dimanche 11 juin 2023

Retraites : l’obstruction à la démocratie

Jeudi, le groupe LIOT a très logiquement retiré l’article qu’il avait déposé pour abroger la réforme des retraites, puisqu’il avait été vidé de son contenu en commission, et que la présidente de l’Assemblée Nationale a bloqué les amendements le restaurant. Une pantalonnade démocratique qui achève le rapprochement de la majorité et LR, tout en en disant long sur leur rapport à la démocratie.

 


Une victoire à la Pyrrhus qui laissera des traces

 

Le pari du pourrissement a donc été gagné. Il faut dire qu’avec un chômage de masse, une inflation en hausse qui mord durement sur le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes, trop de Français n’avaient pas les moyens de se mobiliser et faire grève. Et pour achever le tout, les violences de certains policiers lors des manifestations, qui semblent presque faire partie de la stratégie de l’exécutif, achèvent probablement de démobiliser les plus hésitants. Après une bataille législative homérique, achevée par l’échec, à quelques voix près, de la motion de censure en mars, puis une incertitude sur la validation par le Conseil Constitutionnel de la loi, la tension était retombée. L’issue de la bataille semblait déjà jouée, même s’il restait encore la proposition de loi du groupe LIOT, portée par Charles de Courson.

 

Cette proposition de loi a déclenché un feuilleton politique largement nourri au droit constitutionnel. La minorité présidentiellle a mis en place un plan particulièrement retors pour ne pas donner aux députés de la nation le choix de voter, ou non, sur le texte du centriste. Tout est parti de la commission des lois, où LR a joué au bon petit soldat macroniste en remplaçant ses membres pas assez dociles. Cela y a créé un bloc majoritaire qui a pu vider de sa substance le projet de loi. Et face aux manœuvres des oppositions pour tenter de la rétablir, les macronistes utilisé toutes les ressources du droit pour bloquer l’examen du texte tel qu’il était prévu à l’origine. C’était donc un texte vide qui a été présenté jeudi, et face au blocage des amendements qui le restauraient par la présidente de l’Assemblée Nationale, les instigateurs du projet ont légitimement choisi de le retirer, donnant l’occasion d’un beau discours au député.

 

Je reste effaré par cette manière de procéder. Tout cela donne encore une fois une impression détestable de leur façon de faire par l’utilisation arbitraire de règles byzantines pour empêcher l’expression de la démocratie. N’aurait-il pas été plus simple et plus acceptable d’avoir un simple vote à l’Assemblée Nationale. Le ralliement de LR à la réforme ne garantissait-il pas une victoire, certes juste, mais claire et plus transparente ? Mais la prise du moindre risque semble presque impossible pour cet exécutif aussi fort en gueule qu’il est pleutre en acte, préférant les obscures manœuvres technocratiques au simple vote de parlementaires… La foi dans la démocratie suppose une forme de courage dont les macronistes ne semblent définitivement pas pourvus, comme le montre ce dernier épisode de la réforme des retraites.

 

Mais ce faisant, nous avons aussi assisté à une clarification. Sans doute un peu plus à l’aise dans sa capacité à se différencier de la majorité présidentielle depuis qu’ils ont publié un programme sur l’immigration assez touffu, les dirigeants de LR ont réaffirmé et renforcé leur soutien à la réforme des retraites, en n’hésitant à changer leurs membres de la commision des lois pour protéger Macron et son gouvernement. Le silence des opposants internes à LR à la réforme vaut pour une forme de complicité, qui peut faire penser que leur opposition passée n’était qu’une posture électoraliste momentanée, une exploitation de l’opposition populaire, qui ne semble même pas les avoir engagés dans la durée. LR n’a jamais été une véritable alternative pour la France, et cette manœuvre le rappelle très clairement aujourd’hui.

 

Bien sûr, dans le flot d’une actualité trop riche, traitée par des médias trop dociles et moutonniers, c’est un moyen de faire passer la réforme plus sûrement que par un vote des députés. Mais le feuilleton des derniers mois laissera des traces. La minorité présidentielle en ressort encore plus arrogante, plus arbitraire et plus anti-démocratique qu’avant, ce qui n’est pas peu dire…

7 commentaires:

  1. Dans notre ploutocratie où est le Kratos du dèmos (à part choisir quelqu'un parmi ceux que les médias des oligarques ont présélectionnés)?
    Le dernier vote (un vote n'est pas une élection) vient de fêter ses 18 ans.
    "Il ne peut y avoir de choix démocratiques contre les traités de l'UE" JC DRUNCKER

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  2. Depuis toujours, tous les socialismes ont dérivé tôt ou tard vers le fascisme. Une fois ruiné l'économie, et par conséquent l'ordre public, le fascisme se rend nécessaire pour tenir ensemble le pays.

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