dimanche 25 février 2024

Macron au Salon de l’Agriculture : la visite façon Pyrrhus

Le roitelet souhaitait probablement démontrer qu’il pouvait passer toute la journée au Salon de l’Agriculture. Il y est parvenu, mais cette démonstration de volontarisme appuyée par des centaines de forces de l’ordre n’est qu’une victoire à la Pyrrhus. En effet, elle démontre à nouveau tout ce qu’il y a de détestable dans cette présidence, totalment égocentrique, malhonnête, autoritaire, et à la communication grossière, voulant mettre en scène des pseudo-débats qui ne sont des harangues à sens unique.

 


La mascarade Macron à nouveau exposée à tous

 

La deuxième journée du Salon offre un contraste saisissant avec le passage en force du locataire de l’Elysée. Les autres politiques, eux, peuvent venir sans être sifflés, sans une quasi fermeture du hall où ils sont pour filtrer les entrées, et sans un service de l’ordre qui se compte en centaines de forces de l’ordre. La capacité de Macron à passer douze heures au Salon pour satisfaire sa volonté enfantine de démontrer qu’il pouvait le faire, quoiqu’il en coûte, n’en ressort que plus vaine. Comme l’a pointé Géraldine Woessner dans un tweet ravageur illustré d’une photo révélatrice, montrant un hall désert, Macron a fait une visite totalement artificielle, mettant à distance l’immense majorité du public et des agriculteurs, dans un parcours ultra-balisé et protégé destiné à servir au mieux sa communication ultra superficielle.

 

Pourtant, alors que l’insécurité explose, avec, depuis 2017, une augmentation des tentatives d’homicide de 80% et des coups et blessures volontaires de 63%, il y avait un meilleur emploi à tant de forces de l’ordre… Voilà une nouvelle illustration de l’autoritarisme et de l’arbitraire d’un exécutif qui, pour satisfaire ses caprices de communication, vampirise un temps précieux et manquant de forces de l’ordre, qui pourrait être bien mieux employer. Et que dire de l’image de ce président qui ne peut aller au contact de la population qu’accompagné de centaines de CRS et en empêchant toute libre-circulation dans le périmètre où il s’aventure… Quel contraste saisissant avec son comportement bravache et sûr de lui ! Facile de se donner des airs de chef quand on est épaulé de la sorte, et quand on évite le contact avec le réel…

 

Cette nouvelle séquence désastreuse a été l’occasion de vignettes ubuesques. En premier lieu, cette idée abracadabrantesque d’organiser un nouveau grand débat. Quand on sait ce qu’il est advenu des débats qui avaient suivi les Gilets Jaunes, qui n’ont abouti sur rien, si ce n’est en un temps totalement excessif de péroraisons présidentielles avec une contradiction minimale, le simple fait de le proposer ne pouvait que susciter des réactions négatives. Par delà l’invitation extravagante des Soulèvements de la Terre, il est probable que Michel-Edouard Leclerc et la FNSEA ne seraient pas venus de toutes les façons. Le casting était organisé pour donner le beau rôle à Macron, le faire apparaître en arbitre de demandes contradictoires. Bref, la ficelle était trop grosse pour être crédible auprès de qui que ce soit.

 

Et que dire des prix planchers sortis de son chapeau alors que son ministre de l’agriculture moquait encore cette idée au cœur de la première phase de la révolte agricole ? On sent bien que le président voulait pouvoir annoncer une vraie mesure, mais cette promesse a tout de l’effet d’annonce. Non seulement les modalités ne sont pas précisées : un prix trop bas ou flexible n’aurait qu’un intérêt limité. Et pire encore, ce n’est pas la France qui décide en la matière, mais l’UE. Autant dire qu’avant de se concrétiser de manière forte, de l’eau va couler sous les ponts, tout comme pour les clauses miroirs… Les aides de trésorerie sont tout autant illusoires car elles reviennent à repousser les problèmes plutôt que les résoudre : que feront les agriculteurs quand ils devront les rembourser, comme les aides Covid le montrent ?

 

La visite au Salon de l’Agriculture de Macron est un désastre total. Avant même l’ouverture, il y a eu le fiasco de son pseudo-débat refusé par les principaux invités. Et entre sa visite caprice protégée par des centaines de CRS et son dialogue un peu excité, donneur de leçons et finalement très vain concrètement pour les agriculteurs, il continue de donner une bien mauvaise image de lui-même.

7 commentaires:

  1. Ce n’est pas sa faute si les agriculteurs ne peuvent pas se comporter comme des gens civilisés…

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  2. Voici un article qui montre parfaitement que la colère des agriculteurs est aussi dirigée contre VOUS car c'est à cause de votre obsession anti-pesticides que la France va perdre sa souveraineté alimentaire :
    «La filière endive n'a aucune visibilité sur sa capacité à produire après 2024, suite au retrait annoncé de plusieurs substances actives clés permettant de garantir la pérennité technique et économique de cette culture traditionnelle des Hauts-de-France (90% de la production française)», avait souligné l'association des producteurs d'endives de France dans une lettre ouverte à Gabriel Attal début février."
    https://www.lefigaro.fr/conso/pesticides-il-y-a-urgence-a-trouver-des-solutions-pour-la-pomme-et-l-endive-selon-marc-fesneau-20240229

    Ici le raisonnement des agriculteurs ce n'est pas votre raisonnement simpliste qu'il suffirait de ne pas importer des produits qui utilisent des pesticides. Mais que sans pesticides il est impossible de produire suffisamment pour la demande française. Ce n'est pas la première fois que vous vous trompez mais avant de changer d'avis sans même le reconnaître vous mettez des années, c'est pour ça que votre ligne politique n'intéresse pas les électeurs.

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  3. Laurent Herblay2 mars 2024 à 16:59

    @ Troll

    Pas du tout. La colère des agriculteurs vient de deux choses : des revenus trop aléatoires qui ne leur permettent pas de gagner leur vie comme ils le devraient, et le différentiel de règles entre celles qui leur sont imposées et celles des produits que nous laissons entrer en France. Rien n’indique que les agriculteurs refuseraient des interdictions de pesticides (qui affectent leur santé) si ces interdictions s’appliquaient aussi aux produits que nous importons. Ainsi, la concurrence serait loyale. Je pense que les agriculteurs apprécient mes positions protectionnistes ou de prix planchers.

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    1. Je ne concorde ni avec vous ni avec le pro-pesticides plus haut.
      1° La protectionnisme est absurde et inacceptable en agriculture. Qui voudrait renoncer aux oranges siciliennes, aux huiles d'olive de Méditerranée, sans parler du chocolat, du café, du thé, du parmesan et de tous les produits agricoles que la France est incapable de produire ?
      2° Les prix planchers sont un non-sens économique. Ils avaient déjà été expérimentés il y a quelques années pour le porc breton, et le seul résultat a été un échec monumental. La France n'a pas la souveraineté mondiale, et du moment que d'autres produisent pour moins cher à parité de qualité, le marché va se jouer de vos prix planchers
      3° Les pesticides sont un fléau qui détruit la santé des français (taux de cancer toujours aux toutes premières places en Europe), et massacre les insectes donc la pollinisation, les oiseaux et tout l'écosystème. A qui dit que sans pesticides on ne peut plus nourrir les Français, je réponds que si un pays ne peut pas nourrir ses habitants, il est peut-être surpeuplé, et dans ce cas, rien n' empêche d'importer depuis l'étranger les denrées agricoles qui manquent, bien entendu quand
      elles respectent les normes de sécurité alimentaire

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  4. Laurent Herblay4 mars 2024 à 20:58

    @ Troll

    1- Bien évidément, vous cédez à la caricature outrancière. Le protectionnisme, ce n’est pas l’autarcie. Entre tout laisser-passer et rien laisser-passer, il y a toutes les nuances d’un protectionnisme plus ou moins important. Je ne veux pas tout fermer, surtout pas les choses que nous ne pouvons pas produire en France. Mais cette caricature outrancière est surtout la marque de la faiblesse de votre argumentation.

    2- Les prix plancher peuvent être obtenus de plusieurs manières : ils ont été un élément clé de la PAC pendant longtemps. Et s’il y a des limites (qui peuvent être traitées), cela a marché pendant longtemps… En outre, un prix plancher peut-être obtenu par des droits de douane, comme le font le Japon ou la Corée du Sud avec des droits de douane marqués sur le riz par exemple. Ainsi, il est possible de prendre le pouvoir sur le marché.

    3- La solution des importations est délicate étant donné que les normes étrangères sont souvent plus permissives que les nôtres.

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  5. "Je ne veux pas tout fermer, surtout pas les choses que nous ne pouvons pas produire en France. "
    et donc vous faite comment? Vous dites aux italiens (par exemple) on veut bien vos oranges, mais pas vos pommes, on veut votre parmesan, mais pas d'autres fromages, on veut vous vendre notre Champagne, mais on ne veut pas acheter votre Prosecco etc etc

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