C’est la cerise sur la mauvaise pâtisserie austéritaire de François Bayrou, compilation paresseuse d’idées du passé qui n’ont pas fonctionné : la suppression de deux jours fériés. Même le bloc central est partagé à l’égard de cette mesure dont on peut se demander si elle n’est pas un outil de négociation destiné à être abandonné pour mieux faire passer le reste. En tout cas, l’idée est absurde.
La communication contre l’évidence
Mais surtout, on peut même contester le montant des recettes que cela devrait générer, comme le mécanisme. Le précédent du lundi de Pentecôte semble indiquer qu’il s’agit d’un geste plus politique que financier. D’ailleurs, l’exécutif ne peut même pas s’appuyer sur cette expérience pour justifier son chiffre. En effet, pour générer des recettes supplémentaires, soit les salariés devraient être payés davantage (mais cela ne semble pas l’option retenue), soit les entreprises devraient cotiser davantage à salaire stable, ce qui semble assez contradictoire avec la direction politique de l’exécutif. Le Premier ministre a donc transmis la patate chaude aux partenaires sociaux, qui ne semblent pas enthousiastes, certains organismes s’opposant carrément à la grande idée du Premier ministre le plus impopulaire de l’histoire…
Le secteur du tourisme y voit logiquement une grave menace alors que les ponts du printemps génèrent un volume d’affaire important. Pour couronner le tout, il ressort que nous avons un nombre de jours fériés pas particulièrement important en Europe : 11 contre une moyenne à 12, un nombre important de pays pointant à 14 ou 13 jours fériés par an. Bref, si nous passions à 9, nous rejoindrions les 3 pays de l’Union Européenne avec le moins de jours fériés, Allemagne, Pays-Bas et Danemark. Une nouvelle illustration de ce que produit cette construction européenne : un alignement par le bas, et une déconstruction de nos modèles sociaux. Sans pour autant nous permettre de peser sur le monde, puisque l’UE se révèle tout aussi impuissante diplomatiquement (Ukraine, Palestine) que commercialement (USA, Chine).
Même Rexecode, un centre de recherche proche du patronat, est plutôt
négatif sur l’idée, postant un papier du Monde rapportant le
scepticisme des syndicats et des experts. L’institut renvoie aussi à une
étude qu’il a réalisé concluant que si notre pays avait le taux d’emploi de nos
voisins, nous compterions 2,3 millions d’emplois de plus… le niveau du chômage
selon le sondage bidon utilisé pour mesurer déformer le taux de chômage…
Vouloir ajouter 16 heures de travail à chaque actif ne règlera rien au manque d’emplois.
Au contraire, cela pourrait avoir l’effet inverse. On ne créé pas ex nihilo un
besoin d’heures sans agir sur la demande et l’offre, ou sans y mettre de l’argent.
Cette mesure pourrait même détruire des emplois en freinant certaines créations
du fait de la hausse des heures disponibles…
Bref, voici un nouveau condensé des idées folles du bloc central, dont le principal intérêt réside dans le narratif que cela sert, aussi artificiel et mal fichu soit-il. Un énième recul de notre modèle social sans que les reculs précédents aient démontré un impact positif. Le seul intérêt est d’entretenir le récit intéressé populophobe de ces élites cosmopolites superficielles, qui trouvent dans la stigmatisation des classes populaires le moyen de diviser les Français en s’attaquant toujours aux mêmes bouc-émissaires : travailleurs qui seraient feignants, retraités dont les pensions seraient trop élevées, chômeurs qui se tourneraient les pouces, ou malades imaginaires ou abusifs. Ce faisant, cela déplace le débat de l’impasse de leur politique à ces maronniers du débat public qu’une presse biaisée relaie avec complaisance.
Il faut espérer que cette idée sera sacrifiée sur l’autel des négociations pour trouver une majorité à la rentrée. Elle a peut-être ce rôle de mesure repoussoir que François Bayrou est déjà prêt à retirer pour faire passer tout le reste (ou presque). Car sur le fond, difficile d’y voir autre chose qu’un exercice de communication. Et difficile d’imaginer qu’elle produise les effets que ses défenseurs disent prévoir.
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