samedi 4 août 2012

L’euro, outil pour imposer une fédération néolibérale ?


Quelques partisans du traité de Maastricht l’expliquaient ouvertement il y a vingt ans : l’adoption de la monnaie unique, bien plus qu’un projet économique, est un moyen d’imposer aux pays européens un modèle fédéral. La crise actuelle actuelle confirme cette stratégie du choc.

L’option du saut fédéral

Les derniers évènements illustrent totalement cette hypothèse, évoquée par Eric Juillot. D’ailleurs, tous les responsables des institutions européennes ne cessent de demander une plus forte intégration. Après Jean-Claude Trichet, c’est Guy Verhofstadt qui appelle à « une union fiscale et fédérale », dont l’absence serait responsable de la crise des marchés et expliquerait le fait que des ensembles plus endettés (Etats-Unis, Japon, Grande-Bretagne) ne soient pas inquiétés.

Celui qui est vu comme un possible prochain président de la Commission soutient une « union fiscale basée sur la solidarité et la mutualisation des dettes », et que nous avons le choix, soit « d’arrêter l’euro et revenir à l’Etat-nation ou de construire une sorte de confédération de nations, comme les Etats-Unis en 1776 avec l’unanimité, ou on va dans la direction opposée et on créé une véritable fédération ». Il est intéressant de constater que pour lui, le saut fédéral va au-delà des Etats-Unis !

La théorie du choc néolibéral

Pas moins de trois papiers dénichés par les commentateurs du blog (tous en anglais, désolé) soutiennent que les problèmes actuels pourraient bien être souhaitée par les hiérarques européens. Joshua Wojnilower, du blog Bubbles and busts, inspiré par Krugman, soutient que cette crise est un moyen pour la BCE qui « semble croire qu’outre la stabilité des prix, elle a un mandat pour imposer des réformes structurelles. A ce titre, une douleur cyclique peut faire partie de son agenda ».

Même constat pour The Slack Wire pour qui « la douleur est la méthode folle de la BCE », qui profite de la crise pour imposer aux peuples des décisions dont ils ne veulent pas. Enfin, je vous invite à lire ce papier de Greg Palast, du Guardian, qui qualifie Robert Mundell de « génie maléfique de l’euro, pour qui retirer l’économie des mains des politiques élus et imposer la déréglementation faisaient partie du plan ». Pour lui, l’Europe et l’euro sont des moyens d’imposer un agenda néolibéral.

La croisée des chemins

Serge Halimi reprend cette théorie dans un papier du Monde Diplomatique « Fédéralisme à marche forcé ». Selon lui, pour les dévots fédéralistes, « toute réussite s’explique par l’Europe, et tout échec par le manque d’Europe ». Il souligne que les tempêtes leur permettent de « briser toute résistance à leur grand dessein en prétextant l’urgence » en affirmant qu’il faut « précipiter le sursaut fédéral ou consentir à la catastrophe », abondamment relayé par la plupart des médias.

Mais Serge Halimi souligne que les autorités européennes ne manquent pas de ressources, comme le montrent les 1000 milliards d’euros créés par la BCE pour refinancer les banques. Il souligne que le problème est la direction suivie. Mais, pire, cette Europe est profondément anti-démocratique, refusant tout verdict populaire qui ne va pas dans son sens ou dans le sens de politiques néolibérales  alors que l’intégration aurait pu « reposer sur le mieux-disant social ».

Le grand dessein des eurocrates est bien là, comme l’annonçait Todd : une post-démocratie néolibérale où les peuples n’auraient pas leur mot à dire. La crise leur offre une occasion d’avancer leur agenda, mais comme je l’étudierai demain, les circonstances n’y sont plus du tout favorables.

22 commentaires:

  1. Pour Michel Barnier //"Le temps nous est compté : d’ici 2016, l’Union devra s’être transformée en une fédération des États européens dans laquelle les nations mutualiseront leurs destins sans effacer leurs différences. Une fédération, cela veut dire une gouvernance économique, une gestion collective de nos orientations budgétaires, une union bancaire, une politique industrielle, un budget beaucoup plus fort. Cette fédération devra aussi se doter de nouvelles institutions, comme un ministre des finances ou un président de l’Union élu par le Parlement européen avant de l’être au suffrage universel...."//

    http://bruxelles.blogs.liberation.fr/coulisses/2012/08/michel-barnier-lunion-bancaire-sera-compl%C3%A8te-en-2013.html

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  2. Le jeudi 2 aout 2012, dans la zone euro, l’information la plus importante de l’année 2012 a été cachée par les télévisions, par les radios, et par presque tous les grands titres de la presse papier :

    En zone euro, il y a eu le réarmement d’une banque centrale nationale, en violation de tous les traités européens.

    Qu’est-ce que le réarmement d’une banque centrale nationale ?

    C’est quand une banque centrale nationale prête de l’argent à un Trésor public national.

    TOUS LES TRAITES EUROPEENS INTERDISENT QU’UNE BANQUE CENTRALE NATIONALE PRETE DE L’ARGENT A UN TRESOR PUBLIC NATIONAL :

    « Conformément à l'article 123 du traité sur le fonctionnement de l'Union européenne, il est interdit à la BCE et aux banques centrales nationales d'accorder des découverts ou tout autre type de crédit aux institutions, organes ou organismes de l'Union, aux administrations centrales, aux autorités régionales ou locales, aux autres autorités publiques, aux autres organismes ou entreprises publics des États membres; l'acquisition directe, auprès d'eux, par la BCE ou les banques centrales nationales, des instruments de leur dette est également interdite. »

    OR LA BANQUE CENTRALE DE LA GRECE VIENT DE PRETER 6 MILLIARDS D'EUROS AU TRESOR PUBLIC GREC :

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/08/02/20002-20120802ARTFIG00564-le-plan-grec-pour-echapper-au-defaut-de-paiement-cet-ete.php

    Le réarmement de la banque centrale de la Grèce est une information historique.

    Le réarmement de la banque centrale de la Grèce montre ce qui nous attend dans les années qui viennent, en Grèce et dans d’autres pays européens :
    - L’éclatement de la zone euro.
    - Le retour aux monnaies nationales.
    - Le réarmement des banques centrales nationales.
    - En Grèce et dans d’autres pays européens, une banque centrale nationale prêtera de l’argent à un Trésor public national.

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    1. ce n'est pas dans les années mais les mois à venir que les banques centrales nationales "réarmerons" les trésors publics et la Grèce n'est que la première, bientôt l'Espagne puis l'Italie et tous les autres pays en "difficultés" puisque la BCE en raison de son statut et de l'Allemagne ne veut leur venir en aide.

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  3. Dans le même genre je suis en train de lire ceci : Comment Georges Soros a détruit l’ancêtre de l’Euro http://www.bourse-investissements.fr/georges-soros-hedge-fund-ancetre-euro/

    Ce genre de comportement devrait être pénalement condamné et sanctionné : confiscation du patrimoine du commanditaire, peine de prison ferme et une très très lourde amende aux complices !

    comment peut-on tolérer ce genre d'agissements ? qu'une si petite minorité fasse pression de cette manière sur des états, en mettant les populations en danger sans que l'on ne dise rien est tout simplement hallucinant !

    On pourrait en dire autant de Blithe Masters de la JP Morgan, vis a vis de laquelle un Madof ou un Kerviel sont de simples joueurs de casino du dimanche...

    Ces personnes devraient être dépossédés de leur capital pour terrorisme économique, ne serait-ce que pour les calmer et les responsabiliser, et au lieu de ça on en fait des "stars" de l'économie ? mais où on va là ???

    Age

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    1. Sois et d'autres n'ont fait qu'appliquer ce qu'on les a autorisés à faire ; ce ne sont pas eux qui sont blâmables mais ceux qui ont légalisé la spéculation en abandonnant tout contrôle sur les mouvements de capitaux.

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  4. A-J Holbecq

    J'avais aussi lu cet article. En attendant, il y a le feu au lac, pas sûr que ce type d'annonce de Barnier soit suffisante.

    Barnier, Draghi se payent de mots... Le procédé a ses limites.

    Le différentiel du coût de la vie est très important d'un pays de l'UE à l'autre. En Allemagne, c'est tous les jours que je constate des prix bien plus bas qu'en France. Un dictionnaire électronique 20% moins cher en Allemagne qu'en France, les loyers idem, les restaus idem, les chambres d’hôtes 40% moins chères, les autoroutes gratuites, une bière moitié prix et de meilleure qualité... A Athènes, le café est à 3 euros, sans doute pas déclaré au fisc.

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  5. Voici quelques extraits vidéos de Jacques Attali qui vont exactement dans le sens de votre théorie :

    Attali: J'espère vraiment qu'il y aura une grave crise de l'Euro

    http://www.youtube.com/watch?v=hTi1ErSPwEQ

    Attali sur la création de l'euro :

    http://www.youtube.com/watch?v=3YRQAyEkvKk

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  6. Tout cela fait un peu théorie du complot , bilderberg illuminatis
    et pourquoi pas celle ci http://www.syti.net/Targets.html

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    1. Pas mal votre site ;)
      Je sens une pointe de moquerie dans votre commentaire mais je me trompe peut être.

      Plus sérieusement on ne peut pas balayer des observations ou des faits sous prétexte que cela relève de la théorie du complot : c'est une démarche non scientifique, intellectuellement malhonnête. Personnellement je ne peux pas dire si les théories du complot sont vraies ou fausses, je n'ai aucune preuve, du coup je reste dans le doute.

      Si j'ai mal saisi l'esprit de votre remarque, je m'en excuse, je ne voulais pas vous offenser.

      Cordialement.

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    2. @ Patrice Lamy,

      Pourquoi, le groupe Bilderberg n'existe pas ? Le CFR ? La Commission Trilatérale ? Le Bohemian Club ? Skull and Bones (auquel nombre de présidents des USA ont appartenu) ? L'AIPAC ? Le PNAC (Project for the New American Century) ? Le B'nai B'rith ? Et tant d'autres puissants groupes de pression et de lobbying, de loges affairistes, de cercles de "réflexion" secrets (c'est bien tout le problème) où se cooptent les uns et les autres, de think tank... ?

      Le propos qui consiste à disqualifier une analyse sociologique et géopolitique sérieuse sous le prétexte fallacieux qu'elle recouvrerait certaines réalités que l'on peut légitimement qualifier de complotistes (au sens d'une éventuelle planification concertée largement ignorée d'une écrasante majorité d'individus) est un épouvantail argumentatif. Dois-je rappeler par exemple que la teneur des discussions lors des réunions du groupe Bilderberg est délibérément maintenue secret du public ?

      Cette méthode de disqualification équivaut à refuser sciemment de lever le rideau du théâtre officiel, soit se bander simplement les yeux. Ce qui est pour le moins ubuesque pour qui chercherait intelligemment à connaitre les sous-jacents de la politique réelle.

      C'est s'empêcher ni plus ni moins de réfléchir à la lumière de réalités pourtant parfaitement avérées. C'est s'aliéner de manière volontaire au discours de l'idéologie dominante dont les mandants, bien entendu, ont tout intérêt eux que soit brandi ce genre d'épouvantail. C'est refuser de comprendre, du fait surement d'une vrai dissonance cognitive, ou par impossibilité de se décentrer de son propre background culturel, que puisse exister des "visons du monde" hégémoniques et dominatrices (pourtant rappeler par de Gaulle me semble-t-il dans sa fameuse intervention publique sur le Proche-Orient en 67).

      "Seuls les plus petits secrets ont besoin d'être protégés. Les plus gros sont gardés par l'incrédulité publique." - Marshall McLuhan

      "Nous sommes reconnaissants envers le Washington Post, le New York Times, Time Magazine et d’autres grands journaux, leurs directeurs ayant participé à nos rencontres et ayant respecté la promesse de discrétion pendant près de 40 ans. Il nous aurait été impossible de développer notre Plan pour le Monde toutes ces années durant si les projecteurs avaient été braqués sur nos activités. Le Monde est maintenant plus sophistiqué et plus préparé à accepter un Gouvernement Mondial. La Souveraineté Supra-Nationale d’une Elite intellectuelle et de banquiers est sûrement préférable au principe d’Autodétermination Nationale des peuples, pratiquée tout au long de ces derniers siècles" - David Rockefeller, devant la Commission Trilatérale, 1991.

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    3. he la detendez vous un peu ; tout le monde sait bien que seul seul tintin milou haddock et tournesol sont allés sur la lune .
      Plus sérieusement il ne faut pas se prendre au sérieux

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  7. Personnellement, j'ai du mal à penser que les dirigeants européens envisagent VRAIMENT le saut qualitatif dont personne ne semble vouloir dessiner les contours. Une Europe fédérale, ce serait quoi, pour quel coût et avec quelles conséquences (et surtout dans quel objectif ?). Cette agitation des idées mal définies, n'est-ce pas plutôt une manière de rester au milieu du gué sans vouloir envisager l'autre option, nettement plus pratique et plus rationnelle : le retour à l'autonomie économique des Etats-nations ?

    Je dirais davantage qu'il y a un blocage intellectuel. Ces dirigeants d'un autre âge ne perçoivent pas la modernité de l'Etat-nation, fondé à la fois sur sa rusticité et sa souplesse et préfèrent envisager des architectures compliquées et dysfonctionnantes.

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    1. Nous assistons à une fuite en avant irréfrénée de nos "élites" défaillantes, compromises, et/ou stipendiées. En cela nous allons dans le mur de manière certaine, et en klaxonnant.

      Cette fuite en avant s'explique aussi - surtout je dirai même - au fait que le "retour" dont vous parlez nécessiterait que ces élites, qui depuis près de 20 ans pour l'Euro, et près de 30 pour l'Union, nous promettaient monts et merveilles (protection, prospérité, richesse, paix) avec les résultats que chacun peut dorénavant constater, se déjugent.

      Or se déjuger signe de facto dans de telles circonstances, en plus de leur incompétence crasse avérée, leur illégitimité, qu'elle soit politique ou économique. Soit leur mise au rebut : fin des prébendes, de la technocratie grassement rémunérée sur deniers publics, de la gamelle et des fromages. Soit le retour à l'état de nature économique pour certains professionnels de la politique, médiacrates, et autres experts auto-proclamés. On peut comprendre que cette perspective leur soit intolérable.

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  8. Je crois que l'histoire a commencé il y a plus de 100 ans.
    La réunion de l'ile Jekill de décembre 1910 explique beaucoup de choses pour ceux qui veulent approcher la vérité en ne se contentant pas de son apparence...
    Voici un lien:
    http://aline.dedieguez.pagesperso-orange.fr/mariali/picrochole/conspirateurs/conspirateur.htm#1
    Ajouter à cela la théorie de Friedman et de ses "chicago Boys"
    et on ne doit pas être loinde la réalité

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  9. Il faut lire les mémoires de Roméo Dallaire sur l'inefficacité structurelle d'une organisation comme l'ONU lors de la crise du Rwanda ou voir l'excellent "No man's land" pour comprendre qu'une structure fédérale européenne n'est ni viable, ni souhaitable. Cette conception du monde, issue de la fin du monde soviétique, s'est brisée le 11 septembre 2001, pour imposer le retour à une organisation de type nationale. Retour imposé par le décollage de la Chine et l'émergence du Brésil et de l'Inde - pays qui n'ont pas, pour des raisons historiques évidentes, envie de s'inscrire dans le modèle proposé par l'Europe (et singulièrement, à l'époque par Mitterrand).

    En France, l'idée de la nation bloque toujours sur la conception qu'en propose le Front national. Il n'en reste pas moins que l'idée nationale reste très forte. Pour ma part, je n'ai pas vu au JO de nation européenne.

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    1. Remarquez que la conception qu'en donne le Front national ne diffère pas fondamentalement de celle, ancrée dans le réel, qu'en donna Renan lors de sa célèbre conférence intitulée "Qu'est-ce qu'une nation ?".

      Extrait (III):

      "Une nation est une âme, un principe spirituel. Deux choses qui, à vrai dire, n'en font qu'une constituent cette âme, ce principe spirituel. L'une est dans le passé, l'autre dans le présent. L'une est la possession en commun d'un riche legs de souvenirs ; l'autre est le consentement actuel, le désir de vivre ensemble, la volonté de continuer à faire valoir l'héritage qu'on a reçu indivis. L'homme, messieurs, ne s'improvise pas. La nation, comme l'individu, est l'aboutissant d'un long passé d'efforts, de sacrifices et de dévouements. Le culte des ancêtres est de tous le plus légitime ; les ancêtres nous ont faits ce que nous sommes. Un passé héroïque, des grands hommes, de la gloire (j'entends de la véritable), voilà le capital social sur lequel on assied une idée nationale. Avoir des gloires communes dans le passé, une volonté commune dans le présent ; avoir fait de grandes choses ensemble, vouloir en faire encore, voilà la condition essentielle pour être un peuple. On aime en proportion des sacrifices qu'on a consentis, des maux qu'on a soufferts. On aime la maison qu'on a bâtie et qu'on transmet. Le chant Spartiate : « Nous sommes ce que vous fûtes ; nous serons ce que vous êtes » est dans sa simplicité l'hymne abrégé de toute patrie."

      Moyennant quoi si cela "bloque" aussi comme vous dites, que faire, que dire, pour espérer recueillir l'approbation des prêtres du politiquement correct, autorisés eux à faire et dire (soit de discriminer, eux qui sont par principe contre toute forme de discrimination...) ce qui serait Bien de ce qui ne le serait pas.

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  10. Thank you for recognizing my blog (my apologies for not knowing French). Although my position is close to Krugman on this issue, there are many more areas we disagree. My main inspiration was probably JW Mason at Slack Wire. I'm not sure if you follow these other bloggers, but Yanis Varoufakis (http://bit.ly/NgqWCY) and Edward Harrison (http://bit.ly/NgqZPn) recently shared similar sentiments.

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  11. Robert Lohengrien4 août 2012 à 20:14

    J'ai l'impression que l'on assiste à un coup d'état silencieux et permanent, opéré par la technocratie bruxelloise. Il s'agit, plus précisement, de faconner les états européens selon les souhaits et besoins des marchés financiers et investisseurs. Est-ce de la paranioa?

    Les propositions qui circulent actuellement (union bancaire, union fiscale) c'est du nini. Une vision réaliste ne permettrait que deux alternatives: créer et formaliser une union politique (ce qui est irréalisable, fantasque), et accepter ainsi un pouvoir dominant qui payera et cautionner pour tous (ce sera très probablement l'Allemagne), ou bien métamorphoser l'euro tel qu'il existe aujourd'hui. Le reste c'est du pipi de chat - je me permets de le dire.

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    1. La réalité c'est que tout le monde sait, et aussi parmi nos technocrates, que l'on court à la catastrophe. Nous ne faisons que gérer les affaires courantes, sans vision stratégiques claires, et déjà parce que pétrifiés à l'idée des sombres perspectives qui s'offrent à nous.

      La plus sombre de ces perspectives est évidemment pour les européistes le démantèlement de l'euro monnaie-commune, ô combien symbolique et qui frapperait jusque l'imaginaire collectif, et préfigurerait sans doute la désagrégation d'une Union qui s'ensuivrait assez probablement.

      D'aucuns légalistes soutiennent d'ailleurs que la sortie de l'Union va nécessairement de pair avec celle de l'eurozone (Art. 50 du Traité de Lisbonne). Ce qui couperait court au débat.

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  12. Donc Mundell est un supporter de l'€ alors que cette zone viole les conditions qu'il avait lui même établies ? Personne de sérieux ne pouvant soutenir que la zone € est optimale.

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    1. Nous assistons, à travers la crise structurelle de l'Euro, à ce que soit mis en évidence le prétexte parfaitement mensonger sur lequel s'est bâti l'Union depuis l'accélération politique des année 80 et l'Acte unique, et qui a prévalu jusqu'alors : le fait qu'il existerait un peuple européen.

      Soit un sentiment d'appartenance identitaire commun suffisamment fort et prégnant, sur un espace géographique partant des pays baltes à la péninsule ibérique, et de la Grèce à l'Irlande. Ce mensonge éhonté, ce déni du réel, cette falsification anthropologique, ne pouvait être évidemment sans conséquence. Nous y sommes.

      Le risque étant, vu l'état de sidération avancée de nos gouvernants, incapables de réagir, sans hauteur de vue et pusillanimes, que l'Euro réalise l'exploit de détruire, non seulement les structures, les institutions européennes (un moindre mal), mais jusqu'à l'idée même dans les consciences collectives que puisse coopérer (coexister ?) nos nations sur cet espace continental. Comme ce le fut raisonnablement avant l'avènement de cette tour de Babel qui penche de plus en plus dangereusement.

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  13. @ A-J H

    Barnier rêve. Les nations créditrices refuseront désormais toute intégration supplémentaire à part dans le domaine du contrôle budgétaire pour essayer de récupérer une partie des sommes qu’elles ont avancées.

    @ BA

    Ils sont prêts à violer leurs propres règles pour essayer de sauver leur machin…

    @ Age et J Halpern

    Je suis assez d’accord avec le second commentaire. Je crois que le problème vient davantage des règles (ou de l’absence de règles) décidées par les politiques

    @ Olaf

    D’où l’urgence d’un retour aux monnaies nationales. Les fédéralistes rêvent. Ils pouvaient espérer réussir leur coup de force en 2010. Maintenant, c’est fini car l’Allemagne dira non.

    @ Julien

    A titre personnel, en général, je ne crois pas aux théories du complot. En outre, je crois qu’elles encombrent le discours de ceux qui les tiennent car pourquoi s’embarrasser de ces théories quand il suffit de dénoncer le résultat des politiques actuellement suivies.

    Complètement d’accord sur les élites défaillantes. Elles se sont trop engagées pour se remettre en question. D’accord également sur le 3ème et 4ème commentaire. L’UE va finir par s’auto-détruire.

    @ Léonard

    Je pense qu’il n’y a que les eurocrates à penser à cela, quelques Français et quelques créanciers, mais qui rechigneront devant les conditions attachées à cette union. Et les Allemands ne voudront jamais que les européens prennent le moindre contrôle sur le produit de leurs impôts.

    @ Joshua

    You’re welcome. I probable did not go through your blog enough to assess properly your closeness to Paul Krugman. But some of your comments reminded me his latest book « End this depression now ! ». I know Yanis Varoufakis, but not the other. Thanks for the advice.

    @ Robert

    Ne vous inquiétez pas trop. Je ne crois pas que cela ira très loin, et à terme, nous reviendrons heureusement en arrière. En outre, tout ce qui pourrait être fait pourra être défait.

    @ TeoNeo

    C’est un vrai mystère. En même temps, vu des Etats-Unis, en regardant de manière superficielle, cela peut donner cette impression.

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