L’élection qui devait être la plus serrée de l’histoire se révèle être extrêmement claire : malgré les espoirs un moment suscités par Kamala Harris, la Vice-Présidente et les démocrates ont été balayés par Trump et les républicains. Il est frappant de constater que Donald Trump gagne encore des voix, alors que Kamala Harris en perd près de 10 millions par rapport à Biden, signe d’un mouvement profond.
Les démocrates offrent les USA à Trump
Mais l’ampleur du succès de ce candidat si incorrect, qui remporte largement le vote populaire, la Chambre des représentants et le Sénat par la même occasion impose une prise de recul que les médias dominants, souvent de gauche, ne parviennent pas à prendre. Je vois trois raisons majeures. D’abord, il faut admettre que le positionnement politique de Trump est gagnant. Il a réinventé le parti républicain, en le rendant plus populaire, et en en faisant la force politique majeure en dehors des grandes métropoles, faisant du parti démocrate le parti des métropoles et des élites. C’est finalement une des meilleures applications de la théorie de la périphérie de Christophe Guilluy. Aussi paradoxal soit-il de la part d’un milliardaire new-yorkais qui baisse les impôts des plus riches et des multinationales, une partie de son programme répond aux aspirations de la périphérie, sur l’immigration ou la politique internationale.
Deuxième raison : la conjoncture. On oublie un peu trop que la défaite de 2020 a eu lieu l’année du Covid, et que les mesures de confinement avaient poussé le taux de chômage à plus de 14%, même s’il était retombé à 7% au moment de l’élection. Là, le rebond inflationniste de la présidence Biden a profondément décrédibilisé les démocrates, qui ont laissé faire, abandonnant, comme trop souvent, les classes populaires et moyennes. Pire, l’administration Biden, par certains choix (sanctions contre la Russie), porte une part de responsabilité dans le bond des prix de l’énergie qui a servi de prétexte à l’envolée temporaire de l’inflation. Car finalement, cette élection, c’est d’abord la désaffection des États-Unis pour le parti démocrate. Si Trump gagne un peu plus de voix qu’en 2020, Kamala Harris en perd pas moins de 10 millions par rapport à Joe Biden il y a 4 ans. C’est autant une défaite des démocrates qu’une victoire de Trump.
Et c’est sans doute la principale raison de la victoire de Trump : les innombrables erreurs des démocrates. Cela a commencé par la candidature de Joe Biden à sa réélection, alors que sa condition physique semblait fragile. Un débat raté face à Trump en juin et les sondages catastrophiques qui ont suivi ont imposé son retrait. Mais cela n’a pas donné assez de temps pour faire émerger une alternative, la vice-présidente s’imposant par défaut, alors qu’une primaire aurait probablement permis de faire émerger un candidat plus fort. Kamala Harris n’était pas la bonne candidate pour s’adresser à cette périphérie du pays séduite par Trump, d’autant plus que son parcours, son programme, et son bilan, ne sortent pas du cadre étroit oligarchiste dans lequel se complait le parti démocrate des Clinton et d’Obama depuis plus de 30 ans.
Les démocrates ont aussi fait une extrêmement mauvaise campagne contre Trump. L’hystérisation du débat et les caricatures ne parlaient qu’à leurs militants, et aux opposants de toujours, pas à ceux qui pouvaient hésiter. Et cela n’a pas commencé en 2024. La tentative de destitution suite à l’assaut du Capitole en janvier 2021 était ridicule alors que son mandat était presque terminé. De même, son éviction des réseaux sociaux était extrêmement choquante alors qu’il était le précédent président. Le dépeindre en fasciste était assez ridicule alors qu’il avait perdu le Congrès en 2018, puis la Maison Blanche en 2020 : un vrai fasciste ne cède pas le pouvoir. L’assaut du Capitole n’était pas un vrai coup d’Etat. Et on peut se demander si le procès en proximité avec Poutine, sans doute excessif, ne soulignait pas a contrario son refus des aventures extérieures de l’ère Bush, qui n’ont pas réussi au pays, ni aux républicains…
Le sens de cette
victoire est différent de celle de 2016, car ce n’est pas une surprise et les
USA ont voté en toute connaissance de cause, après avoir confié aux démocrates
le pouvoir en 2020. Voilà qui en dit long sur l’impasse complète de ce camp qui
déçoit au pouvoir et ne parvient plus à articuler une proposition populaire et
convaincante. La question qui se pose maintenant, c’est quel équilibre donnera
ce second mandat entre les intérêts de l’oligarchie et ceux du peuple
états-unien.
Tous les ploucs stupides, égoïstes, racistes et xénophobes se sont mobilisés pour voter pour Trump. Ce serait bien d’avoir des classes populaires plus intelligentes.
RépondreSupprimerà "Anonyme 11/11-18:38" ... ha ha, c'est cela, oui !
RépondreSupprimerContinuez comme cela à montrer votre méconnaissance et mépris du peuple... c'est tout ce qu'on demande aux bobos infâmes autant qu'ineptes... de se discréditer toujours plus, eux et les élites totalement corrompues et incompétentes dont Micron et la plupart des dirigeants européens sont les créatures... pendant ce temps - comme le note Emmanuel Todd depuis des années - le réarmement moral, intellectuel et politique du peuple (le vrai peuple français, pas celui des quartchiés dits "populaires") progresse toujours plus... la vague de la Révolution Conservatrice et du grand retour des Nations enfle toujours plus... elle est irrépressible... vous l'allez voir... et la subir (ou la surfer) pour au moins les 50 prochaines années.
Bravo...Effectivement le camp Bobo n'a rien compris...Par contre je ne pense pas qu'un retour vers une conscience politique soit conservateu,pour moi c'est progressiste.
Supprimer... voyez comment un certain retour aux valeurs fondamentales (libératrices) sera justement progressiste par rapport à ce "progressisme" libéral-libertaire devenu incohérent voire dément et, en tout cas, rabâché et conventionnel.
SupprimerIl devra s'agir d'un néo-conservatisme où la conservation et la préservation se devront d'être humanistes et... écologiques... par définition !
(et, certes, Trump n'incarne guère cela)
Ma grand mère disait: "Si les ouvriers étaient intelligents, ils ne seraient pas ouvriers."
RépondreSupprimerIci on peut dire: "Si les électeurs de Trump seraient intelligents et cultivés, ils ne voteraient pas pour Trump."
Quelle déchéance morale et éthique des classes populaires, en France et aux Etats-Unis!
...sans parler de la déchéance de "ceux qui savent" (prétendent savoir) vis-à-vis de leur propre culture et langue : "Si les électeurs de Trump ÉTAIENT intelligents et cultivés..."
SupprimerCe qui manque, face à ce "populisme" de droite, c'est un vrai populisme de gauche reprenant le sens originel du mot quand il fut inventé en Russie : tourné contre les pseudo-élites et les puissants, pas contre les pauvres et les immigrés.
RépondreSupprimerIl y a du grain à moudre en la matière : ces espèces de faux-intellectuels de l'ENA qui glapissent "démagogie" à l'idée d'exiger un casier judiciaire vierge pour se présenter à une élection. Il en faut bien un pour devenir flic, prof, IPEF ou administrateur civil...
Il y avait aussi cette espèce d'écolo qui faisait tourner à vide sa voiture pour mettre la clim. Pincé, il a couiné : "vous n'allez tout de même pas faire de la démagogie avec ça".
Un vrai populisme sain s'attaquerait à ça mais aussi à toutes les tracasseries bureaucratiques subies par la population, les passeports sortis en 3 mois (moins d'une semaine en Belgique), les justificatifs qu'il faut refournir alors qu'ils les ont déjà eu 10 fois. Ou encore Sarkozy qui insulte les enseignants du primaire alors que cette punaise nous coûte 2 millions par an, ne fout rien et est un repris de justice !
Un vrai populisme sain laisserait tranquille les chômeurs et les immigrés pour s'attaquer à tous ces parasites, à toutes ces lois léonines faites pour les gros (genre les lois immondes sur les hypothèques), irait débusquer un à un toutes les stupidités réglementaires dénoncées dans les nombreuses pétitions qui sortent toutes les semaines, etc.
@Rodolphe Dumouch
Supprimer"Ce qui manque, face à ce "populisme" de droite, c'est un vrai populisme de gauche"
Il ne peut pas exister un VRAI populisme de gauche pour une raison très simple.
Ce que le peuple veut, c'est travailler et gagner sa vie, sans empêchements du pouvoir.
Ce n'est pas l'égalité économique promue par la gauche. L'égalité a besoin d'une classe toute puissante qui taxe, et redistribue. Elle convient donc aux oligarchies du pouvoir, qui trouvent la justification de leur existence dans le besoin de redistribuer face aux horreurs du pain gagné sur le libre marché. Et elle convient aux très pauvres, aux malheureux, aux glandeurs, aux immigrés aux analphabètes, aux amateurs de longues vacances et courtes semaines (et journées) de travail.
Ne savez vous que la gauche est l'union d'un loup, d'un mouton et d'un rat qui décident démocratiquement ce qu'on mange comme dîner ?
Il n'y a pas eu de vague en faveur de Trump, car lorsqu'on regarde le nombre de voix, il n'a que très peu augmenté par rapport à 2020 ; en % du nombre d'inscrits, il a même perdu du terrain (30,4% contre 31% en 2020). Sa victoire est due à l'effondrement du parti démocrate, qui, comme vous le dites, a perdu 10 millions de voix par rapport à 2020.
RépondreSupprimerCeci étant dit, on peut s'inquiéter de l'évolution des USA, avec à sa tête un démagogue imprévisible qui a tous les leviers du pouvoir (cour suprême, congrès, chambre). La situation est différente de 2016 car il a éliminé tous ceux, au sein des Républicains, qui pouvaient le freiner.
Les conséquences pour l'Europe risquent d'être lourdes, d'autant plus que l'UE est incapable de répondre au protectionnisme, tant des USA que de la Chine.
Patrick Artus : "L'élection de Trump pourrait provoquer une crise financière en Europe !"
RépondreSupprimerhttps://www.youtube.com/watch?v=Sh0HiMeiJWo
@LH:
RépondreSupprimerIl n'y a que ceux et celles qui feignent d'ignorer le principe des swing states pour avoir eu le sentiment que le ciel leur tombait sur la tête. Parmi eux, on compte un Ohio désindustrialisé qui n'était pas acquis à Harris même lorsque ses sondages étaient bons. De l'avis des commentateurs américains, Harris et Walz n'ont pas "mouillé le maillot" dans ces swing states quand Trump l'a fait, comme en 2016. Pour des primaires, je ne sais pas si les statuts démocrates l'auraient permis. Certains éditorialistes reprochent en revanche à juste titre à Harris de ne pas avoir choisi un/une vice-président(e) bien implanté(e) dans un Etat "col bleu" alors qu'il y en avait des disponibles. Il est sinon frappant que bien des progressistes font de Trump un candidat de l'oligarchie à cause de son passé professionnel là où son programme est moins caricaturalement oligarchique que celui de Reagan. Pas d'interventionnisme mais du protectionnisme. Quant à ceux et celles qui s'étonnent qu'un personnage aussi vulgaire puisse être élu, ils oublient qu'il y en a eu un il n'y a pas si longtemps dans la zone Euro (Berlusconi).
Gros fou rire sinon d'apprendre par Le Figaro (ce canard ex-brosse à reluire de Berlin) que l'Allemagne est en difficulté. Les économistes et les entrepreneurs y demandent en vain de sortir du dogme de la rigueur. Il y a même des projets de délocalisations aux Etats-Unis. Le retour de Trump va encore plus pénaliser un modèle économique basé sur l'exportation. Et un ancien journalistes du Financial Times a sorti un bouquin nommé Kaput (ah ah). Comme ce fut le cas il y a 40 ans pour le Japon, tout cela montre bien le manque de vision consistant à vouloir imiter "ce qui marche à l'étranger". Ils sont où les germanophiles français?
JZ
ANONYME DU 13NOV 12H03
Supprimer"y en a eu un il n'y a pas si longtemps dans la zone Euro (Berlusconi)."
Sans besoin de traverser l'océan, vous avez aussi Bill "cigar" Clinton avec ses chères stagiaires
"l'Allemagne est en difficulté"
conséquence logique et inévitable de la guerre mené à la Russie et donc de la fin de l'énergie bon marché qui a permis la prospérité européenne depuis 1945. Si la France est moins frappé, c'est uniquement à cause de notre faiblesse industrielle, mais demandez tout de même à Michelin ou Duralex.
Je ne parlais pas de questions de vie privée, juste de vulgarité de comportement face caméra.
SupprimerJZ.
Excellente nouvelle: MLP va se prendre 5 ans de prison. Cela lui fera du bien!
RépondreSupprimer@ Anonyme 18h38 & 9h24
RépondreSupprimerN’est-il pas paradoxal de dénoncer la xénophobie d’un camp en se montrant tout aussi xénophobe que les éléments les plus xénophobes de ce camp ? Merci d’illustrer mes propos
@ Rodolphe
Assez largement d’accord. Après, ce ne serait pas forcément un populisme de gauche, mais en tout cas, pas ce populisme droitard trop aligné avec les politiques économiques oligarchistes.
@ Anonyme 8h03
Le vote Trump progresse numériquement en 2020 et en 2024, malgré ses innombrables limites et passifs. Et contrairement à ce que font parfois les USA, où les électeurs peuvent diviser le pouvoir, ils lui ont tout donné, c’est tout de même un acte fort : la vague se renforce pour moi, et on peut penser que ce n’est pas qu’aux USA qu’elle se renforce. C’est le cas dans beaucoup de pays, sous des formes différentes
Les chiffres sont pourtant clairs :
SupprimerEn 2020, Biden avait fait 81,3 millions de voix, devant Trump qui avait obtenu 74,2 millions de voix.
En 2024, Kamala Harris a fait 71 millions de voix, derrière Trump qui a fait 74,7 millions de voix.
Ce qui est frappant dans ces résultats, c'est l'abstention et l'effondrement du parti démocrate, pas la soi-disant vague trumpiste. En 2020, Trump avait perdu avec pratiquement le même nombre de voix qu'aujourd'hui.
@ Anonyme 9h00
RépondreSupprimerEn effet, le gonflement de la bulle financière que provoque l’élection de Trump accentue les risques de crise financière, globale
@ JZ
Largement d’accord : c’est pour cela que j’écris que « Les démocrates offrent les USA à Trump ». Ils ont tout fait de travers, notamment sur le protectionnisme, où Trump parle plus fort (après, il faudra voir comment il agit, son premier mandat ayant montré qu’entre la parole et les actes, il y avait souvent un grand écart. Mais pour l’ouvrier menacé par les importations, le fait est que Trump apparaît plus protecteur que Harris. Sa vulgarité le rend probablement plus humain qu’une candidate très techno dont les salades de mots conceptuels éloignées des préoccupations de la population… Bien vu sur l’Allemagne : il faudrait que je fasse un papier. En fait, ce pays n’a jamais été un modèle.
@ Anonyme 8h05
Il gagne des voix, il fait un grand chelem électoral, chose pas si courante : la vague Trump monte, loin de refluer. Bien sûr, il gagne d’abord parce que les démocrates perdent 10 millions de voix (c’est mon sous-titre et je le souligne dans le papier), mais il signe le 2ème plus grand nombre de voix, ce qui est d’autant plus remarquable après le Capitole, d’innombrables poursuites, son programme fiscal ou ses mensonges ou déclarations ahurissantes.
il gagne des voix, mais pas beaucoup. Avec 74.7 millions de voix, il fait moins bien que Biden en 2020. Donc, parler de "vague" me semble exagéré. On n'avait pas parlé de "vague" pour Biden...
SupprimerLe grand chelem, c'est un effet d'optique. Lorsqu'un adversaire s'effondre, cela donne l'impression d'un triomphe du camp adverse, mais si vous regardez les chiffres, c'est 30 % des inscrits, pas davantage. Il faut ramener les choses à leur réalité. Les démocrates se sont massivement abstenus, c'est cela qui doit nous interroger.
SupprimerUne vague, c'est une question de dynamique. Trump rassemble plus de voix à chaque élection ! Il en a plus en 2020 qu'en 2016, et un peu plus en 2024 qu'en 2020. Bien sûr, le gain est limité, mais le niveau continue à monter, en valeur absolue, et en pourcentage du fait de l'effondrement des démocrates, dont le sursaut de 2020 apparaît comme une exception après coup (et il faut se souvenir que l'élection d'alors s'était jouée en plein covid, avec la gestion hasardeuse de Trump, un chômage qui était monté à plus de 14% en milieu d'année. Et si 2020 n'était qu'une exception (c'est le record de participation depuis très longtemps il me semble)
SupprimerEn tout cas, l’élection d’un criminel idiot et raciste comme Trump ne donne vraiment pas une bonne image des électeurs!
Supprimer« Une vague, c'est une question de dynamique. »
SupprimerUne vaguelette, alors. Pas un tsunami !
Une vaguelette qui aurait été insuffisante si le camp démocrate avait voté comme il l'avait fait en 2020.
Le fait fondamental, je le répète, c'est l'abstention du camp démocrate.
"Le fait fondamental, je le répète, c'est l'abstention du camp démocraet"
Supprimeret comment expliquer cette abstention ?
Comment expliquer l'abstention des démocrates ?
SupprimerIl y a plusieurs raisons :
l'inflation imputée à la politique de Biden
l'échec de la politique migratoire
le soutien inconditionnel à Israël
l'absence de programme de Kamala Harris qui a axé sa campagne sur le rejet de Trump
le discours trop « wokiste » du parti démocrate.
C'est donc une normale alternance démocratique suite à un mandat raté (ou jugé tel par les électeurs, ce qui revient au même en démocratie). Un phénomène sain qui prouve la vitalité de la démocratie aux USA. Rien qui devrait nous inquiéter.
RépondreSupprimerOui, c'est une alternance démocratique, mais ça ne veut pas dire que ça ne doit pas nous inquiéter. Tout va dépendre de ce que Trump va faire dans ce deuxième mandat.
SupprimerC'est l'effondrement des deux partis : les démocrates bien sûr, mais aussi les républicains, qui n'ont pas eu le courage d'entrer en résistance face à Trump, et ont préféré rejoindre le rang des collabos.
RépondreSupprimerPetit complément : finalement, Trump réunit près de 77 millions de voix, après 63 en 2016 et 74 en en 2020 : la vague trumpiste a donc bien continué à monter en 2024. Harris a réuni 74 millions de voix, contre 81 pour Biden en 2020.
RépondreSupprimer@Anonyme 18 novembre 10h et 19 novembre 17h : bien d’accord
@Anonyme 29 novembre: n'avez-vous pas l'impression que le terme "collabos" est ridicule