Mardi 13, le résident de l’Élysée a bénéficié d’une émission de trois heures sur la première chaine, dans un programme tellement taillé en sa faveur que nous flirtions avec l’ORTF, ou les démocraties autoritaires. Mais sa prestation a été accueillie de manière très critique par les Français, signe que le disque de son discours, inchangé, est rayé depuis longtemps.
Président faible et suffisant en roue libre
Pour couronner le tout, le casting des contradicteurs n’était guère brillant. Discuter d’économie avec Sophie Binet, puis avec Agnès Verdier-Molinié lui donnait presque le beau rôle, entre CGT et ultra-oligarchisme. Il aurait presque pu apparaître modéré et équilibré, face à des contradictrices parfois caricaturales, et à la répartie très limitée. Si Sophie Binet a plutôt bien pointé certaines parties très négatives du bilan de Macron, en revanche, elle semblait incapable de sortir de son script et de rebondir sur les énormités du président, qui a pu répéter ses mensonges statistiques sur le chômage et quelques arguments complètement faux sans qu’elle parvienne à questionner ou démonter ses arguments mensongers. Macron était sur la défensive et face à un bon contradicteur, il aurait littéralement pu finir KO.
Mais ce faisant, ce qui frappe, c’est l’extrême faiblesse de ce président prétentieux dont la suffisance semble proportionnelle à ce manque de force qu’il admet implicitement. S’il croyait à la force de son discours, il accepterait de longues interviews face à un ou deux contradicteurs de qualité, de manière régulière, comme le faisaient la plupart des anciens présidents. Là, entre dispositif changeant et interlocuteurs assez médiocres, il ne parvient plus à convaincre personne. Rien n’allait dans cette émission. Alors qu’elle était présentée comme un moment de discussion sur l’avenir, elle a été une revue du bilan désastreux de ses huit années au pouvoir, et une défense poussive par un président qui a perdu la main, et dont les slides de défense, peu lisibles, étaient moins bien conçus que ceux de la secrétaire de la CGT…
Le journalisme des grands médias ne sort pas grandi de cette émission. Il est frappant que Gilles Bouleau ait conclu de manière positive, en pointant que le président n’avait pas questionné le casting. Remerciement dérisoire alors que le casting favorisait tellement le président, indiquant aussi la propension de TF1 à flatter le pouvoir… TF1 et France 2 devraient proposer un long échange avec une possibilité d’aller au fond des choses, et non un journaliste animateur dont le seul souci est de passer d’un invité à un autre, et d’un sujet à un autre. Ce rythme ne permet qu’un survol superficiel, qui protège la doxa oligarchiste de tout questionnement en profondeur. Les pastilles vidéo étaient à ce titre particulièrement dérisoires, ne permettant aucun dialogue véritable avec un président adepte de la langue de bois et d’une post-vérité qui mériteraient une contradiction forte et dans la durée pour pouvoir être pleinement mise en morceaux.
Heureusement, l’émission a fait un flop. L’audience de Macron ne cesse de baisser. Et les Français n’ont pas été convaincus par la défense dérisoire de son bilan calamiteux. Incriminer certaines lourdeurs alors qu’il est au pouvoir depuis 13 ans pointe logiquement son échec. Macron n’a pas fait les bonnes réformes et il ne peut pas rejeter la faute sur d’autres alors qu’il est entré à l’Elysée en 2012, après avoir déjà conseillé le président précédent avec la fameuse commission Attali.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire