dimanche 26 mars 2023

Macron et les retraites (2/3) : promoteur et bénéficiaire du déclassement social ?

La contestation contre la réforme des retraites a rebondi la semaine dernière, et semble encore pouvoir faire dérailler le cours des choses, comme avec le CPE en 2006. Mais il faut aussi reconnaître que la mobilisation avait faibli la semaine d’avant et que le niveau des perturbations des grèves n’a pas été suffisant pour faire infléchir l’exécutif. Et si le déclassement social était un atout de l’exécutif ?

 


Inflation et chômage de masse à l’aide de Macron

 

En effet, la France de 2023 n’est pas celle de 1995, notamment du fait de la baisse du pouvoir d’achat d’une bonne partie de la population. La situation de l’éducation nationale a probablement beaucoup joué. Cette profession, violemment maltraitée depuis si longtemps, avait peut-être les clés de la mobilisation. L’arrêt des écoles aurait plongé le pays dans une crise à même de faire dérailler la réforme. Tant le mauvais traitment infligé aux professeurs par Macron depuis 2017 que l’impact de la réforme le justifiaient pleinement. Mais j’ai pu constater de facto que, malgré une vraie colère, la grève restait limitée : je n’ai eu à gérer qu’une journée sans école, et la remplaçante de la maîtresse, en arrêt maladie, n’a pas fait grève, assurant les journées de classe même lors des moments de mobilisation les plus forts. Globalement, l’école que je fréquente n’a connu que deux jours vraiment perturbés sur tout le mouvement.

 

Comment ne pas y voir une conséquence directe de l’effondrement du pouvoir d’achat des professeurs depuis 4 décennies. Rappelons ici qu’un professeur débutant gagnait plus de 2 SMIC alors, et qu’aujourd’hui, à temps complet, il émerge à peine au-delà… Et cela ne prend pas en compte les temps partiels ou fragmentés qui sont sans doute le lot des remplaçants… Bref, aller au-delà d’un jour de salaire en moins est probablement très dur pour beaucoup de professeurs qui auraient pourtant souhaité se mobiliser contre cette réforme et aussi protester contre leur situation, d’autant plus que l’inflation est très élevée. En effet, il faut rappeler ici que l’inflation calculée par l’INSEE n’est qu’une moyenne et que cette moyenne cache des situations très différentes, comme l’avait bien monté l’OFCE début 2022 en soulignant que pour les 10% moins touchés, elle n’était que 2,3%, contre 6,3% pour les plus touchés.

 

On peut malheureusement supposer que beaucoup de personnes qui auraient pu se mobiliser et faire grève ont été freiné par l’impossibilité d’assumer un ou deux jours de retenue sur salaire. En outre, l’inflation s’est emballée en ce début d’année, contrairement aux dires farfelus et mal inspirés de Bruno Le Maire. Le prix de l’essence a fortement rebondi avec la fin de l’aide de l’Etat et de Total. L’électricité a pris 15% en février, soit une hausse de 40% en trois ans, et pour couronner le tout, le prix des biens de grande consommation de supermarchés affichait déjà une hausse annuelle de 14% en février, avant même la prise en compte des nouvelles hausses de tarif arrivées en mars, faisant de ce début d’année un naufrage pour le pouvoir d’achat de trop de Français, à rebours de la communication du ministre.

 

Ici, le refus de prolonger la ristourne sur les carburants, l’acceptation d’une nouvelle hausse de 15% du prix de l’électricité en février, et l’inaction devant l’augmentation du prix des produits de grande consommation en deviendraient presque suspects. Le gouvernement n’aurait-il pas laissé faire cette envolée de l’inflation pour casser le mouvement de protestation contre les retraites en laissant s’envoler des prix qui empêchent financièrement les Français de faire grève et manifester ? Malgré tout, je ne les crois pas suffisamment intelligents pour être aussi machiavéliques. De toutes les façons, avec le 49-3, il savait pouvoir passer en force, et le manque criant d’anticipation des ministres sur tous les sujets (crise sanitaire, scandale du match de la finale de Ligue de Champions…) plaide sans doute pour un concours de circonstances défavorable au mouvement de protestation contre la réforme des retraitres.

 

Cependant, l’attitude et le discours absolument révoltant de l’exécutif, qui en est déjà à dire que ce n’est pas « la retraite des réformes », pourrait bien parvenir à remobiliser des Français qui n’en peuvent plus de Macron & Co (donnés derrières la NUPES et le RN dans les sondages). Si l’appauvrissement peut peser sur la mobilisation, au départ, il en est aussi le premier carburant.

3 commentaires:

  1. Le pire, c'est la horde des larbins macronards sur les réseaux. Leur dernier exploit : injurier en meute un adolescent brillant, Manès Nadel, qui leur tient la dragée bien haute dans les médias.
    Le niveau est en-dessous du caniveau : "mouche-toi, morveux", "pisseux, change ta couche", "range ta chambre", "une fessée et au lit", "merdeux", etc.
    Cela a un avantage : montrer la gravité de l'adultisme en France, en particlier celui provenant d'une certaine génération, que j'avais déjà analysé ici.

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  2. Laurent Herblay29 mars 2023 à 20:25

    Cela a le mérite de montrer le caractère passéiste et réactionnaire du macronisme

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