jeudi 12 avril 2012

Il faut sauver l’histoire et la géographie


Hier, je représentais Nicolas Dupont-Aignan à une réunion de l’Association des Professeurs d’Histoire-Géographie (l’APHG) qui faisait un point sur ses initiatives pour sauver ces matières essentielles des réformes scandaleuses menées depuis cinq ans.

Des matières essentielles

J’étais particulièrement heureux de représenter NDA hier soir car le sujet me touche particulièrement. En effet, j’ai fait une terminale scientifique (C à l’époque) et pourtant l’histoire géographie a fini par devenir ma matière préférée (et l’est restée en classe préparatoire commerciale). En fait, ce sont sans doute ces matières qui m’ont détourné d’une carrière d’ingénieur à laquelle je me destinais depuis le début du collège. Des matières qui ont éveillé mon goût pour la politique.

L’histoire et la géographie sont des matières essentielles. Des matières qui permettent aux élèves de mieux comprendre le monde qui les entoure, de leur donner de la perspective, de pouvoir exercer ensuite leur esprit critique sur l’information qu’ils reçoivent. En fait, ce sont les matières qui forment les citoyens de demain. En cela, il est particulièrement importants de les conserver en terminale, à un âge où les élèves vont accéder, ou viennent tout juste d’accéder, au droit de vote.

Mais l’histoire et la géographie, ce sont aussi des matières qui enseignent la culture d’un pays, son histoire, ce qui réunit une nation et ses habitants. Elles sont donc profondément constitutives de notre identité. Elles sont une partie du ciment qui lie un Etat et ses citoyens. Elles nous enseignent également la différence avec les autres nations. En fait, elles nous enseignent une partie de ce que nous sommes. Voilà pourquoi elles ne sauraient être optionnelles au lycée, quelque soit la classe.

Des réformes révoltantes

Symbolique de la faillite de Nicolas Sarkozy sur l’éduction, son gouvernement a accepté des réformes absurdes des programmes, qui ont abandonné la chronologie pour des études thématiques (les religions en CM1 !!!). Et ils ont fait de l’histoire et la géographie des matières optionnelles en terminale scientifique (plus de 50% des lycéens de la filière générale). Pire, le manque de moyens fait que seule une infime minorité y aura réellement accès (sans doute moins de 20%).

Une telle réforme est peu surprenante de la part d’une telle présidence. Elle consacre la logique purement comptable de la RGPP sur des pans essentiels de la mission de l’Etat. Il ne faut pas compter sur Luc Châtel pour défendre quoique que soit. Cela démontre également un manque profond de considération pour la culture et ce que la France est. Comment ne pas y voir une importation d’un modèle étasunien qui a toujours fasciné une partie de cette majorité.

Il faut donc revenir sur ces réformes scandaleuses, tant des programmes que du caractère optionnel de l’histoire et de la géographie en terminale. Je vous invite donc à soutenir les initiatives de l’APHG, qui avait mis en place une pétition il y a quelques temps, qui avait reçue le soutien de Philippe Bilger et de Marianne 2, par la voix de Jacques Sapir, et que malheureusement je n’avais pas relayée à l’époque, mais que NDA avait heureusement soutenu.

Merci donc à ces professeurs qui sont les dignes descendants des Hussards qui ont fait de notre République ce qu’elle est. Merci de prendre la relève et de s’opposer à de telles réformes. Nous sommes naturellement à vos côtés dans ce combat primordial.

9 commentaires:

  1. Parler de l'histoire, c'est mettre en lumière toutes les contradictions de la politique actuelle et son véritable projet. Sarkozy ne cesse de parler d'identité nationale, de Maison de l'Histoire de France (muséographiée ?), d'une main, pour mieux détruire de l'autre tout ce qui la constitue finement: l'enseignement de l'histoire, de la langue, etc.

    Mais il faudrait mettre en lumière aussi, comme le fait Annie Lacroix-riz, toute la construction, l'échafaudage du roman national européen : rien ne se fait plus aujourd'hui sans être européen, même les manuels d'histoire sont binationaux. Même la résistance au nazisme est censée avoir été menée dans un cadre européen (alors même que l'union européenne vient de l'autre camp!)

    En revanche, vous avez tort de croire que les États-Unis n'accordent que peu de place à l'histoire et à la géographie. Bien au contraire, ils ne font que ça, il ne font que d'écrire, dans des débats permanents, leur roman national (les mois, semaine ou jour de l'histoire de... sont légion). Leur cinéma est là, en partie, pour le démontrer comme l'importance des symboles nationaux revendiqués par tous les courants d'opinions d'ailleurs. Bush avait même crée un corps de volontaires spécialisés dans l'enseignement de l'histoire géographie pour les "collèges-lycées". C'est d'ailleurs la force de leur roman national (qu'il faudrait peut-être écrire au pluriel) qui rend ce pays encore si attractif.

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  2. Il y aurait beaucoup de choses à sauver dans notre système scolaire et l'histoire-géographie en fait bien sûr partie, mais quand je vois comment les langues sont malmenées, comment l'orthographe et la grammaire deviennent aléatoires...

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  3. D'habitude je suis en accord avec vous mais là non. Quelqu'un qui s'intéresse à l'histoire géographie a eu le temps de découvrir ces matières avant la Terminale; peut être avez vous eu un excellent professeur en Terminale qui vous a inculqué le gout de ces matières mais ce sera loin d'être le cas de tous le monde.

    Il y a une baisse continuelle du niveau scientifique en Terminale S, le fossé entre les classes préparatoires et les terminales ne cesse d'augmenter. Il faut dégager du temps pour ré-hausser le niveau en mathématiques et en physique chimie par exemple avec du soutien.

    Moi j'ai fais des études scientifiques mais je m'intéresse beaucoup à l'histoire géographie et à la politique et la majorité de ce que j'en sais je l'ai appris par moi même parce que j'étais intéressé. Je pense que ce processus est plus difficile dans le cas des mathématiques et de la physique et que la présence de professeurs intéressants ( ce que j'ai eu la chance d'avoir en Terminale ) est nécessaire.

    Cordialement.

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    1. La "baisse continuelle du niveau scientifique" ne vient pas de la classe de terminale, mais de la réduction des exigences tout au long de la scolarité. Le recentrage doit se situer au niveau de l'école primaire et des premières années de collège - après, on n'agit plus qu'à la marge. En revanche l'histoire, la philo, l'économie, font partie du bagage du citoyen. et les scientifique sont d'abord des citoyens.

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    2. "La "baisse continuelle du niveau scientifique" ne vient pas de la classe de terminale, mais de la réduction des exigences tout au long de la scolarité"

      Vous avez sans doute raison, le problème est qu'on laisse passer les élèves dans les classes supérieures sans savoir si ils ont acquis les bases.

      "après, on n'agit plus qu'à la marge"

      Je pense que vous vous trompez; avec des bon profs et du soutien on peut faire des miracles. Certains de mes anciens camarades et moi on était vraiment à la ramasse en entrant en terminale mais on a eu des super profs en Physique et en Mathématiques ( pédagogues et exigeants ) et on a énormément progressé, même sans soutien.

      " l'histoire, la philo, l'économie, font partie du bagage du citoyen"

      Le problème c'est qu'on ne vous apprendra jamais à l'école ce qu'est réellement le système actuel et comment il vous enfume. Par exemple met on l'accent sur l'arnaque de la loi de 1973 à l'école ?
      Ou encore vous apprend on en histoire que la démocratie athénienne fonctionnait avec le tirage au sort, que le peuple rédigeait lui même les lois ( initiative populaire ), que les responsables ( désignés par le sort) étaient contrôlés et révocables en permanence, qu'ils devaient rendre des comptes même après leur mandat et que les corrompus étaient très sévèrement punis ?

      Non on vous dira que les pays occidentaux sont démocratiques, que avant c'était mauvais mais que depuis la révolution c'est bien et que le système actuel ne peut être amélioré.

      Bien à vous.

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    3. Il faut surtout faire aimer ces matières aux élèves et pas les dégouter... et leur faire comprendre l’intérêt de la chose.
      Et avec certains profs, c'est pas gagné.

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  4. Comme dit Todd, (enfin, à peu près...) la mise en perspective historique est la seule solution pour décrypter l'actualité et sortir des informations de l'immédiateté. Sans histoire c'est impossible. Et déjà que les trois ans d'histoire au lycée ne donnent pas les clés nécessaires, je n'ose pas imaginer ce qu'on peut faire en deux ans..

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  5. @ JulesBiron

    Complètement d'accord.

    @ J Halpern et Raiden

    Il est clair qu'avoir 20% des gamins qui ne maîtrisent pas bien la lecture et l'écriture en CM2 est une calamité, pour eux. Certes, on peut en rattraper quelques uns, mais malheureusement, la grande majorité ne pourra que très difficilement surmonter ce retard.

    @ Raiden

    Oui, mais la solution, c'est plutôt assurer un meilleur niveau au collège, puis en seconde et en première plutôt que de supprimer l'histoire et la géographie. Cela passe aussi sans doute par ne pas envoyer plus de la moitié des gamins en TS, qui est devenue en fait la filière des bons élèves et non pas des élèves scientifiques.

    Cordialement,

    @ Ovide,

    Il me semblait qu'aux Etats-Unis, l'enseignement de l'histoire et de la géographie était plus limitée (cela a été évoqué mercredi il me semble). Mais j'avoue ne pas avoir vérifié ce fait.

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  6. Au-delà des horaires, se posera aussi peut-être la question des contenus.
    En effet, il y a un certain engouement médiatique pour un noircissement des pages les plus contestables de l'histoire nationale.
    Il me semble qu'il y a aussi, par exemple, un changement de point de vue sur la première guerre mondiale, par exemple, qui est une réécriture de l'histoire en fonction de la sensibilité actuelle.
    Cela est en partie liée au maintien d'un sentiment d'appartenance, dont on parle en partie ici dans le cadre de l'affaire Merah (le problème est bien sûr plus large, et cette affaire ne la rejoint qu'en partie) :

    http://www.politique-autrement.org/actu/2012/jplg_barbarie.pdf

    D'autre part, on s'est beaucoup moqué du "nos ancêtres les Gaulois", vu d'un point de vue ethnique, alors qu'il a pourtant une utilité en tant qu'histoire institutionnelle.

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