mercredi 8 février 2012

La campagne ubuesque de Nicolas Sarkozy


Parce qu’il a bien géré sa campagne de 2007, beaucoup pensent encore que le président peut rebondir. Mais la pré campagne totalement abracadabrantesques du candidat non officiel de l’Elysée remet sérieusement en cause une telle hypothèse.

Une déclaration de candidature déjà ratée ?

Le président de la République sera bien candidat à sa réélection, comme on pouvait le pronostiquer. Toutes ses déclarations, dimanche dernier, lors des vœux à la presse, devant les députés UMP ou en déplacement ont levé le peu d’ambigüité qui pouvait subsister sur le sujet. Aujourd’hui, les stratèges de l’Elysée se posent les questions de la date de candidature officielle. Un temps envisagée tôt, elle avait été repoussée à mars mais les mauvaise sondages plaident pour l’avancer un peu.

Sur le fond, il est bien évident que Nicolas Sarkozy a intérêt à rentrer en campagne le plus vite possible pour essayer d’entamer le retard qu’il a vis-à-vis de François Hollande. Il est même sans doute déjà trop tard. Une déclaration tardive est logique pour un président en tête des sondages. Quand on est très loin, mieux vaut avoir du temps pour essayer de remonter. Tout le problème est que sa candidature est tellement évidente que l’on peut douter de l’effet que son annonce aura.

Une stratégie totalement absurde

Tout d’abord, depuis deux semaines, l’UMP critique « l’arrogance » du candidat socialiste. Certes, les psychologues disent que l’on voit plus facilement chez les autres les défauts que l’on a soi-même. Mais les communicants de l’équipe au pouvoir auraient tout de même pu comprendre qu’il est ubuesque de voir Nicolas Sarkozy ou Jean-François Copé critiquer l’arrogance de François Hollande. C’est comme un aveugle qui se moquerait d’un borgne !

Dimanche matin sur Europe 1, François Baroin a dit que François Hollande, bien que social-démocrate, avait rejeté tout l’apport de la social-démocratie en faisant revenir le PS à l’avant 1981 pour avoir attaqué la finance ! Rien de moins. Enfin, l’interview croisée avec Angela Merkel a été un gros échec, tant d’audience (battu par Corinne Lepage) que d’image, donnant l’impression d’un président de la République soumis à la chancelière, comme l’a bien souligné Nicolas Dupont-Aignan.

L’agitation comme programme

Bref, les angles de communication de l’équipe au pouvoir apparaissent comme très hasardeux, pour ne pas dire totalement contre-productifs. Là-dessus, Nicolas Sarkozy semble persuadé qu’une agitation législative de dernière minute peut lui permettre de reconquérir les Français ! C’est ainsi que l’artificier en chef de l’Elysée aborde la dernière ligne droite de la campagne en proposant une augmentation de la TVA de 1,6 points extrêmement impopulaire.

Le président de la République ne semble pas se rendre compte que toutes ces mesures dessinent en creux une critique de son quinquennat, soulignant les décisions qui n’ont pas été prises et qui auraient du l’être (comme la réforme du financement de la protection sociale). En outre, cela contribue encore à brouiller toute lisibilité de son action, dont les Français cherchent encore la cohérence. Pire, il est probable que les électeurs décodent parfaitement les limites de ces annonces.

Bref, le début de cette campagne laisse penser que Nicolas Sarkozy va dans le mur, en klaxonnant, un peu à la manière de Valéry Giscard d’Estaing en 1981, sans s’en rendre compte. Le plus incroyable est que l’on pouvait prévoir cela depuis assez longtemps.

15 commentaires:

  1. Rajouter la suppression de l'indexation sur l'inflation :

    http://lecercle.lesechos.fr/economie-societe/politique-eco-conjoncture/fiscalite/221143085/hausse-limpot-revenu-a-loupe

    Olaf

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  2. A mon sens, on arrive au bout d'un processus très curieux. Toute la stratégie de long terme de Sarkozy est basée sur une "topologie" politique qui ne correspond pas du tout à la réalité française. Faisant son miel des recettes des néoconservateurs américaines et des théories de Gramsci sur l'hégémonie culturelle (ajoutez un peu de Carl Schmitt pour faire bonne mesure), Sarkozy et certains de ses conseillers ont cherché à "droitiser" la France, en multipliant les points de dissensus censés polariser l'opinion. Ce qui correspondait dans leur optique à libérer l'expression du racisme et à radicaliser le "libéralisme". Or dans le contexte national, cela a bien peu de sens. A droite de l'UMP, on ne réclame absolument pas plus de libéralisme. Rien ne correspond non plus à la base fondamentaliste protestante qui assure aux conservateurs américains leur ancrage spécifique. C'est même exactement le contraire qui est vrai : la base catholique (de culture sinon de pratique) de la droite française déteste le conflit idéologique et tous les efforts sarkoziens sur ce plan ne réussiront qu'à la démobiliser à un niveau inédit (comme toutes les élections intermédiaires l'ont déjà montré); quant au domaine social, on voit bien que Nicolas Dupont-Aignan (de manière cohérente) ou Marine Le Pen (avec tous ses côtés détestables) se situent désormais à gauche de l'UMP. La course vers la droite n'est donc sur ce plan qu'une course vers le vide. Au final, c'est bien vers une explosion de l'UMP que l'on va assister. Le plus étonnant étant qu'apparemment elle ne se produira pas avant le premier tour comme on aurait pu le penser.

    Emmanuel B

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    1. L'UMP est au sommet, composée d'élus qui ont des intérêts électoraux. L'élu pense d'abord à sa réélection, donc l'UMP n'éclatera que si la défaite est assurée sous le leadership actuel. Si la dissidence est payante ils se précipiteront vers le nouveau leader.

      Ils ont des intérêts, comme tout élu dans ce système qui décourage les dissidences.

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  3. Personnellement, je pense que ce qui va plomber Sarkozy, c'est surtout l'immixtion indue et inédite d'un dirigeant allemand dans la campagne. L'interview croisée sur France 2 a fait un four face à Corinne Lepage (il fallait le faire !) et les Français en ont un peu assez de l'Allemagne à tout bout de champ. C'est une grave erreur stratégique de l'UMP, à mon avis, car Sarkozy apparaît désormais plus comme le candidat de Merkel qu'autre chose. On s'étonnera après qu'il y ait une vague de germanophobie en France...

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    1. Parfaitement d'accord, et d'ailleurs de toute évidence l'UMP ( sauf Claude Guéant ) ne sait pas comment détourner l'attention d'une erreur pareille. D'autant que, si je comprends bien, nous n'avons pas fini de voir Mme Merkel nous expliquer comment nous devons voter...

      Sancelrien

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  4. En voila un bon Article

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  5. Mal perçu aussi en Allemagne :

    "Merkel "éprise d'un empoté" (presse allemande)"

    http://www.arretsurimages.net/vite.php?id=13097

    Olaf

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  6. @ Emmanuel B

    Très juste. Incroyable de se fourvoyer à ce point.

    @ Anonyme et Sancelrien

    Sarkozy n'a pas compris que Merkel n'est pas Obama (pas la même popularité, pas le même ton à son égard) et que la symbolique n'est pas la même...

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  7. Tout simplement il n'a pas compris que l'Europe ( beurk ! ) n'est pas les Etats-Unis, où l'on trouve d'une côte à l'autre rigoureusement la même civilisation ( j'emploie le mot faute de mieux ) et le même environnement, avec les seules variations dues au climat. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle les Américains déménagent si facilement : où qu'ils aillent, rien ne change vraiment. Il n'y a aucune différence de fond entre Los Angeles et New-York, pas plus qu'il n'y en a entre l'UMP et le PS :-)

    Sancelrien

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  8. Mardi 7 février 2012 :

    Il y a vingt ans, le 7 février 1992, c'était la signature du traité de Maastricht.

    Vingt ans après, le jour de l'anniversaire du traité de Maastricht, la crise nous a montré l’échec total de l'Union Européenne.

    Toutes les belles promesses des partisans de l'Union Européenne reposaient sur ce postulat : "la solidarité européenne, ça existe."

    Or, justement, ce que la crise nous a montré, c'est exactement le contraire : l'Union Européenne est construite sur une solidarité ... qui n'existe pas.

    La solidarité européenne entre les pays européens riches et les pays européens pauvres, ça n’existe pas.

    Les pays européens riches ne veulent pas donner pour sauver de la faillite les pays européens pauvres.

    Un article du journal allemand "Der Spiegel" évoque les manifestations de mardi, en Grèce, lors de la grève générale : la photo qui illustre l'article est une photo extraordinaire.

    A droite de la photo, un manifestant brandit un drapeau grec.

    A gauche de la photo, un manifestant grec est en train de brûler un drapeau allemand.

    L'article de "Der Spiegel" :

    "Il est temps d'arrêter la farce du sauvetage de la Grèce."

    http://www.spiegel.de/international/europe/0,1518,813919,00.html

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    1. malheureusement cette triste farce risque de durer encore quelques années
      vidéo inintéressante avec E Todd
      http://sortirdeleuro2012.over-blog.com/article-emmanuel-todd-sur-l-aveuglement-des-elites-francaises-98824074.html

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  9. les idées reçus sur le modèle allemand
    http://www.francetv.fr/info/vraies-ou-fausses-neuf-idees-recues-sur-le-modele-allemand_58735.html

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  10. Engagé à droite, François Lenglet, en seulement 2 minutes 43, dit tout ce qu'il fallait dire :

    "Le dogme de l'euro anéantit plusieurs pays en Europe."

    "Il va falloir dissocier le destin des pays qui n'ont rien à faire dans l'euro et pour lesquels cette monnaie est délétère, et les autres pays, qui vont tâcher de s'arrimer à l'Allemagne."

    http://auxinfosdunain.blogspot.com/2012/02/francois-lenglet-sur-leuro.html

    Engagé à gauche, Frédéric Lordon dit la même chose :

    « Face à ce qu’il faut bien identifier comme des enjeux vitaux pour le corps social, un État, confronté au non-vouloir de la BCE, prendrait immédiatement la décision de réarmer sa propre banque centrale nationale pour lui faire émettre de la monnaie en quantité suffisante et reconstituer au plus vite un bout de système bancaire en situation d’opérer. Observant alors au coeur de la zone une ou des source(s) de création monétaire hors de contrôle, c’est-à-dire une génération d’euros impurs, susceptible de corrompre les euros purs dont la BCE a seule le privilège d’émission, l’Allemagne, cour constitutionnelle de Karlsruhe en tête, décréterait immédiatement l’impossibilité de rester dans une telle « union » monétaire devenue anarchique et la quitterait sur le champ, probablement pour refaire un bloc avec quelques suiveurs triés sur le volet (Autriche, Pays-Bas, Finlande, Luxembourg). Quant aux autres nations, elles auront alors à choisir entre reconstituer un bloc alternatif ou bien retourner chacune à son propre destin monétaire, la France quant à elle tâchant de faire des pieds et des mains pour embarquer avec l’Allemagne, sans être le moins du monde assurée d’être acceptée à bord. »

    http://www.revuedeslivres.fr/%C2%AB-nous-assistons-a-l%E2%80%99ecroulement-d%E2%80%99un-monde-des-forces-immenses-sont-sur-le-point-d%E2%80%99etre-dechainees-%C2%BB-entretien-avec-frederic-lordon/

    En clair :

    - le Portugal, l'Irlande, l'Italie, la Grèce, l'Espagne, Chypre, etc, vont quitter la zone euro ;

    - les autres pays vont tâcher de s'arrimer à l'Allemagne.

    La zone euro va se disloquer.

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    1. J'arrive pas a comprendre l'interêt de rester dans la même monnaie que l'Allemagne si l'euro devait se scinder. Nos ploutocrates ont vraiment des idées pourries. l'Allemagne pourrait l'accepter vu que la France est son premier debouché à l'export.

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  11. en clair également dans ce cas c'est l'ue ( je dis l'ue pas l'europe ) qui disparait et il serait suicidaire de suivre l’Allemagne la monnaie allemande deviendrait beaucoup trop cher y compris pour l'Allemagne

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