mercredi 21 novembre 2012

En Grèce, la sortie de l’euro s’approche


Sur les marchés, c’est désormais le calme plat. Mais on peut se demander si nous ne sommes pas dans l’œil du cyclone. Après tout, la situation économique reste très préoccupante puisque la zone euro vient de retomber en récession. Mais surtout, la situation grecque ne cesse de se détériorer.

Une impasse politique interne

Bien sûr, Athènes a réussi à passer son budget 2013 ainsi que son plan pluri-annuel de réduction des déficits publics, conformément aux exigences de la troïka technocratique. Malgré les leçons de l’histoire et le fait qu’un quart de la population soit déjà au chômage, la majorité au pouvoir - Nouvelle Démocratie, PASOK et DIMAR - continue à préférer la voie de l’austérité à une sortie de la monnaie unique, d’une dévaluation et d’un défaut, conformément au mandat de juin.

Cependant, la situation politique en Grèce continue de se déteriorer et il est tout sauf évident que la majorité en place tienne jusqu’à la fin de son mandat. En effet, à l’occasion du vote du nouveau budget, elle a perdu deux nouveaux élus, un ancien membre de Nouvelle Démocratie et un autre du DIMAR (parti de gauche qui se place entre le PASOK et le plus radical SYRIZA). Tout ceci n’est pas nouveau puisque la précédente législature avait connu le même phénomène.

Or les sondages ne sont guère favorables aux partisans de l’austérité. SYRIZA est en tête avec 30,5% des voix, devant Nouvelle Démocratie (27%), Aube Dorée (14%), les Grecs Indépendants (7%), le KKE (6,5%), le PASOK et DIMAR (5,5% chacun) sachant que seuls 41% des sondés ont exprimé une préférence. Bref, la coalition au pouvoir ne recueillerait que 38% des suffrages contre 58% pour les partis opposés à l’austérité. Cela sent le roussi pour les plans européens.

Une impasse européenne

En outre, la situation économique ne cesse de se dégarder comme l’a montré la chute de 7,2% du PIB sur le dernier trimestre, malgré la saison touristique. Le pays va entrer dans une 6ème année de récession l’an prochain. En clair, la Grèce traverse une crise économique encore plus violente que celle que les Etats-Unis avaient traversée dans les années 1930 avec la Grande Dépression. Le chômage pourrait bien dépasser le cap des 30% l’an prochain, et la dette le cap des 200% du PIB.

Bref, il n’y a que les néolibéraux inhumains de la veine de The Economist pour se féliciter dans le numéro de cette semaine des « progrès » faits par les pays de la périphérie de la zone euro, sachant que pour eux, un progrès, c’est une baisse du coût du travail, soit une baisse du pouvoir d’achat de la population… Mais la situation de la Grèce reste totalement insoluble car le pays cumule encore des déficits extérieurs importants et une dette qui est totalement hors de contrôle.

Une partie du monde de la finance recommande que les Etats européens acceptent une restructuration importante de la dette publique grecque, pour la ramener sous 120% du PIB. Le problème est que cela revient à abandonner 40% des créances existantes. A supposer que les électeurs allemands acceptent de perdre une partie de ce qu’ils ont prêté, auront-ils la moindre envie de poursuivre cette aventure monétaire européenne si coûteuse par la suite ? C’est peu probable.

Tôt ou tard, la Grèce finira par suivre la voie de l’Argentine. Le coup n’est pas passé loin en juin dernier. Le gouvernement actuel va perdre un à un des députés lassés par la torture infligée à leur peuple. Et là, il est fort probable que la majorité issue des prochaines élections dira que cela suffit.

13 commentaires:

  1. Delpla préconise le défaut sur les dettes antérieures à une signature du MES, dettes junior :
    http://blogs.lesechos.fr/echosnoclastes/quand-la-bce-organise-la-faillite-souveraine-a11951.html

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  2. Ouais, enfin...
    On notera quand même que le soutient a ND, d'après ce sondage, reste fort, et assez proche de ce qu'elle fût lors de l'élection , malgré que fait que les grecs aient pu expérimenter in-situ l'efficacité de leur politique... Et dont les bénéficiaires, s'il y en a, doivent plutôt représenter 1% de la population que 27% !

    De plus, l'attachement a l'Euro reste fort, même s'il faiblit légèrement lui aussi.
    63% des Grecs sont encore pour le maintient dans l'euro
    http://fr.ria.ru/society/20121120/196673643.html

    Bref, l'évolution me semble extrêmement lente alors qu'il est maintenant évident aux yeux de tout le monde que la voie suivie est une impasse et ne peut conduire qu'a un appauvrissement durable du pays.
    http://cib.natixis.com/flushdoc.aspx?id=67055

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  3. Mercredi 21 novembre 2012 :

    La Grèce de nouveau sous pression de l’Europe.

    Autre sujet d'inquiétude, la dette qui devrait s'envoler l'an prochain à 189,1% du PIB, soit 346,2 milliards d'euros, contre 175,6% attendu en 2012.

    http://www.boursorama.com/actualites/la-grece-de-nouveau-sous-pression-de-l-europe-79837ab43be348b862e91518f5d1673b

    En 2013, la dette de la Grèce atteindra 346,2 milliards d'euros. En 2013, les contribuables de la zone euro vont payer non pas une addition, mais trois additions différentes.

    1- Première addition : la BCE détient 45 milliards d'euros de dette grecque. Quand la Grèce fera défaut, la BCE subira des pertes. Les actionnaires de la BCE devront alors recapitaliser la BCE. Les 17 banques centrales nationales paieront : concrètement, les contribuables de la zone euro paieront.

    Ils ont l'habitude. Déjà, en décembre 2010, les contribuables ont été obligés de payer 5 milliards d'euros pour recapitaliser la BCE.

    2- Deuxième addition : le FMI a prêté des dizaines de milliards à la Grèce. Quand la Grèce fera défaut, le FMI subira des pertes. Le FMI est financé par les contribuables des Etats-Unis, par les contribuables du Japon, par les contribuables de l'Allemagne, par les contribuables de la France, etc.

    Les contribuables paieront donc cette deuxième addition.

    3- Troisième addition : les prêts bilatéraux accordés par les Etats européens, et aussi les garanties accordées par les Etats européens.

    Prenons le cas particulier de la France : quand la Grèce fera défaut, la France subira une perte de 50 milliards d'euros.

    http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2012/11/19/20002-20121119ARTFIG00709-grece-50milliards-d-euros-de-garanties-pour-la-france.php

    France : le Parlement s'inquiète de l'accumulation des engagements pris pour soutenir la Grèce.

    Dans son rapport, le député Christian Paul (PS) chiffre à 50,8 milliards d'euros les prêts à la Grèce devant être garantis par la France dans le cadre du Fonds européen de stabilité financière.

    Source : lesechos.fr, mardi 7 août 2012.

    http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202205724179-le-parlement-s-inquiete-de-l-accumulation-des-engagements-pris-pour-soutenir-la-grece-351001.php

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    1. On n'est pas sorti de l'auberge. Déjà plus de 50 milliards d'euros de perdus pour la France car la Grèce ne remboursera jamais ses dettes!

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  4. La formation d'un front souverrainiste,réunissant DLR,le MRC,le MPF,l'UPR,l'aile modérée du FN et les derniers vrais gaullistes de l'UMP,n'a jamais été aussi urgent.

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    1. Voilà bien des noms qui ne veulent rien à voir à faire ensemble. Malgré leurs évidentes proximité de ligne politique.

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    2. Pourquoi ces partis ne voudraient-ils rien à voir à faire ensemble ?

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  5. Par certains côté la situation est comique, les mesures mécanismes en cours deviennent de tels sacs de nœuds que les politiques n'y comprennent plus rien, c'est rassurant, ils vont se prendre les pieds dans le tapis :

    "Des idées dont la "complexité dépasse l'entendement", a reconnu le ministre français des Finances Pierre Moscovici en amont de la réunion."

    http://www.france24.com/fr/20121121-zone-euro-echec-accord-aide-financiere-grecque-dette-austerite-samaras-moscovici-fmi

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  6. La question n'est pas de demander à nos pauvres amis grecs s'ils veulent de l'euro ( on ne demande pas à un affamé s'il veut une tranche de pain )mais de savoir qui les allemands , qui les belges , qui les hollandais vont continuer à payer. Les hollandais avec le nouveau gouvernement VVD-PvdA a déjà dit NON car les caisses hollandaises sont vides , celles des belges aussi! Et les allemands en ont marre de travailler pour des prunes ! Alors ...

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  7. Anonyme écrit "La formation d'un front souverrainiste,réunissant DLR,le MRC,le MPF,l'UPR,l'aile modérée du FN et les derniers vrais gaullistes de l'UMP,n'a jamais été aussi urgent".

    C'est vrai : nous, soussignés, implorons tous les partis qui ne veulent plus de cette UE à faire liste commune (de l'extrême gauche à l'extrême droite) sur le "Plus Petit Commun Dénominateur" que nous pouvons ainsi formuler: "on ne veut plus de cette Union Européenne". Donc on fait une trêve et des listes communes, et on se retapera sur la g.... e après ces élections!

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    1. complétement d'accord avec AJ Holbecq ceux qui ont rejoint De Gaulle a Londres ne se sont pas posés de questions philosophiques dans le genre l'autre pue des pieds et malgré les nanarderies a l'aspartam déversées par les médias aux ordres nous sommes bien dans une situation identique a Juin 40 ou les pseudos élites se sont engouffrés dans la collaboration avec ce neo-nazisme qu'est le mondialisme béat et son armée de consommateurs décervelés

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  8. @ Patrice, A-J H

    Le FN n'a aucun intérêt à se couper en deux, donc il restera uni. Par conséquent tout front souverainiste qui comprendrait le FN reviendrait de facto à un ralliement au FN. Voilà deux raisons pour lesquelles non seulement je pense que cela n'arrivera pas mais j'y suis opposé.

    Des choses vont bouger, des partis vont émerger davantage...

    @ Exvil

    En fait, les deux questions se posent, ce qui est l'assurance que ce château de cartes finira par tomber.

    @ BA

    Merci pour le rappel

    @ Raphaël

    Cela ne me surprend pas totalement. Les Grecs ne veulent pas mordre la main qui les a nourris pendant si longtemps et ont peur de se retrouver seuls. Mais les choses progressent vite. Il y a 3 ans, 90% voulaient garder l'euro il me semble.

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  9. @ Laurent Pinsolle : désolé pour la naïveté de la question, mais on parle souvent en même temps d'une sortie de l'euro et d'un défaut sur sa dette par la Grèce. Est-ce que les deux sont forcément associés ? Ou bien est-ce que la Grèce pourrait techniquement faire défaut en conservant l'euro ?

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