dimanche 6 novembre 2011

Le roman de la fin de l’euro, partie 3 : la nouvelle crise de l’euro

Après la qualification surprise de Charles Delacroix face à François Hollande, le Parti Socialiste contre-attaque, en pleine crise économique

28 avril 14H (Bercy) : la conférence téléphonique commence entre les principaux ministres de la zone euro, la Commission et la BCE commence. Elle ne se passe pas très bien, devant l’hostilité radicale des instances européennes à l’égard de Delacroix. Elles refusent d’envisager sérieusement la sortie de la France de l’euro et de préparer un train de mesures d’accompagnement à l’élection de Delacroix. Michel Barnier souligne que de toutes les façons, Hollande va passer et que par conséquent, cela ne sert à rien de perdre son temps. Le ministre allemand des finances insiste au contraire pour préparer un train de mesures conservatoires. L’Italie et l’Espagne plaident pour une fermeture des marchés la semaine prochaine arguant d’une fuite massive des capitaux. Mais l’Elysée refuse une telle éventualité.


28 avril 18H : Angela Merkel appelle Nicolas Sarkozy. Elle feint de se désoler de son élimination, mais la diplomatie ne suffit pas : les deux dirigeants ne se sont jamais aimés. Elle insiste pour préparer des mesures conservatoires et garder l’option de fermer les marchés au cas où. Le président de la République dit que c’est totalement inutile, que Delacroix va perdre et qu’il ne sert à rien de se préparer pour des éventualités qui n’auront jamais lieu.

28 avril 19H : Immense surprise pour Charles Delacroix. La chancelière allemande l’appelle directement sur son portable. Elle se désole du blocage des institutions européennes et des autorités françaises qui refusent de préparer l’éventualité de sa victoire. « Ils ne vous aiment pas. Vous êtes l’incarnation du mal pour la Commission et la BCE. Ils refusent tout simplement de raisonner quand on parle de vous » confie-t-elle. Ils se mettent d’accord pour préparer à l’avance de tels scénarios afin de ne pas subir les aléas des marchés en liaison avec un conseiller de l’équipe du Ministre de l’économie, sympathique aux idées de Delacroix.

28 avril 21H, POPB de Bercy : ce soir, c’est le meeting jeune de Delacroix, un événement festif puisque le discours sera suivi par une soirée animée par un DJ. La salle est archipleine, il y a  même trois mille personnes qui sont restées en dehors du POPB et qui suivront le discours sur des écrans géants. Le meeting est un immense succès, que les médias ont souligné dans les journaux télévisés de 20H. L’espoir qui s’était levé ne semble pas avoir été totalement douché par les évènements des derniers jours. Le candidat dénonce les mauvaises polémiques des socialistes et souligne que c’est Hollande qui s’inscrit dans la continuité de Nicolas Sarkozy sur de nombreux sujets. Il égrène les sujets : mondialisation, euro, financiarisation et la salle reprend en cœur : « UMP, PS, ce sont les mêmes » !

29 avril 10H (QG Delacroix) : même si tous les sondages donnent encore François Hollande gagnant avec 52 ou 53%, l’équipe de campagne est plus en forme que la veille. Les retours des militants sont très positifs sur le durcissement à l’égard du PS. Le meeting a été un immense succès. Le pari de réunir vingt mille jeunes était osé, il est gagné grâce à l’excellente organisation des jeunes du mouvement. Les premiers tracts « Hollande = Sarkozy » seront bien livrés dès demain.

29 avril 11H : le ministre de l’économie allemand appelle Juan Manuel Barroso. Le coup de téléphone se passe assez mal. Il est un opposant résolu aux euro obligations ou à l’augmentation du FESF que la Commission et la BCE demandent depuis deux ans. Pire, le ministre insiste pour préparer un scénario de victoire de Delacroix et propose a minima un contrôle des mouvements de capitaux. Le président de la Commission s’étouffe : « après Schengen, décidemment, vous ne pensez qu’à défaire les traités ! ». Il poursuit : « de toutes les façons, Delacroix ne va pas gagner, Hollande l’a eu avec cette histoire de réunion avec le ministre ».

29 avril 18H : la conférence de presse de présentation des nouveaux tracts « Hollande = Sarkozy » est électrique. Le candidat adopte un ton offensif et tranchant. Il dit que « les socialistes se moquent du monde et cherchent à déplacer le débat des vrais enjeux et que sur la plupart des questions, justement, les socialistes sont d’accord avec le président sortant ». Il énumère une à une toutes les convergences entre socialistes et UMP, qui sont consignées sur le dos d’un tract qui sera distribué demain.

30 avril 7H : la tonalité des matinales radiophoniques a changé. Delacroix semble avoir repris l’avantage avec la réussite de sa réunion jeune et l’offensive lancée hier soir. La dynamique de campagne semble repartir à l’avantage du challenger.

30 avril 9H : encore influencé par les sondages en hausse de François Hollande par rapport à la fin de la semaine, le CAC 40 ouvre en hausse de plus de 2%

30 avril 10H (QG PS) : les mines sont inquiètes. Stéphane Le Foll révèle que le prochain sondage Ipsos qui sera publié en début d’après-midi indique un resserrement des positions, 51/49. Les Français semblent être passés à autre chose. L’élection sera serrée. Laurent Fabius revient sur son idée de lancer une rumeur sur la composition du gouvernement Delacroix. François Hollande est hésitant : « et si quelqu’un découvrait que nous étions derrière ce bruit ? ». Le plus jeune Premier Ministre de la Cinquième République souligne que les risques sont limités car son contact est un socialiste militant, européen convaincu et qu’il est prêt à tout pour faire barrage à Delacroix. Et il rappelle le coup de la TVA sociale en 2007 : « bien placé, cela peut tout changer. L’élection va être serrée. C’est peut-être le coup qui va nous faire gagner… ».

30 avril 18H : après deux sondages qui confirment un resserrement des intentions de vote, le CAC 40 vire au rouge. Les places européennes effacent pratiquement tous les gains de la séance de vendredi. Il est désormais clair que si les sondages confirment le renversement de tendance, alors, la panique risque de s’emparer des marchés…

30 avril 19H (Bercy) : réunion de crise. La situation devient tendue dans toute l’Europe. Le retour de la perspective d’une élection de Charles Delacroix risque de provoquer un krach boursier. Les capitaux fuient les pays qui risquent de dévaluer en cas de fin de la monnaie unique. L’Espagne et l’Italie demandent la mise en place d’un contrôle des mouvements de capitaux ou même une fermeture des marchés. L’Allemagne appuie leur demande. Il faut un geste fort pour mettre fin à la panique boursière. La BCE, la Commission et la France restent opposés à de telles mesures et soulignent que même à l’automne 2008, les autorités n’étaient pas allées jusqu’à de telles extrémités.

1er mai 7H : un nouveau sondage indique une égalité parfaite entre les deux candidats. La dynamique est clairement repassée en faveur de Delacroix.

1er mai 8H30 : Nicolas Sarkozy est de mauvaise humeur. La soirée a été difficile. Tous les dirigeants européens pensent qu’il faut agir et qu’on ne peut pas laisser les marchés ouvrir sans rien faire du 2 au 4 mai. Le ministre italien lui a dit que cela va être une boucherie si Delacroix reste sur sa dynamique et menace d’introduire un contrôle des mouvements de capitaux unilatéralement dès mardi soir. La BCE et la Commission sont vent debout contre un tel projet, ayant l’impression d’assister au détricotage progressif de tout ce pour quoi elles se sont battues.

1er mai 10H (QG Delacroix) : La corrélation entre l’évolution des marchés et la côte du candidat socialiste est assez troublante pour l’électorat de gauche. Il est décidé d’ajouter un nouvel axe pour la dernière ligne droite de la campagne « Hollande, le candidat choisi par le CAC 40 ». Avant la nouvelle session de média training en vue du débat du lendemain, il est décidé que la campagne virale sera lancée juste après le débat du lendemain avec de nombreuses vignettes interpellant les Français sur le fait que les marchés choisissent clairement le candidat socialiste.

1er mai 14H (Elysée) : nouvelle réunion de crise autour du président et du ministre de l’économie. La situation est extrêmement tendue. L’Espagne et l’Italie veulent absolument mettre en place à titre temporaire un contrôle des mouvements de capitaux pour mettre fin à l’hémorragie de capitaux dont elles souffrent depuis huit jours. L’Allemagne appuie leur demande, qui contrevient aux traités. La Commission s’y oppose. La BCE fait du chantage au rachat des dettes souveraines et affirme que si tel était le cas, elle arrêterait d’acheter les titres italiens et espagnols. La situation est bloquée. Le président, toujours très affecté par son élimination au premier tour est très hésitant. Alain Minc l’exhorte de ne pas se renier pour ne pas ajouter le déni à la défaite.

1er mai 17H : Angela Merkel appelle une nouvelle fois le président. Ironique, elle lui dit que pour une fois que l’Italie et l’Allemagne sont d’accord, si la France les rejoint, alors ils pourront faire plier la Commission et la BCE, qu’il est suicidaire de laisser ouvrir les marchés demain sans rien annoncer dans une telle atmosphère de psychodrame. Après avoir beaucoup cédé pendant les cinq années de son mandat, vexé par la défaite, le président sortant n’a pas envie de céder une fois de plus. Il répète en boucle que même en plein cœur de la crise de 2008, de telles mesures n’avaient pas été prises.

16 commentaires:

  1. Tu as un côté MLP puique tu parles de Juan Manuel Barroso puisqu'il s'agit de José Manuel Barroso!

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  2. D'ici mai 2012 l'UE aura encore toutes les difficultés à gérer la Grèce puis dès maintenant l'Italie et très bientôt l'Espagne ce qui aura un effet cumulatif qui rendra alors la crise de l'euro encore plus ingérable. C'est dire que ce scénario est hautement improbable. Ou plutôt la situation risque d'être pire que celle décrite.
    Charles Delacroix risque de s'appeler Marine Le Pen!

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  3. 1 minute 30 de vérité par Papandréou
    http://www.youtube.com/watch?v=ErLYQKZnv3A&feature=share

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  4. Bonjour,

    Lecteur régulier de ce blog, je viens de voir NDS expliquer chez Zemmour que lorsque la France emprunte à 3% sur 20 ans la somme de 100 milliards, elle doit rembourser 180 milliard.
    Pouvez m'expliquer sur quel mécanisme repose cette affirmation moi qui croyait que la France, dans ce cas de figure devrait rembourser 103 milliard.

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  5. Bha, c'est 3% par ans... donc sur 20 ans, remboursement de 5Mds par an :
    1er année : 3% de 100Mds = 3Mds d'interets
    2eme année : 3% de 100Mds-5Mds = 2,85Mds d'interets
    3eme année : 3% de 100Mds-10Mds = 2,27Mds d'interets
    etc etc...

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  6. Bon personne ne rigole à ma vidéo, dommage.

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  7. Sisi, c'est juste qu'ici il n'y a pas le "J'aime" de fessebouc :)

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  8. [Parenthèse HS suite à l'annonce de Chevènement ce week-end]
    Il faut tout de même reconnaitre une intelligence particulière aux responsables politiques UMP, PS, Modem (y compris François Hollande) qui dispersent "façon puzzle" les forces d'opposition à l'Europe fédérale. En étant isolés les candidats FN, DLR, MRC, Front-de-Gauche, POI n'ont en effet aucune chance de parvenir un jour au 2ème tour de la présidentielle ni en 2012, ni en 2017, ni même plus tard.[Fin de la parenthèse]

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  9. Pour info : http://www.la-croix.com/Actualite/S-informer/Monde/L-Amerique-du-Sud-nouvel-eldorado-_EG_-2011-11-04-732253

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  10. Pas d'inquiétude, le 6 mai Marine est élue, et met en place un gouvernement des patriotes rassemblées. De NDA au Ché, c'est l'union sacrée au sein du camp national-républicain.

    Comment peut-on sérieusement refuser de participer à la refondation nationale et républicaine ?

    Le RIF a fait le bon choix, loin des calculs politiciens.

    Au programme : souveraineté, indépendance, solidarisme et liberté ; en bref, notre programme, c'est la France, armée de cette monnaie appelée le Franc et qui, ironie de l'histoire, signifie libre !

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  11. Irremplaçable Nigel :

    http://www.youtube.com/watch?v=msmcK5rTPrA

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  12. @ Cording

    Je crois plutôt que cette crise permettra à quelqu'un de sérieux et républicain d'émerger. Attention sur les pronostics. La tension sur les taux italiens peut tout faire exploser en quelques jours mais si la BCE se met à racheter massivement des bons du trésor italiens, la situation peut se stabiliser de nouveau, pour un temps. N'oubliez pas que beaucoup ont pronostiqué une fin imminente de l'euro depuis 18 mois et qu'elle ne s'est pas (encore) produite.

    @ Anonyme

    Le calcul exact est :
    A0 : 100 Mds
    A1 : 100 + 3 d'intérêts
    A2 : 103 + 103 x 3% d'intérêts...

    @ Santufayan

    Le PG anti-fédéraliste ? Pas clair pour moi. Les déclarations de ce parti sont contradictoires. Attendons de voir ce que sera la configuration finale.

    @ Anonyme

    Et non, dans mon scénario, MLP est éliminée dès le 1er tour. Pas question de participer à quoi que ce soit avec elle.

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  13. @LP,

    De grandes échéances politiques, un accord sur quasiment toutes les grandes propositions de MLP, aucun élément sérieux et concret à opposer à ce républicanisme qu'elle porte, toujours 1 à 2 % d'intentions de vote, une même leçon morale et idéologique dont on n'identifie pas bien la légitimité, bref, de quoi s'interroger sur vos intentions véritables, ceux d'autant plus quand on apprend - corrigez-moi si je me trompe -, qu'au second tour, entre MLP et un candidat mondialiste UMPS, NDA n'arriverait pas - dit-on - à choisir... que dire... et que dire encore du parti qui à 1% toise celui qui est à 20% - et stable - expliquant, selon on ne sait quelles arcanes politico-mystiques particulièrement mystérieuses qu'il sera lui au second et l'autre, pourtant si haut, non... que dire... est-ce sérieux ? Pour ma part je ne toise pas, je ne fais pas la leçon, je reste respectueux et attentif, et me dis que cette volonté de voir le camp national-républicain l'emporter ne peut à terme que déboucher sur le fait de venir rejoindre ce seul camp en capacité de faire triompher le parti de la République souveraine et indépendante. L'attitude de DLR est bien énigmatique. DLR serait un compagnonnage de choix au sein du camp de la nation.

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  14. @LP
    Attention vous indiquez dans votre formule le calcul d'intérêts capitalisés. Quand la France s'endette, elle verse un coupon annuel de 3% et fait un remboursement in fine du capital.

    Il n'y a donc pas de capitalisation, sauf dispositions particulières qui m'auraient échappé, et sauf si on est sur du zéro coupon.

    On devrait donc avoir un 100 + (100 * 3% * 20).
    Cdlt,
    JPL

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  15. Vous voulez dire que dans ce genre d'emprunt le capital est remboursé en bloc à la fin ??? seuls les intérêts sont payés au fur et a mesure, 0€ de capital ?

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  16. @Alain34
    En effet, voila pourquoi la France doit refinancer environ 180 à 200 milliards d'euros chaque année.

    En fait, elle doit ré-emprunter pour rembourser le capital in fine.

    Voila aussi pourquoi on ne rembourse jamais la dette depuis 1982 mais que les intérêts car nous sommes en déficit systématique donc on ré-emprunte à l'identique, et on emprunte en plus pour combler le déficit de l'année.

    Cdlt,
    JPL

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