lundi 20 février 2012

Le scandale du MES

Mardi, le Parlement doit se prononcer sur le Mécanisme Européen de Stabilité, encore un nouveau traité européen anti-démocratique et antisocial. Malgré son apparent et récent intérêt pour le référendum, Nicolas Sarkozy préfère une procédure d’urgence au Parlement plutôt qu’un vote populaire…

Un nouveau machin européen

Le MES est le prolongement du FESF, qui expire en 2013. Je vous conseille vivement le papier de Raoul-Marc Jennar, qui détaille parfaitement tous les problèmes posés par ce MES ou celle de Romain Rochas sur le blog Réalités ou Illusions perdues. Comme ils le soulignent, il est proprement délirant qu’un véritable débat public n’ait pas lieu devant l’importance du dispositif, qui engage notre pays à hauteur de 142 milliards d’euros, plus du double du budget annuel de l’éducation nationale !


Tout d’abord, ce texte est conditionné au Pacte Budgétaire, ou TSCG (Traité sur la Stabilité, la Coordination et la Gouvernance dans l’UEM), qui a été adopté le 30 janvier et qui devrait être signé au prochain sommet européen, avant d’être ratifié par les différents Etats. Il s’agit notamment de la règle de plomb, ou camisole budgétaire pour les Etats européens. L’Europe nous a à nouveau concocté un mécanisme opaque et technocratique qui soumet les souverainetés nationales.

Pire, le siège du MES se trouve au Luxembourg, parasite fiscal notoire. Comme le souligne Raoul-Marc Jennar, le MES bénéficie de l’immunité des institutions internationales, tout en ne rendant compte ni au parlement européen, ni aux parlements nationaux, ni aux citoyens. Comme d’habitude des pans immenses de la souveraineté démocratique sont arrachés aux peuples pour être confiés à des organisations opaques et technocratiques, comme le montre cette vidéo.

L’impasse politique

Par-delà le fait que le débat public ne se soit clairement pas suffisamment développé, à part dans Marianne et quelques sites alternatifs, il est dommage que la campagne n’en parle pas plus. Bien naturellement, il n’y a pas que le Front de Gauche qui s’oppose à ce nouveau traité. Avec Nicolas Dupont-Aignan et DLR, nous nous y opposons depuis toujours, comme à tous ces mécanismes anti-démocratiques, comme le prouve l’opposition de NDA au FESF à l’Assemblée en mai 2010.

Le Parti Socialiste a décidé de s’abstenir demain. Liem Hoang-Ngoc explique qu’il s’agit d’un « signal pro européen mais critique ». Le PS ne peut accorder un blanc seing au gouvernement en votant « oui », ce qui serait contradictoire avec le discours de son candidat. Mais il ne veut pas non plus s’opposer frontalement à ce traité, ce qui augure plutôt mal de sa détermination à véritablement renégocier les traités européens si jamais François Hollande venait à être élu.

En fait, le Parti Socialiste a toujours préféré l’Europe, aussi néolibérale et anti-démocratique soit-elle au peuple et aux politiques progressistes. Ceci n’est pas nouveau. Acte Unique, Maastricht, Nice, Amsterdam, TCE, Lisbonne : à chaque occasion, le PS, paralysé par son internationalisme, est incapable de dire « non » à un traité européen, aussi révoltant soit-il. Ce parti promet sans cesse une Europe sociale mais accepte toujours, ou laisse passer des traités antisociaux.

A défaut de pouvoir s’exprimer par référendum, contrairement aux promesses bien cavalières du président, les Français pourront dire ce qu’ils pensent de ce traité le 22 avril. Des partis s’opposent à cette immense régression sociale et démocratique. Ce sera l’occasion de les soutenir.

9 commentaires:

  1. Encore une fois, le message qui suit est purement jaloux et narcissique :

    - J'ai été en pointe sur le sujet en écrivant des articles et des synthèses sur le MES première version/deuxième version et le FESF ;
    - J'ai donné une conférence devant 60 personnes qui tourne en ligne à l'époque où personne ne parlait du MES et ne savait même ce que c'est ;
    - Je corrige régulièrement les approximations et erreurs de certaines personnes (notamment sur le billet de RMJ) ;

    Et je constate donc malgré tout que tout le monde s'en branle et préfère prendre appui sur des papiers biaisés comme celui de RMJ.

    En conclusion : Je continuerai à me casser le cul pour bien bosser et bien avant tout le monde, à faire des conférences pédagogiques, à écrire des synthèses, à corriger les erreurs sur les papiers des autres (voir mes commentaires sous le billet de Raoul Marc Jennar), mais j'abandonne l'espoir de voir les gens s'y intéresser.

    Je note tout de même une propension énormes aux papiers alarmistes et qui font mine de nous prévenir contre une éventuelle dictature entrée via un coup d'Etat ... C'est sur, c'est tellement plus simple d'attirer les gens à la lecture avec ce genre d'accroches, plutôt que de leur expliquer calmement ce qu'est vraiment le MES.

    Bref, ce commentaire était purement jalousif et narcissique, je n'avance pas le contraire.

    Cordialement,

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  2. PS : Que le MES se trouve au Luxembourg ou à Ouagadoudou ça ne change rien puisqu'il n'est pas soumis aux règles d'impositions d'aucune nation.

    Cordialement,

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  3. L'un des scandales du MES est que tous les plans d'aide devront être en même temps soumis au FMI. Cela signifie que l'on brade la souveraineté nationale, mais que ce n'est même pas au service d'une hypothétique souveraineté européenne.
    Vous avez raison sur le PS: leur abstention est de façade. Comme en 1997, une fois au pouvoir ils feront la preuve que rien ne les sépare de l'UMP dans leur conception de l'Europe.
    Pour ce qui est de la Grèce, avez-vous vu l'interview dans Libé de Roberto Lavagna, l'ancien ministre de l'économie argentin: http://www.liberation.fr/economie/01012390907-nous-avons-sauve-les-gens-plutot-que-les-banques. Il conseille à la Grèce de suivre le chemin argentin, pour sauver son peuple plutôt que les institutions financières. Malheureusement, à ce jour, la Grèce continue de suivre le chemin inverse.

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  4. Si les députés PS s'abstiennent effectivement il ne s'agit pas comme le pense Liem Hoang-Ngoc d’un « signal pro européen mais critique » mais simplement d'une attitude socialiste hypocrite qui permet d'approuver ce traité en prétendant ensuite ne l'avoir pas voté.
    Comme DLR prône l'interdiction de l'abstention citoyenne (vote obligatoire) lors des consultations électorales, pourquoi ne pas prôner aussi l'interdiction de l'abstention parlementaire... mais la prise en compte d'un "vote blanc" de l'AN et du Sénat ?

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  5. "Règle de plomb," ça c'est un bon slogan anti-six pack/Traité budgétaire. Ça fait au moins deux ans que Quatremer n'a pas traité Merkel de "dame de plomb" malgré le fait qu'elle et la BCE ait conduit toute l'Europe droit dans la récession (and plusieurs pays dans la récession permanente).

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  6. @ Lior

    En effet, je viens de voir que sur ton blog, il y a des papiers depuis longtemps sur le MES... Tu sais, malheureusement, on ne peut pas tout lire mais c'est vrai que tu as fait un sacré travail. Bravo et merci !

    En revanche, j'ai écrit plus tôt que toi sur le FESF (en juillet 2011) et le six pack (dès juin 2011), du fait d'une réunion d'Attac (cf mon blog précédent) :-)

    @ Alexis L

    Très juste, nous sommes un certain nombre à le dire depuis plus plus d'un an...

    @ A-J

    Idée intéressante.

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  7. Pour toi Laurent !

    http://laurentmaisonnat.wordpress.com/2012/02/21/lassemblee-enterine-la-ratification-du-mecanisme-europeen-de-stabilite/

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  8. Mardi 21 février 2012 :

    Après 110 milliards d’euros d’aide en mai 2010, voici donc le deuxième plan d’aide à la Grèce : 230 milliards d’euros.

    Dans le détail : 117 milliards d’aide directe des Etats (via le FESF, qui va donc devoir lever cette somme sur les marchés…), 13 milliards d'aide du FMI (à confirmer), 100 milliards d’abandon de créance de la part des banques, des assurances et des fonds d’investissement. Soit 230 milliards au total, auxquels on pourrait rajouter 12 milliards d’intérêts que la BCE abandonne.

    Le montant des deux plans s’élève donc à 340 milliards d’euros, sans que la Grèce ne voit le bout du tunnel, au contraire. La volonté des dirigeants européens est toujours de maintenir la Grèce dans la zone euro, ce qui est absurde tant chacun comprend que cela n’est pas viable économiquement.

    On note cependant que ces 130 milliards d'aide seront déposés sur un compte dédié, c'est-à-dire dont l’activation ne pourra pas se faire sans l’accord de l’Europe. Ceci peut préluder à une prochaine sortie de la Grèce de la zone euro : un compte alimenté par le FESF garantit la dette émise en euro, ce qui permettrait de sortir le pays sans effet de contagion… Ce sera sans doute le troisième plan.

    Philippe Herlin, chercheur en Finance, chargé de cours (Décisions financières, GFN 140) au Conservatoire National des Arts et Métiers.

    http://ladettedelafrance.blogspot.com/2012/02/230-milliards-pour-gagner-du-temps.html

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  9. Avec le MES l'Europe institue le coup d'état permanent:
    http://litinerantcitoyen.wordpress.com/2012/02/22/aves-le-mes-le-parlement-francais-vote-le-coup-detat-permanent-europeen/

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