte est toujours sous la timide menace d’une invalidation par le Conseil Constitutionnel, même si sa composition et ses choix récents tendent à faire penser qu’il soutiendra l’exécutif plutôt que la légalité… Plus sérieusement, l’initiative du RIP pourrait peut-être voir le jour dans un contexte où les Français sont vent débout contre la réforme et sont horripilés par le comportement de l’hôte de l’Elysée. Bien sûr, il y aura des obstacles, mais si un sujet peut réunir le soutien de 4,7 millions d’électeurs, c’est sans doute celui-là, dans le contexte qui est le nôtre, où plus de 70% des Français continuent à s’opposer au projet de réforme

 

Il faut dire que l’interview de mercredi n’a fait que jeter de l’huile sur le feu. Déjà, le choix d’une interview à 13 heures a suscité la méfiance : Macron ne cherchait à parler qu’à son électorat, âgé, dans un repli révoltant à un tel moment. Pire, ce choix était sans doute également motivé par la tendreté des journalistes qu’il a invité à l’Elysée, dont le questionnement a été bien limité. Julian Bugier s’est contenté de lui demander pourquoi les Français ne lui faisaient pas crédit de sa « réussite » sur l’emploi, en évoquant les 7,2% de taux de chômage de l’enquête dérisoire du BIT, qui oublie les 40% des demandeurs d’emploi de la seule catégorie A, comme l’admet même l’INSEE dans une note sur le sujet… En clair, le chômage dans notre pays est sans doute davantage entre 10 et 12% de la population active…

 

Outre une arrogance débridée et une absence complète de mots ou gestes d’apaisement, Macron a multiplié les mensonges dans cette intervention, par-delà la question de l’emploi. Il a osé parler réindustrialisation alors même que 2022 a marqué une envolée et un nouveau record du déficit commercial, l’exécutif laissant encore faire des rachats dont on sait comment ils finissent… Il a dit que les syndicats ne lui avaient fait aucune proposition alternative, s’attirant un tweet sec de Laurent Berger qui a dénonce cet énième mensonge, alors même que la CFDT est plutôt arrangeante avec le pouvoir. Plus tard, interviewé, il a souligné que la proposition de parler des métiers difficiles venait bien tard et aurait dû faire partie des sujets abordés avant de conclure la réforme. La parole présidentielle n’a plus aucune valeur.

 

Il faut dire que Macron a été détestable du début à la fin. Alors que tout le monde sait qu’il décide de tout, il a mis en scène sa distance, partant souvent de France lors des jours de mobilisation, jusqu’à aller boire des bières à Kinshasa… Et quand les syndicats lui ont demandé une entrevue, il les a renvoyé vers Olivier Dussopt, son N-2… Le paon de l’Elysée s’est contenté d’une déclaration à l’AFP, d’un papier dans la presse, ou de distiller quelques mots aux journalistes alors que la réforme est clé pour lui. Les dernières déclarations sur la non légitimité de la « foule » ou l’assimilation ridicule des manifestants aux factieux et factions du Capitole, ajoutent de nouvelles lignes au très lourd passif de ce président tellement méprisant et trop bavard pour critiquer des Français dont il oublie qu’il est à leur service.

 

Mais ce faisant, la dynamique actuelle commence à fortement ressembler à celle des Gilets Jaunes fin 2018. Non seulement le débat a été mal amené, puis mal mené, mais Macron se comporte un peu trop comme un sale gosse qui aurait réussi son coup et s’en vanterait un peu trop fort. Alors qu’il suscite une détestation particulièrement forte, il a réveillé des forces dont il pourrait perdre la maîtrise…  

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