mardi 3 septembre 2013

56% du PIB de dépenses publiques : et si la France ne dépensait pas tant ?


En ces temps de ras-le-bol fiscal, la cause est entendue : l’Etat français est coupable de dépenses abusives. Pour preuve, notre niveau de dépense publique atteint 56,3% du PIB contre seulement 45,6% en Allemagne et 41,4% aux Etats-Unis. Problème : nous comparons des choux et des carottes.



Des choix dans la santé et l’éducation

Ce papier n’a pas la prétention d’une étude complète et exhaustive qui permettrait de comparer de manière scientifique la dépense publique en France et dans les autres pays, mais de donner des éléments montrant que certaines conclusions sont tirées un peu rapidement. A première vue, l’Etat français dépense donc 15 points de PIB de plus que son homologue étasunien ! Premier problème : dans la santé et l’éducation, le gros de nos dépenses est fait par l’Etat, quand outre-Atlantique, la part du privé est bien plus importante (avec un très mauvais résultat). Il y a donc un biais méthodologique à comparer des dépenses publiques qui ne recouvrent pas le même périmètre en France et aux Etats-Unis.

En 2011, selon la Banque Mondiale, la France consacrait 11,6% de son PIB à son système de santé (dont 8,9% de dépenses publiques) et les Etats-Unis 17,9% (dont 8,2). Idem sur l’enseignement supérieur, où notre pays consacre 1,4% de son PIB (dont 1,2) contre 2,7% aux Etats-Unis (dont 1). En clair, tant pour la santé que l’éducation supérieure, les Etats-Unis dépensent bien plus que nous mais l’Etat y dépense moins que le nôtre car les ménages et les entreprises doivent prendre le relais d’un Etat qui s’est désengagé. Du coup, si on additionne les dépenses privées dans les deux domaines, le total atteint alors 59,2% du PIB en France et 52,8% aux Etats-Unis ! L’écart de dépenses entre les deux pays passe de 15 points du PIB à seulement 6,4 points, expliquant pas moins de 57% de l’écart !

Du poids des entreprises publiques

Et ce n’est pas tout. En effet, il y a toujours eu un mystère pour moi à voir dans les statistiques pour 2013 un taux de prélèvements obligatoires à 46% et un niveau de dépenses publiques à 56% alors que les déficits sont autour de 4% du PIB. Pourquoi y-a-t-il un écart de 10 points entre les dépenses et les recettes de l’Etat tout en ayant seulement 4% de déficit ? La réponse semble être l’inclusion des entreprises appartenant à l’Etat dans les dépenses publiques mais leur non inclusion (logique) dans le périmètre des prélèvements obligatoires. Selon les tableaux de l’INSEE, les recettes de l’Etat ont atteint 51,8% du PIB en 2012, 6,8 points de PIB de plus que les prélèvements obligatoires (à 45%).

Ce niveau semble assez cohérent étant donné le chiffre d’affaires des grandes entreprises publiques : SNCF (33 milliards), EDF (40 en France), RATP (5 milliards), RFF (5 milliards), AdP (2,5 milliards), La Poste (21 milliards), France Télévisions et Radio France (4 milliards) et quelques autres participations au-délà de 50% (7,2 milliards), soit 117,7 milliards, environ 6% du PIB, sans compter les parts minoritaires dans GDF-Suez, Renault, Safran ou France Telecom. Si même le transport ferroviaire et la poste sont publics aux Etats-Unis, pour avoir une comparaison équitable, il faut sans doute retirer 4 à 5 points de PIB en France de dépenses publiques qui correspondent à un service rendu par le privé outre-Atlantique.

Au bout du bout, on peut estimer que l’écart réel de poids du service public entre la France et les Etats-Unis (en corrigeant du poids des dépenses privées d’éducation et de santé et du poids des entreprises publiques) est compris entre 1,5 et 3 points de PIB au lieu des 15 points indiqués par les statistiques brutes. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas d’économies à faire en France. Il y en a sans doute beaucoup, notamment dans les collectivités locales, qui communiquent beaucoup trop. Néanmoins, cela relativise les discours anti-Etat qui passent totalement à côté de biais statistiques majeurs.

Oui, la France dépense beaucoup pour son service public. Mais au final quand on compare notre niveau de dépenses avec celui des Etats-Unis, 80 à 90% de l’écart s’explique par des différences de périmètre du fait de la privatisation. Ce qui n’exclut pas de veiller à dépenser l’argent public sagement.

30 commentaires:

  1. L'explosion des dépenses à partir de 2009 est imputable à de multiples mesures de "soutien à l'économie" qui compensent le plus souvent les effets de mauvaises politiques (coût relatif du travail, absence de protection aux frontières...). Le coût de la dette publique accroit aussiles dépenses de l'ordre de 2 points de PIB. Et, comme vous l'avez indiqué, la décentralisation est une inépuisable source de duplication des dépenses.

    Faut-il en déduire que les prélévements obligatoires pourraient être réduits ? probablement pas, car à côté de véritables gaspillages, nous avons subi une véritable saignée des services publics. En 2008 la France consacrait 378 euros par habitant à l'"ordre et sécurité publics"contre 515 en Allemagne, 527 en Italie et 843 au Royaume Uni (Source : annuaire statistique de la Défense). Même ordre de grandeur pour la justice, quant à l'effort de défense nationale, il est beaucoup plus faible que celui du Royaume-Uni, par exemple.

    Conclusion : il faut résister aux sirènes de la "baisse des dépenses" - la hausse des dépenses publiques est un phénomène structurel (ce que confirme votre comparaison avec les Etats-Unis) qui frappe sur le long terme toutes les économies développées. On ne peut inverser cette tendance qu'en réduisant sans cesse les services publics ou en les privatisant. Aux partisans de telles mesures d'en présenter les conséquences, au lieu d'étaler de la démagogie antifiscale. Il convient alors de comparer les prestations qui sont loin d'être toujours en faveur du privé (l'assurance-maladie en est un bon exemple) et de se souvenir que pour les ménages le coût de prélévement privés se substitue à celui de prélèvement publics : aucun gain de pouvoir d'achat à en attendre, au contraire !

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    1. "Il convient alors de comparer les prestations qui sont loin d'être toujours en faveur du privé (l'assurance-maladie en est un bon exemple) et de se souvenir que pour les ménages le coût de prélévement privés se substitue à celui de prélèvement publics"

      Exact, et le nombre d'emplois des Etats-Unis dans ces secteurs, en ajoutant public et privé, en donne une idée :

      http://www.strategie.gouv.fr/content/tableau-de-bord-de-l%E2%80%99emploi-public-situation-de-la-france-et-comparaisons-internationales

      (tableau de bord donné dans l'un des pdf de bas de page, page 17 pour la comparaison concernant les US).

      Les Etats-Unis dépensent beaucoup plus que la France pour leur santé, avec de moins bons résultats, à cause de l'inclusion de la fameuse concurrence libre et non faussée, pas adaptée à ce secteur. Et la réforme d'Obama a montré qu'il serait difficile de le remettre en cause, les "rentiers du système" ne voulant pas en entendre parler.

      Au nombre des réformes désespérantes de ces dernières années, on peut aussi citer celle d'EDF, avec une concurrence qui conduit à devoir augmenter les prix et des énergies renouvelables qui font monter les coûts.

      Pourtant, la France avait en Europe l'électricité la moins chère et la moins polluante, avec la Suède.
      Mais le mélange des différents idéologues se réclamant de l'écologie, de la volonté de pouvoir de la commission européenne et de l'auto-agression systématique et incompétente des médias français contre leur propre pays conduit à ce résultat paradoxal.

      Il faut faire attention, dans ce secteur comme ailleurs, à prendre en compte l'avis des personnes compétentes, qui ici sont les ingénieurs et scientifiques du secteur, pas les gourous médiatiques des diverses obédiences "écologistes".

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  2. D'autres éléments :

    - un rapport comparatif des emplois publics :

    http://www.strategie.gouv.fr/content/tableau-de-bord-de-l%E2%80%99emploi-public-situation-de-la-france-et-comparaisons-internationales

    On voit dans ce tableau de bord qu'en 2008 la France a autant de fonctionnaires par 1000 habitants que...l'Angleterre!! (page 16) ; moins de personnes dans les services administrés public/privé que les Etats-Unis (page 17).
    Le tableau de bord précise également que la France sous-traite moins que la plupart des autres pays, dans le secteur public, ce qui est pris en compte dans la suite du document.

    - la différence des taux de natalité implique aussi des charges différentes : pour l'éducation primaire et secondaire, la France dépense 6% de son PIB, l'Allemagne ou l'Italie 4,5%. De quoi relativiser le critère de Maastricht, à 3% du PIB... Et en termes de retraites, l'Allemagne, qui compte proportionnellement plus de retraités que la France, dépense moins pour eux.

    - De même, dans le domaine de la défense la France et le Royaume-Uni dépensent plus que la plupart des autres pays européens, même si Hollande s'est laissé imposer (apparemment) par son parti des réductions de dépense dans ce domaine.

    - En Allemagne, certains services (garderie par exemple) sont effectués par les Eglises, et compté hors fonction publique ; la médecine est plus exercée par le privé (on en parle dans le tableau de bord du lien ci-dessus) ; environ 25% des assurances sociales sont privées (cela implique moins d'emplois publics dans les administrations de sécurité sociale).

    Voici l'évolution des effectifs dans les trois FP :

    http://www.atlantico.fr/sites/default/files/rocchiq1.png

    pour la FPH, il ne faut pas oublier l'effet des 35 heures et des 7% d'augmentation de la population sur la période (107*39/35=120).

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    1. Il faut se souvenir que la dépense publique comporte d'une part le fonctionnement des administrations, d'autre part les transferts financiers entre Français ou dépenses sociales : retraites, santé, politique familiale, aides à la construction et aides au logement,...

      On mélange souvent, à dessein, les deux, pour la raison suivante :
      - la France est dans la moyenne européenne pour les dépenses d'administration, alors qu'elle a des charges supérieures (éducation, défense) à la plupart des autres pays européens.
      - la France dépense plus que les autres pour les dépenses sociales :
      http://www.lefigaro.fr/conjoncture/2013/07/26/20002-20130726ARTFIG00491-la-france-championne-des-depenses-sociales.php
      - pour un politicien, il est plus facile d'annoncer qu'il va serrer le kiki aux fonctionnaires que d'annoncer qu'il va serrer le kiki à l'ensemble des électeurs...

      Le problème sur ce dernier point, c'est lorsqu'un président se met à croire à son propre baratin, et réduit de manière systématique l'emploi public, dans le domaine de la sécurité par exemple. Surtout si, dans sa fébrilité à talonnettes, il accompagne ces mauvaises idées quantitatives de mauvaises idées qualitatives, en désorganisant les services, en modifiant en mal les règles de recrutement (avec l'épreuve d'éthique du concours de l'agrégation, par exemple), etc...

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  3. Pour les prélèvements :

    Le gouvernement de gauche a en effet procédé à d’importantes hausses d’impôts, mais celles-ci ont pour l’essentiel eu pour effet de combler le trou creusé dans les finances publiques par les multiples baisses d’impôts consenties aux plus aisés durant la décennie précédente. Elles ont en effet ramené les impôts progressifs sur le revenu et le capital au niveau qu’ils avaient en 2000. Pas de quoi donc a priori pousser des cris d'orfraie.

    http://www.alternatives-economiques.fr/page.php?controller=article&action=html&id_article=64611&id_parution=633

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  4. Bonjour,

    Vous avez tout à fait raison, cher Laurent, nous comparons des taux de P.O. indépendamment du périmètre d'intervention public, ce qui revient effectivement à comparer des choux et des carottes ! C'est d'ailleurs un problème quasi-systématique dans les comparaisons internationales. Le même biais existe dans les salaires : dans les statistiques, une dépense public de santé est un P.O. donc réduit le pouvoir d'achat disponible, mais une dépense de santé privée est une utilisation de pouvoir d'achat disponible, et ne le modifie donc pas...


    La même démonstration peut être faite pour le cas allemand. De mémoire (j'avais vu ça il y a quelques années), si l'on prend en compte le fait que la santé est un peu plus privé en Allemagne qu'en France, que la retraite fait davantage appel à la capitalisation, que les dépenses d'éducation sont moindres ainsi que le chômage (démographie), l'investissement public général est particulièrement faible (le renouvellement des infrastructures n'y est plus du tout assuré, ce qui se payera tôt ou tard), et les dépenses de défense plus faible qu'en France (pas de nucléaire), on arrive à des niveaux assez comparables...

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    1. Pour les dépenses militaires, il n'y a pas que le nucléaire : voici le détail des effectifs, sachant que l'Allemagne est plus peuplée que la France :

      http://www.bundeswehr.de/portal/a/bwde/!ut/p/c4/DcmxDYAwDATAWVgg7unYAugc8kSWI4OMIesTXXm002D8SeWQy7jRStshc-4p94L0hENCnXEGUvXXSuMKG8FwBd26TD9uIZiT/

      http://fr.wikipedia.org/wiki/Forces_arm%C3%A9es_fran%C3%A7aises#Formats_globaux_.28mod.C3.A8le_Livre_blanc.29

      on voit que les effectifs allemands sont plus faibles, et c'est le cas pour la plupart des autres pays européens hors Angleterre.

      Sur les dépenses sociales, voici un comparatif :

      http://epp.eurostat.ec.europa.eu/cache/ITY_OFFPUB/KS-SF-13-009/EN/KS-SF-13-009-EN.PDF

      on voit, page 5, que les dépenses liées à l'assurance chômage restent assez faibles.
      Il y a une part de capitalisation en Allemagne, mais elle n'est pas très élevée. Dans cet article :

      http://lentreprise.lexpress.fr/gestion-entreprise/retraite-par-capitalisation-la-france-fait-bande-a-part-expert-allemand_33620.html

      ""Depuis le début des années 2000, la proportion du financement des retraites par des contrats de capitalisation en Allemagne s'est élevée progressivement à 15% et, à l'horizon 2040, elle va doubler", a expliqué à l'AFP Bert Rürup, ancien président du Conseil des Sages, un organisme qui a inspiré les réformes introduites par le ministre allemand du Travail Walter Riester sous le gouvernement social-démocrate de Gerhard Schröder.

      "Beaucoup de pays ont choisi un +mix+ car il n'y a pas de systèmes de retraites sans risques: la répartition est confrontée au vieillissement et la capitalisation aux aléas des marchés",
      (...)
      Selon les chiffres officiels, les retraites en Allemagne représentent un coût égal à 11,5% du produit intérieur brut (PIB) contre 13,4% en France."

      Par ailleurs, la population allemande diminue alors que la population française augmente. Ce qui signifie que le coût de l'immobilier augmente en France, comme on peut facilement le comparer...

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  5. Merci beaucoup pour cet article et merci de patiemment continuer à démonter l'infecte propagande néolibérale-mondialiste qui déferles sur la quasi-totalité des nos antennes. Décidément il semble que sur ces sujets la droite républicaine ait une longueur d'avance sur son homologue de gauche dans l'analyse de la crise et de ses conséquences...

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  6. Comment se fait il que NDA demande un alignement des retraites.. et la baisse des dépenses publiques ?
    Je le suis totalement sur ce point, il n'est d'alleurs pas le seul à le dire !!!!

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    1. Et, là aussi, si vous regardez les choses en détail...

      http://www.lesechos.fr/economie-politique/france/actu/0202816518477-public-prive-l-ecart-n-est-pas-aussi-grand-qu-on-le-pense-573562.php

      "Au sein du secteur privé d’abord. Un cadre né en 1950, gagnant 7.400 euros brut par mois en fin de carrière, parti à la retraite en 2010, jouit d’un taux de remplacement de 56%. Autrement dit, il touche une pension d’un peu plus de 4.000 euros. Un non-cadre de la même génération, gagnant 2.400 euros à la fin de sa vie active, bénéficie d’un taux de remplacement beaucoup plus élevé (75%), ce qui lui donne une retraite de 1.800 euros.
      (...)
      Au sein de la fonction publique, les taux de remplacement sont eux aussi très différents. Toujours pour la génération née en 1950, il atteint environ 75% pour un enseignant ou un policier, mais il tombe à 68% pour un agent de catégorie B et à 54% pour un haut fonctionnaire gagnant 7.400 euros en fin de carrière. Dans la fonction publique, les différences s’expliquent essentiellement par le fait que les agents ne cotisent pas, ou très peu, sur leurs primes. En conséquence, plus la part des primes dans la rémunération est forte, ce qui est le cas des hauts fonctionnaires, plus le taux de remplacement est faible. Les enseignants, qui ne touchent pratiquement pas de primes, ont ainsi d’un taux de remplacement élevé."

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  7. Tout ce baratin c'est de l'enfumage !!!
    La seule vérité, ce sont les retraites par points et les rémunérations par classification indentique et barème d'indice identique pour tous les travailleurs.
    Retraites spéciales en FINIR avec ces magouilles !!!!
    Je trouve vraiment bizarre que si peu de gens le réclame !!!

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  8. @ J Halpern

    Très juste : j’aurais pu aussi souligne le rôle de la crise dans l’augmentation du poids de l’Etat et des choix de politique monétaire. Merci pour les chiffres sur la justice et l’intérieur qui montre que nous ne dépensons pas toujours suffisamment.

    @ Anonyme

    Un grand merci pour toutes ces précisions !

    @ Olaf

    Merci également

    @ Nicolas

    Merci. Très juste sur l’Allemagne : déjà la différence de périmètre des entreprises publiques (l’énergie notamment) doit expliquer 30 à 40% de l’écart. Ensuite, il y a 1,5 points d’écart en dépenses d’éducation (du fait de la démographie). Bref, l’écart est loin d’être aussi important qu’il semble.

    @ Red2

    Merci.

    @ Gilco56

    Une baisse de certaines dépenses publiques n’en demeure pas moins nécessaire, notamment dans les collectivités territoriales (entre le mille-feuille administratif, les dépenses de communication et certaines réalisations somptuaires des potentats locaux). Sur les retraites (comme la fiscalité), je crois à une règle commune et pas (ou très peu) d’exceptions. Les régimes spéciaux ravagent la république.

    Mais, il faut faire attention à certains de vos arguments (notamment les 10 points d’écart avec l’Allemagne), car si c’est ce que les statistiques semblent indiquer, elles sont trompeuses, comme je l’explique ici.

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  9. Cher Laurent,

    Il y a un élément qui me semble ne pas avoir été abordé. C'est l'efficacité de la dépense, et cela peut se traduire par un coefficient différent entre ce qui est dépensé par le public et par le privé.

    Certains pays ont une dépense publique plus efficace que le privé, et inversement pour d'autres. Par conséquent, additionner privé + public ne permet pas non plus de faire une bonne comparaison.

    Si notre dépense publique est plus efficace que celle de la dépense privé équivalente aux USA, alors votre différence est quasi nulle, et inversement dans l'enseignement par exemple (cela devient un gouffre en notre défaveur).

    Bien à vous.

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  10. Laurent, je suis d'accord il faut comparer des choses comparables, c'est certain. Il n'en reste pas moins vrai que nos dépenses publiques, plantent notre compétitivité. Il y a là une certitude.
    Quand on additionne, tout ce qui est double emploi, dans les collectivités certes, mais dans les services de l'état aussi, quand on additionne les absentéismes et oui, je le maintiens, dans la fonction publique et assimilé, c'est simple, pas de jours de carences, le souci, c'est de tenir à jour "le nombre de jours d'absences dont on a encore droit....
    Quand on le dira avec FORCE, lorsque l'état et les dépenses publiques seront controlées par le PEUPLE (je vous rappelle que Nicolas est d'accord et vous aussi m'avez vous dit) je puis vous assurer avec certitude que les choses changeront.
    J'ajoute à cela, toutes les agences et comités théodules, les frais inconsidérés et non controlés, les privilèges de toutes sortes et les niches fiscales. Les 10% sont bien entamés et, avec certitude, notre économie ne s'en portera que mieux... et, alors, nous ne serons pas très loin de la justice et de l'égalité de tous les travailleurs !!!!!
    P.S. Les collectivités locales ont, c'est vrai besoin de réorganisation, mais, il ne faut oublier les transferts de charges de l'état sans contrepartie réelle. Par contre les communautés de communes, d'agglomération, c'est machins crées pour satisfaire les cumuls de mandats, de la réunionite, des fonctions pompeuses sans aucun intérêt (tous les maires des communes constituant l'intercommunalité sont Vice-président ?
    Les emplois pléthoriques etc.....un travail très important qui nous reste à compléter....

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  11. J'ai l'impression que les impôts augmentent mais que la qualité des services publics baissent. Où passe donc l'argent?

    Combien coûtent aux contribuables français, le financement de l'UE et de l'OTAN? Et pour quels résultats? Si la France quittait l'UE et l'OTAN combien de milliards d'euros l'État pourrait économiser ou réinjecter dans des services publics?

    Antoine

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    1. L'ue c'est environ 7 milliards par ans .
      L'otan entre 250 et 300 millions d'euro par an .

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  12. @ Anonyme

    Très juste. Aux Etats-Unis, sur l'éducation et la santé, la dépense privée semble moins efficace que la dépense publique en France.

    @ Gilco56

    Qu'il y aient des gaspillages, bien sûr. Que l'on puisse faire des économies, bien sûr. Que cela permette de rééquilibrer notre fiscalité, oui aussi.

    En revanche, dire que la dépense publique plante notre compétitivité : non. Les chiffres que je donne relativise grandement le poids de la dépense publique de notre pays. Nous dépensons un peu plus que les Etats-Unis ou l'Allemagne, mais pas beaucoup plus.

    Ce qui "plante notre compétitivité", c'est la mondialisation avec
    - des salaires 5 à 10 fois plus qu'ailleurs (et là, il faut démondialiser et se protéger pour éviter de voir les emplois partir de France)
    - une fiscalité sociale qui pèse exclusivement sur les salaires, qu'il faut changer

    D'accord sur les jours de carence, bien sûr ! Idem sur les collectivités locales

    En revanche, les abus ne représentent pas du tout 10 points de PIB. La fraude sociale représente quelques milliards, soit 0,1 à 0,2 pt de PIB... Il y a des choses à faire, mais ce n'est pas là que cela aura le plus d'impact.

    @ Antoine

    Très juste parce que la récession limite des recettes et l'Etat donne des fromages à des entreprises privées. L'UE, c'est 7 Mds de contribution nette.

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    1. Sur les dépenses nous pouvons même aller plus loin la fraude et les gaspillages font bien "tourner " l’économie ce n'est pas de l'argent qui disparait mais va au profit de certains c'est injuste mais économiquement pas négatif .
      La compétitivité c'est solutionnable par la robotique ce qui une révolution invisible qui est en train de se passer mais ne résout absolument pas le travail de masse . Les poinçonneurs des Lilas , mouleurs a la louche , bouloteurs a la con et autres bureliers chinois sont déjà trop cher ; il faut aller les chercher en Inde ou au Pakistan .

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  13. De quand date ce critere de "taux de prelevements obligatoires" ? L'utilisait on pendant les 30 glorieuses ? Qui l'a inventé ?

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  14. Le problème est celui de l'accumulation qui est récurrent dans l'histoire et se résout par des guerres ou des révolutions :

    Car chaque pays, selon son histoire et ses compromis démocratiques, va répondre différemment à une loi essentielle du capitalisme de marché qui pousse à la concentration toujours plus forte des patrimoines. Cette loi est simple : sur le long terme, le rendement du capital après impôt est de l’ordre de 4-5 % par an tandis que la croissance moyenne des pays riches est de l’ordre de 1-2 %. Lorsque les nouveaux revenus croissent de 1% et que le rendement des anciens est de 4 %, à moins que les riches ne dépensent tout ce qu’ils gagnent, leur dynamique d’accumulation des richesses est largement supérieure à celle des nouveaux revenus. Ce qui conduit au fil du temps à une concentration toujours plus grande des patrimoines.

    http://alternatives-economiques.fr/blogs/chavagneux/2013/09/02/pourquoi-les-inegalites-vont-augmenter/

    olaf

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    1. C'est un des sujet du dernier livre de Piketty, je cite son dernier entretient à mediapart:

      "Le second enseignement majeur de cette étude est la mise en lumière d’une contradiction fondamentale du capitalisme, qui est l’opposition entre le taux de rendement du capital et le taux de croissance du capital. Le taux de croissance désigne la croissance du PIB, de la production, qui est aussi celle du revenu moyen. Pendant les Trente Glorieuses, ce taux était de 4, 5 ou 6 % par an. Depuis trente ans, elle se situe autour de 1 %. (...) À l’échelle de la longue durée, 1 ou 1,5 % de croissance par an, ce n’est pas si lent. À l’échelle d’une génération, cela veut dire qu’un tiers de l’économie est renouvelée et ce n’est donc pas rien.

      Mais cela reste nettement moins que le rendement du capital, qui est de 4 à 5 % en moyenne, parfois davantage. Cela signifie que, structurellement, le taux de rendement du capital est quatre ou cinq fois plus fort que le taux de croissance. Concrètement, cela veut dire que le patrimoine constitué dans le passé se recapitalise tout seul et que le passé dévore l’avenir. En période de croissance faible, on assiste à un retour de l’héritage et un accroissement vertigineux des inégalités de patrimoine. Ce qui a été constitué dans le passé progresse en effet beaucoup plus vite que les revenus issus de la production, notamment les revenus du travail et les salaires."

      Un vrai problème, surtout que la mondialisation a permis d'augmenter encore plus la domination du capital sur le travail...

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  15. Laurent, l'Allemagne présente un COUT horaire de production sensiblement égal au notre...,
    Je suis pour la TSVA depuis 40 ans, mais je refuse d'entendre dire que c'est là que va s'améliorer le PRIX de VENTE...
    Dans ces conditions l'Allemagne comme nous, subit la concurrence horaire étrangère et, s'en sort. Il faut se poser la question POURQUOI ?
    Elle délocalise, nous aussi ?
    Je suis pour le PROTECTIONISME,
    Je suis surtout pour l'égalité de TOUS les FRANCAIS, de tous les travailleurs français, même classification, même indice, mêmes avantages, même retraite ....
    PERSONNE ne peut me contester là dessus ... ce ne sont pas les diplomes qui font la compétence, c'est la technicité, l'assiduité, la conscience professionnelle !!!
    l'état ne fait pas de la GESTION, il fait de l'administration, la différence est grande.
    Par ailleurs, je ne veux pas séparer les collectivités locale et l'administration d'état.
    C'est tout à fait identique....

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  16. Je reviens sur cette notion de compétitivité, qui est l'une des plus confuses de nos discussions. La compétitivité d'un pays représente sa capacité à vendre à l'étranger et protéger son marché intérieur. Elle peut s'établir de 3 manières : par la nature des produits, par les coûts, par le taux de change.

    - Par la nature des produits : des produits "hauts de gamme" ou en tous cas à faible élasticité de la demande aux prix, permettraient d'équilibrer nos comptes extérieurs malgré des prix élevés. C'est un objectif essentiel mais difficile à atteindre, d'autant plus qu'en attendant le défaut de compétitivité impose aux entreprises des marges faibles.

    - Par les coûts, principalement salariaux. C'est la marotte de notre ami Gilco : baisser les charges sociales... en oubliant qu'une telle politique produits des dégâts collatéraux considérables : déclin des services publics, baisse de la demande intérieure, dépression économique. Cela revient à appauvrir le pays jusqu'au point ou sa consommation intérieure déprimée ne produira plus d'importations ! C'est ce qu'il faut absolument éviter (On peut en revanche influencer le contenu en emploi des échanges extérieurs par un élargissement de l'assiette des prélévements sociaux)

    - Par le taux de change enfin. C'est la manière la plus classique de corriger les différentiels de compétitivité. La baisse du taux de change permet aux produits nationaux de concurrencer efficacement les produits étrangers, quel que soit le partage de la valeur ajoutée entre salaires, prélévements et profits. J'insiste sur ce dernier point : le partage de la VA et la compétitivité sont deux sujets différents, les confondre nous mènerait tout droit aux politiques déflationnistes que nous dénonçons.

    Conclusion : la discussion sur le partage de la VA est une question essentielle, qui doit être menée hors de toute référence à la compétitivité, c'est un hors-sujet nuisible. La compétitivité est une question de taux de change et de spécialisation productive. la compétitivité par la baisse des prix, c'est la déflation, et rien d'autre.

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    1. La nature peut être , mais ce que l'on appelle le haut de gamme implique du savoir faire artisanal qui s'apprend en quelques année ; donc le haut de gamme peut etre fabriqué n'importe ou , chez Channel les chaussures viennent d'Italie et les Cachemires du Royaume Uni par exemple .
      Quel taux de change doit on avoir pour entrer en compétitivité avec un indien ?
      Bien d'accord sur la VA

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    2. @ Patrice

      "Quel taux de change doit on avoir pour entrer en compétitivité avec un indien ?"

      Dans les domaines où la productivité de l'Inde a rattrappé la nôtre, il est normal que nous ne soyons pas compétitifs et mieux vaut, sauf raison stratégique, leur laisser cette production. Mais sur l'ensemble des produits, la productivité indienne est beaucoup plus faible. La concurrence est donc possible avec un taux de change adapté. L'objectif est de valoriser nos avantages comparatifs, c'est-à-dire les produits pour lesquels nous sommes les mieux placés en matière de productivité. pour les autres, il est inévitable que notre balance soit déficitaire.

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  17. J.HALPERN, la marotte de "votre ami Gilco", ne sont pas les couts salariaux sur la production !!! la TSVA résoud le problème.
    Ma marotte c'est le cout des CHARGES et IMPOTS HORS du pouvoir de l'entreprise... qui vont sans cesse en augmentant ....
    L'entreprise supporte, les consommateurs supportent ces pressions de charges publiques en constante augmentation, de la dette en constante augmentation ...
    C'est tout ?

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    1. "L'entreprise supporte, les consommateurs supportent ces pressions de charges publiques en constante augmentation, de la dette en constante augmentation ..."

      Si vous acceptez de laisser en dehors de cela la question de la compétitivité, votre point de vue tient debout. Vous voulez modifier le partage de la VA en faveur des salaires directs et des profits des entreprises, et au détriment de la protection sociale et des services publics (je laisse de côté les gaspillages et la mauvaise administration dont le faible ordre de grandeur ne résoud pas la question).
      Ceci se discute, mais il reste des objections majeures :
      - l'augmentation de la part des profits tend à réduire la demande finale ; or c'est justement à l'insuffisance de cette dernière que tient en fin de compte la crise actuelle,
      - le rationement des services publics suppose le développement de substituts privés. Or en termes de coût et d'efficacité, il n'est pas du tout avéré que les ménages y aient intérêt...

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  18. @ Patrice

    D’accord sur les commentaires.

    @ TeoNeo

    Bonne question. Je ne sais pas

    @ Olaf

    Merci pour ce commentaire. La solution : un immense krach ? 2017 ?

    @ Red2

    Merci également.

    @ Gilco

    Moi aussi, je suis pour la TSVA.

    Pourquoi l’Allemagne réussit ?
    - une bonne spécialisation industrielle, sur des niches sans concurrence, sur le haut de game automobile (où les marges sont plus fortes) et sur les machines-outils dont la Chine s’équipe…
    - l’absence de SMIC, qui permet d’embaucher des immigrés à des salaires dérisoires (notamment dans la filière agricole, ce qui a permis à l’Allemagne de nous dépasser)
    - un partage de la valeur ajoutée en assemblant en Allemagne des composants fabriqués moins cher dans l’Europe de l’Est
    - des normes DIN qui protègent ses industriels

    D’accord sur l’égalité, mais il ne faut pas caricaturer : la fonction publique n’a pas toujours assez de moyens (justice, sécurité) et les fonctionnaires ne sont parfois pas bien payés (professeurs).

    Nos charges sociales sont élevées, mais, même s’il y a des économies à faire, cela vient du fait qu’elles sont concentrées sur les salaires et que nous socialisons une plus grande partie des dépenses de santé et de retraites que la plupart des autres pays.

    @ J Halpern

    Merci pour ces précisions. J’ajouterai que chaque pays devrait pouvoir viser un équilibre de son commerce extérieur et prendre toutes les mesures pour y arriver.

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  19. Il y a plusieurs problèmes nos soulevés ici:
    1.Les dépenses publiques augmentent plus que le taux d'accroissement de la population active celle qui crée des richesses.Donc une augmentation non soutenable à long terme.
    2.Une pression fiscale insupportable (46.5 % du PIB).Sous le règne du Général elle de dépassait pas 32%...
    3.Des dépenses publiques à un niveau insoutenable.Plusieurs études montrent qu’elles perdent leur efficacité au delà de 40% du PIB.(34.3% en 1965)
    4.Une fiscalité inepte qui taxe le revenu ce qui favorise les plus favorisés et les investissements à court terme en jouant sur la notion d'amortissement.Voir le très récent livre de Thomas Piketty à ce sujet.
    5.Une monnaie qui ne repose sur rien et qui perd constamment sa valeur.Le général de Gaulle en 1965 s'est déclaré en faveur du retour au standard -or international.
    6.Un système de protection sociale reposant sur des bases obsolètes c'est à dire sur le poste de travail et non sur le travailleur.D'autres pays comme la Suède ou le Danemark ont résolu ce problème.

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  20. Je vous rejoins bien, mais je pense qu'il faut aller plus loin. Comme vous le soulignez très bien, ce chiffre des prélèvement obligatoires par rapport au PIB (et non le pourcentage des prélèvements dans le PIB) ne veut pas dire grand chose. Il y a derrière cela d'une part un fort biais idéologique et d'autre part une propagande qui vise à s'attaquer à l'Etat, et de manière plus général à tout ce qui a trait à la collectivité : http://loeildebrutus.over-blog.com/propagande-noeliberale-non-vous-ne-travaillez-pas-pour-l%E2%80%99etat-jusqu%E2%80%99au-26-juillet-mais-jusqu%E2%80%99au-13-janvier-ou-jusqu%E2%80%99au-10-novembre


    L'Oeil de Brutus

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