dimanche 21 janvier 2024

Macron et Oudea-Castera, entre mensonges et démagogie

C’est au karcher que Macron essaie de relancer son quinquennat : changement de Premier ministre, nouveaux débauchages LR pour renforcer le virage à droite de fin d’année, conférence de presse au format tout macronien, quelques annonces calibrées pour être populaires… Mais entre la polémique déclenchée par la nouvelle ministre de l’éducation nationale et la tonalité assez lunaire du président, pas sûr que ce déploiement de grands moyens parvienne à quoique ce soit…

 


Droitisation façon café du commerce

 

Le « en même temps » est bien mort et enterré. Sur les hommes et sur le fond, Macron a choisi. Les états d’âme lors des péripéties de la loi immigration de sa prétendue aile gauche (pas moins antisociale que Sarkozy) ont entrainé le départ de quatre de ses figures (Borne, Dussopt, Véran et Beaune). Et avec l’arrivée de Dati et Vautrin, les anciens LR sont désormais majoritaires dans la nouvelle équipe. Pour couronner le tout, ce sont plutôt des LR venus de l’ancien RPR, ce qui irrite une partie des soutiens du président. Macron a achevé ce repositionnement par une conférence de presse à la tonalité très marquée à droite, en concentrant ses annonces de ce seul côté de l’échiquier politique : uniforme, promotion de la natalité, simplification administration, dérèglementation, baisses d’impôts ciblées.

 

L’objectif affiché est clair : pour le président, le PS est carbonisé, il faudrait donc en finir avec LR pour devenir le seul parti dit de gouvernement restant. Les sondages pour les européennes indiquent au contraire une forme de redressement des vieux partis qui échouent au gouvernement et une nouvelle étape dans l’essoufflement de cette macronie arrogante, incompétente et déconnectée de la réalité. Et ce n’est pas cette conférence de presse qui va arranger les choses. La façon du président-Pangloss de décrire l’état de la France aujourd’hui était assez lunaire tant elle était déconnectée de la réalité. D’ailleurs, les Français ne s’y sont pas trompés : l’audience étant décevante et les jugements négatifs, les humoristes ironisant sur le caractère idyllique du pays inconnu et attrayant dont avait parlé Macron, où les soignants et les professeurs auraient été revalorisé, le chômage vaincu et le pouvoir d’achat préservé.

 

Mais la réalité est tout autre. Les maternités ont été fermées, comme les lits d’hôpitaux, les personnels soignants souffrent autant d’une rémunération en berne, et et d’effectif trop réduit, dans des hôpitaux mal entretenus. La crise de l’éducation nationale ne cesse de se renforcer, entre problème d’autorité, statut dégradé et salaire bien trop base, au point de créer une crise de vocation gravissime et une baisse de niveau des élèves préoccupante. La tentative d’incriminer ses prédécesseurs est inopérante de la part d’un homme aux manettes depuis près de 12 ans… Le discours économique n’est guère plus crédible, entre statistiques du chômage tronquées et déficit commercial record qui infirment le discours sur la réindustrialisation. Enfin, l’affluence aux Restos du Cœur et au Secours Populaire montre l’appauvrissement des Français. Pour couronner le tout, notre pays affronte un effondrement démographique depuis 10 ans.

 

Mais cela n’arrête pas cet homme prêt à faire passer les vessies pour des lanternes. Il ne recule devant aucun mensonge, ou travestissement de la réalité, avançant des investissements ou des hausses de traitement de la fonction publique qui ne couvrent même pas l’inflation. Mais ce qui m’a frappé, c’est aussi la tonalité café du commerce du président, qui a repris tous les poncifs de droite (dont certains sont vrais) avec un ton qui se voulait populaire, alors qu’il traduit surtout le mépris élitiste à l’égard du peuple, dont il pense qu’une expression simpliste leur parlera davantage. C’est la même démagogie qui était à l’œuvre dans la justification ridicule par Amélie Oudéa Castera de son choix de mettre son aîné à Stanislas. Le niveau de l’établissement ou le choix d’une école confessionnelle auraient pu suffire, mais elle a cru bon inventer une histoire complètement fausse, qui en dit long sur le rapport de la macronie à la vérité.

 

Pour couronner le tout, elle a cru bon dire avoir été « honnête » même si « la réalité lui donne tort ». C’est sans doute une bonne synthèse de ce que représente Macron et ses équipes : ce qu’ils disent est presque constamment infirmé par la réalité parce qu’ils vivent dans un monde parallèle qui est une bulle coupée de cette réalité, remplié de mensonges et de démagogie.

23 commentaires:

  1. E.Macron a été très largement et très facilement réélu en 2022. Il n’a même pas eu besoin de faire une vraie campagne. Est-ce que le peuple francais se serait encore une fois completement trompe?

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  2. Et certains voudraient meme faire un référendum pour laisser le bon peuple décider de l’immigration ? Cela fait vraiment peur…..

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    1. La démocratie vous fait donc peur

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    2. S’il y a un sujet sur lequel il ne faut surtout pas faire de référendum, c’est l’immigration.

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    3. J’ai surtout peur de la bêtise des français moyens.

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    4. La peur de la bêtise des autres est l'argument de choix de tous les ennemis de la démocratie.
      Il n'y a pas de démocratie sans recours constant au référendum, comme en Suisse

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    5. Totalement faux : il existe d’excellentes démocraties sans aucun référendum.

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    6. I always read this blog to see the world from another perspective. The situation in France appears identical to that in the UK - an elite establishment living in a parallel world concerned only with their own survival while the country goes downhill.

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    7. "il existe d’excellentes démocraties sans aucun référendum."
      Je n'en connais guère.

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  3. Encore une nouvelle affaire depuis l'écriture de votre article.
    Et sans oublier le suspens avant la sortie de ce que Médiapart a encore dans sa réserve de munition. On va bien se marrer ; comme ils ne veulent pas se dédire, ils restent droit dans leurs bottes et dans leur connerie et vont la garder : bonne nouvelle, elle ne pourra faire passer aucune nouvelle réforme de merde.

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  4. "Une bulle coupée de toute réalité"; malheureusement les macronistes ne sont pas seuls dans ces croyances;Tous ceux qui croient que nos politiques servent encore à quelque chose sont dans cette bulle. Toutes les décisions sont prises ailleurs ( Bruxelles , Berlin,sous directives etasuniennes....Tout a été fait pour détruire notre pays,alors sortons de cette bulle et pensons que peut-être nous allons entrer en guerre à la place des USA...Nord stream a été détruit et nous payons l'énergie en conséquence...Logique ;nous avons applaudi alors ne nous plaignons pas.....

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  5. @ Anonymes

    Sa réélection n’était pas brillante. Le bloc oligarchiste a poursuivi son effondrement au premier tour. Et entre l’abstention et les votes blancs et nuls, en réalité, il fait le 2ème plus mauvais score en part des inscrits d’un président élu (après Pompidou, face à Poher). Enfin, il n’a pas eu de majorité aux législatives.

    Le gaulliste que je suis pense que le référendum est un bon instrument démocratique, qui n’effraie généralement que les snobs qui se croient supérieurs aux autres et qui ne sont pas vraiment démocrates.

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    1. N’importe quoi. C’est le premier et seul président de la 5ieme République qui a été élu et réélu hors cohabitation. L’objectif d’une élection présidentielle est de gagner (et c’est ce qu’il a fait) et pas de convaincre les abstentionnistes ou les electeurs en général….

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    2. Vivement la sortie des referendums de la constitution !

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    3. Vous ne pouvez pas dire en même temps que Macron est nul et que le peuple français qui l’a élu 2 fois est suffisamment intelligent pour faire des référendums sur des sujets importants.

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  6. La très courte majorité de français qui a élu Macron n'avait pas beaucoup d'alternatives viables, reconnaissez-le.
    C'est la limite du système français, où il est pratiquement très difficile d'accéder au statut de candidat présidentiel, de se faire financer, de se faire entendre dans les médias
    Et à la fin le peuple ne fait que choisir lequel des quelques candidats déjà bien incrustés dans l'état profond va recevoir le chèque en blanc qui lui permettra de tout décider à force de 49.3
    Donc je maintiens que le peuple français est suffisamment intelligent pour faire des référendums et qu'il a néanmoins élu le moins pire dans une très petite rose de candidats aux politiques presque équivalentes.
    Moins pire qui reste malgré tout loin d'être à la hauteur nécessaire à redresser la France

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    1. Macron a ete elu par 66% des votants en 2017 et par 58% en 2022. Ce sont de tres larges victoires.

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    2. D'après l'INSEE seulement 36% des inscrits (95% des français en âge de voter) a voté aux deux tours.
      58% de 36% de 95% cela fait 19% des français en âge de voter qui ont voté Macron.
      Et les autres ? les 81% des français qui peuvent voter ? Soit ils ont choisi un autre candidat, soit ils ont estimé justement que c'était blanc bonnet et bonnet blanc.
      La dramatique farce de la "démocratie" française !

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  7. Encore une fois: si on est candidat a l’élection présidentielle, la seule chose qui compte c’est de gagner, pas de convaincre les abstentionnistes ou les électeurs en général. Absolument aucun besoin de convaincre 50% des inscrits!

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    1. Ce sont en effet les règles de fonctionnement des élections en France, qui n'ont rien à voir avec une vraie démocratie, où les décisions sur les sujets importants sont pris par le peuple et non pas par un seul.

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    2. Vous faites confiance au peuple français? Vous êtes sérieux ?????

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    3. les quelques individualités qui ont un pouvoir absolu à coups de 49/3 et auxquelles vous faites une confiance aveugle, ne feraient-elles donc pas partie du peuple français ?

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  8. Il faut reconnaître au moins que les députés et sénateurs ont été suffisamment intelligents pour approuver le traité de Lisbonne alors que le bon peuple français a été trop bête pour le faire…

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