mardi 22 janvier 2013

Les incroyables profits de JP Morgan Chase


La banque étasunienne a récemment communiqué ses résultats pour l’année 2012. Comme le souligne son PDG, « pour la troisième année consécutive, le groupe a publié un bénéfice net record ». Une performance trop bonne pour ne pas se poser beaucoup de questions.

Des profits faramineux

Il suffit d’aller sur le site de JP Morgan Chase pour trouver les informations financières sur le groupe. Les chiffres sont plus que parlants. En 2007, la banque avait réalisé un profit de 15,4 milliards de dollars, divisé par 3 en 2008 du fait de la crise financière. Dès 2010, un nouveau record était atteint, puis battu en 2011 et en 2012, pour culminer à 21,3 milliards, une performance d’autant plus exceptionnelle que la banque a perdu plus de 6 milliards avec l’affaire dite de la baleine.



Il faut néanmoins tempérer ces chiffres en prenant en compte le rachat de la banque Washington Mutual, qui avait permis d’augmenter le chiffre d’affaire de 50% en 2009 (100,4 milliards de dollars) par rapport à 2008 (67,3 milliards). Du coup, le niveau du résultat net en fonction du chiffre d’affaires reste encore légèrement inférieur en 2012 (22%) au niveau atteint en 2006 (23,2%) mais supérieur à celui de 2007 (21,6%), alors que cela prend en compte de nombreuses pertes exceptionnelles.

Bien sûr, le chiffre d’affaire stagne depuis 2009 autour de 100 milliards de dollars, mais la profitabilité de la banque ne cesse de progresser. Du fait de la perte de 6 milliards par un trader français de Londres, le PDG  a perdu la moitié de son bonus au titre de l’année 2012 : il ne touchera « que » 10 millions de dollars en plus de son 1,5 millions de revenus fixes. Il faut noter que sans cette perte, la banque aurait théoriquement réalisé 27 milliards de profits, plus de 28% de son chiffre d’affaire !

Où est la réforme de la finance ?

Ces chiffres confirment toutes les interrogations établies dans ma série de papiers sur la réforme de la finance (les raisons en deux parties, les principes, une proposition, le comment). Par-delà le questionnement légitime sur la capacité d’une banque dont le chiffre d’affaires est stable, à faire 2 milliards de profits supplémentaires malgré 6 milliards de pertes exceptionnelles de trading, cela montre que le système qui nous a mené à la crise de 2008 est toujours en place.

Le niveau de rentabilité d’une entreprise est souvent un bon indicateur des fondamentaux de son marché. Un faible niveau (comme dans l’automobile) indique une activité fortement concurrentielle. Des profits très élevés indiquent en revanche qu’il peut y avoir des phénomènes de rentes, comme le souligne Joseph Stiglitz dans son dernier livre. Il est difficile de ne pas y voir un phénomène similaire au niveau des banques, dont les profits ont vite retrouvé les sommets d’avant crise.

Cela est d’autant plus problématique que les grandes banques bénéficient aujourd’hui d’une forme d’assurance vie gratuite, fournie par les Etats, qui ne veulent pas (à raison ?) les laisser faire faillite. Pire, ces mêmes banques sont de plus en plus condamnées pour de graves délits. Après l’affaire de la fixation du LIBOR, le Huffington Post rapporte que 10 nouvelles banques (dont JP Morgan Chase) viennent de se mettre d’accord pour verser 8,5 milliards de dollars dans une procédure visant leurs pratiques illégales dans la saisie des maisons de propriétaires surendettés.

Ces chiffres démontrent qu’il y a quelque chose qui ne tourne pas rond sur notre planète financière. Bien sûr, la justice sanctionne les comportements délictueux, mais cela n’est-il pas insignifiant et ne permet-il pas de poursuivre les mêmes pratiques ? Il y a vraiment urgence à une réforme en profondeur.

12 commentaires:

  1. http://w41k.info/75781

    Extrait:
    //" 147 entreprises sont encore plus interconnectés et « dirigent » le noyau. Ces 1% de la totalité du marché mondial, contrôlent à elles seules près de 40% du cœur de l'économie actuelle. Mais qui sont ces entreprises? Que produisent-elles? Et bien elles ne produisent rien du tout sur le plan physique. Ce ne sont que des intermédiaires financiers. On y retrouve des noms bien connus en ces temps de crise: Barclays, JP Morgan, Goldman Sachs,...

    La question posée par ce travail scientifique était à l'origine de déterminer s'il existait une « tête » au système financier actuel. Le noyau découvert par les chercheurs y ressemble beaucoup. Toutefois, ceux-ci mettent en garde face à l'idée d'y voir une conspiration. Pour eux, ces entreprises ne sont que des acteurs guidés par les lois du marché et qui se sont retrouvés dans cette configuration sans nécessairement se coordonner consciemment entre-elles. Pas de conspiration donc, juste un système économique défectueux. En effet, si cette architecture profite à quelques uns, elle rend l'ensemble de l'économie de plus en plus instable. Cette concentration de 147 entreprises a des faux airs de foyer épileptique. Quoi faire? Nos chercheurs proposent de commencer par réguler cette hyper-connectivité par le biais de taxes transnationales. Toutefois, au delà d'appeler à une telle régulation, ces résultats démontrent la dimension systémique de la crise actuelle. Plus question de tenter d'expliquer les fluctuations chaotiques de la bourse à partir des faits proposés par l'actualité. Il est désormais temps de prendre du recul et comprendre pourquoi le système économique, dans sa structure même, demande à changer."//

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    1. jadis ce noyau s'appelait la synarchie
      il a changé de nom mais il existe toujours mais en plus lourd en $

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  2. ces profits, cher gaulliste libre, sont directement le résultat de ce que vous, les ultra étatistes de gauche comme de droite avez voulu, à savoir :

    - interdire le prop trading
    - ne pas laisser les banques en difficulté faire faillite
    - accroitre la dette publique plutot que de réduire la dépense publique

    Que c'est t-il passé ?

    Le prop trading a bien réduit (demande à tes collegues de promo qui bossent dans le brokerage), et il s'est CONCENTRE dans des structures non cotées liées à JP et Goldman Sachs, sous forme de hedge funds géants.

    Les banques en difficulté ont eu l'assurance de ne pas faire faillite puisque les politiciens ont implicitement ou explicitement dit qu'ils les sauveraient, conclusion les banques les plus agressives comme JP ont eu l'assurance qu'à la prochaine crise, le contribuable serait racketté par les socialistes de gauche ou de droite, comme d'hab.

    Accroitre la dette publique plutot que de réduire la dépense publique = emettre plus de dette = accroite la quantité de monnaie dispo (pour JPM et les autres) et aussi donner du courtage à ces banques qui sont toujours les intermédiaires entre l'Etat et les épargnants.

    Bien joué, Gaulliste Libre, bon boulot.

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  3. et ne vous inquiétez pas, la SG que vous (collectif, pas dirigé vers vous, Gaulliste Libre) détestez tant, elle, licencie partout (banque d'investissement, dérivés).

    Quand à la fin, ca sera JP Morgan ou Goldman Sachs votre banque, et pas la SG, c'est ca qui sera drole :-).

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  4. Les propositions des libéraux, que vous pouvez retrouver sur les médias sociaux depuis 2007 (recherchez "Sabine Herold, Aurélien Véron, Alternative Libérale, banques, gold standard, aléa moral etc)

    - laisser n'importe quelle entreprise, banque ou pas banque, faire faillite en cas de problème, si ses actionnaires ne peuvent pas / veulent pas la renflouer
    - supprimer le monopole étatique sur l'émission de monnaie et laisser chacun émettre de la monnaie privée
    - rétablir le standard or
    - supprimer l'obligation d'avoir un compte en banque

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  5. Et, pour terminer, à celles et ceux qui répondraient (à la proposition "laisser les banques faire faillite en cas de problème), que les libéraux veulent un nouveau Lehman Brothers, voici la réponse :

    - oui, et alors, est-ce pire que d'avoir, non seulement un nouveau Crédit Lyonnais (faites vos recherches sur Dexia) et, de plus, personne parmi les ultra étatistes n'a protesté quand les agissements de Goldman, Lehman, JP et les autres, en concertation avec la FED, a permis, entre 2002 et 2007, de créer de la croissance économique et artificielle car à crédit ?

    On ne peut pas d'un coté se féliciter de la croissance à crédit et de l'autre regretter les conséquences du credit crunch. Question de cohérence, les amis !

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  6. @ A-J

    Merci pour ce lien. D’accord avec l’analyse qui dit que c’est un système économique défectueux. D’accord pour souligne le problème de l’hyperconnectivité. Mais du coup, il faut aussi rétablir des frontières nationales plus fortes pour limiter cette hyperconnectivité, qui a fait que la crise des subprimes a débordé sur la quasi totalité de la famille).

    @ Le Parisien Libéral

    Pas du tout, ces profits viennent :
    - du privilège de la possibilité de créer de la monnaie pour leurs profits
    - du maintien d’une situation de rentes des banques (qui, seule, peut expliquer un tel niveau de profitabilité)
    - d’une innovation financière débridée sur laquelle les banques font de gros profits, tout en faisant prendre de gros risques à la collectivité (cf titrisation)

    C’est juste, les sauvetages peuvent augmenter les comportements risqués pour gagner beaucoup d’argent mais j’ai toujours dit qu’il fallait que ces sauvetages aient un coût maximal pour les actionnaires et les créanciers des banques qui en viennent à cette situation pour dissuader les comportements risqués. C’est pour cela que je suis opposé au refinancement des banques (qui n’est pas dissuasif et n’a aucune conséquence pratique pour l’entreprise, ses actionnaires ou ses créanciers).

    Enfin, la réduction des dépenses publiques, on voit ce que cela donne en Grèce, en Espagne ou au Portugal… Et en matière d’accroissement de la masse monétaire, les banques ont démontré leur capacité à faire n’importe quoi de 2001 à 2007, avec une croissance de M3 finance parfois supérieure à 15% par an. Les Etats ont été beaucoup plus responsables que les banques.

    http://www.gaullistelibre.com/2012/03/la-bce-antidemocratique-et.html

    Bien évidemment, je suis contre la vente de nos grandes banques à des entreprises étrangères.

    J’ai étudié la banque libre, un délire néolibéral daté…

    http://www.gaullistelibre.com/2011/12/la-banque-libre-un-delire-neoliberal.html
    http://www.gaullistelibre.com/2011/12/la-banque-libre-un-delire-neoliberal_29.html

    La différence entre le Lyonnais et Lehman, c’est que le second a juste failli envoyer l’économie mondiale par le fond. Le CL n’a pas provoqué une récession économique que je sache. Et si on avait laissé AIG et les autres faire faillite, l’économie mondiale aurait connu une récession encore plus violente.

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  7. Pourquoi n'est-il pas politiquement correct d'évoquer une conspiration, alors que, de toute évidence, c'est bien de cela dont il s'agit!
    Un petit nombre de gens ont bel et bien décidé qu'ils concentreraient entre leurs mains une part de plus en plus importante de la richesse mondiale, quelles que soient les conséquences pour ceux qui ne font pas partie de leur club.
    Alors, évoquer une faille dans la réglementation du système me parait pour le moins naïf car cette déréglementation s'est faite avec patience et détermination depuis 1946 et a abouti à la révocation du Glass Steagall Act en 1999. Pensez-vous vraiment que ceci ait été fait dans le seul but d'aider l'économie afin de garantir une vie meilleure aux habitants de la planète?

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    1. Parler de conspiration ou de complot est le meilleur moyen de passer pour un illuminé si nous voulons combattre ces gens il faut au minimum utiliser les même armes qu'eux

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  8. Un pronostic intéressant :

    http://www.loretlargent.info/usa/raison-detat-le-contrarien-matin-du-21-janvier-2013/8729/

    ... Et un constat amer, voire énervé :

    http://www.dailymotion.com/video/xwx4sk_xerfi-canal-jean-michel-quatrepoint-allemagne-france-le-desamour_news

    La Gaule

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  9. @ Cliquet

    Honnêtement, je ne crois pas du tout à la conspiration. Même Circus Politicus, qui plonge dans les méandres des organisations où la conspiration pourrait avoir lieu, démontre à mon sens (et c’est le point de vue de l’auteur) qu’il n’y a pas un grand dessein derrière tout cela. C’est un produit du néolibéralisme, qui a bénéficié de l’effondrement historique du communisme pour s’imposer et des carences des élites (notamment celles de gauche, qui auraient du faire contrepoids et proposer une alternative).

    Je crois que derrière, il y a un phénomène historique. N’oublions pas que l’essor du néolibéralisme a débuté dans les années 1970, quand il devenu évident que le modèle communiste n’en était pas un et que pendant 20 ans, le délitement de l’URSS a fourni un terreau idéal au développement de ces idées…

    En outre, je crois que même si cela existait, cela complique le discours. Toutes les faillites du système sont tellement apparentes maintenant qu’il ne sert à rien de se disperser dans notre combat.

    @ Patrice

    Bien d’accord.

    @ La Gaule

    Merci pour les liens. L’euthanasie des personnes âgées, cela me semble totalement impossible. En revanche, la baisse des retraites est en marche…

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  10. @ Laurent Pinsolle
    Tout le monde semble effrayé par l'emploi du mot "conspiration"
    Ethymologiquement, cela signifie seulement que des individus ont une aspiration ou un projet commun. Les américains parlent sans aucune gène de la conspiration de l'Ile Jekill en 1910, qui était le lieu choisi par un certain nombre de banquiers pour faire adopter par le congrés le projet de reserve fédérale.
    En France, on considère qu'une conspiration est nécessairement un complot destiné a mettre au pouvoir par la force les complotistes

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