samedi 2 juin 2012

Irlande, Grèce, France : l’UE contre-attaque

La crise bien spécifique de la zone euro (qui épargne la plupart des pays qui lui sont extérieurs) provoque une profonde remise en cause de l’Union Européenne. Pourtant, même si les idées alternatives progressent, elles peinent encore à rassembler une majorité, devant les offensives répétées de l’UE.

L’UE gagne une bataille

Jeudi, la rétive Irlande était appelée à se prononcer par référendum sur le dernier traité européen. Tout d’abord, il faut saluer la vitalité de la seule démocratie qui soumet systématiquement ces traités au vote. Et là, surprise, le pays l’a ratifié par 60% des voix malgré les limites très fortes posées à la souveraineté du pays, d’habitude très sourcilleux sur le sujet, au point d’avoir rejeté une première fois le traité de Lisbonne en 2008. L’Irlande avait sans doute trop à perdre et ne voulait pas rejeter une Europe qui lui a tant apporté.

Au sujet de la Grèce, j’avais évoqué il y a quelques jours la possible « victoire de la gauche radicale », n’ayant vu que des sondages mettant SYRIZA en tête. Mais un commentateur du blog m’a fait remarquer que la situation avait évolué puisque Nouvelle Démocratie serait désormais en tête. Les Grecs sont tiraillés entre leur désir de mettre fin à l’austérité monstrueuse qu’ils ont accepté et la peur de quitter l’euro. Il y a malheureusement une chance forte que la seconde l’emporte sur la première…

En France, le gouvernement de Jean-Marc Ayrault a reçu une forme d’avertissement de la Commission Européenne lui intimant de respecter l’objectif de 3% de déficit public pour 2013 et lui pressant d’annoncer des mesures lui permettant d’atteindre cet objectif. Pire, ces technocrates européens ont appelé à la modération salariale alors que le gouvernement envisage un modeste coup de pouce au SMIC, démontrant, s’il en était encore besoin, le biais néolibéral et antisocial de cette Europe.

La guerre continue

Bref, sur le front du combat sur les questions européennes, la situation est très mauvaise. D’une part, des politiques absurdes (et notamment le passage à la monnaie unique) provoque une grave crise économique dont les dégâts sociaux ne prendront toute leur dimension qu’avec le temps puisque

Car il faut être clair, la large victoire du « oui » en Irlande est une victoire pour cette Europe bureaucratique, uniformisatrice, néolibérale et aux tendances volontiers anti-démocratiques. Et il  y a quelque chose de terrifiant à voir les Grecs accepter de se torturer eux-mêmes, entre la rédemption de certains excès et la volonté de ne pas quitter le navire européen, naguère si accueillant et douillet. Et il est très probable que François Hollande suive l’exemple de Lionel Jospin et accepte l’agenda de Bruxelles.

Paradoxalement, la crise provoquée par les mauvaises décisions européennes renforce l’Europe car de cette crise est née une peur, de l’avenir, d’être seul pour l’affronter, qui fait que les pays en difficulté ne souhaitent pas (pour l’instant) couper les ponts pour s’en sortir. L’histoire a beau indiquer que c’est la solution, Dublin, Athènes et Madrid ne se voient pas en dehors de cette Europe qui leur fait pourtant tant de mal. Cependant, on peut imaginer qu’avec le temps, la force des faits déferra les mythes et les croyances.

Cette tournure des évènements nous impose de la pédagogie et de la patience. De la pédagogie car un message caricatural ou outrancier retarde la victoire de nos idées. C’est ce que j’ai essayé de faire avec mes papiers sur l’euro. De la patience devant les pesanteurs prévisibles de l’histoire.
la Grèce subit aujourd’hui l’équivalent de la Grande Dépression des Etats-Unis dans les années 1930. De l’autre, si le combat idéologique progresse, nous subissons également de vrais revers.

13 commentaires:

  1. Je pense que la victoire du oui en Irlande est seulement une réaction égoïste (que je comprends fort bien), car ce oui permets aux irlandais de bénéficier éventuellement des largesses du MES, ce qui n'aurait pas été possible s'ils avaient voté non.
    Le non n'aurait de toute façon rien changé à la mise en oeuvre du MES

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  2. Vous avez raison Laurent. La peur de l'inconnu en Irlande, en Grèce, en France et partout ailleurs en Europe incitent les électeurs soit à se tourner vers les grands partis qui les rassurent (et les endorment) en leur disant qu'ils ne faut surtout rien changer à l'architecture générale, soit vers l'extrême droite qui propose de tout casser en dressant les citoyens et les peuples les uns contre les autres. L'histoire donnera raison à ceux qui ont choisi une troisième voie: celle de la remise en cause réfléchie du système.

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  3. Nous verrons le 17 juin :
    1 - Si les Grecs sont autre chose que des pas grand'chose.
    2 - Même question pour les Français. Je continue à espérer que le PS A LUI TOUT SEUL n'aura pas la majorité absolue.
    Jusque là il n'y a pas grand'chose à dire : voyez les très faibles réactions à vos posts même s'ils montrent que NDA, vous-même et DLR êtes pleins de bon sens : même Fiorino se tait :-) !
    Sancelrien

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    1. bof, perso je lis mais ne réagit pas, tout simplement parce que je n'ai pas grand chose a ajouter ... LP est très intéressant a lire, et je dois dire que DLR me séduit de plus en plus.

      Dernière petite chose en date qui m'a beaucoup ému : DLR serait le 1er et le seul parti a présenter un candidat souffrant de handicap (surdité totale). NDA l'a investit notamment pour son combat pour la cause des handicapés. je trouve ca absolument admirable et courageux, infiniment respectable.

      http://www.lingueo.fr/blog/interview-de-sadik-cassim-premier-candidat-sourd-aux-legislatives/

      J'aime décidément beaucoup ce parti et son ouverture d'esprit, qu'on ne retrouve que très rarement dans ce genre de milieu ...

      Age

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    2. @ Sancerlien
      Je viens de lire ce billet, j'ai dit jusqu'à présent rien parce que j'ai l'impression que Laurent Pinsolle joue à la bataille navale contre l'euro en utilisant tous les pays sauf la France où son mouvement est credité de 0,5%. En ce moment ça tourne à l'obssession. D'ailleurs en parlant de NDA il dit quoi de la politique très hostile à la Russie de Hollande? C'est pas lui qui voulait renforcer les liens, pourtant assez bons sous sarko? Mais je suis HS, en realité ici tout est HS sauf la haïne de l'eruope. Pinsolle devrait s'intéresser plus à ce qui se passe en France où il y a des législatives et où l'euro ne lui en déplaise pas c'est pas la question centrale.

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    3. hollande face a poutine fut clownesque et ce n'est pas peu dire un sarkozy bis quoi ; nous rapprocher de la Russie est nécessaire pour notre avenir et pour sortir de ce merdier ue mais bien sur il ne faut pas compter sur ces traitres oligarques .

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    4. @ A-J H

      En partie égoïste en effet, d'autant plus que l'Irlande profite de son dumping fiscal...

      @ Eric Anceau

      Les pays européens finiront par renverser les partis au pouvoir, comme en Grèce. La question est de savoir si nous récupérerons des Chavez ou des Lula. La gauche radicale ou des des alternatifs modérés comme NDA.

      @ Sancelrien

      Malheureusement, cela prend du temps... Mais soyons patients. Tout peut bouger en très peu de temps. SYRIZA est au bord du pouvoir alors que ce parti s'est présenté pour la première fois aux élections en 2004. Si DLR suivait le même chemin, cela ferait... 2017 ! Si la France est toujours dans l'euro, le chômage aussi élevé, les Français voudront d'une alternative.

      Les Grecs ont démontré le 6 mai une vraie volonté de changement. Leur hésitation reste compréhensible.

      @ Age

      Merci

      @ Fiorino

      Bien sûr, mes 4 papiers et les multiples références que je donne (Artus, Krugman, Tepper, Sapir) ne représentent qu'une haine de l'Europe... Gardez la tête dans le sable. C'est plus simple.

      Ce n'est pas parce qu'on ne parle pas des problèmes les plus importants dans les journaux qu'il faut s'en tenir à des commentaires sur les tenues vestimentaires des uns, les bisbilles des autres ou les moyens de locomotion du président. Désolé d'essayer de faire du fond.

      @ Patrice,

      Il sera impossible de faire plus clownesque que Sarkozy sur les affaires étrangères, entre l'épisode Kadhafi, l'épisode du premier G8, l'alignement sur Merkel...

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    5. oui mais il est quand même mal parti ; il y aurait du Botul derrière que cela ne m’étonnerait pas , attaquer la Syrie serait pour le coup une vrai folie après le désastre Libyen a moins que ce soit encore un écran de fumée enfin les rodomontades sont bien la

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    6. Une bonne analyse d'Eric Zemmour sur le sujet

      http://www.dailymotion.com/video/xr7zdq_eric-zemmour-hollande-et-la-syrie-au-dela-des-mots_news

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  4. Vendredi 1er juin 2012 :

    L'agence de notation Egan-Jones abaisse la note de l'Italie de "BB" à "B+", avec une perspective négative au vu de "l'état misérable" de son économie.

    Lisez cet article :

    Les Bourses ont terminé en forte baisse vendredi de part et d'autre de l'Atlantique, des chiffres décevants sur l'emploi aux Etats-Unis s'ajoutant aux craintes liées à la situation financière et économique de la zone euro et au ralentissement de la croissance chinoise.

    L'économie américaine n'a créé que 69.000 emplois en mai, un chiffre inférieur de plus de moitié au consensus Reuters et le plus faible depuis un an. Le taux de chômage est reparti à la hausse, à 8,2%.

    Ces chiffres sont venus s'ajouter aux mauvaises nouvelles en provenance d'Europe, où se multiplient les signes de ralentissement de l'activité, et où aucun signe encourageant n'est venu apaiser les craintes liées à la crise de la dette dans la zone euro, ainsi que de Chine, où l'industrie a confirmé son ralentissement dans les dernières enquêtes auprès des directeurs d'achats.

    Selon une enquête Reuters réalisée après la publication des chiffres de l'emploi américain, Wall Street juge de plus en plus probable que la Fed engagera un nouveau cycle d'assouplissement monétaire pour préserver la reprise fragile de l'économie américaine.

    Sur le front de la crise de la dette en zone euro, l'agence de notation Egan-Jones a abaissé dans la soirée la note de l'Italie de "BB" à "B+" avec une perspective négative, faisant part de ses doutes quant à la capacité du pays à soutenir ses banques sans aide extérieure au vu de "l'état misérable" de son économie.

    http://fr.reuters.com/article/frEuroRpt/idFRL5E8H1JK120120601

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  5. L'Espagne veut une autorité budgétaire pour la zone euro :

    http://fr.news.yahoo.com/lespagne-veut-une-autorit%C3%A9-budg%C3%A9taire-pour-la-zone-163747901--finance.html

    « MADRID (Reuters) - L'Espagne a appelé samedi à la création d'une autorité budgétaire de la zone euro qui serait chargée d'harmoniser les budgets nationaux et de gérer la dette du bloc.
    Pour le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy, cette autorité est la réponse à la crise de la dette dans la zone euro. Elle permettrait aussi de dire clairement que la monnaie unique est un projet irréversible.
    Ce n'est pas la première fois qu'un dirigeant européen propose la création de ce genre d'organisme mais, compte tenu des difficultés et de l'importance de l'Espagne, pays considéré comme trop gros pour être abandonné à la faillite, cela pourrait permettre d'accélérer les discussions avant le sommet européen des 28 et 29 juin.
    "L'Union européenne a besoin de renforcer sa structure", a déclaré Mariano Rajoy qui se trouvait à Sitges, en Catalogne. "Cela veut dire aller vers plus d'intégration, vers le transfert de plus de souveraineté, notamment dans le domaine budgétaire."
    "Et cela veut dire un compromis pour créer une nouvelle autorité budgétaire européenne qui servirait de guide pour la politique budgétaire dans l'Union européenne, harmoniser la politique fiscale des Etats membres et permettre un contrôle centralisé des finances (publiques)", a dit le chef du gouvernement.
    Il a ajouté que cette autorité serait aussi chargée de gérer la dette européenne. Elle serait constituée des pays de la zone euro répondant à des critères stricts.
    La mise en place de cette autorité nécessiterait une modification des traités de l'Union européenne.
    Alors que l'idée d'une union bancaire dans la zone euro fait aussi son chemin, Mariano Rajoy a également précisé que son gouvernement s'expliquerait avant la fin juin sur les modalités de recapitalisation des banques espagnoles, actuellement audité par les quatre grands cabinets d'experts-comptables mondiaux, KPMG , PwC , Deloitte et Ernst & Young »

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    1. voilà qui, ainsi présenté, m'apparait tout a coup paradoxal...

      l'espagne veut, et l'UE veut, une "autorité" budgétaire ?

      l'espagne serait-elle ainsi en manque d'autorité qu'elle renie son passé pour en réclamer après avoir banni le régime de franco ?

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  6. @ BA

    Merci

    @ Anonyme

    L'Espagne est prête à échanger sa souveraineté contre une baisse des taux...

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