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dimanche 28 juillet 2013

Le Front National s’est il dédiabolisé ?


Atlantico : Dans une interview accordée au Point.fr, Jean-Marie Le Pen  revient sur les incidents de Brétigny et de Trappes. Selon lui, l'essentiel de la dédiabolisation du FN tient au fait que les gens se disent : "Le Pen avait raison alors qu'on nous a dit que c'était un fasciste, un extrémiste." Partagez-vous en partie son analyse ?

Pas du tout. La question de la dédiabolisation du FN est traitée de manière souvent un peu trop rapide, et, de manière plus étonnante, avec une grande complaisance pour l’histoire qu’essaie de vendre la famille Le Pen, y compris dans les médias de gauche. Certes, on constate que dans les élections partielles de la dernière année, le parti lepéniste a réussi des scores très importants au second tour qui indiquent a priori un affaiblissement du front républicain qui assurait auparavant un report des voix massif sur le candidat qui affrontait le candidat frontiste. Néanmoins, il ne s’agit pour l’instant que de quelques élections partielles et l’examen des tendances nationales ne permet absolument pas d’accréditer la dédiabolisation :
-        le baromètre du Monde sur l’adhésion des Français aux idées du Front National, qui existe depuis 1984, a atteint un pic de 32% en janvier 2013, mais ce score avait déjà été atteint en 1991 et approché en 1996 et en 2002. L’adhésion des Français aux idées du FN est revenu à son étiage le plus haut mais n’a pas réussi à le dépasser
-        lors de l’élection présidentielle de 2012, Marine Le Pen a atteint le score de 17,9%, soit moins que le score cumulé de son père et de Bruno Mégret en 2002 (16,9 + 2,3 = 19,2%). Aux élections législatives de 2012, le Front National a fait moins qu’en 1997
-        les sondages pour les élections européennes donnent le Front National entre 18 et 21%, à peine mieux qu’à l’élection présidentielle, et surtout, moins que le score qu’ils donnaient à Marine Le Pen à l’automne 2011, qu’ils voyaient entre 22 et 24%
Si j’insiste sur ces trois faits, c’est que le contexte actuel est pourtant extraordinairement porteur pour le FN. La France a traversé deux récessions en cinq ans, le taux de chômage est au plus haut, le pouvoir d’achat n’a jamais autant baissé, les impôts montent à un niveau inédit, d’innombrables affaires (Cahuzac, Tapie…etc) font la une des médias, les tensions dans notre société sont très fortes après le débat sur le mariage. En outre, les deux grands partis de gouvernement ont énormément déçu depuis un an (le PS au gouvernement, l’UMP avec son élection interne). Si le FN était un parti comme les autres, dans de telles circonstances, il devrait être au-delà de 30%.
Il y a encore un blocage, qui s’illustre par le fait que seulement 25% des Français pensent que le FN ferait mieux que le PS et l’UMP et 72% pensent le contraire, score très éclairant dans un tel contexte et alors que les deux grands partis sont très largement déconsidérés.
La chose qui a changé depuis un an, en revanche, c’est justement que l’image qu’ont les Français du PS et de l’UMP s’est détériorée au point que dans un second tour, en présence du FN, le réflexe du front républicain s’est fortement affaibli, mais je ne pense pas du tout qu’il y ait une dédiabolisation. L’image du FN ne s’est pas vraiment améliorée, c’est l’image du PS et de l’UMP qui s’est fortement dégradée (et encore, pas au point de permettre au FN de casser son plafond de verre).
Atlantico : Jean-Marie Le Pen a-t-il raison de penser que les Français ne croient plus à l’étiquette de fasciste qui lui est collée ?