dimanche 27 novembre 2011

Le roman de la fin de l’euro, partie 5 : le président élu


Après la qualification surprise de Charles Delacroix face à François Hollande dans la partie 1, le Parti Socialiste contre-attaque dans la partie 2, provoquant une réponse du candidat gaulliste dans la partie 3. La dernière droite voit une intense activité diplomatique dans la partie 4.

6 mai 2012 18H30 : Angela Merkel appelle Delacroix pour le féliciter de sa victoire, les premiers dépouillements confirmant une victoire nette et sans bavure avec une participation exceptionnelle. La chancelière n’appréciait guère les idées supranationales de Hollande et sa volonté de mettre en place des euro obligations dont elle devait être caution. Elle confie donc au futur président qu’elle est heureuse de l’avoir comme futur partenaire. Ils conviennent de se voir rapidement. Le 8 mai semble une occasion idéale. La décision est prise de ne pas fermer les marchés financiers.

6 mai 2012 20H30 : Delacroix  fait son premier discours de président élu. Il remercie les Français d’avoir osé choisir un président en dehors des grands partis d’antan. Il affirme que cela souligne la vivacité démocratique de notre pays, qu’il y a toujours le choix et qu’il ne faut écouter ceux qui disent qu’il n’y a qu’une politique possible. Il promet de remettre l’économie au service de tous, et plus au service d’une petite minorité. Il proclame l’emploi la priorité N°1 de son mandat, pour redonner une dignité à tous. Après un assez long discours, il quitte son siège de campagne, l’air grave, pour une nouvelle réunion de travail afin de finaliser les modalités de l’annonce qui doit être faite rapidement, avant l’ouverture des marchés financiers. Il annonce qu’un référendum sur la sortie de la monnaie unique se tiendra en même temps que le premier tour des élections législatives.

6 mai 2012, 21h30 : les tensions montent entre dirigeants européens. L’Allemagne a mis tout son poids pour convaincre les pays de la zone euro, malgré les pressions répétées de la Commission Européenne et de la BCE. Même Mario Monti avait fini par céder quelques jours auparavant, sous la pression des hauts fonctionnaires du ministère de l’économie qui se sont mobilisés en masse pour refuser que Rome ne suive le chemin d’Athènes étant donnée la fuite massive des capitaux. Mais Nicolas Sarkozy, travaillé par Alain Minc, Michel Barnier et Jean-Claude Trichet, annonce qu’il refuse que la France mette en place un contrôle des changes le lendemain.

6 mai 2012, 21h45 : Delacroix appelle le futur ex président pour lui dire qu’il serait totalement irresponsable de ne pas mettre en place le contrôle des changes. Sarkozy lui dit qu’il n’est pas au pouvoir, qu’il ne le sera que dans dix jours et que pour l’instant, c’est lui qui prend les décisions. Delacroix, qui le connaît un peu, commence par lui dire qu’il ne manquera pas de faire savoir qu’il souhaite, lui, que le contrôle des changes soit mis en place et que les médias seront extrêmement sévères avec lui. Il lui dit de penser à son image et qu’il apparaîtrait comme un mauvais perdant s’il mettait des bâtons dans les roues de la nouvelle équipe pendant les dix jours qui les sépare de la passation de pouvoir. Il lui dit qu’il faut travailler main dans la main dans les prochains jours car la situation le réclame. Au bout de vingt minutes d’échange, le président élu raccroche avec le sentiment que son prédécesseur finira par accepter.

6 mai 2012, 22h15 (Elysée) : les débats sont tendus autour du président sortant. Certains de ses conseillers refusent absolument la mise en place d’un contrôle des capitaux. Mais d’autres soutiennent la mesure en affirmant qu’il serait extrêmement dangereux de ne pas le faire. L’un d’eux soulignent que depuis un mois, pas moins de 50 milliards d’euros ont quitté la France vers l’Allemagne et la Suisse. Il souligne que cela met en difficulté les banques. Il prend l’exemple de Georges Bush Junior qui avait eu l’intelligence d’associer Barack Obama pendant la période entre l’élection et son investiture. Il souligne que cela avait grandement amélioré son image et que si l’équipe au pouvoir semble se mettre en travers de la route de Delacroix, son image deviendra détestable. Il recommande d’accéder à la demande de Delacroix de gérer ensemble le pays jusqu’au 16 mai.

6 mai 2012, 22h15 (QG Delacroix) : le président élu semble assez confiant sur la décision finale de Sarkozy. Il l ‘a senti fortement ébranlé par sa discussion. Il fait un point avec son équipe la plus proche sur les différentes mesures à prendre d’urgence. Il veut agir vite, dès la prise de pouvoir officielle et même essayer de faire passer des mesures encore avant. Le calendrier du premier mois après le 16 mai est en bonne partie arrêté.

6 mai 2012, 22h45 : Le coup de téléphone entre Delacroix et Sarkozy se passe mieux. Le président sortant a finalement décidé d’accéder à la demande de son successeur. Il l’invite également au conseil des ministres du 9, avec une partie de son équipe et donne consignes à tous ses ministres d’accueillir la nouvelle équipe avant même les passations officielles. Le bon sens l’a emporté.

6 mai 2012 23H00 : les principaux ministres de l’économie de la zone euro annoncent de concert l’établissement d’un contrôle des changes strict pour deux semaines, renouvelable. Tous les pays ont accepté sauf le Luxembourg. La Commission de Bruxelles se désolidarise de la décision et annonce qu’elle va saisir la Cour de Justice Européenne pour non respect des traités. Andorre et Monaco refusent également d’appliquer le contrôle des changes.

7 mai 2012 8h00 : le futur ministre de l’économie arrive à Bercy pour lancer immédiatement le groupe de travail pour le retour du franc. Le ministre en charge l’accueille et le groupe de travail se met en place. De grands économistes hostiles à la monnaie unique en font partie, Jacques Sapir et Jean-Luc Gréau. La question du refinancement des banques est à l’ordre du jour car le contexte financier risque d’être très difficile. La BCE pourrait agir en prêteur de dernier ressort, comme cela avait été vu la semaines dernière, avec un système de quotas par banque pour éviter qu’un pays en profite plus qu’un autre. Mais en cas de blocage, rien n’empêche d’anticiper la transition monétaire en faisant intervenir les banques centrales nationales. Les patrons des banques sont convoqués à Bercy pour présenter l’état réel de leurs comptes le vendredi.

7 mai 2012 9h00 (Francfort) : Barroso est de passage à la Banque Centrale Européenne, qui vit ses dernières semaines. Il tente de convaincre Mario Draghi de ne pas soutenir les initiatives des gouvernements et de tenter un bras de fer avec eux en refusant par exemple de financer les banques et de mettre en place la moindre monétisation. Le président de la BCE semble hésitant. D’une part, il est statutairement indépendant mais de l’autre, si la BCE n’agit pas, la situation deviendrait rapidement intenable pour les banques.

7 mai 2012 18h00 : Même si les sondages anticipaient le résultat, le CAC 40 baisse de 3%, entrainant l’ensemble des places européennes dans son sillage.

8 mai 2012 : Delacroix et Angela Merkel se retrouvent à Colombey-les-deux-Eglises. A l’immense surprise des journalistes, qui ne sont pas au courant des multiples échanges des deux dirigeants depuis quelques jours, une vraie complicité apparaît entre eux. Delacroix loue la chancelière pour son sens de la responsabilité et ses initiatives en matière de réglementation de la finance (interdiction des ventes à découvert). Angela Merkel donne un brevet européen au futur président Français en soulignant à quel point il prend soin de bien coopérer avec ses partenaires. Mieux, les deux annoncent de concert des initiatives majeures pour mieux réglementer le secteur financier avec une réunion prévue à Paris la semaine prochaine. Ils soutiennent que tout sera fait pour éviter une crise financière majeure et que les banques seront recapitalisées au besoin.

9 mai 2012 (Elysée) : Charles Delacroix ainsi que quatre membres de son équipe ont participé au début du conseil des ministres. Le premier plan de retour au franc a été présenté par le futur ministre de l’économie à une équipe sortante médusée devant la vitesse de la transition. La France, l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne travaillent de concert à un grand plan de restructuration des banques, en grande difficulté, mais aussi à un plan coordonné pour relancer la croissance.  

11 mai 2012 (Bercy) : le ministre de l’économie et son probable successeur reçoivent pour toute une journée les patrons des grandes banques françaises et leurs équipes rapprochées. Les meilleurs spécialistes de Bercy sont convoqués pour disséquer l’ensemble des comptes et faire des simulations sur leur solidité réelle, ainsi que leur besoin de financement. Les dirigeants finissent par tomber le masque et soulignent qu’ils auront besoin d’argent car les financements de la BCE tombent au goutte à goutte.

14 mai 2012 8h00 : devant les interventions insuffisantes de la BCE pour rassurer les marchés, les banques centrales nationales prennent le relais et annoncent une intervention coordonnée. Elles disent qu’elles interviendront pour éviter toute panique bancaire et toute faillite. Pour contrer les accusations d’aléa moral, elles annoncent que l’ensemble des aides seront convertibles en actions et qu’elles travaillent de concert avec les gouvernements sur la grande réforme du secteur financier qui sera lancée au cours d’une réunion de lancement le lendemain à Paris. Les marchés retrouvent quelques couleurs.

15 mai 2012 (Bercy) : le coup d’envoi de l’Agence pour une Réforme des Institutions Financières est donné à Paris. Aucune institution européenne n’est invitée.

5 commentaires:

  1. Ce Delacroix va nous sauver du radeau de la méduse européiste.
    Un seul bémol, le satisfecit d'A.M. à D. lui délivrant un brevet européen de coopération. Un peu trop larvaire à mon goût car ce D. c'est un pugnace, intelligent, qui a la stature d'un homme d'état et imposera sur la scène politique européenne et internationale, le retour de la politique française et pèsera, par ses choix, sur la ré-orientation d'une europe sociale ambitieuse. Un partenaire politique à égalité qui défebdra nos intérêts, ce qui augure avec la chancelière une belle moisson d'idées bouillonnantes, jaillissantes. L'alugnemnt, le suivisme c'est terminé et s'empresser de convoquer un cingrès à Versailles pour doter notre Constitution à égalité de Karslrube.
    'Faut abandonner cette idée de suprématie de l'Allemagne car les agences de notations, pour la faire plier, vont la dépouiller.
    Dans peu de temps, nous serons tous logés à la même enseigne.
    GAIA

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  2. Bravo, l'élection de Charles est parfaitement crédible ; nous allons d'ailleurs pouvoir rapidement vérifier ce scénario d'anticipation.
    Vous le situeriez à combien au niveau des intentions de vote au 1er janvier 2012 ?

    20, 25, 30 ?

    Moi je dirais 28%.

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  3. @ Gaia

    Je crois qu'il ne faut pas tout détruire. Dans un contexte comme celui-là, beaucoup de journalistes imagineraient CD comme un anti-européen primaire et il serait important de montrer que cela est totalement faux. On peut être un défenseur intransigeant de l'indépendance nationale sans être hostile à la coopération avec nos voisins européens.

    @ Anonyme

    Comme je l'ai dit dans la partie 1, il est une grosse surprise et il se qualifie avec 18% des voix au second tour. En janvier, on pourrait imaginer qu'il soit parti autour de 1% début 2012 et que les évènements européens lui donnent raison et qu'il fasse une bonne campagne...

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  4. Je me demande qui il y a vraiment derrière le site "Vigie 2012.eu" ?

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  5. Lundi 28 novembre 2011 :

    Alors que des pays comme l'Italie ou la Hongrie ont de plus en plus de mal à se financer à des taux viables sur les marchés, Moody's écrit que l'élan politique pour mettre en oeuvre une solution efficace à la crise pourrait n'être trouvé qu'après une série de chocs, ce qui pourrait mener davantage de pays à se voir privés d'accès aux marchés du financement pour une période prolongée.

    L'agence Moody's fait là référence aux pays comme l'Irlande, la Grèce, le Portugal ou encore la Hongrie, qui ont dû bénéficier d'un ou plusieurs plans de sauvetage financier de la part de l'Union européenne ou du Fonds monétaire international.

    Selon elle, d'autres pays pourraient avoir besoin de faire appel à ce genre de solution si l'UE ne parvient pas à trouver rapidement une réponse adéquate à la crise, et ces pays verraient alors très probablement leur note abaissée à celle d'un investissement spéculatif.

    Au vu des événements des dernières semaines, Moody's indique devoir considérer la probabilité d'un scénario encore plus négatif.

    Selon elle, la probabilité de défaillances multiples d'Etats de la zone euro n'est plus négligeable et ne cesse d'augmenter en l'absence de solution à la crise.

    Si cette probabilité devait se matérialiser, cela augmenterait la probabilité qu'un ou plusieurs pays quittent la zone euro, ajoute l'agence, pour qui ce scénario d'une fragmentation de l'euro aurait des répercussions négatives pour tous les pays de la zone euro et de l'UE.

    http://www.romandie.com/news/n/_Dette_les_notes_de_tous_les_pays_de_l_UE_sont_menacees_281120110611.asp

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