Hier, le
gouvernement a annoncé qu’il est défavorable au projet d’amnistie des délits
commis lors des mouvements sociaux, présenté par le groupe communiste et
adopté au Sénat. Si le gouvernement a raison d’être ferme, il est dommage que
ce soit toujours dans le même sens.
Non à
l’ensauvagement de la société !
Hier matin, Gérard
Filoche défendait sur RTL ce projet d’amnistie. Le député socialiste a
sous-entendu que nos droits sociaux étaient le produit des occupations d’usine,
impliquant qu’un rapport de force qui pouvait être violent était le seul moyen
d’obtenir ces droits. Il a aussi dénoncé justement la violence des entreprises
à l’égard des salariés avec les plans sociaux. Il s’est résolument mis du côté
des syndicats, affirmant même « on
est amené à casser (…) on les a poussé à bout ».
Laurent
Bazin a justement noté que « 98%
à 99% des syndicalistes n’ont pas fait le coup de poing et n’ont rien
cassé », démontrant qu’il est parfaitement possible d’agir sans
violence. Si la rhétorique de Gérard Filoche sur les difficultés des salariés
était juste, il était difficile de voir pourquoi il faudrait donner un permis
de casser aux manifestants en amnistiant tout délit réalisé lors de mouvements
sociaux entre 2007 et 2013 (à l’exception, naturellement, des violences aux
personnes).
Ce faisant,
la réaction du gouvernement est (pour une fois) juste. Adopter un tel projet de
loi serait un précédent fâcheux qui pourrait avoir de graves conséquences pour
les prochains mouvements sociaux puisque les
casseurs pourraient croire à leur impunité. Même s’il est vrai que ces
mouvements sont souvent l’expression d’une révolte et d’une douleur
compréhensibles, rien ne peut justifier l’impunité vis-à-vis de la destruction de
biens, qu’ils soient privés ou publics.
L’impunité
pour les uns, mais pas les autres