mercredi 30 janvier 2013

Renault, PSA : Hollande rattrapé par l’agenda social


L’intervention militaire réussie au Mali et les débats sur le projet de loi sur le mariage et l’adoption pour tous les couples à l’Assemblée Nationale ne parviennent pas à effacer de l’actualité les vagues de plans sociaux, démontrant l’impuissance et l’inaction du gouvernement dans ce domaine.



L’automobile dans l’œil de la tourmente

Cette semaine, les mouvements sociaux de PSA et de Renault se rejoignent pour dénoncer les plans de restructuration en cours chez les deux constructeurs automobiles. La réouverture lundi du site d’Aulnay, qui doit fermer en 2014, a été perturbée par les grévistes, malgré des mesures exceptionnelles de la direction pour essayer de permettre la production : recrutement de vigiles privés, renfort de 200 personnes venues d’autres sites pour protéger la remise en marche des lignes.

Du côté de Renault, les salariés sont en grêve pour dénoncer la suppression de plus de 8000 postes en France d’ici à 2016, plus de 15% des effectifs de la marque dans l’hexagone. Ils protestent également contre le projet d’accord de compétitivité proposé par la direction qui garantirait les volumes pour les années à venir contre des concessions de la part des salariés pour améliorer la compétitivité des sites français, sur le modèle de l’accord trouvé en Espagne récemment.

Les deux constructeurs hexagonaux sont pris en tenaille par un triple phénomène. Tout d’abord, le marché européen, leur premier débouché, a reculé de plus de 20% depuis 2008. Ensuite, les marques généralistes souffrent plus que la moyenne du fait de l’essor continu du haut et du bas de gamme, qui leur taillent des croupières. Enfin, elles subissent durement la concurrence internationale, sur un marché ouvert, et avec des bases de production où les salaires sont 5 à 10 fois plus bas.

Une logique mortifère

Malheureusement, aussi durs soient-ils, ces plans sont logiques dans le cadre dans lequel PSA et Renault se battent. L’automobile est un secteur très compétitif, où les marques et les entreprises peuvent mourir. Et le marché européen est le plus difficile au monde, car y opèrent à la fois quatre constructeurs européens (Volkswagen, PSA, Renault et Fiat), deux étasuniens (Ford, Opel), et plusieurs asiatiques (Toyota, Nissan, Honda, Hyundai, Kia…etc) sur le créneau des véhicules généralistes.

La performance de nos constructeurs n’est pas spécialement mauvaise. Leur performance financière est meilleure que celle de Ford ou Opel. La situation de Fiat n’est guère brillante et le constructeur italien doit son salut en partie à la prise de participation dans Chrysler, dont le redressement suit celui du marché étasunien, dans un écho de l’alliance Renault-Nissan. Quand aux constructeurs asiatiques, le verrouillage de leur marché intérieur les protège en partie des crises.

Après les gesticulations du gouvernement en juillet suite à l’annonce du plan de PSA, on constate que François Hollande n’a absolument rien à proposer aux salariés qui tombent sous les coups conjugués de la mondialisation anarchique promue par cette Europe et de l’austérité continentale. Les socialistes au pouvoir refusent d’envisager toutes les mesures qui permettraient pourtant de desserrer l’étau qui pèse sur nos industriels : protectionnisme, politique de relance, grande réforme fiscale… Pire, ils laissent même l’administration acheter des Ford et des Volkswagen

François Hollande peut bien gagner temporairement quelques points dans les sondages grâce au débat sur le mariage pour tous ou l’intervention au Mali. Mais ceci est illusoire car dès que ces sujets auront disparu des unes, les Français constateront qu’il n’y a aucun progrès durable sur le front social.

18 commentaires:

  1. Une enquête d'Ipsos sur les "nouvelles fractures" de la société française, publiée dans Le Monde du 25 janvier, indique que 87 % des Français répondent oui quand on leur demande si le pays "a besoin d'un vrai chef pour remettre de l'ordre".

    ce sondage n'est pas innocent même si nous pouvons repondre oui pour des raison contraire


    En savoir plus sur http://www.atlantico.fr/decryptage/t-vraiment-tentation-autoritaire-en-france-pascal-perrineau-philippe-braud-maxime-tandonnet-622299.html



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  2. Une promesse de ne pas licencier ne constitue pas pour moi une contrepartie, c'est un chantage.
    Corrigez si mon raisonnement est faux mais une baisse de masse salariale peut augmenter le bénéfice sans augmenter la part de marché car c'est la marge sur chaque produit qui augmente. Donc la compétitivité peut être un faux prétexte pour des profits faciles donc un pillage sur l'entreprise. (Le MEDEF pretend representer les "entreprises" il faut refuser ce langage, ils représentent les actionnaires qui ne sont qu'une facette de l'entreprise !)

    Une bonne contrepartie serait le gel des dividendes pour les gros actionnaires. Car ceci servira de gage, une preuve que la baisse de salaires sera réellement employé pour la competitivité ou l'investissement, donc pour l'entreprise et pas pour les actionnaires. Sinon les syndicats prennent le risque de se faire enfumer.

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  3. Bonjour,

    S'il y a une chose qui est difficile à cacher, c'est bien le néant de la politique socio-économique. On parle souvent de l'automobile, mais l'agroalimentaire est aussi fortement en crise. Il y a quelques années, ce fut le textile également.

    Je pense que vous devriez prendre le contrepied du gouvernement, encore une fois, en présentant un bilan global de la débâcle industrielle en France même dans les domaines dont on parle peu, et en montrant l'obésité de la finance (qui spécule notamment sur les produits de consommation).

    Pourquoi ne pas demander un contre-rapport Gallois, fait par ce même monsieur en lui demandant quelle serait sa stratégie avec un franc moins cher, protectionnisme, etc. (Enfin, je sais qu'il a d'autres chats à fouetter...)

    C'est en faisant constater le carnage qu'on réveillera les consciences (et bien sûr en proposant des solutions concrètes appuyées par des acteurs économiques). Historiquement parlant, c'est aussi comme cela que le NSDAP est monté en Allemagne, voyant que le capitalisme financier avait bouffé le capitalisme industriel. (Le but n'est pas, bien sûr, de terminer comme lui)

    Mr Hollande va vouloir mettre cette poussière sous le tapis, remettre au goût du jour le fédéralisme européiste dès les européennes en agitant le chiffon de la sortie de crise par cette voie. Il essaie de gagner du temps actuellement (Mali, mariage homo, demain encore le gaz de schiste?). C'est maintenant qu'il faut frapper les esprits en présentant l'alternative.

    Le pragmatisme trivial pourrait être une façon de communiquer. Des exemples (que j'invente): "l'agriculture propre et durable, c'est 300k emplois". "En 3 ans, c'est l'inflation monstre des prix des produits alimentaires, stop à la spéculation sur les matières premières", "gardons notre niveau social, disons stop à la concurrence esclavagiste chinoise", "la démocratie passe par plus de référendums et le vote blanc", etc, etc.

    Faire des vidéos, avec réponses "simples" à des problèmes précis, comme celle sortie récemment sur dlrtv où l'on vous voit, Mr Pinsolle, est également un moyen de canaliser notre énergie pour changer le système. En faire sur d'autres domaines (fiscalité, agriculture, limite une pour chaque élément du contre-gouvernement de DLR) donnerait un panel de solutions claires pour les curieux.

    D'un point de vue pratique, il serait peut-être intéressant de ranger ce genre de vidéos où on parle précisément d'un point du programme de DLR dans l'onglet "Notre Projet" du site internet, histoire de ne pas être perdu quand on le visite.

    Fermons le clapet de ceux qui nous accusent de franchouillardise. C'est en s'assumant français que nos ancêtres ont écrit l'Histoire. Il n'y a aucune honte à cela.

    C'est aussi en montrant que des acteurs économiques sont pour la fin de l'euro, le protectionnisme qu'on brisera le bourrage de crâne politico-médiatique.

    Cordialement,

    GB

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  4. Vous vous souviendrez peut-être, Laurent, qu'il y a quelques jours j'ai qualifié cette loi sur la mariage homo ( et tout ce qu'elle contient, ce pour quoi Mme Taubira n'a même pas été capable d'attendre vingt-quatre heures ) d'"enfumage destiné à nos empêcher de penser à des choses plus sérieuses" ce à quoi vous avez répondu : "Enfumage ? C'est dur".
    Votre avis, maintenant ?

    Sancelrien

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  5. Je ne retrouve plus le texte sur les retraites et comme j’ai peu de temps pour rester connectée, je poste mon commentaire ici.

    Un revenu minimum serait finançable, coûterait moins que les aides actuelles et rendrait les gens libres. Peu nombreux seraient ceux qui se contenteraient de ce revenu. Les aides imposent des contraintes : des caprices de politiques, des « représailles » ou si l’idée d’une activité ne fonctionne pas, la personne se retrouve sans rien pendant un certain temps. Il faut vivre la situation pour comprendre.

    2. Interdire des caisses automatiques dans les supermarchés ? Mais à chaque caisse automatique il y a une caissière qui récupère le scanner et qui contrôle les achats.
    Par contre les supermarchés d’alimentation n’ont pas de raison d’exister car acheter des haricots verts aux pesticides monsato, cultivés au Kenya...
    ir

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  6. Le truc, c'est que pour passer un accord de type espagnol en France, il faudrait que les salariés français acceptent de se sacrifier comme les salariés espagnols (baisses de salaires, augmentations du temps de travail, chômage partiel, etc.), ce dont on peut douter fortement. Par ailleurs, si le secteur automobile repart massivement en Espagne, c'est aussi parce que les infrastructures exportatrices l'attirent - les ports, par exemple, comme Ford et Valence. Or, en France, les ports ont une compétitivité bien moindre qu'en Espagne...

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  7. Certains font des efforts pour soutenir Renault :

    http://www.lepoint.fr/auto-addict/securite/voitures-volees-twingo-et-fortwo-en-tete-bmw-fait-carton-plein-28-01-2013-1620971_657.php

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    1. Pour l'avenir de l'industrie automobile en France, comme le dit Benoît XVI, dont le message est repris en choeur par les socialistes : "la messe est dite".

      Dans quelques années, les anciens parleront, émus, la larme à l'oeil, de l'industrie automobile aux plus jeunes, comme l'ont fait avant eux les sidérurgistes lorrains, qui doivent tant aux socialistes, comme la Lorraine, qui conserve encore quelques "canards boîteux" (2012, JP Jouyet).

      Enfin, j'exagère, les sidérurgistes et la Lorraine leur doivent beaucoup, mais quand même moins que le baron Ernest-Antoine Seillière, qui a pu quitter le navire quand il coulait, aux frais de l'Etat.

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  8. Démos

    Il y aurait du gaz de houille en Lorraine, pour le moment c'est plutôt de l'eau dans le gaz.

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  9. Mon cher Olaf, à ma connaissance, il n'y a pas plus d'eau ou de gaz en Lorraine, que d'attributs masculins chez ma grand-mère.

    Non, il n'y en a pas, mais il y avait (séquence nostalgie) une industrie sidérurgique florissante, qui a été liquidée dans les années 80 avec, comme solution de remplacement, l'implantation de quelques entreprises automobiles (pas de chance, hein !). Pendant le même temps, d'autres régions ne faisaient pas le même choix, à l'image de la Ruhr par exemple, que vous connaissez bien, me semble-t-il.

    La France est-elle incapable d'exister sur le plan industriel ? La situation actuelle provient-elle d'une absence de savoir-faire, d'un manque de ressources naturelles, d'un défaut de politique industrielle cohérente ? Ou c'est la faute à pas de chance, peut-être ?

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  10. @ Patrice,

    Merci. Cette étude est intéressante. Les Français semblent avoir compris que Nicolas Sarkozy n’était pas un vrai chef, mais juste un gesticulateur professionnel.

    @ TeoNeo

    Très juste sur les profits. Mais ici, le gel des dividendes ne changeraient rien car il me semble qu’il n’y en aura pas au titre de 2012… Le problème est qu’il est difficile pour PSA et Renault de faire des profits tout court.

    @ GB

    Très bonne idée en effet ! Ce serait bon d’avoir un bilan précis de la débacle industrielle des 10 dernières années notamment et de l’envolée du poids de la finance, avec des chiffres simples qui permettraient de comprendre ce qui se passe. Nous allons multiplier les vidéos, avec d’autres personnes. J’ai fait la première, mais nous devons en faire sur tous les sujets. Bonne idée sur le fait de les mettre dans la partie projet.

    @ Sancelrien

    En effet, vous n’aviez pas tort…

    @ IR

    Sur le revenu minimum, si vous avez une étude qui en chiffre précisément le coût (et les économies – via la substitution via les aides existantes), je suis preneur. Je me suis intéressé à la question, mais bizarrement, les partisans de cette idée ne semblent pas presser d’en chiffrer le coût.

    Sur les caisses automatiques, pas d’accord. En général, il n’y a qu’une caissière qui supervise 4 à 10 caisses automatiques… Bien d’accord sur les produits agricoles que laisse entrer l’UE.

    @ Anonyme

    Bien vu, ce sera plus difficile en France qu’en Espagne car la pression n’est pas la même.

    @ Démos

    Tristement juste. La disparition de l’industrie est inéluctable dans un pays où les salaires sont 5 à 10 fois plus élevés qu’ailleurs à partir du moment où nos frontières sont grandes ouvertes.

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    1. Ce n'est pas qu'une question de pression, concernant l'Espagne. Après tout, l'industrie automobile ne s'installe pas massivement en Grèce ou au Portugal. Ca tient aussi aux structures socio-économiques (marché du travail, capacité des travailleurs à s'adapter quelle que soit la période, etc.), à la compétitivité des infrastructures et de l'économie en général (le déficit commercial de la France avec l'Espagne, de plus en plus abyssal, est là pour en témoigner), de tradition industrielle (qui semble plus solide, quoi qu'on en dise, en Espagne qu'en France), etc. Bien sûr, la période mouvementée joue, de même que le différentiel salarial, mais il y a des pays où le coût du travail est bien moins élevé qu'en Espagne, y compris en Europe.

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    2. En prenant le cas de l´automobile ,Ford a arbitrer entre l´usine de Valencia et Genk en Belgique : on ferme Genk en Belgique (10 000 emplois ) et Valencia recupere la production.

      La derniere usine Ford en date en Europe est celle de Croiva en Roumanie.

      On remarquera que le plan de restructuration de Ford touche la Belgique et la Grande Bretagne . Apres 100 ans de precense, Ford n´assemble plus de vehicules en GB .
      La production du Transit en Grande Bretagne est transféré en Turquie.On remarquera que les usines Ford en Allemagne ne sont pas impactés par la restructuration

      Cette exemple de FORD est significatifs des arbitrages des multinationales dans le contexte de criase en Europe :

      http://www.lesoir.be/105622/article/economie/2012-10-24/fermeture-ford-genk-touchera-pr%C3%A8s-10000-personnes


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  11. LP

    Et contre les voitures autonomes, comme celle de Google, qui supprimeront un grand nombre de chauffeurs de taxi, on les interdira aussi ?

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  12. Information également intéressante sur la pugnacité des Islandais

    http://www.lesechos.fr/entreprises-secteurs/finance-marches/actu/0202530163189-l-islande-gagne-en-justice-contre-bruxelles-et-londres-533093.php

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  13. Après les Français constateront que la régression économique et sociale continue de plus belle! Et quand à la fin 2013 et début 2014 ils verront que la courbe du chômage ne se réduit pas vraiment le gouvernement va payer l'addition sous forme d'échec électoral conséquent aux municipales et européennes de 2014. Marine Le Pen progressera quand on voit la justesse de ses analyses sur le plateau de l'émission "Mots croisés" de lundi 28 janvier si bien qu'Emmanuel Todd a du employer le mot "souiller" pour se démarquer de ses propos et analyses avec lesquels ils se trouvaient en phase.

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    1. avant les présidentielles a "ce soir ou jamais" Todd avait déjà fait la réflexion que le FN avait la bonne analyse économique ; la même que DLR inspirée par Sapir Krugman etc

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  14. @ Anonyme

    Bien sûr, le coût n’est pas tout. L’Espagne offre une tradition automobile, des infrastructures, un savoir-faire, un marché intérieur.

    @ Abdel

    Merci pour ce rappel.

    @ Olaf

    Je persiste sur les caisses automatiques (ou sur les taxis) : en période de fort chômage, je crois qu’il faut prendre des mesures temporaires pour permettre de lutter contre le principal fléau de notre société.

    @ Patrice

    Merci pour le lien ?

    @ Cording

    Pas d’accord sur le FN, qui va rester coincer sous son plafond de verre, même s’il remonte un peu.

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